Citations de Bret Easton Ellis (357)
C’est quelqu’un qui essaie de rester jeune parce qu’elle sait que ce qui compte le plus, c’est l’apparence juvénile. C’est censé faire partie de la séduction : tout maintenir jeune et lisse, tout maintenir à la surface, même si l’on sait qu’elle va craqueler et ne pourra être maintenue à jamais – en tirer avantage avant que la date de péremption ne se rapproche.
— Comment savoir si vous n’êtes pas dingue ? Comment savoir si vous n’êtes pas le mec le plus dingue que j’aie jamais rencontré ?
— Vous allez devoir me tester.
C’est juste une fille qui s’en est toujours sortie grâce à sa beauté – sa monnaie d’échange dans ce monde – et ce ne sera pas drôle de la voir vieillir.
L'héroïne progressant en moi, j'ai pensé à la dernière fois que j'avais vu mon père vivant. Il était ivre et gros dans un restaurant de Berverly Hills, et recroquevillé sur moi-même dans mon lit, j'ai pensé : et si j'avais fait quelque chose ce jour-là ? J'étais resté assis, passif, à la table du restaurant, dans Maple Drive, alors que la lumière de la mi-journée envahissait la salle à moitié vide, en train de peser le pour et le contre. [...] J'ai vaguement souri à ce souvenir, en pensant que je pouvais oublier le mal qu'un père peut faire à son fils. Je ne lui avais jamais reparlé. C'était en mars 1992 et il est mort au mois d'août suivant dans la maison de Newport Beach. Dans mon lit de la 13e Rue, j'ai compris l'unique chose que j'étais en train d'apprendre de mon père : à quelle solitude les gens se condamnent [...]. Que nous avions tous deux échoué à comprendre que nous partagions le même cœur.
Son briquet, qui ressemble à un petit revolver doré, est sur la table de nuit près de la bouteille et du verre vide et je me souviens que, lorsqu'il me l'a montré la première fois, je pensais vraiment qu'il allait tirer et, voyant qu'il ne le faisait pas, j'ai senti que ma vie serait décevante, et j'ai regardé ses yeux, qui ôtaient toute importance aux choses, telles des piscines, des flaques d'eau, incapables du moindre souvenir, et je me suis plongée dans ce regard jusqu'à ce que je m'y sente bien.
Une des grandes erreurs que l'on peut commettre est de croire que les bonnes manières ne sont que l'expression d'une pensée heureuse.
Plus tu es splendide, plus tu es lucide
La civilisation ne peut exister sans quelques contraintes. Si nous suivions toutes nos impulsions, nous nous entretuerions.
- Featherhead ? Comme diable es-tu passé de Leatherface à Featherhead ?
- Allez, remets-toi, Bateman, dit-il, me gratifiant d’une claque dans le dos, puis commençant à me masser la nuque. Qu’es-ce qui se passe ? Tu n’as pas eu ton shiatsu, ce matin ?
- Continue de me tripoter comme ça, dis-je, les paupières serrées, tout mon corps électrisé, tendu, ramassé, prêt à bondir, et c’est un moignon que tu auras au bout du bars.
- Oh, là, du calme, du calme, mon petit pote, fait McDermott, reculant, faussement effrayé. Tous deux se mettent à ricaner comme des imbéciles et échangent une grande claque, sans deviner le moins du monde que je lui tronçonnerais volontiers les mains et, de plus, avec joie.
Il existe une idée de Patrick Bateman, une espèce d'abstraction, mais il n'existe pas de moi réel, juste une entité, une chose illusoire et, bien que je puisse dissimuler mon regard glacé, mon regard fixe, bien que vous puissiez me serrer la main et sentir une chair qui étreint la vôtre, et peut-être même considérer que nous avons des styles de vie comparables, je ne suis tout simplement pas là. Signifier quelque chose : voilà ce qui est difficile pour moi, à quelque niveau que ce soit. Je suis un moi-même préfabriqué, je suis une aberration. Un être non-contingent. Ma personnalité est une ébauche informe, mon opiniâtre absence de coeur. Il y a longtemps que la conscience, la pitié, l'espoir m'ont quitté (à Harvard, probablement), s'ils ont jamais existé. Je n'ai plus de barrière à sauter. Tout ce qui me relie à la folie, à l' incontrôlable, au vice, au mal, toutes les violences commises dans la plus totale indifférence, tout cela est à présent loin derrière moi. Il me reste une seule, une sombre vérité : personne n'est à l'abri de rien, et rien n'est racheté. Je suis innocent, pourtant. Chaque type d'être humain doit bien avoir une certaine valeur. Le mal, est-ce une chose que l'on est ? Ou bien est-ce quelque chose que l'on fait ? Ma douleur est constante, aiguë, je n'ai plus d'espoir en un monde meilleur. En réalité, je veux que ma douleur rejaillisse sur les autres. Je veux que personne n'y échappe. Mais une fois ceci avoué- ce que j'ai fait des milliers de fois, presque à chaque crime -, une fois face à face avec cette vérité, aucune rédemption pour moi. Aucune connaissance plus profonde de moi-même, aucune compréhension nouvelle à tirer de cet aveu.
Comment pourrait-elle donc comprendre que rien ne pourrait jamais me décevoir, puisque je n'attends plus rien ?
- Sur le plan humain elle est vraiment moche.
- Bon dieu, Bateman, gémit Hamlin, mais qu'est-ce que ça veut dire ?
- Quoi ? Elle est moche, c'est tout.
- Et alors ? Il est question de son corps, pas d'autre chose. Laurie Kennedy est un trésor, déclare Hamlin, catégorique. Et ne vient pas prétendre que tu t'intéressais à quoi que ce soit d'autre.
- Si humainement, elles sont valables, alors… c'est que quelque chose ne va pas du tout, déclare Reeves, un peu déconcerté par ses propres paroles.
- Si elles sont valables humainement, et qu'elles sont pas baisables – Reeves lève les deux mains en un geste sibyllin -, qu'est-ce qu'on en a à foutre ?
Une des grandes erreurs que l'on peut connaître est de croire que les bonnes manières ne sont que l'expression d'une pensée heureuse. Les bonnes manières peuvent être 'expression d'un large éventail d'attitudes. Voici le but essentiel de la civilisation : exprimer les choses de façon élégante et non pas agressive. Une de ces errances est le mouvement naturiste, rousseauiste des années 60 où l'on disait : "pourquoi ne pas dire tout simplement ce que l'on pense ?"
La civilisation ne peut exister sans quelques contraintes. Si nous suivions toutes nos impulsions, nous nous entreturions.
Le film implorait notre sympathie tandis que le livre n’en avait rien à foutre.
Je ne veux pas de l'amour. Si je me mets à aimer des trucs, je sais que ça va être pire, que ce sera encore une chose qui me causera du souci. Tout est moins douloureux quand on n'aime pas.
Exceptionnel. Gore a souhait, extremement derangeant, voir perturbant. Bien ecrit, belle histoire, bon contexte. Je conseille (le livre, pas le film)
Tu es au-delà du malaise. Tu te forces à les regarder. Tu t'empêches de tomber. Tu essaies de ne pas t'en foutre. Mais tu n'y parviens pas. Même si tu voulais, tu ne pourrais pas. Et maintenant, dans cette pièce, tu t'aperçois qu'ils le savent aussi. La confusion et le désespoir ne poussent pas nécessairement une personne à agir. Quelqu'un, chez ma première attachée de presse, m'a dit ça un jour. Et ça ne refait surface qu'aujourd'hui. C'est seulement maintenant que ça signifie quelque chose pour moi.
Non loin de là, une mère donne le sein à son bébé, ce qui éveille quelque chose d’horrible en moi.
"Tu as maigri, dit-il.
- Bof
- Tu es pâle.
- C'est la drogue, je marmonne.
- Que dis-tu?"
Je le regarde et déclare à haute voix: " J'ai pris deux kilos depuis que je suis rentré."
" Oh", il fait, et il se serre un verre de vin blanc.
Tu me donnes l'impression que c'est la fin du monde.