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Critiques de Béatrice Castaner (31)
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La Femme-Maÿtio

Il y a exactement un an, je rédigeais mon avis séduit sur Aÿmati, roman traçant un fil entre un clan néandertalien d’il y a 30000 ans et un monde de plus en plus en perdition dans les années 2000 et 2030-2040. J’ai découvert ces jours-ci avec bonheur la Femme-Maÿtio. Béatrice Castaner narre l’histoire de ce personnage central dans la vie de son clan, rencontré dans le premier opus : celle qui, portée par des divinités relevant des Furies et des Parques du monde gréco-romain, crée l’art rupestre.



Le récit se fait mythe des origines, création du monde, naissance de l’art, puissance de la représentation, adoption dans le quotidien préhistorique. De nouveau, le phrasé de l’autrice, se jouant parfois des règles de syntaxe et de ponctuation, au style imagé et au léger souffle épique, m’a emportée et envoutée dans cet autre temps. Mon seul conseil pour en prendre la mesure est que vous tentiez l’expérience !
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Aÿmati

Livre reçu grâce à la masse critique.



L'histoire d'Aÿmati dans la première partie m'a complètement emportée. J'ai adoré la suivre à chacune des étapes de sa vie. J'ai été touchée par ses émotions. J'étais vraiment emballée par ce début de livre prometteur.



Ensuite, j'ai découvert Gabrielle l'archéologue. Elle m'a plu aussi. C'était intéressant de la voir évoluer dans un domaine qui m'est complètement inconnu.



Enfin, l'histoire de Mara m'a un peu désarçonnée avec les nombreux flash-back et cette atmosphère apocalyptique. C'est le personnage qui m'a le moins émue.



Je ressors de cette lecture un peu mitigée.









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Maï et Mouna

Béatrice Castaner détient cette capacité de créer des romans empreints de sensibilité et de dépaysement. Rappelons-nous les sublimes « Aÿmati et La femme-Maÿtio ».

la vie à pleines brassées. L'humanité dès son originelle trace. C'est cela l'ultime de Béatrice Castaner, une écriture quasi légendaire.

Ici, nous sommes en pleine contemporanéité. Un livre presque gémellaire de celui de Fanny Wobmann « Les arbres quand ils tombent » aux éditions Quidam éditeur.

« Maï et Mouna » sont soeurs jumelles. Grandissantes au fil des pages. Elles sont d'ubiquité.

Deux pays qui s'assemblent, telles des poupées gigognes. le Burkina Faso durant l'année scolaire. La France, le temps de la villégiature. La maman est burkinabé, le papa est français. Elles, deux métisses qui vont bâtir leur devenir grâce à l'éducation ensoleillée et de rectitude, un libre-arbitre construit en plein coeur d'un pays de soleil et d'exotisme. Maï et Mouna sont deux astres contraires. L'une, Mouna est solaire et protectrice. Maï est lunaire et beaucoup plus introvertie. La dualité.

« A l'oreille de maman, je murmure, regarde, tu as fait une part plus grande que pour Maï, tu sais qu'elle ne va pas aimer cela… Retiens bien cela Mouna, l'amour comme le temps ne se tranche pas car l'un et l'autre nous pensons les contenir dans des cases. »

Professeur, le père est souvent muté. La petite famille s'adapte, tel un caméléon futé, traverse le Burkina Faso. La mère est griotte, un peu sorcière, conteuse et guérisseuse et grande sentimentale. C'est l'autre versant. L'un est intellectuel, poète et rêveur, elle est d'essence, d'idéal et de légendes. le soin à l'autre à l'instar d'un baume sur le coeur.

Les fillettes grandissent, pétillantes et malicieuses. Elles aiment l'heure des vacances en France en plein coeur du Limousin. La grand-mère paternelle tient un bar. Les petites filles sentent les éclats du soleil du Burkina Faso dans cet antre. La Gémellité est une corde à sauter. Elles ne ratent pas un saut, complices et siamoises.

« Du Sud au Nord, tel est l'apprentissage de notre géographie mentale de l'amour, à l'inverse de la hiérarchie de lecture de la mappemonde familiale qui trônait sur le bureau de notre père…Maman dit qu'il faut tout un village pour qu'un enfant vienne au monde. Jamais cette maxime n'aura eu autant de résonance que dans les cent mètres carrés du bar de Jeanne, ouvert aux quatre vents des espérances. »

La trame est un banc public. Il se passe toujours ce quelque chose qui va faire office d'initiation. Les personnalités de ces jeunes filles devenues des cases noires et blanches. Les conséquences qui en résultent sont ferventes et travailleuses.

Maï va disparaître. Où et pourquoi ?

Mouna deviendra le Radeau de la Méduse de Géricault.

Le fil rouge de cette histoire tremblante de vie et d'apprentissage est plausible. Elle s'attache autour de nous, comme un fil magnétique, intrinsèque et parabolique.

« Ne donne jamais ton rêve à manger. »

L'étymologie, la grandeur de ce grand livre, sont la douceur de la soie. Bienfaisant, il est le livre des heures qui se réveillent après des années de sommeil.

Tout est fondamental, langue et silence. le secret comme un soupir crépusculaire. Le lien générationnel somptueux à l'instar d'une renaissance. Fondamental, il est l'allégorie de la vie. La matrice-mère. Publié par les majeures Éditions Serge Safran éditeur.
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Maï et Mouna

L’autrice raconte l’histoire de Maï et Mouna, jumelles métisses nées d’un père français et d’une mère burkinabée. Elles grandissent et sont scolarisées au Burkina Faso et passent tous leurs étés chez leur grand-mère paternelle en Limousin.



Le grand thème du livre est le gémellité. Le métissage est le second sujet très évident.



Le style est à la fois poétique et rigoureux. Certaines scènes et idées sont tout simplement puissantes

Merci à la masse critique d’avoir pu découvrir cette auteure
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Aÿmati

Aÿmati, Gabrielle, Mära. Passé, présent, futur. Trois femmes, trois époques, trois destins, qui ont pour trait commun de raconter pour chacune la fin d’une époque, d’une vie même, et de la transmission qu’il peut tout de même y avoir de l’une à l’autre.



Aÿmati a ainsi vécu il y a 30 000 ans. Dernière représentante de sa tribu néandertalienne, elle entreprend le dernier voyage, celui d’une migration vers l’ailleurs, un passage vers l’au-delà.



Gabrielle, est une anthropologue française des années 2000, qui a voué sa vie à la recherche scientifique de l’homme de Néandertal. Elle veut en effet absolument prouver que celui-ci connaissait un développement culturel (perception de l’art, de la parure, et de rites funéraires), et est à l’aube d’une découverte qui bouleversera sa vie.



Mära, enfin, vit en 2056. Cachée dans une ancienne base scientifique, elle est la dernière représentante des Sapiens, après qu’un mystérieux appel à l’extermination ait tué tous les représentants de son espèce, après s’être attaqué dans un premier temps aux singes dont Mära s’occupait.



Béatrice Castaner nous invite ici à un voyage particulier – dans tous les sens du terme ! – vers la fin des hommes. Aÿmati en représente le début, Mära la fin, Gabrielle est une espèce de passeuse entre les deux, grâce à un objet qui fonctionnera en fil rouge dans le roman, chargé d’une symbolique certaine puisqu’il est chargé d’immuabilité. Peu importe ce qui arrivera aux vivants, il sera toujours là. Il fait aussi ressortir que la fin d’Aÿmara est le début d’un progrès humain, tandis que Mära est la fin de celui-ci, et on ne peut que s’en réjouir en lisant dans quelles conditions, et à la suite de quoi, Mära « survit ».



« Aÿmati » se présente sous une forme classique, puisqu’il est divisé en trois périodes qui mettent en avant une héroïne. Pourtant, il s’agit vraiment d’un ouvrage très curieux, très particulier : sa langue est très poétique, et varie en fonction de chaque personnage, il faut à chaque fois s’y habituer. Plus conceptuel pour Aÿmati, il est actuel pour Gabrielle et plus haché pour Mära, sous le choc de ce qui lui arrive. D’ailleurs, cette dernière partie sera assez confuse et floue, je ne suis pas sûre d’avoir compris son intrigue, mais au final ça importe peu.



Il s’agit donc d’un beau roman, original et d’une langue superbe. Pourtant, je ressors un peu perplexe de ma lecture : je ne me suis attachée à aucun des personnages, j’ai largement décroché pendant la troisième partie, et d’ailleurs je ne crois pas que ce roman ait cherché à me séduire. La seule impression qu’il me reste est qu’il « est », comme un vestige archéologique chargé d’histoire peut être (il était là avant moi, il sera là après ; voyez-vous ce que je veux dire ?). Je ne saurais donc dire si j’ai aimé ce roman, mais je salue son poids et son originalité, qui le font se démarquer de tout ce que j’ai pu lire jusque là.



Je remercie les éditions Serge Safran et Babelio pour cette masse critique fiction de janvier 2024 pour ce voyage à travers les âges.

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Maï et Mouna

Maï et Mouna sont jumelles. Elles grandissent au Burkina Faso, terre de leur mère, tandis que les vacances sont l’occasion de connaître leur famille paternelle dans le Limousin. La relation qui les unit est fusionnelle :



« Maï et moi étions notre terre l’une à l’autre, nous la transportions entre nos mains, l’amarrions au fil des récits que notre mère prodiguait ».



Enfance heureuse bercée par les récits de leur mère griotte « celle qui apaise les esprits avec ses chants, celle qui par les mots ouvre la route à ceux qui sont englués dans le passé ». Les espiègleries complices, l’apprentissage de l’adversité, tout se fait à deux, dans une communion au-delà des mots.

C’est avec les années, après le décès de la mère, que la nécessité d’une séparation, aussi douloureuse qu’elle soit, apparaîtra.



Comme un poème en prose, l’écriture est travaillée , et s’orne même de signes impliquant un silence, une pause qui offre aux mots l’opportunité de développer leur sens profond.



Hymne à la gémellité, incursion dans l’univers particulier des âmes soeurs, que ce roman exprime avec beaucoup de sensibilité



144 pages Serge Safran 16 février 2024

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Maï et Mouna

La couverture m'avait attiré ainsi que l'histoire de jumelles née d'une père français et d'une mère burkinabé. Je suis un peu déçue , j'attendais de découvrir leur histoire entre leurs deux pays . Je suis passée un peu à côté, pas bien compris l'intervention de Gabrielle.

Merci à la masse critique Babelio de faire découvrir des livres que l'on aurait pas lu.
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Maï et Mouna

Maï et Mouna sont nées jumelles et de deux cultures, africaine et européenne. Leur vie est partagée entre la vie dans le village d’Afrique d’où est originaire leur mère et les mois d’été dans le Limousin chez mamie Jeanne, leur grand-mère paternelle. Leurs parents comme elles deux sont liés par un amour sans faille, et leur vie est paisible, marquée par le respect de la nature, les enseignements de leur père Jean, professeur, les pouvoirs de guérisseuse de leur mère, Sanata, leur rencontre avec l’archéologue Gabrielle. Pour les filles le temps est infini, cette existence ne s’arrêtera jamais, elles vivront ensemble pour toujours.



Mais évidemment la vie n’est point un long fleuve tranquille et le couple gémellaire est destiné à être séparé malgré leur relation fusionnelle. Et c’est leur mère mourante qui va leur indiquer le chemin, chemin douloureux de cet apprentissage de l’autonomie et de la découverte d’un étonnant secret.

On suit tour à tour les voix de ces deux jeunes filles marquées à jamais par cette double naissance. Le roman retranscrit très bien la dimension tragique de ces êtres qui à l’inverse des autres sont nés à deux et doivent apprendre à vivre seuls…ou pas. Certains jumeaux ne se séparent jamais.



J’ai beaucoup aimé ce petit livre, très bien écrit d’une plume poétique et qui m’a donné quelques éclaircies sur ce monde de la gémellité dont on ne mesure pas forcément tous les enjeux. Merci à Babelio et à l’éditeur Serge Safran pour cette belle découverte.

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Aÿmati

Merci à Serge Safran éditeur pour ce livre reçu dans le cadre de la Masse Critique.



Dès son ouverture, j'ai été surprise par le style très poétique, voire onirique de Béatrice Castaner. Je ne m'attendais pas à ça.



Cependant, une fois la surprise passée au bout de quelques pages, je me suis laissé bercée par la plume de l'autrice. Je trouve d'ailleurs que son style exprime une douceur languissante qui va à ravir au récit.

Plus tôt je qualifiais le style d'onirique. C'est l'impression que je garde de ce roman-conte : un rêve.

Et, au vu de l'épilogue, je gage que c'était volontaire.



Ce roman-conte, aussi doux que cruel, parle de la disparition de l'Humanité, mais aussi de celle de l'humanité.

Il raconte également la transmission de l'Art à travers les générations et les époques. Mais aussi comment chaque personne peut s'exprimer grâce à lui et y accrocher les dernières bribes de ses espoirs.



De même, la construction en miroir du récit permet de mettre en évidence une universalité de l'existence qui est très touchante.



En bref, c'est un roman-conte onirique, écrit avec émotion davantage qu'avec des mots qui m'a désarçonnée — un peu —, touchée — beaucoup —, émue — surtout.
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La Femme-Maÿtio

En refermant ce roman, je m’étonne des bonnes évaluations qu’il a reçues. Mais bon, deux lecteurs deux avis, d’autres ont su lui trouver un charme que j’y ai cherché en vain.

J’ai pourtant aimé l’écriture, clairement plus poétique que romanesque. Mais je l’ai trouvée un peu creuse, et un peu vain l’usage symbolique que l’autrice fait de la ponctuation.

Inventer des prénoms à des personnages du Paléolithique, normal, mais en revanche les surcharger d’accents et de trémas, pourquoi, mais pourquoi ? (Je me suis crue chez les Mamounes de la Ligue des officiers d’état-civil*).

Quant à l’histoire… On est au Paléolithique, dans la région de Vallon-Pont-d’Arc peut-être. Maÿtio, une Néandertalienne seule et gravement blessée, retrouve la force de vivre dans sa fascination pour une jument pleine de vitalité. Abritée dans une grotte, elle commence à tracer le profil de l’animal sur les parois.

L’histoire est invraisemblable, là est le problème. Raconter la naissance de l’art, c’est beau, mais la science s’accorde à la placer dans une société nombreuse, prospère, organisée, où l’on a pu dégager du temps pour d’autres activités que la simple survie : le contraire d’une personne seule.

Et puis, une Néandertalienne ? Il reste beaucoup de choses à découvrir sur Néandertal sans doute, mais les peintures rupestres sont toutes les œuvres de Sapiens, là-dessus il n’y a pas de contestation me semble-t-il.

Bref, malgré ses qualités d’écriture, une œuvre qui m’a déçue.

Challenge Départements (Haute-Vienne)

*La Ligue des officiers d’état-civil recense les prénoms et les orthographes les plus improbables attribués à de malheureux bébés.
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Aÿmati

J'ai beaucoup aimé le style souvent poétique et la liberté d'écriture de Béatrice Castaner, s'affranchissant par moment de la syntaxe, de la grammaire, de la ponctuation, toujours par recherche de l'expression juste et de l'émotion vraie pour retranscrire autant le vécu d'une Néandertalienne d'il y a 30000 ans que d'archéologues des années 2010 que d'une jeune Sapiens qui vit l'anéantissement progressif et inéluctable de l'environnement et de son espèce dans les années 2030-2040.



J'ai bien apprécié chaque partie du roman : les (derniers) moments de vie d'Aÿmati et de son clan dans des réminiscences de la jeune femme ; le chantier de fouilles archéologiques mettant à jour des vestiges néandertaliens exceptionnels ; le monde en déperdition total s'acharnant encore et toujours plus sur les vestiges de la nature, rapporté plus ou moins en creux par une équipe de primatologues résistant autant que possible encore et toujours à l'envahisseur.



Ce qui m'a posé problème, c'est le lien et les entrelacements entre ces trois parties. Je les ai trouvés globalement pas assez approfondis (le lien entre les deux femmes à 30000 ans d'écart, le secret des archéologues). Je pense que l'objectif était la subtilité par l'allusion et l'implicite mais, pour ma part, ça m'a donné un goût de pas fini.



J'ai cependant hâte de lire La femme-Maÿtio qui donne vie à une précieuse membre du clan d'Aÿmati, d'autant qu'il est très bien noté sur Babelio, même si son nombre de lecteurs est restreint.
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Aÿmati

Ce roman m’a attiré, car il parlait de femmes à trois époques différentes et j’étais curieuse de voir le lien qu’allait créer Béatrice Castaner. C’est un roman court mais très dense, peu de temps pour le silence. Une fois le livre refermé, je pense que l’auteur a tissé plusieurs fils pour que chaque lecteur puisse garder un ressenti différent. J’ai perçu plusieurs pistes mais j’ai gardé celle de « la transmission / la vie », dans cette barre de séparation on peut y mettre les mots avant, pendant, après, le sens etc. L’héritage et les traces de ces vies vont créer ce patchwork.



La première partie c’est celle du temps de Aÿmati, c’est la plus longue, puisque c’est une sorte de mythe fondateur » et elle est divisée en plusieurs chapitres. C’est cette histoire que les générations futures vont essayer de recréer. Béatrice Castaner nous donne sa version des faits, c’est la puissance de l’écrivain, utiliser ce qu’elle observe pour interpréter sans avoir à apporter de preuve, c’est le côté objectif… il en va autrement pour les archéologues et les historiens !



Aÿmati cette néandertalienne de vingt ans va nous raconter la fin de son clan et sans le savoir de sa civilisation.



Il y a plusieurs aspects marquants au niveau de l’écriture. Dans sa narration, on va faire des bons en arrière comme pour remonter un ruisseau jusqu’à sa source pour mieux revenir au moment crucial de l’extinction d’un peuple.



D’autre part à travers ses histoires du quotidien, on voit l’importance de la création artistique et la puissance des représentations rupestres. Béatrice Castaner nous fait revivre ce moment où les clans vont peindre dans les cavernes. A travers l’avalanche d’émotions que reçoit en particulier Aÿmati. Début de l’écriture et de la mémoire d’un peuple ? On y voit aussi la place de l’oralité notamment quand arrive un nouveau membre, on va lui dérouler l’histoire du clan avant de l’inclure son chaînon dans cet enchaînement.



La puissance de la transmission que ce soit en apposant le signe du clan sur le front ou en dessinant les moments forts de la vie des gens Aÿmati va aussi expérimenter la souffrance des pertes, de la mort. Le deuil, l’introduction du rituel funéraire pour différencier la mort d’un être humain d’un animal. J’ai aimé cette idée de raconter toute j’histoire du clan devant le corps comme s’il devenait le réceptacle et le dépositaire de la mémoire. Il y a une part de magie dans la représentation des scènes et des animaux.



Gabrielle, l’archéologue d’aujourd’hui, viendra plusieurs milliers d’années après rechercher les traces laissées par ces clans. On se retrouve aussi au moment de la fin du chantier. Comme un entre deux, un intermède… Juste au moment où ces découvertes vont modifier sa vie.



La troisième femme, c’est Mara, une génération après nous, on va avoir des réponses à ce qui c’est passé du temps de Gabrielle jusqu’au moment tragique de la fin de l’expérience à laquelle a participé Mara.



On retrouve aussi cette façon de repartir vers al source pour reprendre le cours des choses présentes.



Qu’est-ce qui lie tout cela ? En partie ce sang qui contient la vie, l’ADN, et la mort…
Lien : https://latelierderamettes.w..
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La Femme-Maÿtio

Bonjour à tous aujourd'hui une plongée dans la préhistoire, dans l'histoire de l'art avec "La femme Maÿtio" de @beatrice castaner chez Serge Safran éditeur.

Une femme se meurt mais elle est sauvée par les divinités de son camp. Nous vivons sa résurrection, son attachement à la nature, son impulsion à dessiner dans les grottes ce qu'elle voit, la transmission de son savoir et le choix de l'héritier ou héritière. La place des femmes, des sages, des divinités dans ces clans qui se regroupent. Le rapport à la mort, à la vie, à la continuité. Un petit livre fort.

Quatrième de couv. Il y a trente mille ans environ, Maÿtio, jeune femme de la tribu de Neandertal, est sauvée de la mort par l’une des trois divinités qui veillent sur son destin. Suite à la disparition tragique de son clan, il ne lui reste plus que les animaux sauvages pour compagnons qu’elle passe des jours à contempler, à s’imprégner de leur fougue. Maÿtio jette alors son dévolu sur une jument, E’wã, qui lui redonne la force de vivre, avant que celle-ci ne lui soit arrachée.

Un jour, désespérée, Maÿtio se met à dessiner sur la paroi d’une grotte. Ce geste s’avère être son premier pas sur le chemin de l’art. Rejointe par d’autres femmes et hommes de sa tribu à chaque printemps, elle leur transmet sa vision du monde qui éveille en eux la joie, la mélancolie, la peur ou l’espoir.

Grâce à l’originalité du tracé, du phrasé, de la forme, et au fil de la mélodie de ses mots, Béatrice Castaner fait revivre par son imaginaire toute une époque d’une splendide et sauvage beauté.
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La Femme-Maÿtio

Un magnifique poème hommage à l'humanité, à ses efforts pour trouver sa place dans la nature, sa beauté et sa cruauté, à son intimité avec le vivant avec lequel elle peut se fondre et se confondre, à sa découverte de l'art pictural, de la musique, de ce mystère qui deviendra sacré, dans une langue fragile, segmentée à l'image de la conscience des premiers humains. Magistral!
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La Femme-Maÿtio

Retour au cœur de la préhistoire ! Il y a environ trente mille ans, Maÿtio fait partie du clan des Néandertals. Elle croit aux dieux de la nature et se retrouve seule, après que les siens se soient volatilisés. Elle se lie d’amitié avec une jument qui, à son tour, disparaît. Pour juguler sa tristesse, elle se met à dessiner sur la paroi d’une grotte. Le début de l’art ? Bientôt, d’autres hommes et femmes la rejoignent et suivent son exemple, enclins à partager des émotions, à éveiller la joie, la mélancolie, la nostalgie, la peur ou l’espoir. Béatrice Castaner a vu le jour en 1961 à Limoges. Passionnée de théâtre et d’archéologie, elle écrit depuis toujours et n’hésite pas à emprunter des voies peu commerciales en parlant de la préhistoire, alors que le public se fascine plutôt pour les thrillers et les récits de jeunes sorciers bardés de pouvoirs. Avec une écriture ciselée, elle entraîne les lecteurs dans une histoire qui ne manque jamais d’attraits et les emporte dans le quotidien d’ancêtres qui ont eu tout à apprendre de leur environnement, loin des facilités actuelles. On se situe ici à des lieues des stéréotypes véhiculés un peu partout. Maÿtio n’est pas une sauvage, mais un personnage qui, certes, doit lutter pour vivre, mais qui offre un profil d’être debout, peu décidé à se laisser abattre par les avatars. L’auteure excelle ici à nous faire voyager dans le temps, en se basant sur une documentation accumulée au fil des ans, en inventant une partie des gestes posés et en utilisant un style d’une belle précision et d’une redoutable efficacité. Grâce à l’originalité du tracé, du phrasé, de la forme et au fil de la mélodie de ses mots, elle ressuscite un pan d’une époque qui n’existe plus et qui resplendit d’une beauté primitive.
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La Femme-Maÿtio

La Femme-Maÿtio est un livre-hommage aux Néanderthaliens disparus il y a 30 000 ans sans qu'on sache vraiment pourquoi. Sapiens serait-il responsable ?

Béatrice Castaner place les femmes et les arts au centre de son roman. C'est une merveille d'originalité, de beauté, de poésie. Elle ne cache rien des violences, des peurs, des souffrances endurées pourtant elle fait la place belle à l'Humain, au Partage, à la Spiritualité.

Son premier roman m'avait un peu décontenancée. Ici j'ai laissé le flot de poésie m'emporter et comme je regrette d'avoir déjà fini, je crois que je vais le relire dans la foulée.
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La Femme-Maÿtio

J’avoue que je me sentais a priori très loin de ces personnages néandertaliens, et pourtant. Difficile d’expliquer l’envoûtement que réussit à produire le style si particulier de l’autrice. Celle-ci invente une forme d’expression digne de l’originalité de son sujet, avec une ponctuation qui lui est propre. Pour autant, ces étrangetés linguistiques ne constituent jamais un obstacle à la lecture, car on finit par s’habituer aux petits symboles et par les intégrer comme autant de virgules ou de tirets. Ce que produisent ces éléments, c’est une sorte de musique de la langue, un style très aéré, entrecoupé de respirations, et une lecture particulière qui prend les phrases moins comme éléments de narration que comme strophes de poèmes voire incantations ou prophétie. On n’est pas loin de la sphère mystique, et finalement Maÿtio et les trois divinités qui la maintiennent en vie ou attendent sa mort m’ont fait l’effet de sorcières telles que celles évoquées dans le livre d’Isabelle Sorente (Le complexe de la sorcière) : des femmes fortes, à la puissance vitale insoupçonnée, capable de changer le cours du monde.



Et en effet, au-delà de sa trajectoire individuelle que l’on suit dans le roman, Maÿtio apparaît comme un personnage-clé dans l’histoire de l’humanité : la toute première artiste, celle qui inventa les peintures rupestres. Elle est ensuite rejointe par Hadjé, la première musicienne qui de sa flûte en os tire des sonorités qui hypnotisent ses semblables.



Beau et mystérieux, le récit est aussi l’histoire d’une transmission : non contente de créer et donner en spectacle son et lumière son œuvre à découvrir aux tribus qui se pressent dans la grotte, Maÿtio est une passeuse de savoir qui initie les jeunes générations à son art.



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La Femme-Maÿtio

« Cette histoire débute il y a trente mille ans environ, bien avant la naissance des scribes de l’Histoire, lorsque tout ce qui apparaissait, respirait, croissait et mourait, partageait la même terre d’ocres et de poussières de glace ».

C’est là que je retrouve Maÿtio, jeune néandtertale de quatorze hivers, marchant, blessée mortellement par les membres d’un autre clan, qui ont exterminé le sien, tué sa petite tout juste née « Les ogres du monde l’ont déchiquetée et dévorée avant qu’elle ne sache marcher ».

Elle s’effondre « dans une steppe blanche et froide d’un climat glaciaire au bord d’un des multiples ruisseaux formées par la fonte des glaces au printemps, non loin de l’arche de pierre `’ »

Les petits signes avant le guillemet sont de l’autrice et signifient « une disparition ». L’autrice explique, en début de livre, la ponctuation qu’elle a créée

Maÿtio se meure de ses blessures et d’épuisement , glisse dans le pays des déesses sœurs. Sauvée par l’une d’entre elles, Bayàn, elle renaît à la vie, et renaît également à ses souffrances. E’wã, l’autre déesse du trio est la mauvaise, celle qui a lutté pied à pied pour que Maÿtio ne vive pas. Elles seront toujours là, à lutter pour et contre la vie. Maÿtio, seule, doit lutter contre la solitude, la peur des bêtes sauvages, comme les lions des cavernes qui n’attendent qu’un moment de faiblesse d’inattention pour surgir « Proie parmi les proies, Maÿtio vit aux aguets. Constamment. Le feu brûle jour et nuit. Elle peut en augmenter immédiatement l’(intensité pour faire naître la peur dans les yeux des carnivores »

Elle habite une caverne profonde « Elle connaît l’interdit des clans de ne jamais enter seul dans les entrailles de la terre, elle sais les dangers des animaux sauvages hibernant, de la perte des sont et des repères dans l’espace, des fêlures de l’esprit dans un monde sans lumière. Mais Maÿtio ne peut lutter contre cette voix qui l’envoûte et dirige ses pas contre sa volonté. Elle se lève, allume une torche aux braises du foyer et entre dans la grotte guidée par l’infime clarté les lampes à terre. »

Maÿtio va dessiner, se servant des aspérités de la grotte pour donner du volume à ses dessins. Il lui faut, c’est vital, retrouver le corps de la jument, sa jument que Bayàn lui a prises pour la punir d’être vivante. Elle créé, s’accroche à la paroi. La grotte est le ventre dont elle sort, matrice qui la voit renaître et naître son art. Et si les premiers dessins émanaient d’une femme, d’une Maÿtio !



Mais, cela ne lui suffit pas, elle veut transmettre, apprendre cet art, la création à d’autres membres de la tribu qui la rejoignent chaque printemps. « Jusqu'au soir, ils tracent, gravent, dessinent, effacent, recommencent, jusqu'à ce que le mouvement prenne vie. Maÿtio se tient avec Seÿna, Oùmlan, Néjh, et les guide dans leur apprentissage. ».

Ils se sont transmis et reçus, le feu, le pouvoir des plantes… et là, Maÿtio leur transmet le dont de raconter autrement que par la voix.

L’écriture de Béatrice Castaner donne vie à Maÿtio, la ponctuation est son souffle, il faut le respecter à la lecture. Rapide lorsqu’il le faut, elle peut être poétique, descriptive. Toute l’émotion, la poésie, la sauvagerie, la sagesse, la curiosité, la peur se trouvent au creux des phrases

Béatrice Castaner, avec Aÿmati, son premier roman, explorait la préhistoire. Maÿtio, cousine d’Aÿmati, suit le même chemin en un roman encore plus abouti que le précédent où l’épopée se dispute avec la beauté des descriptions, la poésie du texte.

Dans ces deux livres, ce sont les femmes qui transmettent l’art de la peinture rupestre. J’ai aimé suivre le parcours de vie de Maÿtio de ses quatorze hivers à sa mort, la voir évoluer, naître, renaître

Je termine cette chronique en apprenant le décès de M. Coencas, le dernier survivant de la découverte de Lascaux. Peut-être retrouvera-t-il Maÿtio, Aÿmati et qu’ils feront des dessins sur les murs de la grotte céleste.

Un coup de cœur pour cette lecture qui me rappelle D’os et de pierre de Bérengère Cournut




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La Femme-Maÿtio

Elle s'appelait Maÿtio, était néandertalienne et vivait il y a plus de 30000 ans sur la terre. « La femme-Maÿtio » c'est son histoire, une histoire d'un autre âge, d'un autre temps, c'est le récit d'une vie et d'une mort, d'une renaissance et de créations avec toute la souffrance, la cruauté qu'elles impliquent.

C'est juste un roman, peut-on me dire, mais est ce certain ? Il me semble que l'histoire de Maÿtio a traversé les millénaires dans l'esprit des créateurs de rêves, des conteurs pour nous être transmise aujourd'hui. C'est un peu notre passé, un retour à la genèse de l'humanité, au moment où l'instinct prenait le pas sur la raison, où nous entendions les divinités guider nos destins.

« La femme-Maÿtio » sort des sentiers battus, s'adresse à notre part primitive, émeut nos sens. On se plaît à croire en son existence passée, elle est si réelle dans notre inconscient. Elle éveille en nous des légendes mythologiques : les mystères de l'arc-en-ciel qui s'ouvre sur un autre monde, les trois nornes fileuses du destin, le cheval E'wã (Ehwaz, rune du cheval)...

Voici un roman qui se vit plus qu'il ne se lit. Mille merci à l'auteure pour ce récit magique et son talent.
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La Femme-Maÿtio

Merci aux Editions Serge Safran et à Masse Critique de Babelio pour cette lecture épatante !

Pour apprécier pleinement ce roman parfois un peu déroutant, il faut justement accepter de prendre des chemins atypiques en laissant de côté les repères narratifs habituels. Après tout, plus de 30 000 ans nous sépare de la Femme-Maÿtio ! Certes cet écart ne représente sans doute qu'un millionième de seconde au regard de l'histoire du monde, mais pour une lectrice-lambda d'aujourd'hui (moi en l'occurrence) ça ne se parcourt pas en deux coups d'accélérateur de particules ! La proximité, la familiarité ne sont pas données d'emblée et pénétrer dans le monde de Maÿtio nécessite donc que l'on fasse quelques pas vers elle. le fort beau roman de Béatrice Castaner nous permet ce rapprochement par un ensemble de moyens qui donnent cohérence, crédibilité et force à l'histoire qu'elle nous raconte.

Cette histoire c'est celle d'une très jeune Néandertalienne qui a vu le massacre de son clan par un autre. Seule survivante, elle ne doit son salut qu'à deux des trois divinités qui tissent la destinée des hommes. Agonisante, Maÿtio est emmenée dans une grotte "à mi-hauteur de la falaise" et "la vie reprend peu à peu ses droits. Une vie autre, coupée de la précédente, d'où plus rien ne peut croître." (p.34). Ses journées solitaires se passent à observer un troupeau de chevaux sauvages, en contrebas. Parmi eux, elle élit E'wa "une pouliche à la robe brune et blanche" (p.35). Comme si à travers l'animal la jeune femme vivait par procuration, Maÿtio se fond dans le corps d'E'wa pour mieux renaître dans son propre corps martyrisé. La disparition du troupeau pourrait être la cause d'un nouvel effondrement, fatal celui-ci. Mais l'imagination de Maÿtio prend le relais...

En utilisant la matière qui l'entoure, le calcaire des parois, le charbon de bois, elle qui ne sera jamais mère peut "donner corps" à la réalité comme à ses rêves. "Avec comme seules armes une torche et un morceau de bois calciné, Maÿtio déclare la guerre au proche anéantissement de son monde" (p. 50) en dessinant E'wa au plus profond des entrailles de la terre. Après "d'innombrables saisons", une autre tribu rejoint Maÿtio à chaque printemps et ainsi se poursuit la transmission des histoires et de l'expérience. La silhouette d'E'wa est maintenant accompagnée par des troupeaux d'animaux qui s'animent à la lueur des torches devant les tribus réunies, suscitant l'émerveillement, l'effroi, la joie.

Comme dans "Aÿmati", la transmission et l'art sont au coeur du roman de Béatrice Castaner. Racontée ainsi, cette naissance de la création artistique au tréfonds d'une caverne il y a 30 000 ans a quelque chose de profondément émouvant. L'histoire de Maÿtio n'est pas seulement celle, bouleversante, de la fin des Néandertaliens, mais elle rejoint aussi celle de toutes les résiliences, de toutes les résistances humaines et de la part irréductible que prennent toutes les formes d'art dans ce cheminement permanent. La narration nous fait passer de l'individuel à l'universel, de l'intime au social, avec une infinie subtilité. La langue alterne un rythme syncopé, au moyen d'une syntaxe minimale, avec des périodes descriptives, plus amples, plus poétiques. Les phrases semblent s'apurer pour ne garder que l'essentiel de ce que discernent les personnages. La musicalité de l'écriture ainsi que sa force évocatrice créent une sorte d'envoûtement, une proximité troublante avec ces personnages temporellement si lointains et humainement si familiers.

Voilà vraiment un très beau roman, à l'écriture et à la construction parfaitement maîtrisées et qui a su me transporter 30 000 ans A.P. auprès de Maÿtio, ma petite-soeur, mère, aïeule, fille, "arpenteuse des chemins de l'art".

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