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Citations de Belinda Cannone (348)


Les gens demandent souvent si l'on a besoin d'écrire. Ils entendent besoin dans un sens psychologique : il faudrait d'urgence exprimer quelque chose qui sinon nous étoufferait. Et d'ailleurs, demandent-ils, écririez-vous si vous ne publiez pas? Non et non. le besoin, grande différence, n'est pas de s'exprimer mais de partager. Faire retentir en soi, puis sur la page, le « commun des mortels», pour rejoindre les autres, leur proposer notre terrain de mots dans la mesure où il est (pourrait être) terrain d'entente.

Partage dit plusieurs. Plusieurs secrets communs entre les êtres, entre l'auteur et les lecteurs, plusieurs voix dans l'auteur, et dans le roman. le romancier est celui qui formule, à un moment donné, ces secrets de l'existence qu'en les lisant nous nous disons avoir us parfois sur le bout de la langue - les secrets communs.

Que sont-ils donc? de secret, ils n'ont que de n'être pas dits, de n'entrer pas dans le flux des conversations courantes, de se dérober à la formulation ordinaire. de commun, d'être parmi tous répandus. Ils peuvent être grands ou minuscules. Grands : le désir de vivre, la mort, la présence au monde par exemple. Les peurs, certains désirs, les postures psychologiques constituent, parmi d'autres, de petits secrets communs.
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Oui, il y a quelque chose d’inexorable dans l’égalité des sexes, mais à condition que les femmes continuent d’y croire et d’agir pour avancer... (p.167)
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On peut imaginer que dans la passion d’être égal et de n’avoir que des égaux se loge aisément le conformisme. Il y a bien des travers à l’égalitarisme, notamment le désir farouche que l’autre ait aussi peu que soi, au lieu d’essayer d’avoir autant que lui. (p.158)
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Et pourtant on glisse. Non comme le mélancolique Surfeur d’argent, exilé et loin de tout ce qui lui est cher, mais comme dans l’amour, lorsque l’étreinte est si forte qu’elle devient danse. On glisse à deux, dans la joie de l’embrassement. De la relation.Le bonheur de danser, comme celui d’aimer, quand il est pleinement ressenti, est le bonheur d’un temps qui se déploie enfin dans son épaisseur et dans sa puissance, ici et maintenant, au présent. Le tango, comme l’amour-désir, est moment d’intensification de la joie de vivre, sentiment accru de l’existence, sortie du soi borné.
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Si l’hospitalité est le mouvement premier de la civilisation, elle ne peut toutefois suffire à élaborer le droit. Celui-ci vient après et, tout en tenant compte du devoir d’hospitalité, il doit cependant être fondé. Or il faut prendre au sérieux un problème qu’avait déjà soulevé Hannah Arendt et qui crée une contradiction que nous n’avons pas résolue.
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Ulysse craint les brutes, les sauvages sans justice : ceux qui, dénués d’humanité, ne mettent pas en pratique ce geste de haute civilisation, l’hospitalité. Encore ne compte-t-il s’installer nulle part sur son chemin, n’ayant désir que d’Ithaque. Mais aujourd’hui que la terre est devenue petite, tout territoire connu, tout port accessible, chacun sait que certains lieux sont plus confortables que d’autres — parce qu’il n’y règne pas la guerre, qu’on n’y torture pas et qu’on y vit, à peu près, ainsi que le porte en son cœur la Déclaration universelle des droits de l’homme, « à l’abri du besoin et de la peur ».
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Dans mes études, je n’ai pas eu la chance de connaître un de ces enseignants qui changent le cours d’une vie ou du moins l’infléchissent. Soit je n’en ai pas croisé, soit je ne les ai pas intéressés, soit, trop affreusement timide et pleine d’un sentiment d’imposture, je me suis tenue trop loin d’eux. Au tango, j’ai eu la chance de croiser Jean-Claude et de profiter pendant six ans de ses cours.
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Cette joie qui nous fait danser est perceptible dans l’embrassement du tango, dans notre comportement, notre sourire ou notre concentration, et c’est aussi elle qui donne envie de danser avec nous. Dans des périodes où j’étais particulièrement joyeuse, alors que je dansais moins bien qu’aujourd’hui, on m’invitait sans discontinuer et je sentais qu’on invitait ma joie, son éclat, sa force de conviction. Cette question revient souvent lors des discussions féminines de bord de piste.
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C’est le tanguero qui ouvre la possibilité de danser la danse. S’il est généreux, il cherchera à mettre en valeur sa partenaire, à lui donner l’occasion d’être élégante, inventive, assurée : la beauté du couple est la preuve de sa propre excellence. Le pire défaut, je l’ai dit, est de « danser seul », c’est-à-dire de croire qu’on peut briller indépendamment de l’autre, en oubliant qu’il s’agit d’une danse de la relation.
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Les bals étaient décevants et j’y allais moins souvent. J’ai commencé par mettre en cause mon niveau — trop bonne danseuse pour les danseurs moyens, pas assez pour les bons danseurs, je me trouvais dans un entre-deux délicat.
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Entre toi et moi, quelque chose se trame qui, suspendant ce qui distingue toi de moi, fabrique un nous, lequel a dans la danse une existence mobile : nous se manifeste dans un mouvement, un déplacement et des figures. L’entre du tango est bien une modalité de l’intime : ce qui survient suppose deux êtres qui, pour un instant appariés, accèdent à une conscience élargie, désindividualisée et cependant singulière. Dans ces épousailles fugitives, je suis tout à fait moi et plus vaste que moi, fermement appuyée au sol et m’élançant vers un lieu semi-rêvé qui n’a d’existence qu’avec un autre.
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C’est un travers de notre époque qui se passionne pour les questions identitaires de laisser entendre que les actions et attitudes des femmes et des hommes seraient inflexiblement et en permanence commandées par leur genre. Or nous sommes au premier chef des personnes, tant que notre féminité ou notre masculinité n’est pas directement sollicitée.
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Autre manifestation d’une cruelle asymétrie dans la milonga, la prédominance des considérations physiques. Car le bal ne déroge pas à la dure réalité du monde extérieur : les femmes, plus nombreuses que les hommes, font souvent tapisserie et les invitations, même pour les bonnes danseuses, sont inversement proportionnelles à leur âge et dépendantes de leur plastique. Cela dit, un peu moins rude mais bien réelle, la discrimination par l’âge affecte aussi les hommes. Mais je crois que c’est leur faute : ils s’obstinent à inviter des jeunettes qui les refusent sans délicatesse.
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Du côté féminin, la question du refus se pose constamment. Par exemple, certains danseurs qui me plaisaient lorsque je débutais et auxquels j’avais été reconnaissante de me faire danser malgré mon peu d’expérience ne me conviennent plus du tout aujourd’hui que j’ai progressé. Que faire quand ils viennent m’inviter malgré la différence évidente de nos niveaux actuels ? Les refuser tout net ? Parfois, pour ne pas me montrer ingrate, j’accepte (et j’enrage), d’autres fois je décline l’invitation et me tranquillise en me disant qu’ils n’ont qu’à travailler eux aussi…
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On peut imaginer une évolution de la danse qui verra les femmes guider autant que les hommes et ceux-ci suivre, mais cela témoignera d’une profonde modification des rapports de genres dans la société en général.
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L’expérience d’être menée est trop délicieuse pour qu’on veuille à toute force prendre la main. Mais qui sait si les hommes ne seraient pas heureux de se laisser guider parfois ? (Que veut, vraiment, un homme ? que voudra-t-il demain, quand nous serons égaux ?) En tout cas, à celles que révolte l’évidente asymétrie qui règne dans la danse, je dis qu’il ne tient qu’à elles d’apprendre à guider et, d’ores et déjà, d’inviter des femmes.
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Toutes les danses de couple se fondant sur un dialogue serré des corps, elles peuvent être regardées comme des mimes de l’amour. Mais le tango, exigeant deux corps-esprits dans une grande intelligence mutuelle, évoque plus encore l’échange amoureux, car s’il engage un lexique précis (des pas et des figures répertoriés), sa syntaxe est ouverte : les combinaisons et les possibilités d’improvisation sont infinies.
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Chez les humains (mais pas chez les animaux), l’érotisme se déploie dans un délai : entre le premier geste amoureux et la fin de l’étreinte, dans la séquence temporelle ouverte à l’imagination et au désir, chacun sera conduit à inventer caresses et pratiques — et pour chaque étreinte à nouveaux frais. Parvenu(e) à un certain degré de raffinement, l’amant(e) développera son ouïe amoureuse, sa capacité d’entendre les désirs et les suggestions implicites de son (sa) partenaire, auxquels il (elle) répondra dans un style qui n’appartient qu’à lui (elle). Jamais deux amants (amantes) ne sont semblables.
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Pour oublier la technique et improviser, inventer, donner libre cours à ses sentiments, il faut l’apprendre (contrairement à l’érotisme dont on peut regretter qu’il ne fasse, en Occident, l’objet d’aucun apprentissage). Le tango s’apprend très longtemps — une vie entière. Comme elle est satisfaisante, cette éducation du corps. On ne fait pas assez l’éloge de la discipline : elle aussi est source de plaisir.
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L’expérience de l’intime n’est pas anecdotique. Au-delà de ce qu’on peut penser et changer dans les pratiques amoureuses, au-delà des interdits et des choix, reste et restera cette expérience inouïe de l’extrême proximité, aussi extrême qu’elle est rare (élective). Hors l’amour, connaissons-nous d’autres situations que le tango où le franchissement de la distance sociale est désiré et autorisé ?
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