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Critiques de Béatrice Castaner (31)
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Maï et Mouna

Maï et Mouna sont jumelles. Elles grandissent au Burkina Faso, terre de leur mère, tandis que les vacances sont l’occasion de connaître leur famille paternelle dans le Limousin. La relation qui les unit est fusionnelle :



« Maï et moi étions notre terre l’une à l’autre, nous la transportions entre nos mains, l’amarrions au fil des récits que notre mère prodiguait ».



Enfance heureuse bercée par les récits de leur mère griotte « celle qui apaise les esprits avec ses chants, celle qui par les mots ouvre la route à ceux qui sont englués dans le passé ». Les espiègleries complices, l’apprentissage de l’adversité, tout se fait à deux, dans une communion au-delà des mots.

C’est avec les années, après le décès de la mère, que la nécessité d’une séparation, aussi douloureuse qu’elle soit, apparaîtra.



Comme un poème en prose, l’écriture est travaillée , et s’orne même de signes impliquant un silence, une pause qui offre aux mots l’opportunité de développer leur sens profond.



Hymne à la gémellité, incursion dans l’univers particulier des âmes soeurs, que ce roman exprime avec beaucoup de sensibilité



144 pages Serge Safran 16 février 2024

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Aÿmati

Aÿmati, Gabrielle, Mära. Passé, présent, futur. Trois femmes, trois époques, trois destins, qui ont pour trait commun de raconter pour chacune la fin d’une époque, d’une vie même, et de la transmission qu’il peut tout de même y avoir de l’une à l’autre.



Aÿmati a ainsi vécu il y a 30 000 ans. Dernière représentante de sa tribu néandertalienne, elle entreprend le dernier voyage, celui d’une migration vers l’ailleurs, un passage vers l’au-delà.



Gabrielle, est une anthropologue française des années 2000, qui a voué sa vie à la recherche scientifique de l’homme de Néandertal. Elle veut en effet absolument prouver que celui-ci connaissait un développement culturel (perception de l’art, de la parure, et de rites funéraires), et est à l’aube d’une découverte qui bouleversera sa vie.



Mära, enfin, vit en 2056. Cachée dans une ancienne base scientifique, elle est la dernière représentante des Sapiens, après qu’un mystérieux appel à l’extermination ait tué tous les représentants de son espèce, après s’être attaqué dans un premier temps aux singes dont Mära s’occupait.



Béatrice Castaner nous invite ici à un voyage particulier – dans tous les sens du terme ! – vers la fin des hommes. Aÿmati en représente le début, Mära la fin, Gabrielle est une espèce de passeuse entre les deux, grâce à un objet qui fonctionnera en fil rouge dans le roman, chargé d’une symbolique certaine puisqu’il est chargé d’immuabilité. Peu importe ce qui arrivera aux vivants, il sera toujours là. Il fait aussi ressortir que la fin d’Aÿmara est le début d’un progrès humain, tandis que Mära est la fin de celui-ci, et on ne peut que s’en réjouir en lisant dans quelles conditions, et à la suite de quoi, Mära « survit ».



« Aÿmati » se présente sous une forme classique, puisqu’il est divisé en trois périodes qui mettent en avant une héroïne. Pourtant, il s’agit vraiment d’un ouvrage très curieux, très particulier : sa langue est très poétique, et varie en fonction de chaque personnage, il faut à chaque fois s’y habituer. Plus conceptuel pour Aÿmati, il est actuel pour Gabrielle et plus haché pour Mära, sous le choc de ce qui lui arrive. D’ailleurs, cette dernière partie sera assez confuse et floue, je ne suis pas sûre d’avoir compris son intrigue, mais au final ça importe peu.



Il s’agit donc d’un beau roman, original et d’une langue superbe. Pourtant, je ressors un peu perplexe de ma lecture : je ne me suis attachée à aucun des personnages, j’ai largement décroché pendant la troisième partie, et d’ailleurs je ne crois pas que ce roman ait cherché à me séduire. La seule impression qu’il me reste est qu’il « est », comme un vestige archéologique chargé d’histoire peut être (il était là avant moi, il sera là après ; voyez-vous ce que je veux dire ?). Je ne saurais donc dire si j’ai aimé ce roman, mais je salue son poids et son originalité, qui le font se démarquer de tout ce que j’ai pu lire jusque là.



Je remercie les éditions Serge Safran et Babelio pour cette masse critique fiction de janvier 2024 pour ce voyage à travers les âges.

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Maï et Mouna

Maï et Mouna sont nées jumelles et de deux cultures, africaine et européenne. Leur vie est partagée entre la vie dans le village d’Afrique d’où est originaire leur mère et les mois d’été dans le Limousin chez mamie Jeanne, leur grand-mère paternelle. Leurs parents comme elles deux sont liés par un amour sans faille, et leur vie est paisible, marquée par le respect de la nature, les enseignements de leur père Jean, professeur, les pouvoirs de guérisseuse de leur mère, Sanata, leur rencontre avec l’archéologue Gabrielle. Pour les filles le temps est infini, cette existence ne s’arrêtera jamais, elles vivront ensemble pour toujours.



Mais évidemment la vie n’est point un long fleuve tranquille et le couple gémellaire est destiné à être séparé malgré leur relation fusionnelle. Et c’est leur mère mourante qui va leur indiquer le chemin, chemin douloureux de cet apprentissage de l’autonomie et de la découverte d’un étonnant secret.

On suit tour à tour les voix de ces deux jeunes filles marquées à jamais par cette double naissance. Le roman retranscrit très bien la dimension tragique de ces êtres qui à l’inverse des autres sont nés à deux et doivent apprendre à vivre seuls…ou pas. Certains jumeaux ne se séparent jamais.



J’ai beaucoup aimé ce petit livre, très bien écrit d’une plume poétique et qui m’a donné quelques éclaircies sur ce monde de la gémellité dont on ne mesure pas forcément tous les enjeux. Merci à Babelio et à l’éditeur Serge Safran pour cette belle découverte.

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La Femme-Maÿtio

En refermant ce roman, je m’étonne des bonnes évaluations qu’il a reçues. Mais bon, deux lecteurs deux avis, d’autres ont su lui trouver un charme que j’y ai cherché en vain.

J’ai pourtant aimé l’écriture, clairement plus poétique que romanesque. Mais je l’ai trouvée un peu creuse, et un peu vain l’usage symbolique que l’autrice fait de la ponctuation.

Inventer des prénoms à des personnages du Paléolithique, normal, mais en revanche les surcharger d’accents et de trémas, pourquoi, mais pourquoi ? (Je me suis crue chez les Mamounes de la Ligue des officiers d’état-civil*).

Quant à l’histoire… On est au Paléolithique, dans la région de Vallon-Pont-d’Arc peut-être. Maÿtio, une Néandertalienne seule et gravement blessée, retrouve la force de vivre dans sa fascination pour une jument pleine de vitalité. Abritée dans une grotte, elle commence à tracer le profil de l’animal sur les parois.

L’histoire est invraisemblable, là est le problème. Raconter la naissance de l’art, c’est beau, mais la science s’accorde à la placer dans une société nombreuse, prospère, organisée, où l’on a pu dégager du temps pour d’autres activités que la simple survie : le contraire d’une personne seule.

Et puis, une Néandertalienne ? Il reste beaucoup de choses à découvrir sur Néandertal sans doute, mais les peintures rupestres sont toutes les œuvres de Sapiens, là-dessus il n’y a pas de contestation me semble-t-il.

Bref, malgré ses qualités d’écriture, une œuvre qui m’a déçue.

Challenge Départements (Haute-Vienne)

*La Ligue des officiers d’état-civil recense les prénoms et les orthographes les plus improbables attribués à de malheureux bébés.
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Aÿmati

Cette Œuvre se rapproche plus d’un récit poétique que d’un roman. Un écrit qui effleure par petites touches des émotions, des sensations, des regards sur la vie…



Une néandertalienne, une femme moderne et une autre du futur ; toutes trois reliées par l’art : une statuette d’ivoire qui a traversé les âges.



Leur histoire, leur destinée, recentre l’attention sur l’essentiel, sur la vie, sur le regard que l’on pose sur l’Autre, même si cet Autre ne partage pas nos gènes. Comprendre au-delà des mots…

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Aÿmati

masse critique.



Trois femmes. Trois époques. Leurs liens : une petite statuette et l'art. C'est l'histoire d'Aÿmati, dernière néandertalienne, et son apprentissage de la peinture et et de la sculpture, et de Mära, dernière des homo sapiens, en 2056. Entre elles, Gabrielle, archéologue de notre époque qui découvre une statuette et des restes d'ossements. Le récit pose la question de la transmission des savoir par l'art à travers les âges de l'humanité. Que reflète-t-il sur nos us et coutumes, sur notre façon de voir les choses, notre rapport à la nature? Que transmet-on à travers lui aux générations futures? Que reflétera-t-il de notre mode de vie et de nos sociétés?



Une couverture simple où seule est représenté le lien entre ces trois femmes. Une écriture particulière, poétique et imagée, chaque époque ayant ses expressions, sa façon de parler. Une histoire à plusieurs voix, l'histoire oscillant entre récit et journal selon les personnages mis en avant, la seconde époque faisant écho à la première sur son développement.

L'auteure nous amène à réfléchir sur notre place dans l'humanité et de des traces que nous laisserons derrière nous.



Un petit livre à découvrir et à lire, pour le plaisir des mots, des images, de l'art.
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Aÿmati

J'ai reçu ce livre a l'occasion de Masse Critique.

Il s'agit d'un roman, d'une analyse poétique de la place de l'être humain sur terre.

Il y a deux parties, une dans le passé et une dans le futur. Ces deux parties sont liées entre elle par un journal, un récit du présent. Ces deux parties se font écho. Ces deux parties parlent de deux femmes, les dernières représentantes de leur espèce. Ces deux femmes semblent vivre sur le même schéma de vie. Ces deux femmes semblent liés a un destin commun.



J'ai été au premier abord un peu dérouté par l'écriture, une écriture différente, qui ne respecte pas les conventions de la langue française, qui les bousculent. J'ai du reprendre la lecture de quelques phrases au début et finalement je me suis habitué cette écriture particulière et tout cela a pris sens. J'ai lu ce livre en très peu de temps. J'ai été happé par le destin de ces trois femmes, par notre destin, par la poésie et les images qu'elle évoque.



Un livre que je relirais peu être pour, peut être, y voir quelque chose d'autre, de différent. Un livre qui peux apprendre des choses et ouvrir les yeux. Un livre différent qui mérite d'être lu, ne serait-ce que pour le style.
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Aÿmati

J'ai beaucoup aimé le style souvent poétique et la liberté d'écriture de Béatrice Castaner, s'affranchissant par moment de la syntaxe, de la grammaire, de la ponctuation, toujours par recherche de l'expression juste et de l'émotion vraie pour retranscrire autant le vécu d'une Néandertalienne d'il y a 30000 ans que d'archéologues des années 2010 que d'une jeune Sapiens qui vit l'anéantissement progressif et inéluctable de l'environnement et de son espèce dans les années 2030-2040.



J'ai bien apprécié chaque partie du roman : les (derniers) moments de vie d'Aÿmati et de son clan dans des réminiscences de la jeune femme ; le chantier de fouilles archéologiques mettant à jour des vestiges néandertaliens exceptionnels ; le monde en déperdition total s'acharnant encore et toujours plus sur les vestiges de la nature, rapporté plus ou moins en creux par une équipe de primatologues résistant autant que possible encore et toujours à l'envahisseur.



Ce qui m'a posé problème, c'est le lien et les entrelacements entre ces trois parties. Je les ai trouvés globalement pas assez approfondis (le lien entre les deux femmes à 30000 ans d'écart, le secret des archéologues). Je pense que l'objectif était la subtilité par l'allusion et l'implicite mais, pour ma part, ça m'a donné un goût de pas fini.



J'ai cependant hâte de lire La femme-Maÿtio qui donne vie à une précieuse membre du clan d'Aÿmati, d'autant qu'il est très bien noté sur Babelio, même si son nombre de lecteurs est restreint.
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La Femme-Maÿtio

Il y a exactement un an, je rédigeais mon avis séduit sur Aÿmati, roman traçant un fil entre un clan néandertalien d’il y a 30000 ans et un monde de plus en plus en perdition dans les années 2000 et 2030-2040. J’ai découvert ces jours-ci avec bonheur la Femme-Maÿtio. Béatrice Castaner narre l’histoire de ce personnage central dans la vie de son clan, rencontré dans le premier opus : celle qui, portée par des divinités relevant des Furies et des Parques du monde gréco-romain, crée l’art rupestre.



Le récit se fait mythe des origines, création du monde, naissance de l’art, puissance de la représentation, adoption dans le quotidien préhistorique. De nouveau, le phrasé de l’autrice, se jouant parfois des règles de syntaxe et de ponctuation, au style imagé et au léger souffle épique, m’a emportée et envoutée dans cet autre temps. Mon seul conseil pour en prendre la mesure est que vous tentiez l’expérience !
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Aÿmati

Étrange petit roman écrit par une archéologue qui s'interroge sur notre place et notre rôle de « passeurs » dans la chaîne de l'espèce humaine.

Récit sur trois strates, comme un chantier de fouilles, « Aÿmati » donne successivement la parole à trois femmes : l'ultime néandertalienne Aÿmati, qui vivait il y a 30000 ans, Mära, l'ultime sapiens née en 2026 et qui assistera, impuissante, à l'extinction du genre humain.

Entre elles, via les écrits retrouvés par Mära, il y a Gabrielle, archéologue, qui travaille aux côtés du primatologue Myn en Amérique.



Le lien entre ces trois femmes sera une statuette d'ivoire, sculptée finement à l'époque néandertalienne, comme une réplique de la « dame de Brassempouy » trouvée dans les Landes, petite tête gracieuse finement coiffée d'une « capuche » de cheveux tressés serrés, un front et un nez joliment dessinés, tirés de la masse d'ivoire il y a des milliers d'années.



Si l'histoire est par moments difficile à suivre, ondulant entre des personnages d'époques différentes, hommes préhistoriques, chercheurs du XXième siècle en primatologie et paléontologie, le message de Béatrice Castaner est clair : nous ne sommes que des passeurs d'histoire et de techniques, responsables devant les hommes d'autrefois mais plus encore devant nos descendants, responsables de ce que nous faisons des vestiges et connaissances transmises des ancêtres, responsables du monde que nous laisserons à nos enfants et de la qualité de vie que nous pourrons faire perdurer ou pas. La place de l'art dans tout cela est essentielle, avec sa richesse en termes de valeurs, d'humanisme, d'émotion.



Un livre un peu déroutant tant par sa construction que par son écriture poétique et originale. A découvrir.

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Aÿmati

Aÿmati nous parle de trois femmes : Aÿmati, néandertalienne ayant vécu il y a 30 000 ans, Gabrielle, archéologue (et son collègue, le primatologue Myn) qui prend place dans notre époque, et Mära qui écrit en 2051. Aÿmati et Mära, si éloignées soient-elles, ont en commun le fait d’être les dernières représentantes de leur espèce, néandertalienne pour la première, sapiens pour la seconde. Histoire de l’humanité, journal de fouilles, roman d’anticipation, Aÿmati est un peu tout cela. Mais au-delà de l’histoire, du fonds, c’est sa forme qui est réellement originale.



Les récits se mêlent, Mära rencontre Myn, Gabrielle découvre Aÿmati et une petite statuette en ivoire achève de les unir. Hier, aujourd’hui ou demain, les histoires personnelles des unes sont liées aux autres. Avec ce premier roman, Béatrice Castaner jette des ponts à travers le temps. Que laissons-nous derrière nous ? Quelle est la place de l’art ?



Après la brutalité de Joyeux, fais ton fourbi (ma dernière lecture), Aÿmati apparaît comme un recueil de poésie. La langue très imagée stimule l’imagination. J’ai vu des lieux, des silhouettes sortir des pages de ce petit livre. L’auteure joue avec la musicalité des mots et le rythme de la lecture. Cela fait naître des moments très forts, presque haletants, comme la scène d’initiation d’Ay à l’art rupestre, la découverte des restes d’Aÿmati ou la rencontre de Myn avec Poss, le bonobo.



Pas forcément un coup de cœur, mais tout de même un bon moment passé avec ce livre entre les mains. Un court roman au style affirmé et original.
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La Femme-Maÿtio

La Femme-Maÿtio est un livre-hommage aux Néanderthaliens disparus il y a 30 000 ans sans qu'on sache vraiment pourquoi. Sapiens serait-il responsable ?

Béatrice Castaner place les femmes et les arts au centre de son roman. C'est une merveille d'originalité, de beauté, de poésie. Elle ne cache rien des violences, des peurs, des souffrances endurées pourtant elle fait la place belle à l'Humain, au Partage, à la Spiritualité.

Son premier roman m'avait un peu décontenancée. Ici j'ai laissé le flot de poésie m'emporter et comme je regrette d'avoir déjà fini, je crois que je vais le relire dans la foulée.
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La Femme-Maÿtio

Majestueux, d'une écriture millénaire au souffle rare. le Femme-Maÿtio est un récit grotte ancestrale, époustouflant.

Le détenir est lumière. le lire c'est vivre. Retourner la terre noble et s'émouvoir des racines qui résistent au temps. Dans cet entre monde littéraire Béatrice Castaner oeuvre à la beauté. D'une dualité raffinée, ce récit mi -conte mi -légende en touches mémorielles est un chant langoureux. Une incantation pour la première femme. Symbole fécondée par trois déesses. Maÿtio est seule. Dans cet espace où ne surgit que le néant, les bêtes sauvages, l'hostile aux abois. Hymne Néandertal, la trame est une envolée de chevaux sauvages, de puissance et de grâce. « Maÿtio reste ainsi des heures à l'arrêt, à aiguiser son regard à la vie du troupeau, à éprouver la sérénité des chevaux sous la brise du matin, leurs craintes aiguës à l'odeur furtive d'un prédateur et leur puissance dans les brusques galops à la tombée du jour. » L'émotion est vive. L'attrait, une ferveur. Béatrice Castaner délivre une histoire dont on se souviendra toujours. Ce culte travaillé à l'orée d'une préhistoire qui devient flammes et attentions. « Elle fixe cette trace qu'elle vient de laisser sur la pierre et ne comprend pas encore le geste accompli. » Maÿtio résiste aux proies des ténèbres, apprivoise les chevaux, retourne dans la matrice fécondante et nourricière. Première femme qui dessine sur les parois d'une grotte enfantant sa destinée. Tracés d'une existentielle survivance. La parabole fait pleurer. L'art est résurrection. Béatrice Castaner délivre l'emblème d'une transmission où s'entrechoquent le vide du Néandertal et les prémices des sensations et des sens. « Jusqu'au soir, ils tracent, gravent, dessinent, effacent, recommencent, jusqu'à ce que le mouvement prenne vie. Maÿtio se tient avec Seÿna, Oùmlan, Néjh, et les guide dans leur apprentissage. » Maÿtio libre, sachant lire le devoir de mémoire avant tous. Métaphore du sceau invincible, gravures sur les roches, filigranes historiques. « La Femme-Maÿtio » est le pictural d'orfèvre. Un récit initiatique, superbe, inoubliable, poétique. L'humanité est un feu de joie. Nos regards se tournent vers ces fresques immortelles. Ce grand livre est une louange à l'art, à la préhistoire. Publié par les majeures Editions Serge Safran.
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La Femme-Maÿtio

Merci aux Editions Serge Safran et à Masse Critique de Babelio pour cette lecture épatante !

Pour apprécier pleinement ce roman parfois un peu déroutant, il faut justement accepter de prendre des chemins atypiques en laissant de côté les repères narratifs habituels. Après tout, plus de 30 000 ans nous sépare de la Femme-Maÿtio ! Certes cet écart ne représente sans doute qu'un millionième de seconde au regard de l'histoire du monde, mais pour une lectrice-lambda d'aujourd'hui (moi en l'occurrence) ça ne se parcourt pas en deux coups d'accélérateur de particules ! La proximité, la familiarité ne sont pas données d'emblée et pénétrer dans le monde de Maÿtio nécessite donc que l'on fasse quelques pas vers elle. le fort beau roman de Béatrice Castaner nous permet ce rapprochement par un ensemble de moyens qui donnent cohérence, crédibilité et force à l'histoire qu'elle nous raconte.

Cette histoire c'est celle d'une très jeune Néandertalienne qui a vu le massacre de son clan par un autre. Seule survivante, elle ne doit son salut qu'à deux des trois divinités qui tissent la destinée des hommes. Agonisante, Maÿtio est emmenée dans une grotte "à mi-hauteur de la falaise" et "la vie reprend peu à peu ses droits. Une vie autre, coupée de la précédente, d'où plus rien ne peut croître." (p.34). Ses journées solitaires se passent à observer un troupeau de chevaux sauvages, en contrebas. Parmi eux, elle élit E'wa "une pouliche à la robe brune et blanche" (p.35). Comme si à travers l'animal la jeune femme vivait par procuration, Maÿtio se fond dans le corps d'E'wa pour mieux renaître dans son propre corps martyrisé. La disparition du troupeau pourrait être la cause d'un nouvel effondrement, fatal celui-ci. Mais l'imagination de Maÿtio prend le relais...

En utilisant la matière qui l'entoure, le calcaire des parois, le charbon de bois, elle qui ne sera jamais mère peut "donner corps" à la réalité comme à ses rêves. "Avec comme seules armes une torche et un morceau de bois calciné, Maÿtio déclare la guerre au proche anéantissement de son monde" (p. 50) en dessinant E'wa au plus profond des entrailles de la terre. Après "d'innombrables saisons", une autre tribu rejoint Maÿtio à chaque printemps et ainsi se poursuit la transmission des histoires et de l'expérience. La silhouette d'E'wa est maintenant accompagnée par des troupeaux d'animaux qui s'animent à la lueur des torches devant les tribus réunies, suscitant l'émerveillement, l'effroi, la joie.

Comme dans "Aÿmati", la transmission et l'art sont au coeur du roman de Béatrice Castaner. Racontée ainsi, cette naissance de la création artistique au tréfonds d'une caverne il y a 30 000 ans a quelque chose de profondément émouvant. L'histoire de Maÿtio n'est pas seulement celle, bouleversante, de la fin des Néandertaliens, mais elle rejoint aussi celle de toutes les résiliences, de toutes les résistances humaines et de la part irréductible que prennent toutes les formes d'art dans ce cheminement permanent. La narration nous fait passer de l'individuel à l'universel, de l'intime au social, avec une infinie subtilité. La langue alterne un rythme syncopé, au moyen d'une syntaxe minimale, avec des périodes descriptives, plus amples, plus poétiques. Les phrases semblent s'apurer pour ne garder que l'essentiel de ce que discernent les personnages. La musicalité de l'écriture ainsi que sa force évocatrice créent une sorte d'envoûtement, une proximité troublante avec ces personnages temporellement si lointains et humainement si familiers.

Voilà vraiment un très beau roman, à l'écriture et à la construction parfaitement maîtrisées et qui a su me transporter 30 000 ans A.P. auprès de Maÿtio, ma petite-soeur, mère, aïeule, fille, "arpenteuse des chemins de l'art".

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Aÿmati

Lu en avant première cet été, je suis passé complètement à côté de cet ouvrage. Je n'ai pas compris où l'auteur a voulu en venir... Je n'ai pas compris l'intérêt des deux parties....

J'ai lu, j'ai refermé et je n'ai pas apprécié :-(



2/5
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La Femme-Maÿtio

Bonjour à tous aujourd'hui une plongée dans la préhistoire, dans l'histoire de l'art avec "La femme Maÿtio" de @beatrice castaner chez Serge Safran éditeur.

Une femme se meurt mais elle est sauvée par les divinités de son camp. Nous vivons sa résurrection, son attachement à la nature, son impulsion à dessiner dans les grottes ce qu'elle voit, la transmission de son savoir et le choix de l'héritier ou héritière. La place des femmes, des sages, des divinités dans ces clans qui se regroupent. Le rapport à la mort, à la vie, à la continuité. Un petit livre fort.

Quatrième de couv. Il y a trente mille ans environ, Maÿtio, jeune femme de la tribu de Neandertal, est sauvée de la mort par l’une des trois divinités qui veillent sur son destin. Suite à la disparition tragique de son clan, il ne lui reste plus que les animaux sauvages pour compagnons qu’elle passe des jours à contempler, à s’imprégner de leur fougue. Maÿtio jette alors son dévolu sur une jument, E’wã, qui lui redonne la force de vivre, avant que celle-ci ne lui soit arrachée.

Un jour, désespérée, Maÿtio se met à dessiner sur la paroi d’une grotte. Ce geste s’avère être son premier pas sur le chemin de l’art. Rejointe par d’autres femmes et hommes de sa tribu à chaque printemps, elle leur transmet sa vision du monde qui éveille en eux la joie, la mélancolie, la peur ou l’espoir.

Grâce à l’originalité du tracé, du phrasé, de la forme, et au fil de la mélodie de ses mots, Béatrice Castaner fait revivre par son imaginaire toute une époque d’une splendide et sauvage beauté.
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La Femme-Maÿtio

J’avoue que je me sentais a priori très loin de ces personnages néandertaliens, et pourtant. Difficile d’expliquer l’envoûtement que réussit à produire le style si particulier de l’autrice. Celle-ci invente une forme d’expression digne de l’originalité de son sujet, avec une ponctuation qui lui est propre. Pour autant, ces étrangetés linguistiques ne constituent jamais un obstacle à la lecture, car on finit par s’habituer aux petits symboles et par les intégrer comme autant de virgules ou de tirets. Ce que produisent ces éléments, c’est une sorte de musique de la langue, un style très aéré, entrecoupé de respirations, et une lecture particulière qui prend les phrases moins comme éléments de narration que comme strophes de poèmes voire incantations ou prophétie. On n’est pas loin de la sphère mystique, et finalement Maÿtio et les trois divinités qui la maintiennent en vie ou attendent sa mort m’ont fait l’effet de sorcières telles que celles évoquées dans le livre d’Isabelle Sorente (Le complexe de la sorcière) : des femmes fortes, à la puissance vitale insoupçonnée, capable de changer le cours du monde.



Et en effet, au-delà de sa trajectoire individuelle que l’on suit dans le roman, Maÿtio apparaît comme un personnage-clé dans l’histoire de l’humanité : la toute première artiste, celle qui inventa les peintures rupestres. Elle est ensuite rejointe par Hadjé, la première musicienne qui de sa flûte en os tire des sonorités qui hypnotisent ses semblables.



Beau et mystérieux, le récit est aussi l’histoire d’une transmission : non contente de créer et donner en spectacle son et lumière son œuvre à découvrir aux tribus qui se pressent dans la grotte, Maÿtio est une passeuse de savoir qui initie les jeunes générations à son art.



Plus sur le blog :
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La Femme-Maÿtio

Elle s'appelait Maÿtio, était néandertalienne et vivait il y a plus de 30000 ans sur la terre. « La femme-Maÿtio » c'est son histoire, une histoire d'un autre âge, d'un autre temps, c'est le récit d'une vie et d'une mort, d'une renaissance et de créations avec toute la souffrance, la cruauté qu'elles impliquent.

C'est juste un roman, peut-on me dire, mais est ce certain ? Il me semble que l'histoire de Maÿtio a traversé les millénaires dans l'esprit des créateurs de rêves, des conteurs pour nous être transmise aujourd'hui. C'est un peu notre passé, un retour à la genèse de l'humanité, au moment où l'instinct prenait le pas sur la raison, où nous entendions les divinités guider nos destins.

« La femme-Maÿtio » sort des sentiers battus, s'adresse à notre part primitive, émeut nos sens. On se plaît à croire en son existence passée, elle est si réelle dans notre inconscient. Elle éveille en nous des légendes mythologiques : les mystères de l'arc-en-ciel qui s'ouvre sur un autre monde, les trois nornes fileuses du destin, le cheval E'wã (Ehwaz, rune du cheval)...

Voici un roman qui se vit plus qu'il ne se lit. Mille merci à l'auteure pour ce récit magique et son talent.
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La Femme-Maÿtio

Le monde à ses origines. A une époque où la vie et la mort cohabitaient comme les membres d'une seule et même famille. Le monde des origines dans toutes ses forces primaires face à l'humanité. Face à l'éternité. Face à l'immortelle mortalité. C'est le monde qui régit la vie mortelle ou la mort vitale de la femme Maÿtio.

Maÿtio vit sa mort. Elle se meurt de sa jeune vie. Elle se laisse emporter dans le territoire des déesses sœurs. Pour renaître à sa souffrance. Pour renaître à sa mort. Pour vivre éternellement sa mort? Alors, elle laisse aller ses sens. Dans un corps meurtri et froid. Dans ses membres raides d'une chaleur qui donne vie à travers ses premières esquisses au sein de la caverne intemporelle. Ses doigts engourdis par la post-mort donnent vie à des fresques. Maÿtio renaît de sa vive mort pour faire revivre les mémoires des humains. Des clans. De la vie. Pour faire revivre la vie à travers ses esquisses. Pour unir les clans à travers les destinées. Pour s'unir à la fougue passionnée des chevaux, dans leur cavalcade mortelle. Elle transmet une histoire, une sagesse, à une époque appelée à disparaître. A travers elle, le monde se recrée. Elle représente la nature. Le monde astral.

Dans un lecture fluide, nous accompagnons la femme Maÿtio dans toutes les époques de sa vie. De ses vies. De ses morts. Dans sa création des mondes. Elle donne naissance à l'art. Au culte. Elle devient la sagesse. L'ancêtre du monde en devenir. Elle devient transmission. Elle, la femme-Maÿtio.
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Aÿmati

Livre reçu grâce à la masse critique.



L'histoire d'Aÿmati dans la première partie m'a complètement emportée. J'ai adoré la suivre à chacune des étapes de sa vie. J'ai été touchée par ses émotions. J'étais vraiment emballée par ce début de livre prometteur.



Ensuite, j'ai découvert Gabrielle l'archéologue. Elle m'a plu aussi. C'était intéressant de la voir évoluer dans un domaine qui m'est complètement inconnu.



Enfin, l'histoire de Mara m'a un peu désarçonnée avec les nombreux flash-back et cette atmosphère apocalyptique. C'est le personnage qui m'a le moins émue.



Je ressors de cette lecture un peu mitigée.









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