Rencontre Fnac/Le Monde sur l'Afrique et la colonisation - (2/2)
Peut-on panser les plaies de la colonisation de l'Afrique ? Rencontre avec Bernard Droz La Fin des colonies françaises (Gallimard), Pascal Blanchard pour Ruptures postcoloniales (La découverte) et Yves Lacoste La Question postcoloniale (Fayard). Réalisé à la Fnac Paris Montparnasse le 2 juin 2010.
Prendre la dimension du siècle qui s'achève.
Un tel projet peut paraître hasardeux, sinon vain, compte tenu du manque de recul qui obscurcit la tâche de l'historien et de la vertigineuse accélération qui s'est emparée de l'histoire mondiale, surtout après 1950.
Car le siècle qui a vu deux cataclysmes mondiaux et deux crises économiques majeures, le développement rapide du progrès technique et industriel, l'extension du communisme et l’avènement de la bipolarité, l'effondrement du système colonial et le poids croissant du Tiers-Monde, n'est pas un siècle simple.
Cet ouvrage n'a d'autre objectif que de permettre à l'étudiant ou au lecteur curieux de saisir l'enracinement historique des problèmes contemporains.....
(extrait de l'avant-propos inséré en début de l'édition parue chez "Points" en 1986)
Le racisme blanc est devenu un état d’esprit et une pratique, fort peu théorisés mais lourds de jugements définitifs et de mépris explicite. Entre la morgue britannique, tout empreinte de raideur et de suffisance envers les "natives", et la familiarité blessante du petit-Blanc d’Afrique du Nord, il est loisible d’observer une gamme de propos et de comportements fondés sur la conviction du bon droit et de la supériorité, insupportables dans leur répétition, et que l’approche de la décolonisation fera parfois déraper, au Maroc et en Algérie par exemple, dans un racisme meurtrier.
Le stalinisme est d’abord une révolution par le haut. Ayant répudié le rôle d’arbitre qu’il affectait lors des luttes successorales, Staline assure désormais, au nom du parti, la légitimité héritée de Lénine pour dicter sa vision de la construction du socialisme. Car, idéologiquement, le stalinisme n’existe pas. La référence officielle reste celle du léninisme. Mais à une pensée ductile et ouverte, Staline substitue un dogme parfaitement élaboré, un catéchisme à la fois définitif et simplifié,qui autorise dès lors la sanction impitoyable de toute déviation.
Le drame de la France de l’entre-deux-guerres est d’avoir vécu durant les années vingt sur les illusions d’un retour à l’âge d’or de l’avant-guerre sans procéder à la révision nécessaire de ses pratiques politiques. Cette carence s’inscrit au reste en contre-point des blocages sociaux et des archaïsmes culturels d’un pays dont la guerre a, en dépit des bouleversements qu’elle a opérés, renforcé le malthusianisme latent. Elle va dégénérer dans la décennie suivante en une véritable crise de régime.