Je ne connaissais absolument rien à l’univers des geishas, et je dois dire que je n’ai pas d’attraits particuliers pour la culture nippone en général mais ce roman fut une excellente découverte.
Dans ce roman l’auteur nous propose de découvrir l’histoire d’une petite Japonaise nommé Chiyo, fille de pêcheur qui deviendra par la suite Sayuri, une grande geisha de Kyoto en traversant bien des orages.
Elle ne le sait pas encore mais elle est exceptionnelle, elle a les yeux couleur eau, d’un gris translucide.
Ecrit sous forme de mémoires, le récit de la vie de Chiyo est très immersif et ne nous épargne rien. On vit le déchirement de cette petite fille et de sa sœur, vendues par leur père à un négociant, l’une destinée à intégrer une maison de geisha, l’autre une maison de prostitués.
La vie de Chiyo est loin d’être un long fleuve tranquille. Elle affronte les tempêtes et les naufrages avec une force hors du commun. Car elle sera brisée à de nombreuses reprises mais si continuera de faire son chemin dans l’espoir de retrouver Mr Le Président. Un homme d’affaire qu’elle croise un jour alors qu’elle n’a que 12 ans et qu’elle est désespérée, cet homme sera le seul à faire un geste gentil envers cette petite fille malheureuse. Cette rencontre sera le déclic pour Chiyo qui dorénavant travaillera dur pour devenir une grande geisha.
Son enfance est extrêmement difficile, arrachée à sa famille, vendue par son père à une « okiya » une maison de geisha dans laquelle elle travaillera d’abord comme servante. Traitée de façon minable par la gérante, insultée et rabaissée elle subira les foudres la grande geisha Hatsumomo, jalouse maladive.
L’enfance malheureuse de Chiyo m’a fait penser au dessin animé Les malheurs de Sophie. On est totalement dans cette ambiance triste d’une petite fille malmenée par la vie mais qui garde quand même toute sa fraicheur et son caractère.
Ce roman est envoutant et m’a captivé du début à la fin.
J’ai adoré suivre Sayuri qui creusera peu à peu son chemin. Entre apprentissage de la danse, cérémonie du thé, art de la séduction, la vie d’une geisha est bien remplie et le parcours est long et chaotique. Car c’est un milieu terrible où la concurrence fait rage, de même que l’avidité féroce de la gérante de l’okiya, obsédée par l’argent et le profit. Et oui c’est loin d’être un monde tout rose, il y a des passages crus et terribles qui mettent légèrement mal à l’aise, comme par exemple la virginité de Sayuri vendue aux enchères.
L’auteur m’a bluffé car c’est un roman très bien écrit et très bien renseigné. L’écriture sous forme de mémoires à travers les yeux de la geisha Sayuri renforce la crédibilité du récit et le rendu est très réaliste et passionnant. On est forcément touché par cette fille/femme qui raconte sa vie de geisha de façon très sincère en n’épargnant pas le lecteur de détails sordides mais apporte aussi son témoignage sur un mode de vie très peu connu des occidentaux. En effet dans l’esprit occidental les geishas sont généralement perçues comme des prostitués de luxes ou comme les maitresses des riches hommes d’affaires. Et grâce à ce roman on se rend compte que ce n’est pas exactement cela et que ce serait réducteur de rester sur cette idée.
Devenir geisha requiert une formation très longue et très dure. Une geisha doit apprendre le service et l’hospitalité, elle est formée à la cérémonie du thé, et surtout aux arts. Car oui une geisha est une artiste initiée à la danse et la musique, elle joue du shamisen et chante. Son rôle est de divertir les hommes riches et influents. Son but est de trouver un « danna » un homme qui entretiendra financièrement sa geisha et qui par extension fera pérenniser son okiya.
J’ai adoré découvrir tout cela. C’est un milieu dans lequel il y a énormément de codes et de rituels. L’habillement de la geisha avec ses kimonos en soie, son maquillage, sa coiffure, l’auteur nous donne à voir de belles images qui contribuent à renforcer le côté mystérieux et « marginal » des geishas.
Mais si une femme devient geisha, c’est qu’elle n’a pas le choix. Une geisha n’est pas libre. Elle n’a pas le droit d’aimer. Elle doit consacrer sa vie à son métier, elle est prisonnière de son okiya. C’est en racontant tous les côtés sombres de la vie de Sayuri que l’auteur nous bouleverse et nous émeut tout en mettant en lumière l’univers fascinant des geishas. Arthur Golden nous transporte dans les mémoires et les secrets d’une geisha.
En bref c’est un roman magnifique qui mêle beaucoup de thèmes. Il parle avant tout de geishas, mais aussi d’amour, du destin, de la force de caractère, de la douleur et de la résignation. C’est un coup de cœur !
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