AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations de Bernard Noël (279)


L'écriture, parce qu'elle joue à la fois du visible et de l'invisible, éclaire l'obscur.
Commenter  J’apprécie          90
Comment ne pas se demander dès lors si le verre des Vacances de Hegel ne représentait pas, au sommet de son parapluie, une tempête dans un verre d'eau ?
Commenter  J’apprécie          00
Teotihuacan.
Gouvernée par des prêtres, à la fois dieux par leurs pouvoirs et rois par leur puissance, ce fut la ville sainte des hauts plateaux, celle où les images s'intériorisèrent pour devenir des idées et où la pratique de la contemplation donna naissance à un art presque abstrait. (...)
Son histoire en fait nous échappe et nous ne savons même pas qui fonda Teotihuacan et l'habita ; il ne nous reste, durablement, que les témoignages de l'art : ces personnages aux yeux vivants, ces ornements qui parlent encore de pouvoirs et de connaissance, ces formes dont la beauté simple indique en soi une conception du monde.
Et puis il y a le visage des dieux : Huehueteotl, dieu du Feu ; Xipe, dieu de la Fertilité ; Xipe-Totec, "Notre-Seigneur l'Écorché" ; Quetzalcoatl, le Serpent à plumes ; Tlaloc, dieu de la Pluie et fécondateur de la Terre - Tlaloc aux canines saillantes, à la langue bifide, aux yeux entourés d'un cercle qui symbolise les nuages, car il est le maître de l'eau bleue.
Commenter  J’apprécie          00
Tout visage immobile est une énigme - toute pierre devenue un visage. Nous passons, il n'en finit pas de durer - Le temps tourbillonne alentour, mais lui nous regarde à la fois de très loin et de très près. C'est qu'un horizon nous sépare : la mort franchie. Les pierres du Mexique ont cette fixité souveraine, même si nous ne savons pas qui dure en elles : le regard de quelle conscience ? Ici, nos sculpteurs ont voulu figer la permanence de la vie - la vie au-delà de la mort ; là-bas, au Mexique, leurs pierres parlent de la permanence de la mort - la mort au-delà de la vie...
Commenter  J’apprécie          20
[...] que de greffes et d'accouplements dans ses oeuvres, mais toujours entre le métallique et le charnel comme pour féconder la pensée au moyen de l'impensable.
Commenter  J’apprécie          20
Les souvenirs sont le mobilier de la durée : ils assurent qu'on a bien habité tout le temps de sa vie, alors que presque tout en est oublié.
Commenter  J’apprécie          10
La discontinuité de la mémoire interdit que l'on prenne quelques souvenirs pour une vie. Il n'y a pas d'ordre, pas de chronologie dans la présence ; d'ailleurs, une relation est un tout. La temps ne vous retire pas ce tout, au contraire, seulement, il vous enlève la possibilité de le faire partager, car il ne vous permet d'en parler qu'en détail.
Commenter  J’apprécie          00
François enseignait tout le temps parce que sa pensée était tout le temps le foyer d'une transformation, qui avait besoin d'échange et de partage, autant pour se nourrir que pour s'essayer. Il déliait l'espace mental et y soufflait je ne sais quelle insoumission en mêlant les vocabulaires contradictoires de la science moderne et de la Tradition.
Commenter  J’apprécie          00
François parlait souvent de morphologie. Il aurait préféré qu'on l'appelât "morphologue" plutôt que peintre ou graveur. Le regard est l'instrument du morphologue, qui taille des formes dans la réalité ou bien les y prélève ; mais un moment vient où cet instrument se retourne contre son employeur, se plante dans sa chair mentale et la découpe.
Commenter  J’apprécie          00
Mais à force de regarder, du temps a passé, et l'habitude vient de produire quelques mots à l'arrière du regard, et ils travaillent déjà à reproduire ce qui me suffisait à l'état de pur regard, et qui ne me suffit plus dès lors que j'essaie de l'exprimer [...]. Je vois la réalité se gommer dans ce que j'en dis; je la vois devenir seulement pratique.
Commenter  J’apprécie          00
L'ordre moral est beaucoup moins obtus qu'on serait tenté de le croire. L'ordre moral, c'est l'ordre de l'esprit. Il peut fort bien se servir de ce qui, apparemment, le conteste : l'érotisme, par exemple. L'érotisme n'est pas un retour au corps, il n'est qu'une intensification narcissique de son image. Et cette image censure, dans le corps, tout ce qui est organique, tout ce qui est physique. On a jamais autant montré de corps, et ceux-ci n'ont jamais été aussi peu des corps. Ce sont des objets, toujours neufs, toujours beaux, et qui paupérisent également le désir en le stylisant. Quand l'ordre moral montre son cul ou ses poils, pas de problème, c'est encore l'idéalité qu'il nous montre.

Dans l'Outrage aux mots.
Commenter  J’apprécie          00
parfois le ciel même
rentre ses étoiles
et nous notre amour
Commenter  J’apprécie          10
celui qui s'étend
met ses yeux en l'air

le ciel est fermé

où est le pays
sinon sous la main

et je suis debout
pour tout voir d'en-haut
Commenter  J’apprécie          10
mais comment franchir
ce que l'on porte en soi

Et qui court devant
l'idée qu'on s'en fait
Commenter  J’apprécie          10
soufflent tout parfois
toute la vue
une tempête dans le regard
si légers pourtant
au milieu du torrent d'air
et de chevelure

un trou dans l'espace
qui prendrait figure
puis des mains autour
et ce tremblement
la vie répandue
Commenter  J’apprécie          10
mais regardez-moi ça
l’infini
alors qu’à chacun le temps est compté
– rien qu’un peu d’eau
qui fuit chacun la fait
sous soi et c’est pourquoi
la poésie doit aller vite
nous sommes tous rêvés par notre mort
en attendant que son réveil nous tue
Commenter  J’apprécie          10
Je cherche
  
  
  
  
Je cherche comment s’accroche à son présent
un peu de cette chose qui flotte ici
partout dévastation ruines et cependant.
Commenter  J’apprécie          60
Derrière la peau de pierre
  
  
  
  
Derrière la peau de pierre
on a une pensée pour l’invisible
et comme un coin
on l’enfonce dans le présent.
Commenter  J’apprécie          10
attiré
  
  
  
  
attiré
par quelque chose
et cette chose est l’attente
que j’en ai mon désir
jeté dans l’absence
y fait trembler les traces d’un nom
ce nom accomplit en moi
le travail qu’accomplit en l’air
un battement d’aile silencieux
Commenter  J’apprécie          40
parfois les mains
  
  
  
  
parfois les mains serrent un morceau de mémoire
elles ne l’ont pas pris ils est là sur leur peau
revenu depuis le fond de la chair compacte
à moins qu’un cœur ne coule tout à coup
dans un autre cœur
Commenter  J’apprécie          00



Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Bernard Noël (307)Voir plus

Quiz Voir plus

Demain, dès l’aube ...❄❄

Demain, dès l’aube, à l’heure où blanchit la campagne, je ......

me lèverai
partirai
m'en irai
marcherai

10 questions
53 lecteurs ont répondu
Thèmes : culture générale , littérature , poésieCréer un quiz sur cet auteur

{* *}