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Citations de Bertrand Guillot (135)


Dans tous les manuels scolaires, c'est une date incontournable. 4 août 1789 : Abolition des privilèges. On l'apprend au collège. On l'apprend au lycée. Mais l'étudier ? Jamais.

Peut-être parce qu'elle vient juste après le 14 juillet, et que la suite est forcément mineure. Peut-être aussi parce que c'est le mois d'août et que le mois d'août, c'est les vacances : que pourrait-il bien s'y passer de sérieux ? Peut-être, surtout, parce qu'on ne connaît aucun des acteurs de ce 4 août.

Pour le 14 juillet, c'est simple : la rue s'est soulevée (autant dire, nous), c'est héroïque, c'est romanesque, aujourd'hui la date résonne en feux d'artifice et bals des pompiers. Le 4 août a pour seul décor l'Assemblée nationale tout de suite on sent la distance. Et parmi les députés, pas une seule vedette à mettre en avant ! À la limite, Sieyès. Ou alors Mirabeau, mais il est de ces héros de l'Histoire qu'on interdit aux mineurs. De toute façon, ce soir-là, Sieyès et Mirabeau avaient séché la séance. Non, vraiment, pas une seule tête connue.

Page 7, Les Avrils.
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Et pourtant, ça ne disparaît pas comme ça, des privilèges. Qu'on demande aux militants qui tentent depuis des années d'imposer une taxation des transactions financières, aux féministes qui luttent contre le privilège masculin, aux écologistes qui ferraillent contre le carbone subventionné, aux élus qui s'échinent en vain pour soumettre à l'impôt les multinationales du numérique. Il est de petites victoires, des bastilles miniatures qui chutent ici ou là, mais les privilèges contemporains se portent plutôt bien.
C'est en pensant à ces combats épuisants et à notre monde à bout de que je me suis demandé ce qui s'était vraiment passé, cette fameuse nuit du 4 août 1789.

Page 9, Les Avrils.
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Ces hommes sont presque tous des inconnus. Pour la plupart, ils le resteront. Ce sont eux, pourtant, qui sont en train d'inventer notre jeu politique. Eux qui s'apprêrent à changer la face de la France plus encore que les héros de la Bastille. Eux qui, bientôt, vont faire tomber en quelques heures un régime vieux de dix siècles. Eux qui, en une nuit, vont poser les fondements d'un nouveau système basé sur le progrès, la liberté individuelle, l'égalité publique et la propriété privée - ce système si révolutionnaire en 1789 et qui est le nôtre aujourd'hui, ce système dont nous savons maintenant qu'il ne peut pas durer, et qui pourtant a la vie dure. Mais il est déjà tard.

Page 13, Les Avrils.
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- Savez-vous ce que disait Confucius ? [...]
- Non.
- Lorsque tu entreprendras quelque chose, sache que tu auras contre toi, ceux qui voudraient faire la même chose, ceux qui voulaient faire la même chose... et l'immense majorité de ceux qui ne voulaient rien faire du tout.
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A voix basse, ils (les livres) partageaient leurs rêves: certains se voyaient passer leur vie en noble compagnie sur les étagères bien rangées d'une bibliothèque; d'autres aspiraient à passer de main en main, voir le monde, traîner sur des bancs publics et finir la nuit dans un bar, avant d'être oubliés un jour sur la banquette d'un train en route vers d'autres aventures. (p.13)
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- Et tu ne sais pas quelle fin il a choisie ??
-Non. qui s'en soucie ? La vie est dans le début des histoires, Junior. Les fins ne sont jamais que de la morale. (p.57)
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Necker joue volontiers de sa popularité dans l'opinion car aussi étrange que cela puisse paraître il arrive parfois aux Français de s'enticher d'un banquier.
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La vie littéraire est, comme la vie, soumise aux lois de la sélection naturelle. On y est donc en état de guerre perpétuelle. Mais l'art est de vivre sur le champ de bataile sans se battre et sans être blessé. (p.66)
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Les livres portaient les espoirs démesurés et les doutes abyssaux de leurs auteurs, ce qu'ils avaient vécu et ce qu'ils auraient aimé vivre, ainsi que d'infimes morceaux d'âme dont ils n'avaient pas conscience. (p.12)
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Depuis que Mathilde tenait une chronique régulière au journal, elle ne mettait plus guère les pieds dans une librairie qu'à l'occasion de soirées dédicaces avec auteur, éditeur, cacahuètes et vin blanc. Et elle n'avait sans doute plus acheté de roman depuis des mois. Que pouvait bien devenir l'industrie du livre si les plus grands lecteurs ne concevaient plus les livres que gratuits ?
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Sarah aimait prendre son temps pour lire. Elle aimait surtout qu'un bon roman lui prenne tout son temps.
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5 août
Lendemain de fête

La nuit a opéré sa magie. La lueur vascillante des lustres, le monde autour qui dort, les repères qui tanguent, les limites qu'on repousse, la fatigue jusqu'à la transe, cette énergie qui vient de plus loin que soi : rien de ce qui vient de survenir n'aurait pu se produire en pleine journée. Il est près de 3 heures quand les députés rentrent enfin se coucher. Et soudain je repense à ces accords internationaux dont on apprend, au petit matin, qu'ils ont été "arrachés après une longue nuit de négociations". L'union européenne a-t-elle jamais avancé autrement ?

On pourrait imaginer une autre nuit. Du côté de Bruxelles, tenez. Une Convention citoyenne européenne dont les membres se donneraient eux-mêmes pour mission d'écrire une nouvelle Constitution. Ambition folle, espoirs dans toute l'Union. Bien sûr, tout avancerait moins vite qu'espéré, on s'impatienterait, aux infos se succèderaient des scènes d'émeutes dans les centres-villes, des policiers commenceraient à faire défection, les réseaux sociaux seraient saturés de théories du complot... Et soudain, en une nuit, au lieu de débattre d'un nouveau communiqué exigeant le retour de l'ordre, les délégués de la Convention se mettraient d'accord. Les députés français commenceraient par réclamer la fin des paradis fiscaux, deux banquiers luxembourgeois riposteraient en attaquant la politique agricole commune, une patronne autrichienne une législation sur la pêche durable... Vers 2 heures du matin, coup de théâtre ! La délégation irlandaise déclarerait solennellement qu'elle renonce aux cadeaux fiscaux accordés aux multinationales, et qu'au nom du destin de l'Europe - à condition bien sûr que les autres en fassent autant (regards appuyés vers les Luxembourgeois, les Hollandais atterrés et un Maltais assoupi) - elle fera désormais payer Amazon, Apple et tous les autres. Des dizaines de milliards d'Euros entreraient soudain dans les caisses - miracle ! Et au bout de la nuit, on jetterait au feu les traités obsolètes pour annoncer une harmonisation fiscale, des impôts plus justes et un revenu universel, l'imposition des activités numériques, une taxe sur les transactions financières, la possibilité de référendums locaux et un vrai plan pour la transition écologique. Autant de mesures qui sont dans l'air depuis plus de quinze ans, et qui soudain cesseraient de n'être que chimères. Ne nous sentirions-nous pas soudain plus légers ?

Mais bien sûr, si nous apprenions tout cela au matin, nous serions sceptiques. Trop de promesses déçues nous ont enseigné la méfiance. Attendons un peu que tout cela soit ratifié, dirions-nous.

Voilà où nous en sommes, ce mercredi de 1789, quand le député Duquesnoy se glisse enfin dans son lit.
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Qu'est-ce que la littérature ? Nul ne le savait au juste, peu se souciaient vraiment de la réponse, mais tous avaient sur la question un avis tranché.
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Faire appliquer les lois est souvent plus compliqué que de les voter.
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Quand le masque est tombé, il est difficile de le remettre sur son nez.
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Chaque soir, il les regardait, muets et immobiles. Et chaque soir, au moment de baisser son rideau, il ne pouvait s’empêcher de songer que peu-être, en son absence, les romans se mettaient à plaisanter entre eux. C'était un pressentiment de vieux gamin, un songe de vrai libraire. Sa façon d'aimer les livres.
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- [...] Ce n'est pas au livre d'aller vers le lecteur ; c'est un chemin sur lequel tu ne peux que te perdre. Tu parles de mépris, mais n'est-ce pas mépriser le lecteur que de vouloir s'abaisser à son niveau au lieu de l'inviter à s'élever l'esprit ? Le livre ne doit pas suivre les pentes funestes de la télévision.
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Sieyès se taille un certain succès avec son "Essai sur les privilèges", où il étrille cette "pauvre invention" qui déguise l'injustice en vertu et corrompt les riches comme les pauvres.
Les privilégiés, conclut Sieyès, voilà les vrais mendiants.
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Peu à peu je me suis familiarisé avec ce français de la fin du XVIII ème siècle, qui est presque le nôtre , mais où les s s'écrivent comme de grands f en donnant la curieufe impreffion qu'à Verfailles tout le monde parlait comme fa.
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Il y avait tant de livres, et si peu de place.
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