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Critiques de Barbara Pym (213)
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Les ingratitudes de l'amour

« Dulcie habitait dans un quartier agréable qui, tout en étant assurément un faubourg de Londres, était « très recherché » et, pour ne pas quitter le jargon de l’immobilier, « récupérait le trop-plein de Kensington ». En outre, comme se plaisait à le répéter Mrs Beltane, sa voisine : « De toute façon, Harrods livre à domicile… »

C’est chez elle que Dulcie faisait la plus grande partie de son travail – arrangement qui datait de l’époque où sa mère vivait encore et réclamait des soins permanents. Maintenant Dulcie était libre, mais elle continuait à préférer ne pas être attachée à la routine d’un bureau ; elle s’était construit une réputation fort précieuse d’« indexeuse » et de correctrice d’épreuves compétente, elle était de ces personnes tout à fait capables d’effectuer quelques petites « recherches » aussi bien au British Museum que dans les bibliothèques de sociétés savantes. »



Mais comme beaucoup d’héroïnes de Barbara Pym, Dulcie va être tentée de remettre en question cette indépendance. Elle est encore jeune. Une déception sentimentale l’a conduite à cesser tout commerce avec les hommes. Son fiancé d’alors a brutalement rompu au motif « qu’il ne la méritait pas » ! Et la douleur de cette séparation a mis longtemps à s’estomper.



Pourtant elle ne renonce pas à rencontrer des gens nouveaux. Elle se fera notamment une amie de Viola, qui deviendra sa locataire. Les deux femmes ont apparemment peu en commun, hormis qu’elles gravitent autour des milieux universitaires lettrés. Et qu’elles s’intéressent beaucoup à un directeur de revue littéraire, Aylwin Forbes, et à son entourage. C’est pourtant un homme fat, convaincu de son importance.

Elle va également héberger une jeune nièce, qui prendra bien vite son envol vers une toute petite chambre mais située à Londres même.



Je suis transporté une fois de plus par le style inimitable de Barbara Pym, capable de passionner ses lecteurs avec les toutes petites aventures de ses personnages bien comme il faut. Et celui de Dulcie (quel prénom !) est inoubliable. Un séjour de quelques jours au bord de la mer prend des allures d’enquête policière. Il faut dire qu’une de ses qualités est la ténacité : elle reste d’une grande curiosité à l’égard des personnes qu’elle a dans son collimateur. Et nous en apprendrons beaucoup sur la famille d’Aylwin !



Un roman léger, teinté d’humour et moins sombre que ceux de la dernière période, tel « Quatuor d’automne ».

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Les ingratitudes de l'amour

Mlle Alice, pouvez-vous nous raconter votre rencontre avec Les Ingratitudes de l'Amour ?

"J'ai adoré le précédent roman de Barbara Pym que j'ai lu alors même si je sais que sa production est assez inégale, je ne pouvais pas passer à côté de cette nouvelle réédition."



Dites-nous en un peu plus sur son histoire...

"Dulcie mène une vie simple, seule dans sa grande maison. Après avoir rompu ses fiançailles, elle décide finalement de se rendre à un colloque autour des métiers de l'édition sans se douter qu'elle va y faire plusieurs rencontres déterminantes..."



Mais que s'est-il exactement passé entre vous ?

"Comme toujours, il s'agit ici de l'histoire de personnes ordinaires et de tous les petits riens du quotidien. Malgré son côté parfois un peu pathétique, ou peut-être même à cause de lui, je me suis prise d'affection pour Dulcie, ses recherches, ses obsessions, ses rêves qui ne font de mal à personne et sa bienveillance. J'ai aimé l'accompagner au fil des pages, elle et tous les autres personnages, avec leurs petits défauts et leurs travers qui sont comme un miroir que l'auteur brandit devant nous. Si l'ironie, l'esprit et le cynisme, bien présents, nous font souvent sourire, on rit plus souvent des héros qu'avec eux et il se dégage pour moi de ce roman plutôt un sentiment de mélancolie que de légèreté. C'est sûrement pour cela que je garde une nette préférence pour Comme une Gazelle Apprivoisée."



Et comment cela s'est-il fini ?

"J'ai aimé que le livre se termine sur une note d'espoir mais j'aurais voulu en savoir plus sur l'avenir des autres personnages et quant à notre héroïne, ne méritait-elle pas mieux ?"
Lien : http://booksaremywonderland...
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Les ingratitudes de l'amour

J'ai une tendresse particulière pour cette autrice, que j'ai découverte pendant mes études. Barbara Pym est une autrice à part dans le paysage de la littérature anglaise, une autrice hors du temps. 

En effet, nous sommes dans les années soixante, mais l'on ne trouve pas vraiment trace de cette époque dans ce récit, si ce n'est dans les aspirations de Laurel, la nièce de Dulcie, venue étudier le secrétariat à Londres (des études qui étaient déjà prisées dans les romans d'Agatha Christie) et qui rêve d'autres choses que d'habiter avec sa tante, dans la maison qu'elle a hérité de ses parents, et dont la décoration n'a guère changé depuis. Dulcie a 31 ans mais se considère déjà comme une vieille fille. Elle a rompu ses fiançailles avec un homme plus jeune, et ne le regrette pas - ce qui ne veut pas dire que cette rupture ne l'a pas fait souffrir. Au cours d'un colloque savant (dont le sujet et les intervenants sont pour la plupart à mourir d'ennui), elle fera deux rencontres importantes : celle de Viola et celle d'Aylwin. 

Viola est presque dans la même situation que Dulcie : célibataire, elle effectue des tâches ingrates, dans l'ombre des écrivains et des chercheurs. Elles sont toutes les deux les petites mains de l'édition. Aylwin, lui, est directeur de publication, et sa vie sentimentale n'est pas aussi limpide que celle de Dulcie : il est séparé de sa femme, il est intéressé par une autre, ne s'aperçoit pas qu'une troisième est folle de lui. Pour faire court, il n'a pas ni le sens de l'observation aigüe de Dulcie, ni sa finesse d'analyse. Je pourrai même dire que, du haut de sa tour d'ivoire de directeur de publication, il ne cherche pas à comprendre les femmes, parce qu'il est persuadé que ce qu'elles font, ce qu'elles pensent, est étranger à son propre univers d'érudit. Il plaque des stéréotypes sur la manière d'agir des femmes qui l'entourent, s'arrêtant aux apparences - ce que ne fait pas Dulcie. Si sa vie a changé après le colloque, ce n'est pas tant parce qu'elle a accueilli deux colocataires successivement - sa nièce, puis Viola - mais parce qu'elle enquête sur la vie d'Aylwin et de ses proches. Certes, elle se dira que ce n'est pas très convenable d'agir ainsi, mais ses scrupules cesseront prestement, tant elle se prend au jeu. 

Une lecture très agréable. 
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Les ingratitudes de l'amour

Comment tout cela a-t-il commencé ? S’interroge Dulcie. Eh bien parce que Barbara Pym, comme à son habitude, lui a donné le rôle de la trentenaire encore désespérément, et même, disons-le franchement, honteusement célibataire. Pourtant, Dulcie était fiancée mais ce statut ne convenait pas à cette histoire alors, dès l’ouverture du livre, le fiancé a rompu, sous le prétexte flatteur pour Dulcie qu’il se jugeait indigne de son amour. Le résultat n’en reste pas moins un cœur brisé et surtout, la continuité d’une vie de célibataire.

Pour en finir avec les premiers mois d’abattement, elle se rend à un colloque, le temps d’un week-end, où écrivains et membres du clergé vont débattre de quelques questions du monde intellectuel.

Dulcie y fait la connaissance de Viola, une autre célibataire, qui travaille comme elle dans ce qu’elle qualifie de tâches ingrates et monotones en périphérie des écrivains : correction d’épreuves, bibliographie et élaboration des index.

Dans les participants, elles cherchent, sait-on jamais, les hommes séduisants et Aylwin Forbes, directeur d’une revue, beau blond aux yeux foncés, peut amplement mériter ce qualificatif. Viola a déjà travaillé pour lui et, tout en essayant de fausser compagnie à Dulcie, elle compte bien attirer vers elle ce conférencier dont la femme vient de quitter le domicile conjugal.

Et Dulcie de s’exclamer « Mon Dieu, comme il est beau ! »

Alors qui, de ces deux célibataires, arrivera à charmer Aylwin Forbes afin d’y gagner un mariage qui représente une fin en soi dans ces années soixante, l’accomplissement indispensable pour être une « vraie femme » ?



Barbara Pym, avec cette saveur quelque peu désuète qui s’attache à ses romans, observe la vie de ces deux Londoniennes. Une vie plutôt terne qu’il faut donc pimenter un peu avec la recherche d’un mari. Pourtant, dans ces pages, les hommes présents ne brillent pas par leur clairvoyance, ni leur force de caractère !

De retour à Londres, où Dulcie vit dans une maison trop grande pour elle seule, elle va héberger une nièce venue prendre des cours de secrétariat sur la capitale. Puis ce sera au tour de Viola de lui demander l’hospitalité pour un temps. Le caractère de cette dernière reste assez insaisissable, plutôt morne et peu sympathique.

Dans ce trio de femmes bien peu assorties, on assiste à des conversations pleines d’embarras, au mépris de la jeune nièce Laurel pour les deux trentenaires trop ringardes, à la honte d’habiter en banlieue de Londres, si loin des quartiers plus branchés, plus animés et plus riches.

Mais surtout, on va suivre Dulcie qui a enfin trouvé un dérivatif passionnant à sa solitude en farfouillant dans la vie du beau quadragénaire. «J’adore faire des découvertes sur les gens, reprit Dulcie. Je suppose que c’est une espèce de compensation pour pallier la monotonie de la vie quotidienne ».Après quelques infos glanées dans le Who’s Who, elle se lance avidement dans ses recherches, multipliant les approches auprès de la femme, du frère pasteur ou de la mère du bel Aylwin. Elle est elle-même surprise et confuse, avec quelques scrupules faisant surface, de sa détermination et de son indiscrétion.



Encore une fois, rien de trépidant dans ce roman de Barbara Pym mais une moquerie douce amère autour du mariage coûte que coûte alors que des mésalliances existent bel et bien. Dulcie s’acharne à trouver un mari mais n’en demeure pas moins consciente que les mariages raisonnables sont peu nombreux, ceux mal assortis par faute de goût des hommes sont beaucoup plus fréquents.

Tout en prenant des tasses de thé et d’Ovaltine, ou occasionnellement quelque chose de plus corsé comme du sherry ou même du gin, Dulcie dérive sur la vie et ses déconvenues « Peut-être la vie répondait-elle à quelque dessein en fin de compte. C’était peut-être comme un roman bien élaboré, où chaque incident contenait sa propre signification particulière et s’avérait indispensable à l’intrigue. »

Ces ingratitudes de l’amour m’ont moins passionnée que mes deux précédentes lectures de l’auteure, peut-être parce que ces deux célibataires-là sont plus lisses, plus ternes que celles qui évoluaient dans les autres titres. L’écriture, elle, reste toujours aussi délicieuse et ce petit échantillon romanesque de la vie londonienne se savoure tout de même, coloré par son irrésistible mordant so british.

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Les ingratitudes de l'amour

Excellent!
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Les ingratitudes de l'amour

C’est drôle comme l’héroïne de ce roman peut soudainement se passionner pour la vie de parfaits inconnus juste parce que la sienne est d’un vide sidéral !

C’est encore une fois une jeune femme non mariée d’une trentaine d’année que Barbara Pym a choisi comme héroïne de ce roman.

Dulcie travaille, elle rédige des index et des bibliographies, mais ce travail plutôt obscur semble assez ennuyeux et lors d’un colloque, elle rencontre deux personnes qui vont prendre une importance capitale dans sa vie.

Elle va alors se mêler de leurs vies allant jusqu’à enquêter sur eux et leur entourage.

J’ai trouvé cette jeune femme bien pathétique, elle est persuadée que la vie des autres est passionnante et pleine de mystères, alors elle se permet de les espionner et d’interférer dans leur quotidien avec beaucoup de sans-gêne.

Les femmes semblent souvent un peu stupides dans les romans de cet auteur, elles s’amourachent du premier venu juste parce qu’il mesure plus d’un mètre 80 ou qu’il est capable de parler devant un auditoire.

Elles ont toutes une vision romantique et complètement mièvre de l’amour et de la vie conjugale et elles se trouvent toujours très intéressantes alors qu’elles sont souvent banales.

J’ai beaucoup aimé cette histoire au charme suranné qui montre une fois encore qu’on recherche toujours ce qu’on a pas juste parce qu’on est persuadé que la vie des autres est plus palpitante que la nôtre.

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Les ingratitudes de l'amour

Piquant, drôle, teinté d'hypocrisie, de méfiance ou de trop grande confiance, telles sont quelques-unes des nombreuses qualités de cette histoire délicieusement kitsch.



En 1960, lors d'un colloque autour de l'écriture et de la littérature, Dulcie Mainwaring fait la connaissance du séduisant professeur, écrivain et rédacteur en chef d'une revue littéraire, Aylwin Forbes et de Viola, jeune femme pingre et intéressée qui ne cache pas la liaison qu'elle a entretenu avec Aylwin. Ce qui interpelle Dulcie et la pousse à rechercher son amitié. Ce dont Viola va faire grand usage.



Mais pour l'instant Dulcie se remet tout juste de sa rupture avec Maurice, artiste et responsable d'une galerie d'art et si elle est attirée par Aylwin, elle entend bien prendre le temps de mieux le connaitre d'abord. De plus elle doit accueillir sa nièce qui vient étudier à Londres et l'organisation de cette "cohabitation" l'occupe passablement.



Quant à Aylwin, bien que séparé de sa femme, il est toujours marié. Une séparation dont Viola voudrait tirer partie malgré le désintérêt évident du professeur de littérature qui semble préférer, et de loin, l'attrait de la jeunesse.



J'ai beaucoup ri en lisant ce roman de Barbara Pym. Parfois franchement mais souvent jaune aussi. Avec un talent évident, l'écrivain décrit des personnalités ambiguës, troubles, tantôt émouvantes dans leur quête désespérée et vouée à l'échec, tantôt agaçantes pour les mêmes raisons. La société anglaise est étudiée dans ses moindres détails et dans le respect de ses traditions (la sacro-sainte heure du thé par exemple). Et puis il y a toute cette hypocrisie dans ce qu'on dit ou qu'on ne dit pas, qu'on aimerait mais dont on prend offense dès que cela se produit, la curiosité mal placée (voire malsaine) pour la vie d'autrui simplement pour remplir le vide abyssal de sa propre existence.



Une excellente évocation de la vie londonienne des années 1960.
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Les ingratitudes de l'amour

La maison d’édition Belfond republie certains des classiques d’auteurs connus et reconnus. Les ingratitudes de l’amour a été initialement publié, en tout cas en Angleterre dans les années 60. On le comprend très vite à la lecture de ce roman.

On retrouve le côté « so british » du comportement des personnages : un peu bornés par les convenances, ils boivent du thé toutes les 10 pages et cette façon d’interagir entre personnes d’une certaine conditions sociales (tout en retenue). J’ai bien aimé ce côté-là. Et comme tout roman, ou en tout cas c’est mon impression, il faut être très patient dans les romans anglais. Il y a quelques longueurs dans ce roman, qui ne m’ont pas gênée pour la première partie, mais plutôt vers la fin.

On retrouve donc Dulcie qui a été séparée récemment de son fiancé Maurice. Pour noyer son chagrin, elle se rend à un week-end de conférence. Elle y rencontre Viola qui est un personnage un peu énigmatique, un peu froid au premier abord et qui n’hésite pas à dire ce qu’elle pense. Elle aussi a un chagrin d’amour puisqu’elle a été plus ou moins séparé d’Aldwin, l’un des conférenciers du week-end.

Dulcie va tomber amoureuse elle aussi d’Aldwin. Et pour se concentrer sur autre chose que son chagrin d’amour, elle va enquêter sur Aldwin et sur son entourage. Alors, comme ça, ça paraît un peu surnaturel et très bizarre. Mais très vite, on voit que Dulcie fait en sorte que personne ne sache qu’elle fait sa petite enquête. Elle va chercher son frère qui est prêtre, sauf qu’elle va avoir beaucoup de difficultés dans le sens où le nom de son frère a des homonymes. Elle va chercher sa mère aussi.

Mais pour faire cela, Viola va l’aider avec plus ou moins de convictions. Elle le connaît mieux et va pouvoir lui donner plus de renseignements. Mais en réalité, Viola le fait seulement pour tenir compagnie à Dulcie. Viola va emménager chez Dulcie.

La nièce de Dulcie, Laurel, a un rôle aussi dans cette histoire. Elle va être un peu distante avec sa tante. Mais le côté anglais ressort encore de cette histoire, puisque Dulcie va se comporter avec Laurel de manière très diplomate et en même temps très distante avec elle, ne recherchant pas particulièrement l’affection de sa nièce.

Comme je le disais plus haut, il ne faut pas recherche de l’action dans ce livre. J’ai apprécié ce livre par son côté humoristique parfois et par l’enquête que menait Dulcie. On la suit et finalement, on veut en savoir plus sur cette famille.

Le fait que le roman ait été écrit dans les années 1960, on le comprend. Quoi que par certains côtés, on pourrait se dire que c’est encore d’actualité. Toutes, je dis bien toutes les femmes de cette histoire sont obstinées à être mariées. Dulcie se voit reprocher par ailleurs dans sa famille, que malgré sa trentaine, elle ne soit pas mariée et cela lui pèse. Par ailleurs, l’impression que j’ai de cette lecture, c’est qu’avoir la trentaine et être célibataire est pas compatible.

En bref, j’ai passé une bonne première partie de lecture, puis la 2ème partie m’a moins plu à cause de longueurs. L’enquête de Dulcie me semblait plus aussi passionnante qu’au début.

Je remercie Netgalley et les éditions Belfond pour cette lecture.

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Les ingratitudes de l'amour

Dulcie Mainwaring, la petite trentaine, vient de rompre ses fiançailles. Afin de se consoler et de s’occuper l’esprit, elle se rend à un colloque où elle fait la rencontre de deux personnes qui vont prendre une place inattendue dans sa vie. Tout d’abord Viola Dace, jeune femme légèrement imbue d’elle-même. Puis le séduisant Aylwin Forbes qui vient d’être quitté par sa femme. Dulcie se prend de passion pour ces deux personnes au point d’accueillir Viola chez elle lorsque le propriétaire de cette dernière lui signifie son congé et de se lancer dans une enquête sur Aylwin et sa vie privée !



Mais que ce livre est drôle, que ce personnage de Dulcie est attachant même si on peut voir en elle les élucubrations d’une femme abandonnée qui, pour s’occuper, ne trouve rien de mieux à faire que de se lancer dans l’espionnage de cet homme qui l’intéresse au plus haut point.



Mais ce qui est charmant chez Dulcie, c’est une certaine forme d’autocritique et d’autodérision, car on sent qu’elle-même se rend compte de toute l’étrangeté de son comportement.



Les personnages mis en scène par Barabara Pym ne sont pas forcément toujours sympathiques : Viola est parfois franchement tête à claque, Aylwin globalement désagréable et Dulcie peut parfois paraître un peu mièvre. Mais ce sont justement ces défauts qui les rendent si humains et qui permettent à Barbara Pym de magnifiques fulgurances humoristiques dans les dialogues ou dans les situations qu’elle décrit.



Même les personnages secondaires qui traversent ce récit sont extrêmement bien campés et jouent leur rôle à la perfection, tissant autour de Dulcie un enchevêtrement de liens qui semblent tous converger vers le bel Aylwin, objet des pensées de la jeune femme.



C’est un roman plein de charme, qu’on lit avec le sourire aux lèvres. Barbara Pym dose avec justesse la critique et la satire de la société britannique des années 1960 et croque avec bonheur les travers d’hommes et des femmes quelque peu désœuvrés, occupés de relations amoureuses plus ou moins réussies et surtout d’eux-mêmes.



Décidément, Barbara Pym est une auteure que je retrouve toujours avec plaisir depuis que je l’ai découverte grâce à la collection Belfond Vintage !
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Les ingratitudes de l'amour

Suite à une peine de cœur, Dulcie Mainwaring décide de participer à un colloque savant. C’est lors de celui-ci qu’elle va faire la connaissance de Viola Dace, qui comme elle, s’occupe d’indexation et de correction d’épreuves. Parmi les intervenants, Aylwin Forbes, rédacteur d’une revue littéraire, intrigue fortement Dulcie. Et lorsqu’elle apprend que Viola le connaît, cela finit d’éveiller sa curiosité.



Retrouver l’univers de Barbara Pym est toujours un réel plaisir pour moi. Et « Les ingratitudes de l’amour » est un roman vraiment typique de son travail. Dulcie est une célibataire qui, après une déception amoureuse, pense que sa vie ne connaîtra plus rien d’intéressant. Elle reste en retrait pour se protéger : « Cela paraissait – elle se garda de l’avouer à Viola – tellement moins risqué et tellement plus confortable de vivre à travers la vie des autres – d’observer leurs joies et leurs peines avec détachement comme si l’on regardait un film ou une pièce de théâtre. » Même si l’intrigue se déroule dans la banlieue de Londres, il y a un côté petite paroisse dans ce roman avec des voisins connaissant parfaitement les habitudes de Dulcie, des pasteurs et des litres de thé ! Et comme toujours avec Barbara Pym, le propos est plus profond qu’il n’y parait. Sous ces airs de comédie romantique, « Les ingratitudes de l’amour » est une critique douce-amère de la société anglaise des années 60. Elle y questionne bien évidemment la place de la femme et surtout le mariage : est-ce véritablement un passage obligé pour accéder au bonheur ? C’est délicieusement ironique sans jamais être méprisant envers les personnages. Et la langue fluide et subtile finit de nous faire succomber au charme de Barbara Pym.



« Les ingratitudes de l’amour » est un bon cru de la cuvée Barbara Pym, réjouissant et malicieux.
Lien : https://plaisirsacultiver.com/
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Les ingratitudes de l'amour

Conseiller un livre de Barbara Pym, née en 1913, est toujours délicat, ça passe ou ça casse.

Pour l' apprécier , il faut aimer la lenteur, sa façon de raconter en ayant l'air de ne pas y toucher. Ses romans ont tous un côté un peu démodé. Celui-ci bien que se passant dans les années 60, ne laisse rien entrevoir de la jeunesse des sixties, de l'apparition de groupes tels que les Beatles ou les Stones, On est a des années lumières ce cette Angleterre, et du Swiging London, presque plus près des romans de Jane Austen ou d'une Agatha Christie sans les crimes . On y croise beaucoup de professeurs, ou professions littéraires, des vieilles filles ( de trente ans !), des pasteurs, d'innombrables tasses de thé, des chambres à louer : un autre monde...

C'est ainsi que les éditions Belfond ont sorti ce roman, paru en 1961 , sous l'appellation " vintage".



Dulcie Mainwaring habite seule dans la maison de son enfance, ses parents sont décédés. Il y a peu fiancée, "son Maurice" ayant choisi de rompre , aussi pour se distraire a t-elle décidé d'aller à un colloque. Elle y rencontrera Viola qui a travaillé pour Aylwin Forbes , un rédacteur en chef d'une revue littéraire, très séduisant dont la femme est partie. Enamourées toutes les deux, elles décident d'en savoir plus sur sa situation maritale et ce qui avait commencé comme une vague question, devient presque une enquête, une traque , Dulcie étant plus motivée que Viola.



La façon dont Barbara Pym raconte cette histoire est très douce. Aucun suspens de dingue, mais plutôt des réflexions douces amères sur le statut de femme, de célibataire. On se sépare sans faire de scènes, on se fiance parce que c'est raisonnable...Et ce qui peut apparaître comme bizarre, pitoyable, désespéré ou glauque dans cette quête, n'est, ni plus ni moins, que ce que certaines personnes effectuent comme recherches sur Facebook ou autre.. (en distanciel, elles ;-).

Ce roman ne fait pas "beaucoup de bruit", mais il est efficace si vous aimez cette petite musique propre à Barbara Pym. C'est délicieux, souvent amusant, reposant...

Une petite parenthèse désuète et surannée, entre deux lectures plus noires ou plus speed...

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Les ingratitudes de l'amour

Oh que Barbara Pym est cruelle dans ce roman et l'amour paraît si ingrat à travers ses yeux (c'est donc ça le titre 🤣) ! Il faut dire qu'elle met en scène Dulcie, jeune femme candide qui sort d'une rupture. Maurice, son fiancé, a décidé qu'elle n'était plus faite pour lui, le goujat. Pour se consoler, Dulcie - qui a pour travail la préparation d'index - se rend à un colloque où elle rencontre Viola. Viola, un peu pimbêche sur les bords, est aussi en proie aux tourments de l'amour. Après avoir vécu une bluette avec Aylwin (important directeur de revue littéraire, un peu le Michael Jackson de leur milieu), elle s'étonne du fait que celui-ci ne se tourne pas vers elle alors qu'il vient de se séparer de sa femme. Quel goujat, celui-ci aussi !

Dulcie va se passionner pour Aylwin et va faire en sorte d'en apprendre un peu plus sur lui et sa famille. Elle va rencontrer son frère, Neville, pasteur, et son ex-femme, Marjorie.

On retrouve ici les idées fixes de Barbara Pym, des vieilles filles (de 30 ans !), des écclésiastiques, des tracas du quotidien. Tout se passe en douceur, les couples se font et se défont sans cri, sans heurt. L'amour est souvent raisonné. Seule Laurel, la nièce, a la fougue de la jeunesse.
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Les ingratitudes de l'amour

Faire de la recherche auprès d'un homme séduisant, même si le sujet est un obscur poète du XVIIIème siècle, voilà l'un des souhaits les plus chers de nombreuses demoiselles qui vieillissent doucement entre le monde universitaire et la paroisse du quartier. Mais le mariage est-il réellement une solution ? Si beaucoup vous diront que non, elles y aspirent malgré tout secrètement…



C'est le cas de Dulcie, qui a dépassé la trentaine et vient de rompre ses fiançailles. Pour se distraire elle se rend à un colloque et y rencontre Viola, amoureuse du séduisant professeur Aylwin Forbes, mal marié, pour lequel elle rédige des index. Viola vient s'installer chez Dulcie qui lui loue une chambre dans sa trop vaste maison de banlieue. L'intérêt de Dulcie va s'éveiller pour la famille Forbes dont elle suit la trace, mère, belle-mère, femme, frère mais verra d'un oeil plus sévère s'installer un flirt entre le quadragénaire et sa jeune nièce Laurel qu'elle héberge également.



Viola va vite renoncer à Alwin et se tourner vers Bill Sedge, le frère de la gouvernante de la tante de Dulcie, Hermione. Cette dernière s'apprête d'ailleurs à épouser, malgré un âge vénérable, un révérend dont la soeur vient de mourir ; le frère d'Hermione, avec lequel elle partageait sa vie, ayant décidé de se retirer dans les ordres. Viola va se marier, Laurel habite à Londres, la maison de Dulcie est désormais bien vide à son tour. Et puisqu'Alwin décide de divorcer et que Laurel n'est pas une épouse qui puisse lui convenir…



Barabara Pym s'amuse une fois encore dans ce chassé-croisé de couples mal assortis, de vieilles filles, d'hommes d'église et de professeurs plus ou moins libertins…Si l‘amour n'est pas toujours au rendez-vous, la solitude semble difficilement supportable…

Et entre un colloque à périr d'ennui, une vente de charité poussiéreuse, deux ou trois tasses de thé et un petit verre de brandy, on se régale de cet humour anglais sans égal !

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Les ingratitudes de l'amour

Dulcie Mainwaring, trente-cinq ans, rompt ses fiançailles avec Maurice et se retrouve bien tristement vieille fille. Cette pimpante jeune femme ne se laisse pas abattre par ce momentané coup du sort et décide d’aller se changer les idées dans…un colloque rempli d’intellectuels. S’il est un endroit saugrenu pour se remonter le moral c’est bien là-bas. Et il est encore plus saugrenu d’espérer y faire des rencontres, voire la rencontre qu’elle espère désormais. Elle rencontre tout d’abord Viola, une jeune femme célibataire également mais un tantinet pimbêche, avec qui elle va se lier. Les deux femmes vont rencontre lors de ce salon un homme, un intellectuel quelque peu arrogant et suffisant, mais terriblement craquant, Aylwin Forbes. Viola le connaît et voudrait le séduire, Dulcie voudrait le séduire et souhaiterait que Viola l’aide dans cette entreprise. Démarre alors un triangle amoureux assez savoureux. Revenus à Londres, les deux femmes vont se revoir et devenir amie. De multiples aventures vont leur arriver avec toujours en ligne de mire, le fameux Aylwin Forbes.

Ce roman est savoureux et enjoué. La construction des personnages est minutieuse et la psychologies de deux femmes est particulièrement bien exposée et décortiquée. Il ne se passe pas grand-chose dans ce roman, mais c’est davantage ce qu’il raconte d’une époque qui compte. Avec Les ingratitudes de l’amour, c’est la banalité du quotidien et souvent son absurdité qui est mis en scène.
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Les ingratitudes de l'amour

Un roman « vintage » un peu sage, un peu terne, mais attachant, à l’image de son héroïne, Dulcie Mainwaring, cette trentenaire brisée par un échec amoureux, qui va se lancer dans une enquête méthodique autour d’un séduisant directeur de revue et de son frère pasteur… L’humour et l’ironie y scintillent, par brefs éclats, beaucoup moins présents que chez certaines des consœurs de Barbara Pym… Ainsi incarne-t-elle, dans mon esprit , une sorte de chaînon manquant entre les étourdissantes humoristes des générations précédentes (Muriel Spark, Winnifred Watson) et les froides enquêtrices plongées dans de sordides affaires criminelles qui semblent avoir pris le pas, de nos jours…
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Lorsqu'un matin d'orage

J'aime énormément les romans de cet auteur.

Ils mettent souvent en scène des membres du clergé, des vicaires, des pasteurs et leurs douces épouses, des évêques, des cohortes de vieilles filles de tous les âges, lesquelles organisent des kermesses, des ventes de charité, le tout est abondamment arrosé de tasses de thé et de potins.

Ce recueil de 5 nouvelles m'a légèrement déçu.

J'ai du mal à entrer dans une atmosphère en seulement quelques pages, d'autant qu'ici, pas de chutes humoristiques ou totalement imprévues.

On retrouve quelques personnages déjà évoqués dans certains romans de l'auteur, mais cela ne gêne en rien la compréhension de ces petits épisodes paisibles qui montrent une fois encore qu'il y a une énorme différence entre la vie qu'on voudrait et celle qu'on a, entre ce que l'on croit et ce qui arrive vraiment et surtout que les histoires sentimentales ne prennent que rarement le chemin que l'on aimerait.
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Lorsqu'un matin d'orage

Je poursuis avec bonheur la relecture de quelques nouvelles de Barbara Pym. Cette fois le ton est profondément mélancolique, et même un peu triste pour les deux nouvelles romantiques qui ouvrent et referment ce recueil, surtout quand on sait que la première serait presque autobiographique.



Sur le thème de l'amour non partagé, "Gervase et Flora" nous livre le beau portrait d'une jeune fille amoureuse d'un homme qui s'intéresse à une autre : écrite à 23 ans, sans doute peu après la déception amoureuse vécue par Barbara Pym durant ses études universitaires, la nouvelle vibre des sentiments d'abnégation, de courage et même d'esprit de sacrifice dont fait preuve la jeune fille en encourageant loyalement sa rivale à conquérir celui qu'elles aiment toutes les deux.



Mais dans la nouvelle qui clôt le livre "Dans un salon d'Oxford", la romancière évoque avec un peu de spleen une femme d'une soixantaine d'années. qui revoit lors d'une réception à Oxford un homme qu'elle avait aimé 30 ans plus tôt. Son héroïne sait faire preuve de détachement et d'humour en constatant qu'ils n'ont plus rien à se dire.

L'humour est toujours présent sous la plume de Barbara Pym, même s'il est cette fois un peu contenu dans l'ambiance nostalgique qui baigne ces nouvelles.



Comme le dit la romancière dans la causerie radiophonique restituée au début de ce recueil, "le temps transforme aisément les souffrances les plus profondes en irrésistibles fous-rires." On ne peut qu'espérer pour elle qu'il en fut ainsi.



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Lorsqu'un matin d'orage

A cause de sa couverture et de son titre, je me suis laissée attirer par ce livre qui ne correspond pas à mes goûts habituels. Dommage que cette escape dans la littérature anglaise de la première moitié du XXème siècle n’est pas été concluante, mais les affres des jeunes filles à marier de la bonne société oxfordienne ou des filles de pasteur me laissent insensibles. Seule, sur les quatre nouvelles de ce recueil, celle qui donne son nom au livre m’a arraché un sourire du fait de son ironie toute britannique, mais mon chemin littéraire ne croisera probablement plus celui de Miss Pym, vieille dame anglaise à la plume caustique.
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Moins que les anges

Ca pourrait être l'histoire d'un trio amoureux puisque Tom l'anthropologue de retour d'une longue mission en Afrique va hésiter brièvement entre retourner vivre confortablement avec Catherine sa compagne ou tenter de vivre une aventure avec Deirdre, une jeune étudiante de première année.

Mais dans les romans de Barbara Pym, rien n'est décidé d'avance, rien n'est figé, et même si les convenances sont bel et bien là et sont difficiles à contourner, les personnages réussissent toujours à nous surprendre.

Les personnages principaux naviguent au milieu de toute une galerie de personnages hétéroclites : des étudiants et des professeurs d'anthropologie, des voisins plus ou moins curieux, des mères ou des tantes attentionnées, des prêtres, des bienfaitrices, des amoureux éconduits…

Un roman qui m'a fait sourire car l'auteur décortique les motivations de ses personnages comme le font justement les anthropologues avec les tribus qu'ils étudient.

Tous sont passés au microscope et rien ne peut donc échapper à l'oeil avisé du lecteur, qui ne peut alors que se moquer gentiment de tous ces hommes et ces femmes qui se débattent avec leurs problèmes existentiels.

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Moins que les anges

L'histoire de ce roman se tourne autour d'un institut d'anthropologie et de ses habitués: professeurs, étudiants...Des histoires d'amour se jouent, des carrières de chercheurs se décident, des machinations pour obtenir des subsides se montent.



Barbara Pym a un univers bien à elle, observant avec une indéniable bienveillance mais aussi un humour impitoyable ses personnages. Ces derniers n'ont vraiment rien d'exceptionnels, ce sont des gens comme on en croise tous les jours, un peu perdus, pas très sûrs des buts qu'ils poursuivent. On a envie de se moquer d'eux ( et le livre est  follement drôle) et puis au détour d'un geste, d'une expression on s'y reconnaît, on réalise qu'on leur ressemble parfois et là on est touché et on suit avec émotion leurs petites histoires. Barbara Pym est en réalité une très fine observatrice de l'âme, de ses moindres frémissements, et même dans la vie la plus terne et la plus insignifiante en apparence elle sait trouver les aspects les plus universels de l'être humain. Elle nous parle des gens tels qu'ils sont et non pas tels qu'ils voudraient être, elle le fait avec intelligence et justesse.



Je considère que Barbara Pym est un très écrivain, j'aurais tendance à la considérer comme une sorte de Jane Austen du XXem siècle, aussi bien par l'importance de l'oeuvre, par le plaisir de lecture qu'elle m'a procuré, que par les thèmes et l'approche du monde et des relations entre les gens. Dans les deux cas, c'est le monde dans toute sa complexité observé dans une goutte d'eau.
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