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EAN : 9782351780893
320 pages
Gallmeister (26/03/2015)
3.79/5   142 notes
Résumé :
Depuis qu’il a perdu son fils, Patterson Wells parcourt les zones sinistrées de l’Amérique pour en déblayer les décombres. Le reste du temps, il se réfugie dans sa cabane perdue près de Denver. Là, il boit et tente d’oublier le poids des souvenirs ou la bagarre de la veille dans un bar. Mais ses rêves de sérénité vont se volatiliser lorsqu’il fera la rencontre du fils de son meilleur ami, Junior, un dealer avec un penchant certain pour la bagarre. Les deux hommes vo... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (47) Voir plus Ajouter une critique
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Depuis qu'il a perdu son fils, Patterson Wells traine sa misère. Un brin dépressif, solitaire, un léger penchant pour la bouteille, il vit seul dans sa cabane de la mesa, sur les hauteurs de Denver. Pour seule compagnie, son chien, Sancho. Inlassablement, il parcourt les routes américaines afin de se rendre sur des chantiers en zones sinistrées. Il aspire à des jours tranquilles, loin des tumultes de la vie. A contrario, Junior, le fils de son ami, Henry, brûle la sienne. Fâché contre son père, violent et bagarreur, son petit business le mène souvent au Mexique où il écoule sa meth. La rencontre aussi improbable qu'électrisante entre ces deux âmes errantes et blessées risque fort de faire des étincelles...

Benjamin Whitmer nous plonge dans une ambiance d'une noirceur collante... Dans ce roman, l'on croise Patterson et Junior, deux écorchés de la vie qui semblent, justement, ne plus rien attendre d'elle. Deux âmes errantes et incomprises dont les chemins tortueux et boueux vont se croiser. L'auteur décrit parfaitement cette relation entre les deux hommes ô combien ambiguë et fatalement vouée à l'échec. Tout comme il décrit ces moments tantôt paisibles et évocateurs tantôt crus et tempétueux. Un monde de violence, de désillusions et d'espoirs déchus dans lequel s'engloutissent des hommes rugueux et crapuleux, des femmes désappointées et des enfants à l'abandon. Un roman poisseux, brut, terriblement sombre, servi par une plume lyrique, âpre et percutante.
Une plongée saisissante dans une Amérique chaotique...
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«  Les enfances difficiles ne sont pas des mystères , ce sont des blocs de construction de la vie.... »

Dans ce livre l'auteur brosse le portrait noir, pétri de larmes et de douleur de deux anti- héros déchirés , à vif, magnifiques, ces vies de trois fois rien , du côté de la face sombre des USA, où losers, buveurs de bière , gens de peu flirtent avec l'illégalité entre le Colorado et le Mexique .

Il dresse un tableau concis, poétique et violent, cru , brutal et sec , tissé de dialogues justes, une narration explicite où la haine de soi et le dégoût vous poussent à boire jusqu'a plus soif lors de conversations saturées d'auto - apitoiement ....de bagarres et de choses qui vous déchirent ..
Tout d'abord Patterson , un homme rongé par la douleur, souvent abruti par l'alcool.

Marqué par le destin, il traîne sa chienne de vie depuis que son fils est mort...

Élagueur de métier, il est envoyé dans des missions d'urgence pour nettoyer les désastres naturels occasionnés lors de catastrophes naturelles diverses.
Il se réfugie dans sa cabane de la Mésa, sur les hauteurs de Denver avec pour seule compagnie , son vieux chien Sando...

Là , il boit , s'enivre pour oublier , écrit régulièrement des lettres poignantes à son fils mort où il lui raconte sa vie, ce sont les passages les plus douloureux du récit ...
Pourtant son ex- femme sait dépasser son chagrin, elle a un autre enfant d'une nouvelle union,...

Le fils de son meilleur ami , Junior , marqué par son enfance chaotique , imprégnée par l'alcoolisme de ses parents , hait son père.

Violent , bagarreur , aigri , incapable d'assumer son rôle de père, Junior, vit à l'écart de sa compagne et de sa fille ...dealer , cocaïnomane , borgne , il vend de la drogue ...se noie dans l'alcool, écoule sa meth au Mexique ..

La rencontre entre les deux va faire des étincelles , ils s'attirent comme des aimants...

L'auteur porte un regard acéré sur une société à la marge, décrit des âmes ravagées , rongées par des blessures , aborde la paternité et la perte, le deuil lors d'un tableau fascinant de douleur émotionnelle , de violence brute qui interpelle , émeut , heurte à la fois ....

Un livre percutant, sombre, à la noirceur et à la désespérance absolue ....

«  La plupart du temps, je vois ton visage, il ne me quitte pas. Et la plupart du temps , je fais en sorte que ce soit le cas. Je t'écris parce que ça me force à te hisser hors de ma mémoire pour te placer devant moi, c'est toi que je cherche ,...Je ne trouve plus ton visage nulle part ... »

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A priori, rien de commun entre Patterson Wells et Junior si ce n'est Henry, meilleur ami du premier et père distant du second.
Arf, en cherchant bien, y aurait quand même comme une persistante propension commune à l'autodestruction.
Depuis la disparition de son fils Justin, Patterson n'est plus qu'un fantôme dépressif s'évertuant bien à l'être régulièrement justin...bibé.
Junior, lui, presque aussi désabusé que son aîné, a fait de la violence et du trafic de meth ses principes fondamentaux inaliénables.
Deux cavaliers maléfiques drapés de leurs noirs oripeaux peuvent-ils faire de leur union un point d'ancrage durable dans une réalité aussi désillusionnée ?
Là, comme ça, à chaud, je serai tenté de dire non...

Issu de la collection neonoir de chez Gallmeister, ce Cry Father obscur possède la beauté du Diable. de celle qui vous font contempler le chaos en marche avec le sourire radieux du petit ravi de la crèche. En effet, difficile de concevoir un quelconque espoir pour ces deux accidentés de la vie et en cela, Whitmer s'y est parfaitement attelé.

Deux âmes errantes, deux univers fuligineux fusionnant pour s'immerger de concert en un abîme toujours plus sombre et profond, le tableau démoralise et fascine tout à la fois.

Je me suis abreuvé à la source Whitmer, vénéneuse et lugubre à souhait. A défaut d'y avoir trouvé la paix, je m'y suis repu d'une amitié perverse et fétide.

Whitmer écrit juste.
Un faux rythme nonchalant aux fulgurances dévastatrices.

Pour peu que vous ayez le moral dans les chaussettes, venez donc poser vos valises pleines de rancoeur dans le Colorado, je gage qu'en le quittant, vous vous sentiez beaucoup plus légers...

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Voilà un roman noir comme je les aime. Arrosé de bière et de bourbon, avec des dialogues bien sentis, et où il n'est pas toujours évident de tracer la frontière entre les bons et les méchants. Un roman noir avec ses dérapages, aussi, bien sûr, qui sont autant de chances pour un nouveau départ.

Patterson, ce quadra, qui gagne sa croute à déblayer les terrains des catastrophes, et il y a de quoi faire aux States, qui crèche dans une cabane perdue dans la mesa, loin de toute civilisation, ce père endeuillé, blessé et fort à la fois, comme il m'a touchée, comme j'ai eu envie de le tenir dans mes bras.

Whitmer nous parle de la difficulté d'être père et de la perte, mais il y instille aussi, délicatement, un élan de vie et de lumière. Rien ne s'arrête, rien n'est définitif et, même dans les pires moments, la vie ne cesse de placer de nouvelles chances sur notre chemin.

Revigorant et résolument optimiste, exactement ce dont j'avais besoin.
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Si vous aimez les romans sombres et la poussière, si vous aimez les histoires où les hommes un peu perdus se saoulent pour s'oublier, oublier leur condition et les douleurs qui leur vrillent trop le cerveau ; si vous aimez les ambiances âpres, un peu western, où les bagarres et les colts ne sont jamais loin au point de se croire dans un saloon alors qu'il ne s'agit que d'un bar minable rempli de pochtrons de l'Amérique d'aujourd'hui (après 11 Septembre, l'ouragan Katrina, etc.), alors la lecture du roman noir « Cry father » de Benjamin Whitmer devrait vous plaire.
Patterson a perdu son fils Justin et depuis il n'arrive pas à se remettre de sa mort. Il lui écrit des lettres comme si Justin était encore là, pas loin. Il lui écrit pour ne pas l'oublier et s'il arrêtait, il aurait l'impression de le perdre totalement et de ne plus avoir aucune raison de vivre (si on appelle encore ses journées un semblant de vie). Il lui reste son chien Sancho et la vue de sa mesa, lorsque le soleil se couche sur le Colorado. le reste du temps cela ne semble que douleur, déprime et solitude. Il y a bien sûr des âmes charitables pour essayer de lui remonter le moral, comme son ex' (qui a eu depuis un autre fils). Mais parfois le coeur est trop lourd pour supporter toute autre âme qui vive trop près de lui et qui lui rappelle son fils. Même son boulot d'élagueur (qui le fait traverser certaines régions des Etats-Unis après des sinistres comme Katrina et qui lui bousille le corps), n'a pas de quoi lui donner du baume au coeur, ni redonner un peu de couleurs au décor…
Junior, le fils de son meilleur ami Henry, est un jeune homme qui, lui, ne tient que par l'existence de sa fille de 4 ans qu'il ne voit pas souvent, étant séparé également de sa femme. Il en veut à mort à son père, pour son enfance difficile. Il vivote par ses petits trafics de drogue. Rares sont les jours où il n'est pas shooté et alcoolisé. Rares sont les heures où il ne ressent pas cette rage en lui.
Etrange rencontre entre ces deux-là. On ne peut pas dire qu'elle soit des plus belles ni des plus lumineuses. Pour être sincère, on ne même peut pas dire qu'ils s'apprécient. Peut-être sont-ils, de temps en temps, l'un pour l'autre, une sorte de béquille alors que tous deux penchent dangereusement vers le gouffre. Peut-être que quand tout est noir autour de vous, on ne sait rien faire d'autre que s'enfoncer encore plus dans les ténèbres.
Les femmes de leur entourage restent des êtres qui essayent de les garder la tête hors de l'eau, à défaut de réussir à leur faire garder la tête claire (plus souvent imbibée d'alcool) ou de marcher droit (et ce manque d'équilibre n'est pas dû qu'à l'alcool). Elles sont celles qui ont encore de l'amour et de l'espoir en elles, malgré leurs propres blessures. Elles sont les louves qui protègent leurs petits et même les vieux loups blessés.
J'ai découvert Benjamin Whitmer avec ce roman et ce fut pour moi une belle rencontre. Son histoire nous colle à la peau, un peu poisseuse, et on ne peut s'en détacher avant d'en connaître la fin. Et en écrivant ces mots, j'entends à la radio the Animals « The house of rising sun » et je trouve que ce genre de balade folk traduirait bien l'ambiance du roman (il s'agirait juste de transposer la Nouvelle-Orléans au Colorado).
L'écriture de Whitmer est profonde, intelligente. Son regard social sur ces petites villes américaines d'aujourd'hui, où la pauvreté côtoie la violence, est lucide et plutôt morose. Il nous fait entrer dans toutes ces âmes bancales, dans ses vies où l'horizon est gris, dépeint des personnages bien campés. Et en fond sonore, il y la voix de Brother Joe à la radio parlant des mystères et des complots , ces histoires qui nourrissent les conversations de comptoir. J'ai apprécié son humour noir qui nous sauve un peu de la déprime.
Les chapitres passent de la narration aux lettres de Patterson écrites à son fils. Ces lettres nous donnent l'impression que Patterson est encore plus proche, quasi intime. Des lettres fortes, douloureuses, presque poétiques. Lorsque la poésie et la beauté, même avec des refrains de blues, montrent le bout de leur nez, moi, ça me fait une petite boule au ventre pour Patterson et les êtres attentionnés autour de lui. On aimerait pouvoir arrêter les larmes de ce père, ne serait-ce que le temps d'une soirée à regarder le soleil couchant sur les hauteurs du Colorado.

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Citations et extraits (45) Voir plus Ajouter une citation
La plupart du temps, je vois ton visage, il ne me quitte pas. Et la plupart du temps, je fais en sorte que ce soit le cas. Je t'écris parce que ça me force à te hisser hors de ma mémoire pour te placer devant moi. J'ai ce cauchemar où je cherche quelque chose que je ne trouve pas, avant de comprendre que c'est toi que je cherche. Je sais que si je m'arrête d'écrire tu couleras si profond qu'il me sera impossible de te hisser de nouveau à la surface. Tu couleras à jamais et il ne me restera plus que ce qu'il reste à tout le monde. (..) Le seul moment où je peux te hisser est le moment présent. Là, maintenant. Alors que l'anniversaire de ta mort approche je ne trouve plus ton visage nulle part. C'est comme ça tous les ans. Peu importe les efforts que je fais pour te chercher à tâtons dans le noir, tu n'es pas là, c'est tout.
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Ce qui se passe, quand on travaille dans des zones sinistrées, c'est qu'on s'attend à ce que le reste du pays soit en meilleur état. Et peut-être bien que certains endroits le sont. Certaines parties des côtes, peut-être, là où vivent les gens importants. Mais l'intérieur est en naufrage perpétuel et les ruines que laisse un ouragan ne sont pas différentes en degré de celles que l'on trouve dans n'importe quelle ville du Midwest.
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-Tu sais ce qui me bouffe le plus, avec toutes ces conneries ? demande Junior en éteignant l’autoradio d’une main rageuse.
-Quelles conneries ?
-Waco. Le 11-Septembre. Toutes ces conneries que Brother Joe et Henry arrêtent pas de ressasser.
-Je t’écoute. […]
-Waco, le 11-Septembre, toutes ces conneries c’est de l’histoire ancienne. Donnez-nous en de la neuve, putain.
-Je crois qu’ils te diraient que ce n’est pas la même chose quand c’est ton propre peuple qui te fait ce genre de merde, dit Patterson. C’est ça qu’ils te diraient.
-Mon peuple mon cul. Je sais même pas ce que c’est, un Davidien. Ces mecs là sont mon peuple à peu près autant que ceux du World Trade Center. Tu veux savoir combien de banquiers de Manhattan j’ai connu dans ma vie ? […] Zéro […] pas la queue d’un. J’ai plus de points communs avec un éleveur de chèvres afghan que j’en ai avec un banquier de Manhattan.
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Il est presque impossible d'évaluer les blessures que les jeunes hommes blessés sont capables de s'infliger. Passant leurs nuits à boire, prenant toutes les drogues qu'ils peuvent se payer, pataugeant dans le type de conversations circulaires et sans fin que seuls les jeunes hommes blessés peuvent supporter. Des conversations à tel point saturées d'auto-apitoiement et de haine de soi qu'elles ne peuvent s'achever que par imposition soudaine de la force physique.
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Patterson suit son cul des yeux tandis qu'elle marche de son lit jusqu'à la salle de bains. Il se souvient qu'il aimait regarder son cul au début de leur mariage. Finalement, si vous leur laissez le temps, même les choses les plus improbables vous reviennent en mémoire.
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Vidéo de Benjamin Whitmer
Deux romans exceptionnels à rebours du rêve américain. Les dynamiteurs de Benjamin Whitmer raconte la perte de l'innocence d'un gamin des rues de Denver à la fin du XIX° siècle, hallucinante géographie des bas-fonds de la ville ravagée par la crise économique. Dans les brumes du matin de Tom Bouman met en scène, au nord de la Pennsylvanie, un jeune homme immature, suspect idéal de la dispartion de sa compagne, entre grands espaces vierges et corruption sociale.
Une émission animée par Christine Ferniot et Michel Abescat Réalisation : Pierrick Allain
Les dynamiteurs de Benjamin Whitmer, traduit de l'américain par Jacques Mailhos, éd. Gallmeister. Dans les brumes du matin de Tom Bouman, traduit de l'américain par Yannis Urano, éd. Actes sud. Vous avez aimé cette vidéo ? Abonnez-vous à notre chaîne YouTube : https://www.youtube.com/channel/¤££¤28Yannis Urano16¤££¤4fHZHvJdM38HA?sub_confirmation=1
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