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Citations de Bernard Noël (282)


Bernard Noël
« La tête voit mais ne domine plus. La tête est toute voyante, mais elle est aussi le corps, le bleu du ciel et cette absence de lieu l’augmente de tous les lieux...»
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Bernard Noël
« Je suis la bordure du bleu. / Je suis la bordure de l’air.»
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L’invisible est derrière les yeux, c’est l’épaisseur du corps.
Jamais assez de peau voyante sur nos yeux »... Les pieds, la bouche, le sexe participe(raie)nt à cette transe du regard extasié... On n’en finirait pas, dans cette patiente méditation de l’œil dans tous ses états, de parcourir, d’un livre l’autre, ce que vous nommez significativement « un circuit d’échange entre la chair du corps et l’air du monde.
Pour voir, il faut faire retour vers le corps .
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Arbre n° 53
Une partie du corps peut-elle devenir sa parure? Jamais
cette question ne vous vient devant un visage, sans doute
parce que sa position au sommet est naturelle.
Mais que penser du feuillage qui, à la fois, sert la respiration
et l'identité tout en habillant les branches et voilant le tronc ?
On a pour lui un regard éventuellement admiratif, qui ne détaille
ni les formes ni les positions, puis s'en va errer ailleurs. Il est
vrai que nous ne nous interrogeons pas non plus sur le regard
qui, à notre insu, peut en profiter pour ne nous représenter que
des mots et pas des choses, pas des êtres vifs. Et voilà tout à coup
que, mise en doute, la vue s'illumine, que la surface du monde
s'éclaire et que les feuilles pétillent tout comme un pelage lance
parfois des étincelles sous la caresse...
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Arbre n° 32
Etes-vous là plusieurs, bien assemblés jusqu'à vous confondre
ou une illusion dédouble-t-elle ma vue ? Peu m'importe d'ailleurs,
car le printemps vous donne une jeunesse et vous la soufflez si
vivement vers moi qu'elle pénètre ma vue et la change assez
pour que, aussi longtemps que je vous regarde, je croie la partager.
J'en oublie que je ne sais pas qui vous êtes tandis que circule
entre nous une subite familiarité. Vous êtes pourtant un arbre
enraciné, moi un humain, donc un passant, et nous voici tout de
même intimes, un moment, parce que l'élan qui fait pousser vos
feuilles-elles si éphémères - me comble d'un avenir que je sais
pourtant ne pas avoir.
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Arbre n° 30
Ta floraison provoque dans l'espace, et donc dans mon regard,
une sorte d'émanation, quelque chose qui n'a pas de nom et qui
pourrait être qualifié d'odeur visuelle... Je me demande si cela
ne serait pas ta langue ? Une langue qui ne parlerait qu'à tes
semblables et qui me rappelle combien j'ai vainement tenté de
développer la zone qu'une perception anime brusquement. Je
me disais qu'il y avait là, peut-être, le point de départ de la
formation d'une intériorité, et par conséquent d'un lieu propice
à l'invention du langage. Et si toi et tes semblables aviez, à notre
insu, développé un lieu analogue en toute indépendance des
humains, comme vos bruissements doivent se moquer de notre
très savante ignorance !
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Tu frémis un peu, on dirait même que tu respires, et cela te donne une vitalité, une présence, mais si discrètes que je ne suis sûr de rien : tu es juste-là, imperturbable et magnifiquement indifférent à mon regard, à mon désir de rencontre et de dialogue...
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Souvent le visible n'est pas égal de sorte qu'une qualité particulière peut mobiliser toute la vue. Cela est très fréquent au printemps quand la floraison métamorphose en arbre en gigantesque bouquet de fleurs. On en oublie le tronc, les branches et même le nom pour n'avoir plus d'yeux que pour ces coupelles de fleurs qui prolifèrent à l'infini. Et quel plaisir dans l'illusion que le regard active cette multiplication en allant et venant, en découvrant en caressant. Une étrange relation avec l'espace s'en suit comme s'il ne fleurissait plus devant les yeux mais derrière, en croisant l'imagination et la réalité.
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à Robert Maguire



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extrait 10

L’équilibre se rompt quelque part dans le trajet des
nerfs. Le désordre gagne si vite, que je ne peux déjà
plus savoir où il a commencé. Une bulle monte. Il y
a un court-circuit à la pointe du cœur, puis le vide se
gonfle – un vide où pend mon estomac douloureux. La
partie inférieure de mon estomac. L’autre est venue se
plaquer sous mes épaules. On dirait qu’une pyramide
blanche s’est renversée sur mon ventre pour l’empaler.
La gorge durcit. Elle s’énerve à hauteur de la luette, et
il y a dans tout le corps un grand reflux. Une sorte de
panique, qui accumule sous les épaules une espèce
d’étouffement. Par réaction, peut-être, la moelle épi-
nière redevient un rayon lumineux, qui fascine mon œil.
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à Robert Maguire



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extrait 9

Ma bouche est cette concavité paisible, environnée de
voies complexes. A volonté étanche, elle est en soi le
seul espace creux par lequel l’étranger peut venir
m’habiter et me traverser. Elle est la porte d’une par-
tie du corps. Le nez, par contre, ouvre et ferme un cycle
de chemins. Il me manquait d’avoir dissocié ce qui, en
moi, dépend de la bouche et ce qui dépend du nez.
J’avais oublié que tout, pourtant, avait commencé là :
par la perception dédoublée d’un courant d’air.
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à Robert Maguire



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extrait 8

Cette blancheur qui, parfois, fuse de ma moelle est une
arme semblable au rire. Elle gèle ce qui pourrait
m’attendrir. Pas de sentiment. Rien que les pulsations
rapides de la transparence où, par à-coups, saigne le
cœur. Le volume, débarrassé de muscles, est pur. Les
os s’alignent sur mes flancs comme des signaux de
silice. Les articulations ont été calées, colmatées. Je
suis droit. Là-haut, ma langue bat au vent.
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à Robert Maguire



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extrait 7

Une mentonnière de douleur Paralysie partout. Le nez
bruisse. Lourdeur soudaine des testicules sous le sexe.
Remous. Circonvolutions. Vide. Vide. La voûte des
épaules éclaire l’érosion interne. Tout coule en moi
comme à travers le col d’un sablier. Aucun geste n’est
pensable : ils iraient se geler sur la peau ou multiplier
le sable de la chute. Vide. Vide. Loess de chair. Mais
les traces ? Où sont les traces ? Tout l’inconnu ne peut
pas baver continuellement en moi sans laisser une trace.
Et puisque tout le problème, maintenant, est de me baver
moi-même en moi jusqu’à condensation de la stalactite
interne autant suivre cette trace. De qui ? De quoi ?
Qu’est-ce que moi et l’autre et l’autre ? La peau, certes,
et les organes amarrés, les nerfs, les os. L’organisation.
Le poids du soleil retient la terre dont le poids retient La
bouche ne veut pas se retrousser jusqu’à l’anus. L’œil
ne veut pas se glisser dans le sexe, alors chacun tente
l’impossible pour jouir indépendamment et ne pas
regarder le vide.          À l’intérieur, la chute continue
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à Robert Maguire



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extrait 6

Il y a des perceptions à nerfs, à squelette et à chair.
J’avance de l’une à l’autre, comme à travers les bandes
d’un spectre. Il arrive aussi qu’une perception s’immo-
bilise tout au long du corps, à partir des yeux. Elle est
alors ce chemin de corpuscules que traversent mes os,
ma chair, que rayent mes nerfs. Plus souvent, elle est
comme une fibre tendue dans la fibre d’un nerf. Cela
se produit surtout dans la moelle épinière, où débute
d’ailleurs tout ce qui a trait au ventre. La part la plus
inaccessible de moi demeure la poitrine. La texture des
poumons, il y a même, entre l’aisselle droite et le foie,
un espace qui ressemble à un désert. C’est une sorte
de trou convexe par rapport au reste du corps. Quelque
chose comme le siège du froid installé à proximité de
la chaleur vive des organes.
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à Robert Maguire



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extrait 5

Quelquefois, la chair du thorax s’évapore. Je voudrais
croire qu’elle a glissé dans le ventre, mais les mains
refusent d’aller voir. Ou plutôt, je passe mon temps à
chercher mes mains avec le sentiment d’une urgence
douloureuse, comme si quelqu’un allait profiter que
me voici à découvert. Plus tard, avec une lenteur horrible,
la plèvre sécrète une bouillie calcaire, qui va boucher
les interstices entre les côtes. La colonne vertébrale,
alors, se détache le long de l’édifice comme une
cheminée. Et c’est mon dos que je vois : masse
blanchâtre où se désagrègent des cristaux de salpêtre.
J’essaie d’en rire, mais rien ne vient de l’intérieur. La
coquille s’est vidée.
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à Robert Maguire



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extrait 4

L’os blanchit, et le visage s’affaisse sur le crâne troué.
Des nerfs vibrent sur des arêtes d’os. Paupières closes,
l’œil branle son regard tout au long de la moelle, tandis
que des élastiques cinglent le foie et l’estomac. Les
dents veulent lyncher la langue. Le cerveau veut démé-
nager, car il est las du pâté de cœur. Un boyau ahane
un tremblement. Quel orage terrible se prépare parmi
des organes extérieurs ? L’espace est noir. Les os suent
un regard qui les décharne. Les yeux cherchent leurs
orbites. Plus tard, la poitrine se rebâtit autour d’un
courant d’air. Rire encore, mais sans rire. Et le poids
des jambes agrippées à l’une l’autre, et le sang qui
remonte en re-faisant le corps.
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à Robert Maguire



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extrait 3

Neige molle. Tendre neige. Neige encore. Et la peau
floconne à travers la chair avec douce lenteur. Et la
chair floconne à travers les côtes.                               Et
plus loin, les vertèbres dressent dans le centre du corps
un besoin de verticalité                                              Des
ancêtres passent. Certes, c’est le temps qui me fait
l’amour, et je le digère à l’infini.                         Où est
dehors                                                                        Où
est maintenant ?
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à Robert Maguire



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extrait 2

La terre s’affaisse dans mon corps. Je suis la terre et
l’affaissement de la terre. L’œsophage est le centre
immobile de ce glissement. Il n’y a plus ni squelette
ni nerfs. Je vois sans voir. La souffrance gîte dans les
lézardes qui traversent ce lent éboulement, mais elle
ne fait pas mal



Le péritoine se crevasse. Je me peuple de trous d’air.
Chaque effort de l’œil crispe comiquement ma gorge.
Un autre émerge dans mon ventre sans être venu de
l’extérieur.
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Bernard Noël
L’azur



quelle écriture pourrait sauver le vif
jeu de limaille vers l’aimant secret
tout pressentiment pétille en vain

pas de sens dans les coïncidences
juste un reflet qui fait plaisir
l’azur ne sera jamais que l’azur
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Bernard Noël
La machine qui est l'organe du progrès aurait pu être un instrument de libération. Beaucoup l'ont cru tout au long du XIXe siècle, mais un choix différent a été fait pour l'humanité. Le choix du profit. 
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la forme va sur le temps c'est une arche
faite en perpétuel présent
elle ne sais pas qui vit qui meurt
(Floraison)
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