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Joan Titus-Carmel (Traducteur)
EAN : 9782864322917
110 pages
Verdier (01/11/1998)
4.24/5   76 notes
Résumé :
Basho est l’une des figures majeures de la poésie classique japonaise. Par la force de son œuvre, il a imposé dans sa forme l’art du haiku, mais il en a surtout défini la manière, l’esprit: légèreté, recherche de la simplicité et du détachement vont de pair avec une extrême attention à la nature. Le haiku naît donc au bord du vide, de cette intuition soudaine, qui illumine le poème, c’est l’instant révélé dans sa pureté.
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Critiques, Analyses et Avis (21) Voir plus Ajouter une critique
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Bashô Matsuo, poète japonais du XVIIème siècle, est considéré comme un des plus grands maîtres du haïku et l'un des plus vénérés au Japon. Les cent onze haïkus qui composent ce petit recueil sont extraits de l'ensemble de son oeuvre, particulièrement riche.
*
Chaque poème tente de capter et figer l'insaisissable, le temps qui s'enfuit.
D'un simple trait de sa plume sur la toile vierge, Bashô dessine, avec légèreté et délicatesse, la beauté contenue dans la fugacité de l'instant, celui du plongeon de la grenouille, des stridulations de la cigale ou du chant de l'alouette, des pétales de roses jaunes qui tombent dans le silence, du fracas assourdissant du torrent, de la lumière du soleil.

Les mots qui me viennent à l'esprit sont « équilibre », « harmonie » et « accord ».

« Ah ! le vieil étang
une grenouille y plonge
le bruit de l'eau »

Hymne à la nature, à sa beauté.
Des moments autant ordinaires que magiques, aussi éphémères qu'éternels et immuables.
Des moments que malheureusement nous négligeons et n'apprécions pas à leur juste valeur.

Sa palette, uniquement composée de mots, cristallise ces moments uniques.
Chaque mot, évoquant l'écoulement des saisons, la beauté de la nature, le temps qui file, trouve sa juste place.

Et pendant le court instant de la lecture, le poème prend vie, le temps et l'espace s'évaporent avant d'être immortalisés sur la toile, laissant le lecteur avec des images, des sensations, des couleurs, des bruits, des émotions.

« Sur une branche morte
un corbeau s'est posé
crépuscule d'automne »

Le mouvement, figé dans l'immobilité de l'instant, est fugitivement esquissé.

« Au cours de sa chute
elle a déversé son eau
fleur de camélia »

Les mots, délicatement choisis, ont la légèreté du silence, l'opulence et la plénitude d'une vie simple et solitaire.

« Parfois des nuages
viennent reposer ceux qui
contemplent la lune ! »

Dans la sagesse et l'effacement, se cache l'étendue des émotions.

« le son de la rame
frappant les vagues glace mes entrailles
cette nuit – des larmes »

« On a l'impression
qu'il a cent ans ce jardin
tant de feuilles mortes »

La dualité saisit le lecteur.
Jeu de contrastes.
La légèreté des mots, pareils à de la soie, s'oppose au poids des idées, de leur sens et des non-dits.

« Ah ! Tranquillité
et jusqu'au coeur des rochers
le chant des cigales ! »

Souvent, les mots éclairent l'obscurité de la nuit.

« La nuit de printemps
s'achève, le jour se lève
sur les cerisiers ! »

Le poète suspend l'écoulement du temps, la perception de l'instant.
Il touche les émotions liées à la vie : le contentement, les regrets, la solitude, la vieillesse, la mort.
Apaisement. Plénitude. Acceptation.

« le pont suspendu
et comme enlaçant nos vies
les plantes grimpantes »

« Usé par le temps
mon coeur le sait et le vent
transperce mon corps »

« Elles vont mourir
pourtant pas le moindre signe
le cri des cigales »

*
Souvent mystérieux, parfois obscur en raison de la distance culturelle et temporelle, ce petit recueil d'une richesse et d'une profondeur infinie, se compose d'une succession de petites toiles de maître. Il offre des instants de sérénité où le silence est d'or.

A chaque nouvelle lecture, des images apparaissent, des souvenirs effleurent la pensée, des émotions dans lesquelles chacun peut se retrouver.
Des émotions qui sont propres à chacun.

Petite parenthèse dans notre vie trépidante, il se déguste dans la solitude, lentement, en prenant son temps.
Juste quelques lignes avant de s'endormir.
Une invitation à la rêverie et la contemplation.
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Observant la nature, Basho collecte de minuscules moments, qu'il traduit en termes concrets.
L'expression est simple, descriptive et épurée. Réduite au minimum, elle provoque l'éblouissement.

L'infiniment grand (majestueux, immortel et constant) est confronté à l'infiniment petit (fugace, simple et sans cesse répété).

« De loin et de près
s'entend le bruit des cascades -
la chute des feuilles »

« Désolation hivernale -
dans le monde monochrome
le bruit du vent »

« Le lever du jour -
tournoyant dans la brume
la voix de la cloche »

L'évocation puissante de l'instant dépose dans le coeur l'empreinte de l'esprit (à moins que ce ne soit l'inverse ?).
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Le livre est sobre, de grandes pages blanc cassé, presque vides, un haïku calligraphié à la verticale sur la gauche, l'équivalent en écriture latine en haut et la traduction en bas, trois vers.
Un grand espace, donc, un peu intimidant, mais qui donne aussi une impression de lecture facile et rapide.
En réalité, lire les trois vers au bas de la page suffit pour en un instant révéler un monde aussi sensoriel que visuel. Par exemple:
Au parfum des pruniers
soudain le soleil se lève -
sentier de montagne!
et aussitôt je vois ce sentier s'ouvrant, face à la montagne, sur la clarté poudreuse de l'aube et je sens cet air frais du petit matin après une nuit à la belle étoile. Magie du haïku!

Bashô est né en 1644 près de Kyoto et a consacré sa vie aux haïkus et aux voyages, voyages à pied, dans le dénuement le plus total, se débarrassant du superflu, de l'encombrant, pour se révéler à l'essentiel. Son écriture est celle de la fugacité, de l'instant et de manière plus générale de la beauté du paysage traversé en chemin.
Voici encore un exemple parmi tant d'autres:
Au bord du chemin
un hibiscus - le cheval
vient de le manger!

Merci à monsieur Dany Laferrière pour cette belle découverte, si je n'avais pas lu Je suis un écrivain Japonais, je ne me serais sans doute jamais intéressée à ce maître du haïku!
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Si vous errez dans les paysages japonais ou d'ailleurs, sans savoir ce qui vous entoure, sans solliciter votre entendement mais en exerçant vos cinq sens, vous serez comme un lecteur de haïku, à l'écoute de l'auteur de haïku ...

___________________________________________________________________________

"Le printemps est là
sur la montagne sans nom
brume matinale"

____________________________________________________________________________

"Les fleurs de quel arbre
impossible de savoir
mais un tel parfum !"

____________________________________________________________________________

"Devant un éclair
l'homme qui ne comprend pas
est bien admirable !"

____________________________________________________________________________


L'innocence et la naïveté nourrissent la poésie de l'auteur de haïku qui s'apparente par instants à l' enfant qui écrirait ses premiers poèmes :

____________________________________________________________________________

"Le printemps s'en va -
pleurs des oiseaux et poissons
les larmes aux yeux"

____________________________________________________________________________


"Le coucou là où il a disparu
une île"

____________________________________________________________________________

Pour terminer, je vais réécrire un haïku de Bashô ( oui ça fait présomptueuse de dire ça, mais attendez de voir et vous verrez que je ne suis pas très mature) :

____________________________________________________________________________


Version de Bashô qui contemple la lune :
*

"Parfois des nuages
viennent reposer ceux qui
contemplent la lune !"
*

____________________________________________________________________________
Moi qui contemple la lune à côté de Bashô et qui lui répond :
*
Parfois des nuages
viennent emmerder ceux qui
contemplent la lune !
*







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Comment un moine japonais du XVIIè siècle peut-il m'émouvoir autant ? Tout est simple, allusif, léger. Tout est toujours là, dans l'instant. Le cri de l'alouette, la fraîcheur du torrent. Pour l'éternité.

L'édition Verdier est épurée. Elle présente un seul haïku par page avec le texte japonais dans le sens vertical , la transcription des vers en écriture romane ( ce qui permet de percevoir rythme et jeux de sonorités) et enfin la traduction simple et fluide de Joan Titus-Carmel.
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Citations et extraits (91) Voir plus Ajouter une citation
De temps en temps
Les nuages nous reposent
De tant regarder la lune
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Assis tranquillement, sans rien faire,
le printemps arrive,
l’herbe pousse, par elle-même.
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Un vieil étang
Une grenouille qui plonge,
Le bruit de l’eau.
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Dans les jeunes herbes
Le vieux saule
Oublie ses racines.
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Le papillon
parfumant ses ailes
amoureux de l’orchidée
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Videos de Bashô Matsuo (5) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Bashô Matsuo
Alain Walter vous présente l'ouvrage "Le carnet de la hotte. Oi no ko-bumi" écrit par Bashô aux éditions William Blake Art & Arts et dont il a fait la traduction.
Retrouvez le livre : https://www.mollat.com/livres/2677817/basho-le-carnet-de-la-hotte-oi-no-ko-bumi
Note de musique : © mollat Sous-titres générés automatiquement en français par YouTube.
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