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Critiques de Bengt Ohlsson (31)
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Syster

Quelle déception ! Voilà un livre qui traînait sur les étagères depuis plusieurs années, que j'avais acheté au moment de sa sortie en poche suite à un flot de bonnes critiques, ici et ailleurs, qui s'est fait attendre mais qui n'a pas su combler l'attente. C'est vide, c'est creux. Soit disant un roman de formation, un roman d'éducation.



Suite à la disparition de sa soeur aînée, Marjorie est placée par ses parents chez sa tante Ilse, afin que ceux-ci puissent effectuer les recherches. Nous sommes en Suède, au bord de la mer. La relation entre Marjorie et sa tante va se construire peu à peu, partant d'un point zéro, d'une sorte d'indifférence bienveillante pour arriver, grâce au quotidien à exorciser les angoisses liées à la disparition de la soeur.



Mais, si le prétexte est bon, le texte ne suit pas. C'est long. On a du mal à comprendre les personnages, que ce soit Marjorie, Ilse, les parents et leurs interactions respectives. Le texte ne véhicule aucune émotion.



Bref, un roman dont le message profond m'a complétement échappé.



Dans cette veine mais parfaitement réussi, il est préférable de lire "Les trois lumières" de Claire Keegan.
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Gregorius

Qu'à voulu faire Bengt Ohlsson en écrivant ce livre ?

Peut-être à prendre un personnage d'un de ses livres favoris, et donner sa version ?

Certes, mais il y a plus à dire que cela: il ne s'agit pas juste de reprendre une histoire avec un autre point de vue, il s'agit de nous mettre à la place de ce point de vue, de nous le présenter, de nous le faire connaître, de nous montrer les méandres les plus profondes de son âme, de sublimer le personnage d'origine pour lui donner une seconde vie.

C'est cela qu'a voulu faire l'auteur, et c'est cela qu'il a fait.



Pendant tout le livre, nous suivons les pensées intimes du pasteur Gregorius, quadragénaire déprimé à souhait, marié à une femme beaucoup plus jeune que lui, envers qui il nourrit un désir presque pédophile, et qui ne semble pus s'intéresser à lui. Ohlsson écrit bien, le traducteur aussi, et si c'est parfois lassant, les pensées noires de Gregorius recèle quelques beaux moments où l'homme nous apparaît bien touchant.

En dehors de ces moments, on s'ennuie parfois un peu, parfois beaucoup, et vers la fin on veut juste en finir le plus vite. Voilà le défaut du livre: trop long ! Il s'étale, s'étiole et ce qui était au début du roman un flot de pensées intimes et de philosophie devient un mince fil de répétitions sur le même thème de la solitude, de l'amour et de la mort.



C'est ce qui m'a le plus marqué dans ce livre: ses points forts deviennent ses points faibles, et les deux forment une balance: autant la première moitié du livre est très bien, autant la deuxième moitié aurait méritée d'être abrégée.

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Syster

Miriam, la soeur aînée de Marjorie, a disparu un jour de mai. La fillette portait son grand imperméable jaune. La police a cherché du côté du lac. Sans rien trouver. Les semaines ont passé, avec de faux espoirs et d'épuisantes interrogations. Alors, les parents de Miriam et Marjorie ont décidé d'envoyer cette dernière chez la tante Ilse, pour l'éloigner de l'atmosphère étouffante. L'enfant ne posa aucune question lorsqu'ils ont quitté la ville en voiture, se sont arrêtés devant une maison au milieu des broussailles, à quelques pas de la mer. Un claquement de portières, un baiser, un tourbillon de corps, puis le silence. Marjorie ne parvenait pas à savoir si elle était triste. Par moments, elle ressentait même un vague soulagement, une jalousie, un agacement vis-à-vis de l'absente qui jouait les intéressantes et la privait de ses bonheurs quotidiens. Mais, surtout, elle savait que rien ne serait comme avant : « Elle se dit que c'était fichu. Ils ne seraient plus jamais drôles. C'était la faute de Miriam. »



La confusion des sentiments est au coeur du roman du Suédois Bengt Ohlsson (né en 1963), qui se place à hauteur d'enfant - qui épouse, de l'enfant, les points de vue changeants, le regard trouble sur le monde et les mensonges. Seule la tante Ilse, par ses gestes doux, sa présence, les histoires qu'elle raconte, permet à la petite fille d'ordonner ses pensées. « Il se savait des choses qu'elle-même ignorait, c'était normal ; elle se sentait alors au chaud et en sécurité, comme dans un train lorsqu'il se met doucement en branle. »



A cette situation romanes­que tendue s'ajoute le poids d'une nature sensuelle et inquiétante. Le printemps et l'été ne sont pas des saisons douces pour Bengt Ohlsson. La mer est impétueuse, la pluie tombe brus­quement et l'eau devient vite une menace pour qui s'aventure trop loin sur la plage.



Subtilement, l'écrivain joue avec les codes du roman noir : une disparition mystérieuse, une maison isolée, une enquête policière, des interrogatoires. Mais il refuse d'apporter la solution qui rassure. A l'instar de Marjorie, le lecteur devra accepter les non-dits et les mystères, sans chercher à les expliquer logiquement. La force et l'innovation de ce neuvième roman d'un auteur inconnu en France - mais couvert de prix en Suède - sont dans ce mouvement quasi maritime, ces allers-retours entre la lucidité et le doute, l'indifférence et l'acceptation. Porté par une écriture descriptive sans mièvrerie et une construction pointilliste, Syster est un très beau roman de formation. Il refuse de juger les faits et les pensées, pour laisser affleurer les contradictions humaines, celles qui mènent plus tard à une forme d'apaisement. (Télérama TTT).







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Kolka

Abandonnée par sa mère très jeune, la narratrice, une jeune adolescente dont nous ne connaissons pas le nom, s'installe en Angleterre suite au remariage de son père avec une femme riche. Une nouvelle vie commence alors pour elle dans une nouvelle famille et une nouvelle école. Son adaptation s'avère plutôt compliquée. Les adultes qui l'entourent ne semblent pas toujours comprendre ses difficultés et ses humeurs."Et mon accent ridicule. C'est bizarre. Dans ma tête, je n'ai pas du tout d'accent. Ni quand j'écris d'ailleurs. Enfin, pas un accent très prononcé en tout cas. Mais dès que j'ouvre la bouche pour parler, je suis quelqu'un d'autre. Quelqu'un de plus mou et de plus long à la détente. Quelqu'un qui n'a pas d'humour. Bref, la tache parfaite."(Page 29).

Elle raconte sa vie quotidienne tissée de souvenirs de sa vie d'avant dans son pays d'avant avec ses copines d'avant, se rappelant quand Katrina est entrée dans leur vie et a chamboulé son existence. Confrontée au monde complexe des adultes: "Puis j'ai compris que c'était papa qui pleurait (...)Je restai là pétrifiée. Je ne savais pas ce que je devais faire. S'il attendait que j'aille le consoler, que je lui demande ce qui c'était passé. Je savais que j'en serais incapable et que ce serait complètement déplacé. Quand même, il avait laissé sa porte ouverte, cela voulait dire quelque chose. Je me demandais bien quoi." (Page 81)

Face à cette incompréhension, elle établit un contact sur le net avec un jeune homme dont le pseudo est "loup solitaire". Elle s'invente une personnalité et une vie complètement différentes de la réalité. Peu à peu, une complicité se tisse entre eux jusqu'au jour où l'adolescente lui fait une requête très inhabituelle: à un jour défini par elle, il devra venir la tuer. Quand ce jour arrive...
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Gregorius

Gregorius est un drôle de livre.

Imaginez vous, lire, un roman comme Germinal mettant en scène non pas Ernest Lantier mais son rival Chaval. L'interprétation ne peut alors être la même !

Nous sommes en Suède, le roman classique n'est pas le même mais le jeu littéraire pose les mêmes bases.

Je n'ai pas encore lu "Docteur Glas". Je découvre donc l'existence du pasteur Gregorius. Je vais remonter le temps, je découvrirai le roman à l'origine de ce titre dans un second temps. Certainement alors, ma critique sera différente car ma vision ne pourra pas être la même.

Le livre est lent mais il y est question d'une vie entière, il faut bien du temps pour nous faire revivre et comprendre toutes ses années, toutes les passions d'un homme.

A lire ces pages, on peut trouver une solution à l'angoisse : penser aux bonnes choses, le lit bien chaud, la chemise de nuit douillette, le toit qui protège, les murs qui abritent du vent, la journée durant laquelle nous avons pu manger à notre faim et étancher notre soif, se savoir entourée de gens qui tiennent à nous.

Se trouver rassurée et voir sa peur injustifiée et ridicule

On peut aussi y trouver une solution à l'insomnie, l'accepter. Car il semblerait que nous n'avons pas d'insomnie sans bonne raison. "Tout va si vite de nos jours. A peine à t on terminé une tâche qu'on passe à la suivante. Ainsi, nous accumulons un certain nombre de choses auxquelles nous avons besoin de réfléchir à tête reposée. Et pour la plupart d'entre nous, ce n'est possible qu'une fois au lit."

Alors acceptons notre insomnie et prenons le temps de réfléchir calmement, loin de toutes urgences.

J'ai beaucoup apprécié la conclusion du prologue de l'éditeur, Nils C.Ahl :

"Si la Littérature était une affaire de morale, il faudrait dire ici que nous sommes, tous, le personnage secondaire de la vie d'un autre.

Ou que tous les personnages ont droit à leur roman."

Alors je lui laisse le dernier mot pour cette critique.

Merci à Babelio et aux éditions Phébus de m'avoir permis une fois de plus d'ouvrir un peu plus mon univers littéraire.
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Syster

Pour parler franc, voilà une lecture dont je me serais bien passée.

D'un ennui abyssal. le récit est une litanie de détails sans intérêt, sans lien

entre eux. Les personnages et leurs comportements sonnent creux . Dès qu'apparait une lueur d'espoir qui laisserait pressentir un évènement capital réactivant le récit, le soufflé retombe aussi vite dans d'autres minuscules détails. Je n'imagine pas ainsi les réactions d'une famille plongée dans le désarroi d'une disparition.

C'est pourtant sur des commentaires de lecteurs Babélio que j'ai choisi ce livre.

Il y a donc eu des avis favorables.
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Syster

S’il fallait montrer comment une écriture, un rythme peuvent transcender une thématique somme toute relativement banale, Syster, avec son intrigue jamais résolue, serait un parfait exemple. Miriam, une fillette d’une douzaine d’années, disparaît un jour au retour de l’école. Toute la particularité du roman – sa focale – se lit dès la première phrase : « La sœur de Marjorie disparut un vendredi, début mai. » Ce qu’il a pu advenir de Myriam ne compte pas véritablement au final, c’est le ressenti de sa jeune sœur, Marjorie, dont il est question. Marjorie qui ne semble pas réaliser l’ampleur de l’événement, Marjorie qui est comme soulagée d’être libérée de cette grande sœur si parfaite et aimée de tous, Marjorie qui espère recevoir plus d’attention…



Les parents, bouleversés évidemment, cherchent sans relâche leur aînée. Pour simplifier leur tâche et éloigner la petite de toute cette tension, ils l’envoient chez sa tante Isle, une femme vieillissante et « originale » comme veut l’expression polie. Marjorie est d’abord furieuse d’être ainsi tenue à l’écart, chez cette tante qu’elle connaît à peine, perdue dans cette maison isolée sur la lande. Souvent livrée à elle-même – sa tante entend la laisser tranquille –, Marjorie découvre les paysages avoisinants, la mer si vaste, les livres et les histoires… Et un dialogue quasi muet se noue avec Isle. Marjorie apprend à décoder sa propre réaction, à comprendre qu’avoir été jalouse de Miriam ne fait pas d’elle un monstre, que son soulagement ne signifie pas qu’elle lui souhaite le pire… Que tous les sentiments peuvent se mêler, et ce, quel que soit l’âge.



La suite sur le blog...
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Gregorius

Nous suivons donc, de l'intérieur, le pasteur Gregorius, personnage pas si secondaire du roman de Hjalmar Södeberg, Docteur Glas. Ce dernier n'est en revanche qu'une silhouette dans Gregorius. Bengt Ohlsson fait parler son personnage à la première personne. Il raconte sa vie actuelle, en particulier la crise que traverse le couple qu'il forme avec Helga, mais aussi par bribes raconte son passé, son enfance, son premier mariage, et sa rencontre avec sa femme actuelle.



La difficulté de communiquer avec l'autre, d'aimer, s'aimer soi-même et nouer des relations authentiques et épanouissantes avec autrui, semblent être la préoccupation principale de Gregorius. Il doute de tout, de lui-même en premier, se pose des questions, rêve, a du mal à décider les choses importantes, laisse plutôt les événements décider.



Je ne sais pas s'il est vraiment sympathique, plutôt pathétique ou touchant, en revanche Bengt Ohlsson rend les autres personnages du drame, le Docteur Glas et Helga bien plus antipathiques que dans le livre original. D'une certaine façon, celui qui parle a l'avantage sur les autres.



Globalement, c'est un bon livre, prenant, d'une incontestable finesse et complexité. J'ai quand même préféré la concision de Hjalmar Södeberg, et je pense que Gregorius aurait été encore plus réussi s'il avait fait 100 pages de moins, s'il avait été plus ramassé.
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Gregorius

J'aime beaucoup la couverture qui est sobre et la lumière qui éclaire au-dessus du pasteur me fait penser à une guillotine; la texture est comme un parchemin.



C'est l'histoire d'un pasteur, et de ses difficultés conjugales. Tout est dit;

Le récit est très bien écrit, les déambulations du pasteur qui se promène au rythme de ses pensées nous emmène tantôt dans le passé, tantôt dans son imagination qui est très fertile!

Je dois avouer que dès le début on oscille entre pitié et exaspération pour ce personnage qui ne pense qu'à lui et a une opinion assez haute de ce qu'il est. Ce n'est pas qu'il est orgueilleux mais c'est un faux modeste, et son regard sur le commun des mortels est condescendant et horripilant!

De plus , j'ai trouvé très limite son amour pour sa deuxième femme qui est vraiment très jeune, 12 ans.

Un roman, très bien écrit, mais dont le sujet m'a surtout ennuyé !

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Syster

La soeur de Marjorie a disparu et ses parents, afin de consacrer tout leur temps aux recherches, confient la jeune fille à une tante qui vit seule, dans une maison isolée, au bord de la mer.

Si Marjorie vit au départ cet éloignement comme une punition, des liens vont se créer entre elle et sa tante.

C'est un livre somme toute assez étrange, tout en atmosphère, en non-dits: d'un côté, une petite fille qui n'est pas spécialement affectée par la disparition de sa soeur, n'a pas envie de pleurer, et répète qu'elle vit dans une famille idéale où tout le monde est drôle et de l'autre une tante dépressive, malade qui invente des histoires et raconte le passé. C'est aussi pour Marjorie la découverte d'un paysage nouveau: la plage, la mer, les landes et la rencontre avec un chat qu'elle va baptiser du nom de sa soeur disparue.

Le lecteur s'interroge: il ne s'agit visiblement pas d'un roman policier et les questions que l'on se pose n'auront pas de réponse.On a plus l'impression d'une plongée dans un monde onirique fait de silence, de chuchotements et d'émotions en demi-teinte. L'écriture est sobre, tout en nuances mais je ne vous cache pas que l'ouvrage m'est parfois tombé des mains notamment quand la tante, à la demande de la petite, raconte des histoires de reine qui n'en finissent pas. Ce roman, plus court, aurait certainement gagné en force.

Cela dit, j'ai trouvé intéressante l'atmosphère étrange que l'auteur a su créer dans ce roman et , à mon avis, c'est ce qui restera...


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Kolka

Une jeune fille vient d’arriver en Grande-Bretagne. Abandonnée bébé par sa mère, élevée par son père en Lettonie, elle suit ce dernier qui vient de rencontrer une anglaise, avec laquelle il s’est marié.



Changement de vie radical donc, et décision tout aussi radicale d’abandonner sa langue natale et tous ses repères. Entre une réalité qu’elle rejette et une rencontre sur internet qui la fait basculer dans le fantasme, elle imagine un futur sans sa belle-mère, au prix d’un terrible projet.



Ce livre se présente comme un journal intime d’une adolescente mal dans sa peau qui quitte brusquement son pays. On y ressent bien toute l’ambiguïté de cet âge, les sentiments à fleur de peau et contradictoires, entre amour et rejet, le sentiment d’abandon, la mélancolie voire la dépression.



Un roman plein de mal-être, avec du suspense également, lourd des états d’âme de cette jeune fille. Un livre que je n’ai pas vraiment aimé mais qui ne me laisse pas indifférente.
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Syster

Ce roman suédois n'a pas su me séduire. Pour sa défense, je dois dire que pensant ces vacances, j'ai plutôt flashé sur des romans ados. Un peu de fatigue ou un besoin de nouveauté explique peut être cette baisse d'intérêt.



Myriam a disparu laissant ses parents dans un grand désarroi. Pour mieux la chercher, ils confient Marjorie, leur jeune fille à sa tante. Là-bas, Marjorie peut enfin laisser libre court à ses sentiments ou plutôt à son indifférence face à la disparition mystérieuse de cette grande sœur avec qui il ne fut pas toujours facile de grandir.

Le ressentiment et l'inquiétude se mêlent aux non-dits omniprésents aussi bien pour le lecteur que pour les personnages.



Encore une fois donc une lecture peut convaincante et qui ne me laissera que peu de souvenir la preuve étant que j'ai confondu le prénom des deux sœurs lors de la rédaction de ce billet ce qui n'est pas très courant pour moi !
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Syster

Lors de la dernière ruée sur Masse Critique en avril, j'avais mis Syster en second choix. J'ai oublié le titre du roman que j'avais demandé en premier, et que je n'ai pas reçu ! Peu importe, Syster, c'était une bonne, une excellente pioche ! Merci, les ours de Babelio !



C'est le titre qui m'avait attirée, comme souvent. Très bonne décision que celle de ne pas le traduire du suédois. Sœur ou Frangine, ça n'a aucun mystère. Sister déjà c'est mieux, mais Syster est formidablement et simplement étrange. Comme est étrange le roman de Bengt Ohlsson, traduit du suédois par Anne Karila.



Étrange, mais pas étranger. A part peut-être “ Ilse ”, le prénom de la tante de Marjorie, rien de folklorique pour localiser les personnages, le décor et l'action de Syster. Action est un terme très mal choisi pour ce roman d'atmosphère qui raconte le bouleversement psychologique d'une gamine confrontée à la disparition de sa soeur aînée, adolescente. On ne saura pas l'âge exact de Marjorie, disons onze-douze ans.



Au début, dans les jours qui suivent le drame - fugue ou enlèvement, on ne sait pas - Marjorie est encore complètement du côté de l'enfance et de la pensée magique : si Papa touche au réglage de l'essuie-glace avant que le feu passe vert, alors Miriam ne reviendra jamais... Marjorie se raconte des histoires tristes, mais ne pleure pas. Marjorie en veut à Miriam d'avoir tout gâché en quittant la maison. Miriam qui était si drôle, si brillante, même si elle était souvent arrogante. On était bien dans cette famille, on riait, on blaguait, et maintenant qu'elle n'est plus là ce n'est plus possible, tout devient sinistre. Marjorie veut seulement que cela redevienne comme avant, quand les parents et sa sœur riaient de ses clowneries de petite fille pleine de vie.



Est-ce une bonne idée qu'ont ses parents de confier Marjorie à une tante qu'elle connait peu, solitaire et neurasthénique, habitant une grande maison isolée proche de la mer ? On en doute, d'abord. Cela ressemble trop à un abandon, surtout pour Marjorie. Mais peu à peu une relation originale et forte se construit entre la petite fille et la femme vieillissante. Son nouvel environnement a aussi un effet bénéfique sur l'enfant : la maison, le jardin, la lande, le sable, les pierres, la mer, un chat.



Dans l'histoire du passage de Marjorie, de l'enfance à l'âge de raison, et de son apprentissage du deuil, il y aura des ratés, des rechutes, des petites révoltes, des expérimentations. Tante Ilse avec sa propre histoire de femme douloureuse, mais apaisée, aidera la jeune fille à s'intéresser autrement au drame familial, et à s'ouvrir aux autres.



Et un jour, Marjorie pleure. Elle qui n'était que joie et jeux, découvre la gravité, la réflexion, la peine. Elle a compris petit à petit qu'on ne lui demandera pas de remplacer Miriam, et que, avec le temps, personne ne lui en voudra plus jamais d'être vivante, de rire, et de jouer.



Syster est un roman d'une douceur étrange, un peu perverse, bouleversante. Un peu ce que j'ai déjà ressenti avec le Tour d'Ecrou de Henry James, ou encore mieux, avec Expiation de Ian McEwan. Tout est vraisemblable dans l'histoire de Marjorie et de sa relation avec Ilse, mais cette hésitation savamment contrôlée à verser du côté de l'onirique donne un charme envoûtant au livre de Bengt Ohlsson.

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Syster

Deux semaines après la mystérieuse disparition de Miriam, sa petite sœur, Marjorie, est envoyée chez leur tante paternelle, Ilse, qui vit dans une petite maison au bord de la mer. Ses parents, persuadés qu'elle est accablée de chagrin, pensent que ce séjour loin de l'atmosphère lugubre et désespérée de leur foyer, lui fera le plus grand bien. Ils sont bien loin de soupçonner qu'en réalité, la disparition de sa grande sœur laisse Marjorie indifférente. Il se pourrait même qu'elle s'en réjouisse un peu. Elle a le sentiment qu'elle va enfin pouvoir trouver sa juste place, enfin débarrassée de l'ombre envahissante de Miriam, tellement plus intéressante, intelligente qu'elle. "(...)elle était contente que Miriam ait disparu et souhaitait qu'elle ne revienne jamais. Miriam perturbait la vie de toute la famille. Aussi loin que Marjorie se souvienne, elle gâchait tout, et sa disparition les avait couverts d'une telle honte que le préjudice ne pourrait jamais être réparé." (Page 17).

Au fil des jours et des semaines passées dans la maison de campagne de sa tante, des longues conversations et des promenades dans la nature sauvage, Marjorie va néanmoins apprendre se connaître, à décrypter ses émotions, petit à petit à apprivoiser le monde qui l'entoure, l'environnement dans lequel elle grandit. Syster est un beau roman d'initiation.

Syster est un roman construit un peu comme un conte de fées: un élément déclencheur: la disparition de la grande soeur; le personnage principal: une petite fille; sa quête personnelle sous forme de parcours initiatique: promenades seules dans la nature, découverte des pièces de la maison, notamment le sous-sol; un endroit un peu insolite, isolé et comme figé dans le passé, rempli de vieilleries : la maison de la tante; la bonne fée, dispensant conseils et recommandations : tante Ilse.

Le style un peu désuet, le ton grave font tout le charme de ce roman poétique, mélancolique et très agréable à lire. Je vous garantis que vous passerez un bon moment, le visage fouetté par le vent du large et la pluie, les hautes herbes caressant nos jambes, nos yeux se plissant à la lumière dorée du couchant, main dans la main avec cette petite fille déconcertante mais attachante, avec laquelle on aura plaisir à découvrir ce monde déroutant et à la fois fascinant dans lequel les adultes, ces drôles de personnages, évoluent.


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Syster

Une situation tragique vue étrangement par les yeux d'une petite jeune fille... Et une fin... étrange? Très facile à lire.
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Syster

Ce roman pourrait être plein de larmes ou de suspens mais le thème est transcendé par une écriture pointilliste dépourvue de mièvrerie. La lenteur du rythme épaissit son atmosphère lumineuse, maritime et pourtant inquiétante. Loin des clichés, ce roman s'attache à décrire l'éloignement de l'enfance, l'acceptation lucide de sa personnalité propre, forcément ambivalente et imparfaite.
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Syster

J'ai gardé de cette lecture l'impression confuse d'un récit lent et oppressant, mais assez superficiel en même temps.



Le tout est traité avec une grande pudeur, mais sans vraiment qu'il se passe quoi que ce soit. Le fait de regarder tout par le prisme d'un enfant, pour lequel les choses passent au-dessus de sa tête, n'est sans doute pas étranger à cette distance, cette distanciation, par rapport au drame qui se joue.



Puis l'auteur introduit les faux-semblants, les trompe-l'oeil... qui est responsable de la disparition? Qui éprouve de la culpabilité...?



Et le roman s'arrête là où il pourrait réellement décoller... Me laissant assez frustré. Au final, le livre laisse assez peu de traces. Il disparaît de la mémoire rapidement. Compte tenu du sujet, c'est assez perturbant.
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Kolka

Lecture abandonnée
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Kolka

Elle a quinze ans et arrive de Lettonie avec son père qui se remarie avec une Anglaise et c’est, littéralement, le début d’une vie de château pour ces deux exilés. Parce qu’elle veut s’acclimater rapidement, elle prend la décision, radicale, de ne plus parler un mot de sa langue natale.

Pendant le mariage, elle se fait des réflexions sur le nombre d’enfants, à croire qu’ils ne pensent qu’à baiser en Angleterre, en tout cas, ils ignorent visiblement le problème des bouches à nourrir.

Sarah, sa jeune demi-sœur, fait assaut d’amitié auprès d’elle. Sa belle-mère Katrina aussi. Dans l’école où elle va, on lui adjoint une fille gentille chargée de l’aider à s’acclimater. On croit que la langue anglaise n’a aucun secret pour cette jeune personne si douée à l’écrit, mais tant de choses lui échappent à l’oral que, souvent, elle approuve ou rit sans avoir rien compris.

Le soir, direction internet. Elle y fait la connaissance de Loup Solitaire, auquel elle raconte beaucoup de choses sur elle, enfin sur celle qu’elle dit être. Réelles ou imaginaires, qu’importe, tant que c’est elle qui mène la danse…



Elle raconte (et restera anonyme, son prénom n’est pas « Kolka ») et on se retrouve ainsi au plus près de ce qu’elle vit et, surtout, de ce qu’elle ressent.

Ce portrait d’une toute jeune fille à la dérive dans un univers (le réel, je ne parle pas d’internet, immuable au-delà des frontières) qui n’est pas le sien, se frotte aux aspérités des différences entre deux pays dont la langue n’est qu’un aspect et peut-être pas le plus important. Ce qui frappe, ici, c’est avant tout le contraste social et ce sentiment de honte permanent qui habite l’adolescente lorsqu’elle pense à l’endroit d’où elle vient, sans parler du dédain qu’elle éprouve pour le comportement de son père. A ses yeux, la gentillesse d’autrui est suspecte, elle doit dissimuler un certain mépris à l’égard de ses origines, de sa pauvreté. Comme si ce fameux fossé entre les nantis et les autres ne risquait pas d’être comblé par la seule grâce d’un mariage et d’une expatriation, il faudrait toujours qu’il reste une trace de ses racines dont elle n’imagine pas un instant qu’elle puisse être fière.

Pour exprimer ce qu’elle éprouve, lorsqu’elle ne se laisse pas porter ou même toucher par les événements, elle dispose de quelques stratégies d’opposition, la première d’entre elles étant de renoncer à sa langue natale, refusant même d’en user lorsque son père l’utilise.



L’auteur a su capter avec talent les tours et détours d’une pensée adolescente dans laquelle on se retrouve complètement immergé et ce qu’il met en avant sonne juste. On sent le conflit intérieur de la narratrice, forcée par moments de reconnaître chez les gens qu’elle côtoie, sa belle-mère notamment, l’absence des préjugés qu’elle leur prête, ils veulent simplement être aimables, l’aider ou encore partager et, de son côté, elle les trouve intéressants. Mais ce qu’on voit, ainsi confronté aux réflexions intimes de la jeune fille, n’est pas toujours agréable à regarder, quand on mesure à quel point (c’est du moins l’explication que je me suis donnée) l’imaginaire peut être corrompu par l’accès facile à internet (je pense à une ou deux scènes que la narratrice a vues sur internet, l’une au moins m’a choquée). Dès lors, comment faire la part des choses entre la méchanceté réelle voire, osons le mot, la perversité et les fantasmes, quand les idées les plus indicibles sont susceptibles d’être projetées sur le web pour y trouver un écho, grâce à la démultiplication des interlocuteurs ?



« Kolka » est un roman dérangeant (et qui, s’il parle d’une adolescente, n’est pas forcément pour les adolescents…) mais que j’ai lu quasiment d’une traite, tant le tour que prenaient les choses m’inquiétait.

Je l’ai achevé dubitative, ne pouvant me convaincre que la direction finalement empruntée par la narratrice (impossible d’en dire davantage sans trop en dire) était plausible.


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Syster

Miriam disparaît un jour à la sortie de l’école, plongeant sa famille dans l’angoisse et le désarroi que l’on imagine. Aussi ses parents décident-ils de confier Marjorie, la petite sœur de Miriam, à sa tante Ilse qu’elle connaît à peine. Afin de l’éloigner du terrible climat qui a envahi la maison, mais aussi pour pouvoir se consacrer pleinement à la recherche de leur fille aînée.



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