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Critiques de Benjamin Whitmer (372)
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Pike

Noir, c'est noir !

Un des livres les plus noirs que j'ai lu.



Pike, ancien truand, tente, tant bien que mal, de se racheter une conduite. Quand sa fille, perdue de vue depuis longtemps, est retrouvée morte, ses vieux démons le rattrapent et il se lance éperdument à la recherche de l'assassin.



Benjamin Whitmer plante l'essentiel du décor dans les bas-fonds de Cincinnati. Ca sent la misère, la crasse, le sang, la sueur et la merde. On a l'impression que le mot glauque a été inventé pour ce roman.

Les personnages ne sont guère plus reluisants. Un ramassis de paumés et pervers en tout genre : dealers, junkies, flics véreux, proxénètes, prostituées et délinquants de tout poil. Quand tu penses que certains ont touché le fond, il y en a qui creusent encore.

La violence est présente à toutes les pages et l'horreur la suit de près. Il pleut des balles, des cadavres et du sang.



L'écriture au scalpel de Whitmer est très visuelle et, comme à son habitude, ne nous épargne rien. Une bonne dose de cynisme et des descriptions bien senties, à vous faire vomir votre quatre-heures. C'est âpre et sordide. On ne peut pas faire plus sombre.

Bref, aucune lueur d'espoir à l'horizon. Rien, que dalle !



Un livre d'une noirceur infinie. Poisseux, brutal et sinistre. Une lecture qui m'a laissée un peu sonnée, mais que je vous recommande si vous n'êtes pas en pleine déprime.



Noir, c'est noir, et il n'y a vraiment plus d'espoir !
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Évasion

Evasion/ Benjamin Whitmer

Ce roman raconte l’histoire d’une évasion, la traque qui s’en suit pour retrouver les fugitifs et le rôle des journalistes qui couvrent l’événement. Nous sommes dans l’état du Colorado en plein hiver en 1968 un soir de réveillon et douze détenus s’évadent de la prison d’Old Lonesome.

Alors on aime ou on n’aime pas ce genre de littérature au scalpel : personnellement je n’ai pas aimé et j’avoue avoir abandonné ma lecture au deux tiers du livre n’en pouvant plus de cette violence gratuite, la constante référence à la drogue et l’alcool et la longueur des digressions inutiles au récit. Certes la violence est consubstancielle à l’Amérique, mais là l’auteur s’est laissé aller et nous offre un roman brouillon à la construction incertaine avec une foule de personnages dont on se demande ce qu’ils viennent faire là, tous alcooliques, drogués et violents. Et puis si vous aimez les armes à feu, l’auteur vous en livre un véritable catalogue avec leur stricte et précise appellation. À chaque chapitre ou presque, tout sent la merde et le vomi. Exemple entre mille : « C’était le genre de sourire qu’on peut avoir quand on passe devant un gars assis sur le trottoir en train de manger sa propre merde dans une boîte à chaussures. »

Alors comme l’a dit un commentateur, trop c’est trop et Benjamin Whitmer est passé à côté de ce qui aurait pu être un bon thriller et une bonne traque. Pour moi, roman sans intérêt.

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Les Dynamiteurs

Auteur de romans noirs comme l’ébène, à l’image du très réussi « Pike », Benjamin Whitmer situe l’intrigue de son dernier opus, « Les Dynamiteurs » à Denver en 1895. Une ville gangrenée par le vice, rongée par la violence et la pauvreté, dominée par les puissants et les gangsters. Un enfer à ciel ouvert. Un tableau de Jérôme Bosch.



« Mon Denver regorgeait de bars, de putes et d’arènes de combat de coqs. Les trapézistes du Bowling de Blake Street, les phénomènes du musée des Monstres, à Eureka Hall, les avaleurs de sable du Diana. Un Denver de cow-boys et de catins et de gangsters du demi-monde. »



Une poignée d’enfants abandonnés se sont réfugiés dans une usine désaffectée. Cora, quinze ans, les protège avec l’aide de Sam, quatorze ans à peine, qui brûle d’un amour fou pour celle qui recueille inlassablement les orphelins promis à une destinée tragique. Lorsque Goodnight, un géant muet au visage défiguré par la dynamite, échoue dans l’antre de Cora, celle-ci entreprend de le soigner et de le remettre sur pied.



Cette générosité changera à jamais la destinée de Sam, le narrateur de ce récit qui nous est conté à hauteur d’adolescent, dans lequel les adultes sont nommés « les Crânes de Nœud ». Si la présence de Goodnight dissuade un temps les clochards de venir s’en prendre aux enfants réfugiés dans l’usine, elle va conduire Sam, qui est le seul à savoir lire, à devenir son interprète.



Lorsque le géant est remis sur pied et reprend son activité d’homme de main de Cole, un gangster local qui boit du whisky comme certains boivent de l’eau, ce dernier propose à Sam de les accompagner en échange d’un salaire de 10 $ hebdomadaire. Pensant aider sa bien-aimée et les innocents qu’elle tente de protéger d’un monde à la violence absurde, le jeune héros accepte la proposition.



Les activités illicites du gangster alcoolique sont menacées par les puissants de Denver qui entendent garder le monopole du vice. Pire encore, les célèbres Pinkerton ont un vieux compte à régler avec Cole et son acolyte monstrueux. En accompagnant les deux hommes, Sam va découvrir l’envers du décor, ces orgies mondaines où la haute société masquée commet les pires exactions. Il ne le sait pas encore, mais il vient de signer un pacte faustien qui le plongera au cœur des ténèbres.



Lynchages, expéditions punitives, violences gratuites et explosions à coup de dynamite vont marquer la fin définitive de l’adolescence de Sam et le précipiter dans un lieu très sombre, ce lieu sans foi ni loi où évoluent les adultes de l’acabit de Cole.



« Il était rare de croiser quelqu’un de plus de vingt ans qui n’ait pas perdu quelque chose. Le monde tordait les corps aussi salement qu’il tordait les esprits. »



« Les Dynamiteurs » pousse les curseurs du roman « noir » à un niveau rarement atteint. En situant son intrigue à une époque qui évoque davantage la fin du Far West que le début de l’ère civilisée, l’auteur confronte son héros à une violence inouïe. L’horreur qu’il a connue enfant en défendant les innocents recueillis par Cora, n’est qu’un écho lointain du déferlement de haine, de fureur et de sévices que découvre, effaré, le jeune adolescent.



Les coups portés par Goodnight brisent les os et les crânes, tandis que Cole n’hésite pas à tirer sur quiconque représente une menace. Le vortex de violence alcoolisée dans lequel évoluent les deux hommes emporte Sam dans un endroit dont on ne revient jamais, enfin jamais vraiment.



Benjamin Whitmer dynamite les codes du western en nous proposant un récit à la noirceur insondable. Une noirceur à laquelle nul n’échappe, pas même les enfants innocents que Cora, Sam et le père Tom tentent de sauver d’un monde dont la cruauté ne semble pas connaître de limites.



L’auteur pousse le lecteur dans ses retranchements en explorant la laideur infinie de l’âme humaine. Une laideur en comparaison de laquelle la laideur monstrueuse du malheureux Goodnight n’est qu’une plaisanterie. Une laideur qui ne serait pas supportable si la lueur de l’amour que porte le héros à Cora ne cessait de briller au cœur de la nuit.



« Voilà ce que je pense. Je ne pense pas que la plupart des gens tombent jamais vraiment amoureux, pas vraiment. Pour ceux à qui ça arrive, c’est comme de la dynamite dans un café. Ça souffle tout le reste de votre vie. Ça ne laisse qu’elle, assise à une table dans un coin, qui vous regarde, splendide, avec ses beaux yeux noirs. »



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Cry Father

Le héros de ce roman s'appelle Patterson. PATTER-SON. PATER-SON. PERE-FILS.



Le titre de ce roman est "Cry Father". Pleure, père. Il traite en effet du rapport père/fils mais pas que.



Patterson est élagueur et il intervient surtout sur des scènes de catastrophes naturelles pour désengager des lignes électriques arrachées par des arbres, des cyclones. Il roule à travers l'Amérique, de chantier en chantier, sur lesquels il côtoie une faune de durs à cuire, des ouvriers spécialisés qui carburent à la dope et à l'alcool. A la violence aussi. Une tronçonneuse dans une main, un gun dans l'autre, aucune sécurité n'existe dans sa vie.



"Cry Father" explore la relation épistolaire de Patterson avec son jeune fils décédé, Justin. En parallèle, il fouille aussi la relation père/fils de Henry et Junior, complexe et à vif. Junior est le second personnage principal du roman, il a vingt ans de moins que Patterson et il est passeur de drogue entre le Colorado et le Texas, via le Nouveau-Mexique.



Junior et Patterson ont en commun d'être paumés, désillusionnés, séparés de leur compagne, détenteurs d'armes à feu, consommateur de cocaïne et d'alcool, fumeurs invétérés. Ils n'ont pas grand chose à perdre ; ils ne croient pas en l'avenir. Ils se sentent piégés par un système. Entre eux, une relation va naître qui se sera ni de l'amitié, ni du paternalisme, ni de la méfiance. Un type de relation que peu d'auteurs réussissent à rendre crédible et émouvant. Benjamin Whitmer y parvient à la perfection.



"Cry Father" est un roman d'une noirceur terrible et extrême. Ultra-violent, il vous laisse pantois sur le bord de la route, dans la poussière du désert. Je n'avais pas été autant secoué depuis "J'irai cracher sur vos tombes" de Boris Vian. Ames sensibles, s'abstenir absolument, ça flingue, ça saigne, ça baise, ça trafique, ça fait peur. Avec une force narrative tranquille mais expéditive, l'auteur crée un univers que l'on devine bien trop réel, définitivement américain.



"Cry Father" est une sorte de claque qui vous assomme et pourtant, vous vous surprenez à tendre l'autre joue.





Challenge ENTRE DEUX 2023

Challenge TOTEM
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Cry Father

D'un côté Patterson qui déblaie les zones sinistrées , est un homme solitaire qui après avoir perdu son fils ,vit dans une cabane isolée pour oublier ; la bouteille l'accompagne souvent .

Il va rencontrer Junior , Un drogué , violent , bagarreur , ne voit plus guère sa petite fille et est fâché avec son père .

Les deux hommes vont se rencontrer , deux caractères brisés et ça risque de finir mal .



****************



Un très bon roman noir et sombre , sur la difficulté de se sortir d'un drame , les deux étant différents mais avec les même résultats .

C'est beau , c'est dur , c'est prenant et la violence est partout .

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Les Dynamiteurs

C’est de la dynamite.

On se retrouve dans le Denver de la fin du 19ème. Ce n’est ni la ville ni l’époque de l’humanisme et de la bienveillance. Denver est rongé par les rats, la pauvreté et la violence. On suit une bande d’orphelins qui survivent dans cet univers, ils sont indépendants du monde des adultes du moins ils le souhaitent. C’est d’ailleurs une histoire sur le rejet du monde des adultes, une sorte de Peter Pan en version western… mais sans crocodile et sans magie… bon oui la comparaison n’est pas bonne… La réalité, se rappelle à eux de manière brutale. Le passage de l’enfance à l'âge adulte se fait dans la fumée et le sang.

Benjamin Whitmer nous entraine dans son monde avec force.

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Les Dynamiteurs

La brutalité des USA naissants en 1895, lorsque Denver était entouré de bouges et de bidonvilles, mais que les plus riches, hypocrites, commençaient à vouloir juguler. A côté de ça, des cowboys sans foi ni loi, des saloons où l’on s’estropie pour un rien, et une bande d’orphelins à protéger du reste du monde, et des adultes. Mais Sam va franchir le pas et rejoindre de fil en aiguille les dynamiteurs qui s’écharpent avec les flics pourris et les inspecteurs tenaces de Pinkerton. De beaux personnages dans un monde hideux. Le rôle du pasteur reste pour moi mal défini (un passeur vers l’âge adulte, haï de Sam atteint d’un syndrome de Peter Pan pour les gamins qu’il protège ?).
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Évasion

Ce qui qualifie le mieux à mes yeux Benjamin Whitmer, c’est sa capacité à passer de la violence à la douceur, sa façon de faire ressortir le caractère des personnages, ciselé au scalpel.

Soirée du Nouvel An 1968, douze détenus s’évadent de la prison d’Old Lonesome, de là s’en suit une traque, dans une tempête de neige, violente dans de cette région du Colorado. A travers ce thriller, Benjamin Whitmer, met en exergue la nature humaine, la psychologie des chasseurs et des chassés, et remet en question la justice et la morale quand elles font face aux intérêts personnels.

Un voyage dans son for intérieur quand on pense qu’il n’y a plus d’espoir.

J’ai adoré 🤍
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Les Dynamiteurs

Denver, fin du XIX° siècle. Sam est un jeune orphelin qui lutte péniblement pour trouver de quoi manger et survivre. A ses côtés, Goodnight, un colosse muet, le protège des mauvais coups; et puis il y a Cora, l'amour de sa vie, pour qui il ferait tout...



Quand Cole, un gangster local habité par la folie des grandeurs, lui propose un premier job dans le métier, il sait que cela pourrait l'écarter de Cora, mais ils ont tant besoin de pièces...



Les dynamiteurs est un roman qui offre une description vivante et crédible de l'Amérique de 1895. L'ambiance est plombée par la misère économique et le quotidien de ces orphelins; le roman est vif, rythmé par les actions des gangsters locaux, ces losers magnifiques indifférents aux conséquences de leurs actes.



Une lecture agréable, mais pas réellement un coup de coeur non plus.



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Les Dynamiteurs

Un roman noir fort, dur, intense, violent. Une incroyable description de la vie des "laissés pour compte" à Denver. La survie quasi impossible d'enfants dans un monde brutal et corrompu par les adultes.

L'un d'eux s'y perdra, en perdant son innocence. On est en 1895 à Denver et pour certains il n'y fait pas bon vivre. Nous y rencontrons également les hommes de la célèbre agence Pinkerton, pas toujours très réglos ma foi.
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Évasion

Un roman brut et violent mais surtout vulgaire, j'ai pas de mal avec le sang et la violence mais beaucoup plus avec les insultes. Quand une phrase sur deux se solde par un "putain de merde miséricordieuse", ça rend la lecture lourde, lente. J'ai du relire des pages entières pour être sure d'avoir bien compris le sens de ce que je lisais, parfois j'avais la sensation que c'était mal traduit, définitivement pas fluide. Beaucoup trop de personnages au début du roman, j'ai enfin compris qui était qui à 100 pages de la fin. Je m'attendais à plus de description de paysages comme c'est souvent le cas dans les livres des étitions Gallmeister, là encore, j'ai été déçue.

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Les Dynamiteurs

Un roman noir, effectivement. Mais cela va au delà… Un amour adolescent et la perte de l’innocence. Une histoire poignante et difficile, à l’image de la vie des orphelins, de toute époque. Un roman où la loi du plus fort prédomine. Entre haine, amour, survie, combat, violence, sentiments… une histoire noire, mais puissante. Avec des personnages, notamment Sam et Goodnight, très attachants. Une belle plongée dans les « ténèbres ».
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Cry Father

Dès les premières phrases, l’auteur tranche dans le vif, la violence est posée et se poursuivra jusqu’à la fin. Pas de préambule, de prologue, d’introduction, on connaîtra en cours de lecture les fils discrets qui guident les personnages. Et ces personnages ne sont pas des héros, ils évoluent sans objectifs précis hormis celui de survivre tant bien que mal jusqu’au lendemain. Et pourtant, cette tâche n’est pas forcément évidente tant ils ont le don de se fourrer dans les pires problèmes. On se vautre dans la noirceur, la drogue, l’alcool, la souffrance, les larmes et malgré tout dans la compassion. Un très beau roman.



Entre le Colorado et le Nouveau-Mexique, Patterson Wells erre comme une âme perdue. Il boit, seul dans sa cabane isolée au milieu de nulle-part, depuis que son fils est mort. Ce drame effroyable l’a vidé de toute envie de vivre. Il rencontre alors Junior, le fils de son ami Henry. Celui-ci, qui vit du trafic de drogue, va l’entrainer dans un tourbillon de violence incontrôlée et se heurte aux réalités les plus sinistres de l’Amérique.



Ce roman crépusculaire aux chapitres brutaux est entrecoupé de lettres que Patterson adresse à son fils disparu. Des mots forts empreints d’une émotion, elle aussi, brutale. Ils sont issus d’une âme anéantie par le vide et la douleur. Whitmer réussit à décrire dans un style parfaitement maîtrisé le registre des blessures physiques et morales.

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Évasion

Je retrouve avec plaisir l'écriture de Whitmer, des aplats bruts de peinture, le bleu-noir d'une nuit de blizzard où se déroule la traque des évadés, le vert profond du calme traqueur Jim Cavey et de la solitaire Dayton, un blanc de folie meurtrière avec les amphét. que le chef Jugg a fait distribuer à ses gardiens, les rouges des pieds en sang de Mopar, des crânes explosés, des balles traçantes et des explosions, et un gris plus désespéré que tous les gris imaginables, amertume des vétérans du Vietnam et autres déchirés de la vie.



C'est le quatrième que je lis de l'auteur et si le côté 'too much' des trois autres m'avait épargné, voir fait sourire, ici, s'est installée une assez terrible vraissemblance.



Un livre qui ne peut laisser indifférent.

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Pike

C'est à lire pour des répliques bien senties. Mais âmes sensibles, s'abstenir : c'est une histoire désespérée et désespérante. « Il a toute la panoplie de la virilité sauf les parties importantes. » 🤭 «Il y a encore des endroits où l’on peut être ce que l’on est. »
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Cry Father

Une couverture dans la collection Totem très réussie je trouve. Par contre, quelle tristesse ! C’est une histoire de pères pas à la hauteur. Il sourd un sentiment d’échec et de profonde tristesse. « Putain, mais comment fait-on pour se frayer des chemins qui finissent aussi mal ? » Bonne question !
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Pike

Pike est un dur à cuir, et c'est peu dire. Ancien truand, il a abandonné ses activités passées pour revenir à Nanticote, sa ville natale, où il tente une reconversion dans la légalité. Aidé par son jeune ami Rory qui tente lui de percer dans le monde de la boxe, il vit de petits boulots, notamment la rénovation de logements. Mais son passé va le rattraper lorsqu'il se voit confier la garde de sa petite-fille Wendy, 12 ans, suite au décès de sa fille Sarah, morte d'overdose. Lorsqu'un flic pourri, Derrick Krieger, commence à s'intéresser à Wendy, Pike se pose des questions sur la mort de Sarah et décide d'enquêter… à sa manière.





Une claque. Pur concentré de roman noir, « Pike » est une virée dans l'Amérique des bas fonds, violent et addictif, à travers des personnages cabossés par la vie, à commencer par Pike, le cinquantenaire qui est revenu au pays sans vraiment avoir éclusé la haine qui l'en a fait partir trente ans auparavant.  Mais également le jeune Rory, hyper attachant en boxeur au coeur tendre, en passant par la petite Wendy, une gamine qui en a déjà trop vu pour son âge. Benjamin Whitmer dresse un tableau totalement désenchanté d'une certaine Amérique. Ce trio mal assorti semble être le seul rai d'espoir dans cette ville où dominent la crasse, les gaz d'échappements et la fumée de charbon. On patauge dans la neige noire et la merde du début à la fin. On visite les bars glauques et les rues sinistres, côtoyant les junkies, les putes et les laissés-pour-compte comme les anciens vétérans du Vietnamgenre complètement hallucinés. Et les flics ne viennent pas réhausser le tableau, corrompus jusqu'à la moelle.

Allers-retours Cincinnati-Nanticote où tout est désespoir dans les Appalaches des pauvres et des bouseux. Personne n'est épargné et on le sent dès le début, la vendetta menée par Pike fera des dégâts collatéraux. Car si lui, un beau salop en son temps, semble être le seul capable à affronter le pourri Derrick Krieger. sorte de double psychopathe dénué d'émotions, les plus tendres ne survivront pas à ce déchaînement de violence.

Oui, roman noir, très noir. Et le lyrisme ne fait pas défaut dans les courts chapitres où l'auteur montre tout son talent pour nous livrer un polar brut, violent mais où l'espoir, heureusement, n'est pas impossible.



Un pur régal dans le genre.
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Les Dynamiteurs

Le lecture de ce roman très noir de Benjamin Whitmer, écrivain capable d'installer ses lecteurs au coeur des sentiments et actes de ses personnages, m'a amené à reprendre quelque peu celle d'un autre de ses romans, Evasion, au point d'en réécrire la critique afin d'essayer de mettre ces deux ouvrages sur un même plan situationnel.



Il y a pourtant des différences très marquées entre les deux livres, ne serait-ce que par les époques, les modes de vies qui leur correspondent et la nature même des deux intrigues.



Pourtant, j'ai retrouvé avec Les Dynamiteurs la même richesse des dialogues d'Evasion, dialogues qui me semblent la première force de ces romans. Les dynamiteurs sont presque aussi paumés que les évadés, ils se croient parfois surpuissants, se dissimulent derrière un orgueil et une indifférence feinte, alors qu'ils souffrent, chacun de manière différente, qu'ils espèrent, surtout le jeune Sam, entrevoyant la vanité de leurs espérances et le caractère inexorable de leurs destinées.



Sam est partagé tout au long du roman entre l'amour qu'il ressent pour Cora, une adolescente protectrice de quelques malheureux enfants dans le sombre Denver de 1895, et son implication de plus en plus avancée, sans retour paraissant possible, dans les actes des dynamiteurs.



La dynamite, ce n'est pas ici un outil pour chercher l'or, c'est un outil de combat humain qui, lorsqu'il détruit, ne tient aucun compte des dommages collatéraux. L'un des protagonistes, Goodnight, le sait bien, déjà défiguré et abîmé par une explosion malheureuse, il ira au bout jusqu'à l'explosion finale.



Dans cette fange où évoluent voyous de différents niveaux, flics corrompus, détectives opiniâtres, prostituées bien fragiles, Benjamin Whitner place quelques méditations sur l'humain, la vie, la mort, l'amour avec une très belle dernière page, laissant ses lecteurs se débattre en évitant de marcher dans le sang répandu et en assumant comme ils le peuvent une violence très souvent subite, brève mais irrémédiable.



Encore un très beau roman noir de Benjamin Whitmer.
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Évasion

Roman noir d'une puissance inouïe structuré avec oiginalité dans lequel on suit au fil des chapitres, les protagonistes de cette évasion de la prison d'Old Lonesome, à savoir les détenus, les traqueurs, les journalistes, les gardiens, le directeur, la hors-la-loi. La plupart de ceux-ci traînent en eux-mêmes d'autres protagonistes, vivants ou morts, père, fils, épouse, maîtresse, collègues, voisins dont le vécu vient émailler le récit sans créer de longueurs superflues.



Un très bon roman d'atmosphères, principalement atmosphères du mal, de l'échec, des souffrances infligées ou subies, des amours ratées, des vies échouées dans la détresse ou l'alcool ou la drogue.



Une violence qui saisit le lecteur soudainement au détour d'un paragraphe, une cervelle qui éclate, un corps qui s'écroule, un espoir qui s'effondre. Mais cette violence est nécessaire dans ce contexte sociologique d'une Amérique déjà perdue entre le Ku-Klux-Klan, les armes, les haines, les souvenirs des guerres telles que Corée ou Vietnam.



Le dénouement est tel que l'on pouvait l'imaginer avec un triomphe de la mort violente et quelques espérances ténues de survie, dans la douleur ou peut-être l'oubli.



Et puis, accroissant l’histoire déjà si puissante, il y a son cadre, somptueux, la nature sauvage du Colorado en hiver, avec la tempête de neige au cours de cette longue nuit, neige qui engloutit tout, les traces, les espoirs, les passions.



Enfin, une écriture de chef d'orchestre, coordonnant l'ensemble en une symphonie de blanc, de rouge et de noir, avec un rythme porté par des dialogues brefs, des phrases courtes, s'allongeant lorsque les considérations le justifient, telles celles à propos des étoiles, Orion, Persée ou d'autres.



L'auteur affirme qu'il n'y a rien ou presque qui vaille de vivre en ce monde. Il y a au moins la chance de lire ce roman.



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Évasion

ÉVASION de BENJAMIN WHITMER

Réveillon 1968 , 12 détenus s’évadent de la prison d’ Old Lonesome dans les Rocheuses, événement extraordinaire qui va mettre en branle une énorme machine, les gardiens, les flics, un traqueur, Jim, le meilleur parait il et les inévitables journalistes. Le directeur de la prison, homme fort qui contrôle aussi un peu la ville annonce la couleur, on les ramène morts ou vifs. Le ton est donné. C’est en fait une course qui va s’organiser entre les hommes qui cherchent les évadés et Dayton, la tante dealeuse d’herbe, qui veut attraper son neveu, Mopar, hanté par le souvenir d’une fille et qui sera celui dont la traque sera la plus longue.

Roman noir, très noir, qui sent mauvais, où la bêtise et l’ignorance sont omniprésents. Jim semble être à peu près le seul personnage que l’on peut appeler « humain » tant la noirceur obscurcit ce roman.

Ne cherchez pas d’espoir, de Lumiere, d’humour, les ténèbres ont tout envahi dans le Colorado et plus particulièrement à Old Lonesome. Soyez sûr d’être en forme pour vous attaquer à ce monument désespérant parsemé de trouvailles du genre :

« Leurs parents leur ont légués une ferme. C’est un joli bout de terrain, mais ni l’un ni l’autre n’a reçu l’intelligence que Dieu confia aux poteaux de clôture. » amen.
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