Citations de Bernard Minier (1861)
Elle entra ensuite dans les W.C., baissa son pantalon et sa culotte, s’assit sur la lucarne …
Zehetmayer était assis dans l’un de ces cafés viennois qui semblent n’avoir pas bougé depuis que Stefan Zweig en a fait le tableau dans Le monde d’hier …Que restait-il des juifs qui avaient fait la renommée de cette ville ? Des Malher, …Zweig - et même Freud, ce renifleur de petites culottes.
« Pourquoi tu fais ça, Nao ?
— Ça me soulage.
— Ça te… soulage ?
— Oui.
— De quoi ?
— De tout…
— C’est… c’est douloureux ?
— Au début seulement, après on s’habitue… »
Ils étaient si semblables, avec leurs visages minces, leurs grands yeux transparents – souvent embrumés par l’herbe, l’acide ou les ecstas –, leurs fringues bon marché, leurs pieds nus dans le sable et leur indolence qui cachait pourtant des blessures profondes.
— Et pourquoi on les trouverait, nous, hein, ces éléments ? On n’est pas dans Scooby-Doo, putain !
Et, un beau matin, dans deux ans ou dans dix, je l’aurai oubliée. Naomi ne sera plus qu’un prénom dans nos esprits. Un fantôme. Lointaine et inaccessible.
Définitivement morte.
C’est ça le plus intolérable.
Cet après-midi, elle irait nager dans la piscine du Maximus Fitness de Topeka, puis elle s’épuiserait sur les machines. Plus tard dans la soirée, quand l’air serait devenu un peu plus respirable, elle s’installerait sur sa véranda avec une bouteille de vin blanc qu’elle aurait préalablement mise à rafraîchir, un bon livre et ses chats, et, face à elle, le soleil prendrait tout son temps pour se coucher, dans la paix dorée des soirs d’été.
C’était tout ce qu’on pouvait attendre de la vie, n’est-ce pas ? Un peu de paix…
Et parfois, quand les éclairs illuminaient le ciel du Kansas et que la nuit était saturée de grondements sinistres, elle se réveillait et s’asseyait dans son lit, le cœur oppressé, en s’attendant presque à le voir s’encadrer sur les lueurs de la foudre.
Le poison de ces lignes agissait lentement mais, au bout d’un moment, il se sentit pris au piège de ces images et des pensées de l’auteur comme s’il était englué dans une toile d’araignée, alors même que l’araignée demeurait invisible.
Ce policier habile. Servaz. Lui est vraiment dangereux… Lui, il faut s’en méfier. Lui, c’est un fourmilion – ce terrible insecte prédateur qui creuse un piège mortel dans le sable, une fosse au fond de laquelle il se cache et où il attend qu’un autre malheureux insecte tombe directement entre ses mâchoires. Une force invincible le pousse, une rage muette – ça se lit sur son visage. Il n’est jamais en repos. Il ne sera pas en repos tant qu’il n’aura pas découvert le fin mot de cette histoire, le fourmilion.
L’instant d’après, il avait son visage de faune barbu presque collé à celui de Martin, et ce dernier respira son haleine parfumée à la cigarette et au café dégueulasse du distributeur.
— C’est ton premier vrai coup, puceau. Alors, écoute, observe et apprends.
Dans cette pièce étouffante, il eut soudain la sensation de manquer d’air. En même temps, quelquechose gonfla dans sa poitrine et s’envola peut-être, sans qu’il y prît garde : une partie de lui-même sans substance réelle à jamais évaporée dans cet après-midi torride, dans ce bureau où les dorures des livres anciens accrochaient les rayons du soleil.
Cette blancheur diaphane qui tranchait sur les feuillages et les buissons, c’étaient des robes, flottant au vent. Et, dans le prolongement de ces robes, il y avait quatre bras, quatre jambes, quatre pieds… deux têtes. Deux êtres humains… Ou ce qui en tenait lieu désormais…
Elle eut envie de dire à sa sœur le fond de sa pensée : et si quelqu’un d’autre était caché dans ces bois ? Et s’il avait vraiment oublié de venir ? Et si des animaux dangereux rôdaient ?
Nous changeons. Tous. Irrémédiablement. Une part de nous-mêmes reste identique : le noyau, le cœur pur venu de l'enfance, mais tout autour s'accumulent tant de sédiments. Jusqu'à défigurer l'enfant que nous étions, jusqu'à faire de l'adulte un être si différent et si monstrueux que, si l'on pouvait se dédoubler, l'enfant ne reconnaîtrait pas l'adulte qu'il est devenu - et serait sans doute terrifié à l'idée de devenir cette personne-là.
Nous changeons. Tous. Irrémédiablement. Une part de nous-mêmes reste identique : le noyau, le cœur pur venu de l'enfance, mais tout autour s'accumulent tant de sédiments. Jusqu'à défigurer l'enfant que nous étions, jusqu'à faire de l'adulte un être si différent et si monstrueux que, si l'on pouvait se dédoubler, l'enfant ne reconnaîtrait pas l'adulte qu'il est devenu - et serait sans doute terrifié à l'idée de devenir cette personne-là.
Nous changeons. Tous. Irrémédiablement. Une part de nous-mêmes reste identique : le noyau, le cœur pur venu de l'enfance, mais tout autour s'accumulent tant de sédiments. Jusqu'à défigurer l'enfant que nous étions, jusqu'à faire de l'adulte un être si différent et si monstrueux que, si l'on pouvait se dédoubler, l'enfant ne reconnaîtrait pas l'adulte qu'il est devenu - et serait sans doute terrifié à l'idée de devenir cette personne-là.
- "Dans Le Principe de Lucifer, Howard Bloom, un ancien publicitaire devenu spécialiste des comportements de masse, a émis l'hypothèse que mère Nature est une chienne sanglante et que la violence et le mal font partie intégrante de son plan, que, dans un monde évoluant vers des formes toujours supérieurs de complexité, la haine, l'agression et la guerre sont des moteurs et non des freins à cette évolution."
- "L'horreur et le dégoût atteignirent alors, en Herbert West et en moi-même, une insoutenable intensité. Ce soir, je frissonne en y songeant, plus encore que ce matin où West, à travers ses bandages, murmura cette phrase terrifiante :
- Bon sang, il n'était pas tout à fait assez frais."
~ Herbert West, réanimateur ~
- H.P. Lovecraft -
En sortant de la pharmacie, il (Servaz) roula vers le centre-ville et utilisa son pare-soleil « POLICE » pour se garer en double file sur le boulevard Lazare-Carnot, devant la FNAC.