Tout d’abord un grand merci à Babélio et aux Editions du Pommier pour ce roman très agréable remporté lors de la dernière opération MC. J’apprécie beaucoup de découvrir ainsi des pépites de petits éditeurs que je n’aurais jamais lues autrement.
Dans ce roman autobiographique, l’auteur, sous le nom d’Ugo, nous raconte son enfance et le début de son adolescence, jusqu’à la mort de sa grand-mère. Il a deux soeurs ainées, Roseline et Patricia et un frère cadet, Pascal. Ils sont nés dans un village d’Auvergne, dans un quartier habité surtout par des émigrés italiens venus après la guerre chercher une vie meilleure. Ils sont très soudés et essaient de perpétuer les traditions du pays, leurs maisons sont petites et sans confort, mais on considérait cela comme normal dans les années cinquante. Leur voisine, la vieille Marguerite tenait une mercerie-buvette et les enfants y étaient rois, ils jouent des heures durant parmi les merveilles vendues dans la petite boutique où les jeunes mères se réunissaient l’après-midi pour boire le café, un rituel incontournable de la communauté. Au village, la vie est simple et heureuse, du moins pour les enfants qui ne perçoivent pas les tensions entre les adultes. Puis la famille déménage à la Cité, un quartier ouvrier qui jouxte la Verrerie. Ugo se fait d’autres amis et sa vie continue à peu près comme avant, il aime jouer dans les ruines d’un vieux château, mais déteste l’école, le catéchisme et la messe. Leur maison n’est pas plus confortable, il n’y a ni salle de bain ni toilettes en dehors d’une vieille cabane au fond du jardin, mais c’est normal. Le père ne peut plus aller travailler suite à une attaque qui le laisse trop handicapé. Désormais coupé du reste des ouvriers italiens ou français, il sort rarement de sa cuisine et surveille les enfants avec colère et sévérité, l’ambiance familiale devient très lourde.
L’auteur parle en détail de la vie de ces émigrés plus ou moins intégrés et de cette vie villageoise marquée par quelques figures originales. L’alcool est omniprésent et n’a pas mauvaise réputation, l’ivresse fait partie de la vie ouvrière, comme la pétanque et l’amicale laïque. Cette vie d’un autre temps durera jusqu’au début des années 1970. Puis le formica et le frigidaire envahiront les maisons, mais surtout la télévision qui ouvre l’horizon bouché de ces ouvriers, leur permettant de voyager sans quitter leur cuisine, le confort moderne s’installe peu à peu, ce qui change la vie. On n’est plus hors du temps et les personnes âgées comme la grand mère font enfin quelque chose que leurs ancêtres, si importants n’ont jamais fait, la mort de cette génération marquera la fin d’une époque, et du roman.
Le lignage, le sang sont très importants et les ancêtres gardent un oeil critique sur les vivants, la vie n’est pas légère, du moins pour les adultes, les hommes commandent et les femmes s’occupent des enfants et de la maison. Elles croyaient aux contes véhiculés par Nous deux, mais les jeunes femmes déchantent vite après le mariage. Pour la génération des parents d’Ugo, il est essentiel que leurs enfants fassent des études pour connaître une vie meilleure.
Ce témoignage détaillé d’une vie communautaire aujourd’hui révolue est vraiment très intéressant et j’ai beaucoup apprécié ce livre rédigé en chapitres courts et fluides.
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