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Citations de Bohumil Hrabal (199)


Où donc est passé l’aveugle
de la gare Masaryk ?
Où donc a-t-il bien pu passer ?
Il se tenait là,
et lorsque soufflait le vent d’hiver,
il bruissait du ventre à la tête
et, parmi les pages, feuilletait la neige.
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(A Cassius, son chat dans l'émigration) : Cassius, mon fils chéri, fais bien attention à la route noire, M. Roland Barthes est mort écrasé par une auto ...

(fin de la nouvelle, p. 81).
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J'aime ces quelques minutes avant sept heures du soir, il fait bon pendant ces quelques minutes lever la tête pour voir la lumière se retirer des ampoules comme le sang d'un coq à la gorge tranchée, j'aime regarder cette signature pâlissante du courant électrique et je crains le jour où la brasserie sera raccordée au courant de ville, ce jour où l'on n'allumera plus toutes ces lampes tempête dans les étables, lampes aux petits miroirs ronds, lampes ventrues aux mèches rondes, le jour où personne ne se souciera plus de leurs lumières car toute cette cérémonie aura fait place à un commutateur semblable au robinet qui a remplacé les jolies pompes d'antan.
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... je souris car j'ai dans mon cartable des livres dont j'attends ce soir-même qu'ils me révèlent sur moi ce que j'ignore encore.
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Les cieux ne sont pas humains et la vie, hors de moi et en moi, ne l'est pas davantage.
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il restera de l'homme juste assez de phosphore pour fabriquer une boite d'allumettes et juste assez de fer pour forger le clou d'un pendu.
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A tout moment, je m'arrêtais pour lire La Théorie générale du ciel, j'en attrapais une petite phrase que je suçais comme un berlingot, pénétré que j'étais de la grandeur démesurée de la beauté, de l'infinie pluralité qui me frappaient de tout côté, le ciel étoilé dans le boyau troué au-dessus de ma tête...
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Et les Tsiganes d'aujourd'hui, installés à Prague pour la deuxième génération seulement, aiment allumer, où qu'ils travaillent, un feu rituel, un feu de nomades joyeux et crépitant pour le plaisir uniquement, une flambée de bouts de bois grossièrement taillés, semblable à un rire d'enfant, à un symbole d'éternité, antérieur à toute pensée humaine, un feu gratuit comme un don du ciel, un signe vivant des éléments que les passants désabusés ne remarquent même plus, feu né dans les tranchées des rues de Prague de la destruction de bouts de bois pour réchauffer les yeux et l'âme vagabonde.
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Cependant, tel le beau poisson qui scintille parfois dans le courant d'une rivière aux eaux sales et troubles à la sortie des usines, brille de temps en temps dans ce flot de vieux papiers le dos d'un volume précieux ; ébloui, je regarde un moment ailleurs, puis je le repêche, je l'essuie à mon tablier, je l'ouvre, je hume le parfum de son texte, je concentre mon regard sur la première phrase et la lis telle une prédilection homérique...
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Je sais qu'ils devaient être encore plus beaux, les temps où toute pensée n'était inscrite que dans la mémoire des hommes. En ces temps-là, pour compresser des livres, il aurait fallu presser des têtes humaines ; mais même cela n'aurait servi à rien, parce que les véritables pensées viennent de l'extérieur, elles sont là, posées près de vous comme une gamelle de nouilles, et tous les Konias, tous les inquisiteurs du monde brûlent vainement les livres : quand ces livres ont consigné quelque chose de valable, on entend encore leur rire silencieux au milieu des flammes, parce qu'un vrai livre renvoie toujours ailleurs, hors de lui-même.
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Seigneur, dit le philosophe, qui se leva pour voir la petite locomotive venant chercher les chargeuses remplies, pour voir disparaître les jets d'eau qui avaient arrosé le haut fourneau, Seigneur, il y avait une pute chez U Suhu, quand elle se promenait sur l'avenue Ferdinand, c'était un vrai phénomène de la nature, satisfaite, reposée, la vraie femme originelle, tout le monde se retournait sur son passage, et ce que les mâles avaient de mâle était raide comme une pompe à vélo .... Cette femme, elle était en soi l'esprit absolu de la terre, pour parler en termes hégéliens ....
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Attention, chef-d'œuvre !
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Le monde s'obscurcit subitement : moi qui, trente-cinq ans durant, avais travaillé dans l'encre et la maculature, moi qui ne vivais que de l'espoir de découvrir à tout instant dans cette masse infecte un beau volume, un cadeau, je devrais maintenant emballer des paquets d'une blancheur inhumaine !
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............car moi, lorsque je lis, je ne lis pas vraiment, je ramasse du bec une belle phrase et je la suce comme un bonbon, je la sirote comme un petit verre de liqueur jusqu'à ce que l'idée se dissolve en moi comme l'alcool; elle s'infiltre si longtemps qu'elle n'imbibe pas seulement mon cerveau et mon cœur, elle pulse cahin-caha jusqu'au racines de mes veines, jusqu'aux radicelles des capillaires.
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Lorsque je lis,je ne lis pas vraiment,je ramasse du bec une belle phrase et je la suce comme un bonbon,je la sirote comme un petit verre de liqueur jusqu'à l'idée se dissolve en comme comme l'alcool;elle s'infiltre si lentement qu'elle n'imbibe pas seulement mon cerveau et mon cour ,elle pulse cahin-caha jusqu'aux racines de mes veines,jusqu'aux radicelles des capillaires .
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Et moi, au pied de la montagne de papier, je me fais tout petit comme Adam dans son buisson, un livre à la main j'ouvre des yeux affolés sur un monde étranger à celui où je me trouvais, parce que moi, quand je plonge dans un livre, je suis tout à fait ailleurs, dans le texte...tout étonné, il me faut bien avouer être parti dans mes songes, dans un monde plus beau, au coeur même de la vérité. Tous les jours, dix fois par jour, je suis ébahi d'avoir pu m'en aller si loin de moi-même. (Laffont/ Pavillons Poche, 2007, p.16)
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Et je pressai, je pressai avec fureur des paquets anonymes, sans la moindre reproduction de maître ancien ou moderne, je ne faisais que le boulot pour lequel on me payait, fini l’art, la création, l’enfantement dans la beauté, en continuant à ce train-là, je pourrais certainement former à moi tout seul une brigade socialiste du travail avec l’engagement d’accroître de cinquante pour cent la productivité annuelle, et j’aurais sûrement droit aux chalets de l’entreprise, j’irais certainement passer l’été en Grèce, faire en caleçon long le tour du stade d’Olympie et m’incliner à Stagire en l’honneur d’Aristote. Ainsi, buvant directement le lait à la bouteille, je travaillai, inhumain, insensible comme les gens de Bubny, et le soir tout était fini, j’avais tout écrasé, prouvant ainsi que je n’étais pas une nullité.
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Mes meilleurs copains, pourtant, c’étaient les racleurs d’égout, deux académiciens qui faisaient un bouquin sur les cloaques et les égouts de Prague ; c’est eux qui m’apprirent que les excréments qui coulent à la station d’épuration de Podbaba sont tout autres les dimanches et les lundis, les jours sont si bien différenciés qu’on peut établir un graphe du débit des excréments d’après le flux des préservatifs, on peut encore identifier les quartiers de la ville où on baise le plus et inversement, mais ce qui me frappait surtout, c’était leur article sur les guerres des rats et des surmulots, aussi totales que celles des hommes ; justement, une de ces guerres venait de se terminer par l’absolue victoire des rats qui s’étaient immédiatement partagés en deux groupes, en deux clans, en deux sociétés organisées et à ce moment précis, dans tous les égouts, dans tous les cloaques de la ville de Prague se déchaîne une lutte à la vie et à la mort, une grande guerre des rats dont le vainqueur régnera sur toutes les ordures et tous les excréments qui coulent jusqu’à Podbaba ; ces distingués égoutiers m’apprirent encore qu’une fois cette guerre terminée les vainqueurs se rescinderaient en deux camps, selon les lois de la dialectique, tout comme se fractionnent les gaz et les métaux et tout ce qui vit dans le monde pour que dans la lutte reprenne le mouvement vital ; ainsi par le désir d’équilibrer les contraires, l’harmonie est atteinte et le monde dans son ensemble n’est jamais bancal.
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[…] j’ai fait faire dans ma chambre, au-dessus des deux lits jumeaux, des étagères en forme de baldaquin, de ciel de lit et j’y ai empilé deux tonnes de livres trouvés pendant ces trente-cinq ans ; quand je m’endors, ces deux tonnes de bouquins pèsent sur mes songes comme un énorme cauchemar… Si je me retourne brusquement, si je crie ou m’agite en dormant, j’entends, épouvanté, le glissement des livres, il suffirait d’un frôlement, d’un cri pour que tout s’abatte du ciel sur moi comme une avalanche, une corne d’abondance qui viderait sur moi ses livres rares et m’aplatirait comme un pou, j’ai souvent l’impression d’un complot tramé par ces livres pour venger les innocentes souris que je mets tous les jours en bouillie.
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Quelquefois je reste là, enroulé sur moi-même jusqu’à minuit, je me réveille, je lève la tête, à l’endroit des genoux mon pantalon est trempé de salive tant j’étais replié, lové sur moi-même, comme un petit chat l’hiver, comme le bois d’un rocking-chair ; je peux m’offrir le luxe de m’abandonner car je ne suis jamais vraiment abandonné, je suis simplement seul pour pouvoir vivre dans une solitude peuplée de pensées, je suis un peu le Don Quichotte de l’infini et de l’éternité, et l’infini et l’éternité ont sans doute un faible pour les gens comme moi.
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