Citations de Boris Bergmann (98)
Je marche sur le peu de lumière qu'il me reste, au milieu du cap et des soldats-zombies qui flanchent : rester debout, c'est prendre le risque de s'écrouler en permanence.
Peut-être que j'ai cru en Dieu quand j'ai posé mes lèvres sur les siennes.
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mon bras s'approche. Je ne le contrôle plus,il traverse le mur. Ma peau se disloque, je suis un fantôme,on ne peut pas m'attacher. Je suis INTOUCHABLR.. La réalité, les règles, la logique, tout ça disparaît en un éclair.
J'ai de mauvais souvenirs de la cantine, communs à tous ceux qui ont connu l'école publique : la brandade de morue plastifiée, la salade de fruit chimique avec en son centre, seule trouvaille intéressante, la cerise confite, rouge vif, point G fluo. Et le reste : les jets de nourriture, les moqueries des autres élèves, les gueulantes des surveillants, le niveau sonore à son perpétuel maximum. Tout un décorum à vous écoeurer de la bouffe.
Priver l’ennemi d’ennemi : le rêve de toute une hiérarchie. Le pire c’est que ça marche. L’engagement total des soldats de Dieu ne peut plus nous atteindre. Ils finissent par se blesser eux-mêmes : agissant comme une maladie auto-immune, les Tartuffes kamikazes accélèrent la destruction de ce qu’ils veulent sauver – leur religion. Face à eux, notre fanatisme flambant neuf, épine dronale, sacralise notre désengagement, bénit notre absence. Et ce ne sont pas quelques soldats comme nous, en manque d’implication, qui vont venir dérégler cette machinerie ultrafonctionnelle.
Cette nouvelle guerre, on ne la voit pas. On finit pas ne plus y croire. Elle ne fait pas de fumée, elle soupire, juste assez pour se cacher de nos vies. Elle s’absente.
Les souvenirs s'accrochent facilement à la peau et le meilleur des savons n'arrive pas à les faire partir.
De toute façon, l'amour est un jardin public : on y entre, on en sort... Mais à partir d'une certaine heure, tout ferme.
Tous les sentiments sont bons à prendre, toutes les réactions se valent. Seul l'ennui est à proscrire, il ne nous fait que disparaître plus vite.
Il devait arrêter de mentir. Il devait enfin se tourner vers son vrai passé. Il ne pouvait pas revenir en arrière, il ne pouvait pas changer les choses. Mais il pouvait redevenir libre. Il pouvait se libérer définitivement du fantôme de ses souvenirs trafiqués.
Une fois le taureau tué, les toreros ne sont plus que des hommes comme les autres. Ils font un dernier tour de l’arène, la tête couverte de fleurs et le sourire aux lèvres. Mais c’est tout. On ne se souvient d’eux que s’ils sont tués par la bête. Pour être immortel, ils doivent mourir.
Tous les sentiments sont bons à prendre, toutes les réactions se valent. Seul l’ennui est à proscrire, il ne nous fait que disparaître plus vite.
Quel doux plaisir d’être quelqu’un d’autre. Quel doux plaisir de pouvoir se réinventer.
Pour être riche, il faut savoir choisir la bonne coupe pour ses costumes, le bon métal (prenez le plus précieux) pour ses boutons de manchettes, les bonnes lunettes pour ne pas être aveuglé par les étoiles du restaurant où l’on se montre, les bonnes chaussures pour marcher bien droit, la bonne montre qui donne l’heure d’ailleurs, la bonne petite amie, la bonne bouteille de champagne sur la bonne table avec les bonnes personnes dans le bon club de la bonne ville d’un bon continent où vous êtes arrivé quelque temps plus tôt dans le bon avion (en première, bien sûr)...
Ambition, néant,j'ai déjà donné.
ÉJACULATION PRÉCOCE."
"Je transperce la nuit, déjà loin.
Toujours.
Vous connaissez la fin: tout le monde meurt.
e commence à m'admirer; je dois être parfait.
"Aldo, es-tu prêt à tout détruire ce soir?"
Je suis prêt./ Je suis toujours prêt.../ Je suis né prêt.
Il se met à imaginer les ventres et les pieds des filles - il n'ose pas deviner le reste, le jamais-vu, le jamais goûté. Cette colline légère, ancien volcan au cratère devenu fente que laisse apparaître un maillot de bain, comme une trace fugitive, une empreinte fossilisée. Il aimerait voir, toucher, fouiller au-delà du tissu, pour de vrai, rien qu'une fois.
Issa commence à vouloir.
Peu importe le sexe ou l'âge.
Pas d'amour .
Aime en Zone, c'est le verbe faible .
Elle hurle maintenant, balaye de ses poings le dos qu' Issa a courbé pour le rendre moins sensible à ses coups . Non pas qu'elle lui fasse vraiment mal - sa mère est épuisée par sa journée de ménages, ses poings fanent sur sa peau et ne font presque pas de bruit, aucun choc - , mais une mère qui lève la main , çà fait toujours saigner . Même en silence .
Une femme qui aime est omnisciente : elle voit tout, elle sait tout, elle est tout.
Comme pour beaucoup d’autres virus, il n’existe pas de remèdes mais c’est bien le seul fléau dont personne ne veut être guéri.