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Citations de Belinda Cannone (348)


Dans le discours ordinaire, on précise souvent qu'il faut être vigilant et savoir séparer l'amour du désir. Pourquoi le faudrait-il ? N'est-ce pas une représentation comme une autre, celle qui les distingue à ce point ? N'en aurait-on pas bêtement hérité comme de l'idée de la distinction du corps et de l'esprit ? Chacun sait bien faire la différence entre un désir passager, léger, inconsistant, et le grand désir. Mais pourquoi enlever à celui-ci sa riche composante d'amour ? L'idée de l'amour sans désir, nul n'a de difficulté à le concevoir, la religion chrétienne nous l'a enseignée en la valorisant, et nous connaissons des formes formes d'affection profonde sans désir, comme l'amitié. Mais, vieille habitude de déprécier le corps, il nous est plus difficile de reconnaître au grand désir sa charge d'amour, leur puissant emmêlement.
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Tu te rappelles cette plaisanterie : dans un couple, tous les malentendus sont possibles car on se croit deux quand en fait on est toujours six - celui que je suis, celui que tu es, celui que tu crois que je suis , celui que je crois que tu es, celui que je crois que je suis, celui que tu crois que tu es.
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De certains de tes amis tu pourrais dire qu'ils sont des imposteurs de l'existence: ils n'ont jamais été convaincus de la légitimité de leur présence au monde. ....
Pour ceux-là, cette posture inaugurale, être debout sur la terre, ne va de soi. Mystère de ce qui a sans doute été retiré dès la naissance, l'amour qui seul peut nous donner à croire que nous sommes attendu, désiré.
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Cela l'a appris que le sentiment d'imposture n'avait rien à voir avec la valeur. Ce n'était décidément qu'une représentation, de la case et de soi-même
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Au-delà de ses mots et de son sens, un grand roman donne le sentiment d'une conscience vivante, diffuse mais bien présente dans les pages d'où elle naît, d'où elle sourd, et par sa subtilité, son accomplissement et sa hauteur de vue, cette conscience nous aide à connaître, à penser et à sentir. (47)
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On ne sait pas ce que l'autre sait. Ni ce qu'il est prêt à savoir.
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Vous échangez de nombreux mots de promesse. Pur délice.

Enfin la pente du temps raidit.

Le battement intérieur s'accélère.

Le silence grandit.

Tout se met plus souvent en apnée. Pressentiment des mots de chair.

Puis la source du verbe tarit, ton être ramassé et tendu vers la rencontre, vers le concret des peaux et des lèvres-- comme une apnée, oui. Tu attendris et tu ris, les émotions à vif. Aussi : ça chantonne en toi.
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« […] la vertu du langage émerveillant est de provoquer la déroute, quand la force d'une formulation nouvelle nous fait quitter le chemin tout tracé du sens, rendant ainsi visible ce qui ne l'était pas avant elle. La déroute : n'est-ce pas, plus généralement, une bonne définition de l'émerveillement ? » (p. 104)
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Il vient de se poster près de son écoutoir et lui prend la main. Les résonnances emplissent l’air autour d’eux, il croit qu’ils partagent l’écoute, qu’ils sont comme deux huitres lovées dans la coquille du monde, indistincts, reliés, les sons circulent, rebondissent ou s’étalent, les traversent et rien, dans l’air si doux, ne fait obstacle à leur passage. P 166

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Ce matin je me suis demandé si je me rappelais encore sa voix. La voix : c’est pour ça que je raconte ce rêve. Et je n’en étais pas certaine. Je cherchais à l’entendre, intérieurement, et, oui, je crois que je l’ai reconnu sa voix lorsqu’il me donnait mes noms d’affection. Clo par exemple, avec une insistance sur le O allongé et très rond. Ou bien, Tilda, et déjà je ne peux plus t’expliquer comment il le prononçait. Je me rends compte que nous n’avons à notre disposition aucun terme qui permette de désigner les inflexions de la voix. Si j’en avais eu, j’aurais pu comparer ce que je me remémorais ce matin avec ce que je percevais de son vivant. Par exemple j’aurais dit qu’il avait une voix assez jaune, avec une frange de gris à droite et des nuances violettes dans la fréquence 500 : tu vois, je ne trouve que les expressions du monde visible pour parler du monde sonore. Pp89-90
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Les silences correspondent assez bien à ce que les peintres appellent des réserves, ces parties de la toile qui ne sont pas peintes. Une réserve, c'est joli, non ? Eh bien le silence est notre réserve, à nous compositeurs, où nous restons en retrait, mais aussi notre réserve de sons, l'endroit d'où jaillira leur profusion. Nous devons savoir apprécier ce silence particulier qui précède l'apparition de la ligne sonore : il contient la promesse. J’ai souvent le sentiment de dessiner quand j’écris ma musique. C’est d’ailleurs pourquoi j’écris beaucoup de musique vocale et de chambre : elles se prêtent au dessin, au jeu avec la ligne p69
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Elle dit qu'elle n'entend pas son pic-vert trop lointain mais les oiseaux pépiant, les feuilles qui bruissent, les galops des petits animaux au sol, les griffes sur les branches (les écureuils), des craquements (peut-être des noisettes), des claquements, des clappements, des crissements, des froissements, des glissements – des bruits intéressants mais si nombreux, ça enfle, le vent dans les feuillages dessine comme un long ruban sonore qui s'amenuise dans le lointain, les pas créent un matelas bourdonnant sur le sol, deux oiseaux se disputent sous son nez, l'air est plein à craquer – elle doit fermer les oreilles pour se reposer. P23
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Jouer avec le plaisir de l'autre, le faire douter s'il est partagé avec la même intensité - mauvais calcul. Cette sorte de manque ne vaut rien au désir. Il le rabaisse, le ramène vers l'émotion très ordinaire de l'inquiétude, le transforme jusqu'à changer sa nature: au lieu d'un grand rire lancé contre la mort, cette plainte chétive - m'aimes-tu? me désires-tu? Au lieu de la splendide exaltation du corps-esprit, les petites misères de la détresse affective.
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Belinda Cannone
Qu'est-ce qu'un héros finalement ? C'est quelqu'un qui oeuvre pour quelque chose de plus grand que lui-même, l'humanité. Les héros m'émerveillent par cette capacité. Car on en revient toujours là : la seule position intéressante est d'être hors de soi, non pas le soi méprisé et haïssable, mais le soi assumé et dépassé. J'affirme que c'est bien sans l'humanisme, loin d'être périmé, que nous continuons à puiser nos meilleures valeurs.
La Vie no 3723, 5 janvier 2017
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9 août- En songeant à ceux qui pourraient lire mes journaux un jour- au cas où ils ne seraient pas détruits-, j'ai réalisé qu'il y avait une forme de fausseté dans le journal. Parce qu'il sert souvent d'exutoire à la détresse, il est le réceptacle privilégié des moments difficiles; lesquels ne sont pas forcément représentatifs de notre existence. (p. 19)
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Un journal qui a perdu la mémoire ?

L'horreur , dans la perte d'un journal, ressemble à celle qui nous étreint lors de la disparition d'un être : une absolue singularité s'évanouit, irremplaçable. Ce qui s'est envolé, c'est ce que je fus, dans le détail du fil du temps, dans l'évolution d'une conscience. (p. 14)
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J'ai évoqué les écrivains qui se déployaient à partir de la valise de carnets de leur père, et qui en faisaient une oeuvre: à certaines conditions, le legs devient énergie et non lest. (p. 136)
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Ecrivant ce qui précède, je me rends compte que souterrainement, il est sans cesse question ici de- Transmission- : j'essaie depuis le début de saisir ce qui m'a été donné ("La fille aux mains pleines", écrivais-je plus haut; "fille du père", dis-je souvent) et je sais que ce don n'est pas clair, que je dois aller le chercher, le comprendre, en débrouillant la personnalité confuse de mon père. (p. 118)
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... Parfois, dans nos conversations familiales, ce sont d'autres principes d'éducation qui sont évoqués, et notamment, je l'ai constaté depuis longtemps, chacun dans la fratrie s'attache passionnément à rendre ses enfants attentifs à la poésie du monde. Car il en va toujours ainsi avec notre père: nous connaissons ses incontestables faiblesses mais il demeure notre modèle d'humanité le plus sûr. (p. 119)
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La conception du monde que je traduis par l'expression de -maison commune- va bien plus loin que la seule écologie. J'évoque cette dernière parce qu'elle faisait partie des géniales intuitions de mon père. Mais se penser habitant d'une maison commune, passant de ce monde, relevait d'une vision générale de l'être humain. (...)
Je te considère comme mon semblable puisque nous habitons la maison commune, et quand je respecte celle-là, c'est toi aussi que j'honore. (p. 83)
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