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Citations de Benoît Vitkine (178)


- Ils veulent donner du sens à leur vie, échapper à un monde qu'ils ne comprennent plus. J'imagine qu'ils ont soif d'absolu...
Comme les petits Européens qui partent faire le djihad, pensa Henrik. Des jeunes qui cherchent un but, quelque chose qui les transcende, et à qui la société ne propose que des centres commerciaux et des jeux vidéo qu'ils n'ont pas les moyens de payer.
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Il se croyait plus malin que les autres et il a tout de même fini au trou avec les bandits et leur code d'honneur poussiéreux.
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Kiev s'était lourdement trompée sur le compte du Donbass. Elle avait fait sa révolution et cru que ceux de l'Est, les gueux, suivraient ou se tairaient, comme ils l'avaient toujours fait. Le Maïdan avait été un cri de colère contre la corruption, l'injustice... Les habitants du Donbass partageaient ce cri, mais ils n'avaient que faire du discours nationaliste et chauvin qui l'accompagnait. La menace d'enlever au russe son statut de langue officielle n'avait fait qu'accroître cette crispation. Seulement, personne n'était prêt à écouter. Alors ceux de l'Est s'étaient tournés vers ce qu'ils connaissaient : pendant que Kiev choisissait l'Europe et s'illusionnait en songeant à un futur meilleur, le Donbass avait regardé vers Moscou et cherché refuge dans le passé. L'ancienne mère patrie n'attendait que cela. Ce que les gens du Donbass ignoraient, en revanche, c'est qu'entre temps elle était devenue une marâtre acariâtre et cynique.
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Les ouvriers étaient scandalisés que l'on sacrifie leur outil de travail sur l'autel de la guerre.
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De face, elle est Olena Hapko. La femme d'affaires la plus puissante d'Europe orientale. La Princesse de l'acier, l'oligarque de Zaporojie, l'Impitoyable, la Chienne, la Présidente, 52,7 %. De dos, elle redevient un cul. Les femmes le fixent avec curiosité, les hommes avec délices. Elle sait ce qu'ils pensent. Cela fait trente-cinq ans qu'elle sait ce qu'ils pensent. Il y a ceux qui se disent : Elle a beau être présidente, elle a un gros cul... Ceux qui pensent : Quel cul ! J'aimerais bien me le faire... Elle, elle n'a rien contre l'offrir, ce cul. Elle aime le sexe. Mais leurs regards gâchent tout. Concupiscents, avides, étriqués, mesquins. Ils sont incapables de recevoir l'offrande. Il faut qu'ils possèdent, qu'ils utilisent leur queue comme une lance. Quand ils la prennent, ils ont l'impression de lui voler son pouvoir. Ils utilisent leur bite comme la trompe d'un moustique. Ils giclent mais ce sont eux qui l'aspirent. Elle le sait, elle ne se trompe jamais sur ce que pensent les gens. Autrement, elle n'aurait pas été capable d'en convaincre 52,7 % de voter pour elle. Les hommes l'ont privée du plaisir simple de l'amour.
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La supériorité de l'homme russe tient à sa capacité à regarder vers le ciel, à se projeter de manière spirituelle vers son créateur, dit la voix légèrement nasillarde d'un homme trop sûr de lui. C'est toute la différence avec l'homme occidental, qui, lui, se repaît des nourritures terrestres et se noie dans l'individualisme et les valeurs matérialistes, incapable de la grandeur d'âme du Slave. Les Ukrainiens doivent maintenant décider sur quelle voie ils veulent avancer: celle de la nouvelle Sodome européenne, ou celle ouverte par nos frères russes, le chemin d'une élévation de chaque individu dans une collectivité dévouée au bien collectif et à son chef...
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L’heure était aux énergiques, aux débrouillards et aux sains d’esprit. Les sensibles, comme son mari, ont été les premiers à s’écrouler. Olena a assisté en direct à cette chute. Valeri attendait la fin de l’Union soviétique comme le messie. Il ne cessait de le clamer, de plus en plus ouvertement. Il se prenait pour un dissident, à adresser des regards noirs aux policiers chargés de la circulation. Il avait vécu les derniers mois fébrilement, il lisait tout, les journaux et les écrits des nouveaux poètes de la démocratie, participait à toutes les manifestations. Valeri le Sibérien s’était même pris de passion pour l’indépendance ukrainienne et ses promesses de nouvelle ère. Il s’est effondré quelques mois après le pays honni. La réalité qui s’est dessinée après 1991 était si différente de ce qu’il attendait… Elle l’a séché. Le brave homme a continué à se réfugier dans ses journaux, dans ses livres, mais le constat était implacable : il n’était pas fait pour le monde nouveau. Sa chère revue littéraire a tenu un temps, soutenue par un nouveau riche en mal de romantisme, puis elle a fermé. Au lieu de chercher à s’élever, Valeri n’a rien trouvé de mieux qu’un poste de gardien de musée. Et la boisson pour soulager sa peine. Olena a béni le destin qui leur avait refusé un enfant. Comment l’aurait-elle élevé, avec un père handicapé, dans cette époque cannibale ?
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Pour ceux qui ont eu la chance d'échapper aux grands mouvements de population du siècle précédent, les déportations, les massacres, les exodes, mourir dans son village est un privilège. Un luxe.
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3. « Levon représentait à lui seul la pointe avancée de la modernité en ville, l'avant-garde du capitalisme à la sauce ukrainienne. Il n'y avait qu'à voir les Nike Air immaculées qu'il arborait pour l'enterrement du petit Sacha. Henrik suivait la progression du groupe d'Izmaïlov à la croissance du ventre de son vieil ami et à l'évolution de ses chaussures. Au milieu des années quatre-vingt-dix, il l'avait vu troquer ses grosses bottes de moujik contre des mocassins en croco verts ou rouges que même les mafieux de Las Vegas n'auraient osé porter. L'entrée de son patron dans le monde du business légal avait conduit Levon dans celui des Berluti, tout aussi luxueuses mais moins tape-à-l'oeil. Il sacrifiait à présent à la vague hipster en portant des baskets en toute occasion. Peut-être même disposait-il d'un coach personnel et d'un abonnement dans une salle de sport... » (p. 134)
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Voilà l'erreur des autres, les puissants. Ils ont oublié que ce peuple accommodation, facile à diriger et manipuler, pouvait devenir incontrôlable si l'on touchait trop ouvertement à sa fierté. Sans doute parce qu'ils l'ont enfouie trop loin au fond d'eux leur fierté...
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-Pourquoi est-il parti là-bas, selon vous ?
- Les échecs, j'imagine...A la guerre vous êtes quelqu'un, on vous respecte ou on a peur de vous.Et puis imaginez,ce n'est pas tous les jours que l'on a l'occasion de se battre pour une grande cause ! Alors quand cette cause s'appelle le " monde russe",comme dit Poutine,la Novorossia...(p.83)
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Henrik faillit éclater de rire. Voilà que son supérieur,le général de police Sergueï Vassilkov,s'adressait à lui en ukrainien ! Un ukrainien certes hésitant, mais sans une faute.Maïdan avait décidément des pouvoirs insoupçonnés...Le général, qui n'avait parlé toute sa vie qu'en russe,jouait désormais au bon petit soldat de la nouvelle Ukraine. (p.41)
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Le pouvoir est une conquête qui ne s’arrête qu’à l’écrasement de l’adversaire.
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Le président russe a horreur de ces récriminations. Les plaintes des Européens privés de chauffage quelques jours le font doucement rire, lui qui a connu les rigueurs de Leningrad d'après-guerre. Et puis il sent que ses "partenaires" occidentaux sont trop contents de l'accuser, d'avoir enfin des arguments pour le traiter de barbare irresponsable.
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L'argent est le meilleur des étalons, le plus incontestable des ordonnateurs.
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-Je crois qu’on vous oubliera, finit-il par dire. A Kiev, la guerre a déjà disparu. Quant au reste du monde, il voit un conflit exotique, une lutte entre sauvages de la steppe. Pour les uns vous êtes les Hutus, pour les autres les Tutsis, mais qui se fout des Hutus et des Tutsis ? Vous-mêmes, vous sauriez me dire ce qui s’est passé en Transnitrie en 1992 ? Qui étaient les bons, qui étaient les méchants ? Personne n’a envie de se souvenir de la guerre. Ou plutôt si, mais des noms de bataille, des chefs, des symboles… On dira que quelques types courageux ont été au casse-pipe face aux chars russes, puis qu’ils se sont enterrés dans des tranchées, et c’est tout. Dans dix ans, quand vos potes culs-de-jatte feront la manche dans le métro de Kiev, les gens détourneront le regard, puis ils se rappelleront que là-bas, à l’est, il y a un bout de territoire pour lequel on s’est battu. Pour lequel on se battra peut-être encore.

Henrik s’interrompit brutalement. Cela faisait longtemps qu’il n’avait pas parlé aussi longtemps. Il s’était laissé emporter et transpirait légèrement. Le policier ne se souciait pas vraiment d’avoir heurté les gars de la casemate, mais il se rendait compte qu’il ne croyait pas entièrement à ce qu’il avait dit. C’est sa propre frustration afghane qu’il avait criée. En réalité, les deux situations étaient différentes. Quand ils étaient rentrés, eux, le pays ne les avait pas simplement oubliés, il leur avait tourné le dos. Aux yeux de leurs concitoyens, cette guerre qu’ils étaient partis mener contre les moudjahidin était devenue au mieux absurde, au pire injuste – « impérialiste », disait-on, une insulte qui talonnait « fasciste » au panthéon des termes infamants de l’époque communiste. On faisait d’eux non pas des héros, mais des assassins. Et pourtant, Dieu sait combien ils auraient voulu ressembler à leurs pères rentrant de Berlin…

Les combattants du Donbass, eux, avaient un pays derrière eux. Ils se battaient sur leur terre, pas sur un sol étranger et lointain. A l’époque, le pouvoir soviétique cachait jusqu’au bout aux soldats leur départ pour l’Afghanistan. On s’entraînait, pour les plus chanceux, puis direction Douchanbé, le Tadjikistan soviétique, et enfin l’Afghanistan. Ceux du Donbass, qu’il s’agisse des paysans, des chauffeurs de taxi ou de la fine fleur de la jeunesse ukrainienne, savaient ce qu’ils venaient faire là. Ou croyaient le savoir.
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Ceux (les mineurs) qui avaient gardé leur boulot avaient découvert leur nouveau statut de sous-prolétaires, de déchets de l'histoire. On ne les comparait plus aux cosmonautes mais aux ouvriers bangladais. Les filles l'avaient compris, elles aussi. Dans les bals, s'il y en avait encore, elles ne se disputaient plus les jeunes mineurs aux bras durs comme la pierre.
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Kiev s'était lourdement trompée sur le compte du Donbass. Elle avait fait sa révolution et cru que ceux de l'Est, les gueux, suivraient ou se tairaient, comme ils l'avaient toujours fait. Le Maïdan avait été un cri de guerre contre la corruption, l'injustice...Les habitants du Donbass partageaient ce cri, mais ils n'avaient que faire du discours nationaliste et chauvin qui l'accompagnait. La menace d'enlever au russe son statut de langue officielle n'avait fait qu'accroître cette crispation. Seulement, personne n'était prêt à écouter. Alors ceux de l'Est s'étaient tournés vers ce qu'ils connaissaient : pendant que Kiev choisissait l'Europe et s'illusionnait en songeant à un futur meilleur, le Donbass avait regardé vers Moscou et cherché refuge dans le passé. L'ancienne patrie n'attendait que cela. Ce que les gens du Donbass ignoraient, en revanche, c'est qu'entre-temps elle était devenue une marâtre acariâtre et cynique.
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Henrik ressentait toujours le même creux dans l'estomac quand il pénétrait sur les terres de son enfance, si désespérément vides. La région avait fourni à l'URSS le charbon qu'on utilisait dans tout l'Empire. Elle produisait plus d'acier que la Ruhr. Tout cela, l'industrialisation massive et éclair des années trente, l'héroïque déménagement des usines devant l'avancée nazie, il l'avait appris à l'école, les yeux emplis de fierté. En ce temps-là, la gloire du Donbass rejaillissait sur les mineurs et les métallos, ruisselait sur leurs enfants. Les entrées des mines et des usines étaient marquées par des fresques grandioses, des sculptures d'ouvriers aux muscles saillants, des étoiles écarlates.
Tout s'était écroulé en quelques années. Le pays tout entier, et avec lui les mines, les usines. Le siècle nouveau renonçait à la houille, la Chine déferlait sur les marchés.
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Ce que les chefs ont en commun, c'est qu'ils peuvent mettre en avant leur version de l'histoire, se donner le beau rôle. Napoléon l'a fait, Tamerlan ne l'a pas fait.
Lui, ce qui l'intéressait, c'était la terreur. Sur son tombeau, il n'a pas fait inscrire qu'il était un bâtisseur d'empire, il a écrit: «Lorsque je reverrai la lumière du jour, le monde tremblera.» Et ça n'a pas manqué...
Tu sais quand est-ce qu'un con de Russe a ouvert sa tombe ? Le 22 juin 1941, le jour où Hitler a attaqué l'Union soviétique !
Poutine, c'est un expert pour manier les deux : la propagande et la terreur.
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