Paru en 1985, 2 ans après la mort de John Fante (1909-1983), ce roman s'inspire de la vie de l'auteur comme tous ses livres. Fils d'immigrés italiens, John Fante revêt donc cette fois-ci l'habit de Henry, écrivain raté, fana de belles voitures... qui mise sur des scénarios de TV et pointe au chômage.., et qui habite en Californie au bord de la mer. Les descriptions du village de bord de mer, de la grande maison, des promenades à la plage font rêver, mais le récit est à contre-courant...
Henry est marié depuis 25 ans à Harriet, parfaite incarnation du milieu WASP alors que lui se sent de plus en plus attiré vers ses racines italiennes et rève de laisser femme et (grands) enfants pour s'envoler seul vers Rome. (d'où le titre original : "West of Rome", qui me fait l'effet de placer l'intrigue plus autour du personnage du narrateur que le titre français).
Le couple Henry/Harriet Molise semble mal assorti, mais a réussi à tenir "ensemble" autour des 4 enfants.
L'arrivée du Chien dans la maison agit comme révélateur des dissensions entre les membres de la famille.
Le narrateur s'attache à cet énorme Chien qu'il appelle "Stupide", et qui a l'affreuse manie de se jeter goulûment sur tous les...mâles, hommes ou chiens ! C'est donc un animal énorme doté d'un organe énorme également, et qui se livre à ses envies comme bon lui semble, sans retenue.
Un gros pataud lubrique prénommé Stupide, qui agresse autant qu"il peut le fiancé de la fille, si bien que cette dernière fixe un ultimatum à ses parents : le chien ou elle... le père lui préfère le chien. Et c'est le départ de la fille qui s'en va vivre avec son fiancé dans une caravane.
Les enfants sont en effet devenus de jeunes adultes, et chacun voit midi à sa porte sans trop se soucier des autres. Les fissures du modèle familial éclatent au grand jour peu à peu, chaque enfant après l'autre, et finalement tous les enfants quittent le nid dans des circonstances plus ou moins heureuses, mais au grand désarroi des parents. La mère ne peut accepter que son fils aîné sorte avec une femme noire, et ce racisme la mine totalement. Le fils finit par épouser sa copine noire... qui lui cogne dessus sans façons ! Le petit dernier qui faisait la fierté de ses parents, finit par admettre qu'il sêche l'université et veut travailler dans le social auprès d'enfants handicapés.
Au final, le Chien est un liant entre les différents membres. Et quand il disparaît un jour, toute la famille se lance à sa recherche. Henry le retrouvera par hasard réfugié dans l'enclos à cochon d'un ferrailleur. C'est un moment épique du roman : le chien Stupide est devenu inséparable de la truie Emma, qu'il considère comme sa mère. Il lui lèche le dos dès qu'elle se salit et cet énorme Akita suit partout béatement la petite truie...
On pense alors que le roman connaît malgré tout une fin heureuse : le chien est retrouvé et la mignonne truie sauvée du barbecue... Henry réunit chien et truie dans le corral de la maison pour faire une surprise "attendrissante" à sa femme. Au contraire, Harriet en voyant ce spectacle perd tout espoir de reconstruire une vie normale avec Henry - elle le quittera certainement comme elle l'en avait menacé. et Henry déchante brutalement lui aussi : "Soudain je me mis à pleurer", tandis que Stupide et Emma sont allongés tranquillement côte à côte...
Un livre qui, contrairement à ce qui figure au dos de la couverture ("Si vous avez des idées noires, plongez-vous dans Mon chien stupide. Vous en sortirez revigoré") n'est pas le roman "drôle, ironique, tragique, bouleversant"" auquel je m'attendais... Un bon livre, une histoire de déroute familiale totale, de carrière ratée, de rêve brisé, la vie (décortiquée de près) finalement pas si reluisante en Californie au bord du Pacifique, et l'attachement au Chien pourtant monstrueux et libidineux... Lire la suite sur mon blog : http://coquelicoquillages.blogspot.com/2012/03/john-fante-mon-chien-stupide.html
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