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EAN : 9782746524668
Le Pommier (05/01/2022)
3.73/5   11 notes
Résumé :
Années 1950 et 1960. Un village de la plaine du Forez, Saromain, avec ses deux usines, ses prés et ses vaches, sa Cité ouvrière. Les garçons, comme Ugo, le narrateur, vivent encore à l’heure des frondes et des oiseaux qu’on déniche. Les jeunes filles rêvent toujours au prince charmant en lisant Nous Deux. Les femmes font la lessive au lavoir du Canal. Les hommes, qui ne quittent jamais leurs bleus de travail, vont à la chasse, à la pêche, jouent aux boules, s’enivre... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique
Tout d'abord un grand merci à Babélio et aux Editions du Pommier pour ce roman très agréable remporté lors de la dernière opération MC. J'apprécie beaucoup de découvrir ainsi des pépites de petits éditeurs que je n'aurais jamais lues autrement.

Dans ce roman autobiographique, l'auteur, sous le nom d'Ugo, nous raconte son enfance et le début de son adolescence, jusqu'à la mort de sa grand-mère. Il a deux soeurs ainées, Roseline et Patricia et un frère cadet, Pascal. Ils sont nés dans un village d'Auvergne, dans un quartier habité surtout par des émigrés italiens venus après la guerre chercher une vie meilleure. Ils sont très soudés et essaient de perpétuer les traditions du pays, leurs maisons sont petites et sans confort, mais on considérait cela comme normal dans les années cinquante. Leur voisine, la vieille Marguerite tenait une mercerie-buvette et les enfants y étaient rois, ils jouent des heures durant parmi les merveilles vendues dans la petite boutique où les jeunes mères se réunissaient l'après-midi pour boire le café, un rituel incontournable de la communauté. Au village, la vie est simple et heureuse, du moins pour les enfants qui ne perçoivent pas les tensions entre les adultes. Puis la famille déménage à la Cité, un quartier ouvrier qui jouxte la Verrerie. Ugo se fait d'autres amis et sa vie continue à peu près comme avant, il aime jouer dans les ruines d'un vieux château, mais déteste l'école, le catéchisme et la messe. Leur maison n'est pas plus confortable, il n'y a ni salle de bain ni toilettes en dehors d'une vieille cabane au fond du jardin, mais c'est normal. le père ne peut plus aller travailler suite à une attaque qui le laisse trop handicapé. Désormais coupé du reste des ouvriers italiens ou français, il sort rarement de sa cuisine et surveille les enfants avec colère et sévérité, l'ambiance familiale devient très lourde.

L'auteur parle en détail de la vie de ces émigrés plus ou moins intégrés et de cette vie villageoise marquée par quelques figures originales. L'alcool est omniprésent et n'a pas mauvaise réputation, l'ivresse fait partie de la vie ouvrière, comme la pétanque et l'amicale laïque. Cette vie d'un autre temps durera jusqu'au début des années 1970. Puis le formica et le frigidaire envahiront les maisons, mais surtout la télévision qui ouvre l'horizon bouché de ces ouvriers, leur permettant de voyager sans quitter leur cuisine, le confort moderne s'installe peu à peu, ce qui change la vie. On n'est plus hors du temps et les personnes âgées comme la grand mère font enfin quelque chose que leurs ancêtres, si importants n'ont jamais fait, la mort de cette génération marquera la fin d'une époque, et du roman.

Le lignage, le sang sont très importants et les ancêtres gardent un oeil critique sur les vivants, la vie n'est pas légère, du moins pour les adultes, les hommes commandent et les femmes s'occupent des enfants et de la maison. Elles croyaient aux contes véhiculés par Nous deux, mais les jeunes femmes déchantent vite après le mariage. Pour la génération des parents d'Ugo, il est essentiel que leurs enfants fassent des études pour connaître une vie meilleure.

Ce témoignage détaillé d'une vie communautaire aujourd'hui révolue est vraiment très intéressant et j'ai beaucoup apprécié ce livre rédigé en chapitres courts et fluides.

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Habillés d'une fine couche de givre que les rayons d'un soleil hivernal n'ont réussi à faire fondre, les pommiers alentour, en dormance, n'ont encore revêtu leur feuillage luxuriant des beaux jours. Et pourtant, au milieu de ceux-ci, un intrus, aux fruits déjà bien ronds, prêts à être cueillis. A l'abri dans la boîte aux lettres, imprimé près d'une adresse parisienne, le pommier à la ramure développée n'est autre que le logo des éditions du même nom. Au dessous de celui-ci, une adresse manuscrite, à la graphie bleutée et féminine, qui a permis à cette enveloppe matelassée de voyager jusqu'ici, avec, en son intérieur, un livre proposé par Babelio lors de sa sélection Masse Critique de janvier : "Nos années glorieuses" de Bruno Testa, paru aux Editions le Pommier.
"Fin du dix-neuvième siècle. Des dizaines d'Italiens quittent leur région natale, entre Rome et Naples, pour un village de la plaine du Forez qui vivote depuis plus de mille ans à l'ombre de son prieuré. Ils arrivent appelés comme main d'oeuvre par une verrerie qui vient de s'installer." Ainsi est résumé le titre "Les Italiens", sur le site des éditions Utopia, livre précédent de Bruno Testa, journaliste aux origines italiennes, mais natif du Forez. Exit la fin du dix-neuvième siècle, place aux années d'après-guerre, à travers "Nos années glorieuses". Mais toujours cette même plaine, entre le parc naturel régional du Livradois-Forez et le mont Pilat, entre Montbrison et Saint-Etienne, à Saromain plus précisément. Une ville ligérienne qui ne semble exister sous un tel nom mais qui invariablement fait penser à Saint-Romain-le-Puy, à sa verrerie, à son Pic "volcanique" surmonté d'un prieuré.
Un livre plutôt court, d'à peine 200 pages, imprimé sur papier bouffant où Ugo, le narrateur, qui comme Bruno, l'auteur, possède les deux mêmes voyelles dans son prénom et a vu ses aïeux quitter l'Italie pour venir s'installer en France, évoque ses souvenirs d'enfance et d'adolescence. Des souvenirs souvent souriants, pleins de tendresse et de justesse, parfois plus graves, aux multiples personnages, attachants, hauts en couleur, qui sentent bon le goût du vécu et de la nostalgie. Et le progrès qui, au fur et à mesure que le livre avance, commence à pointer le bout de son nez, même dans ce petit village. Un témoignage d'une autre époque, révolue, où les conditions de vie n'étaient pas toujours faciles mais où simplicité et convivialité étaient des valeurs sacrées. Abordés à travers des chapitres courts, avec une écriture simple, fluide, sans fioriture, ces souvenirs sont appréciables et la lecture très agréable.
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Au coeur de la plaine du Forez, le village de Saromain vit au rythme de ses deux usines, entre les prés et la Cité ouvrière. Nous sommes en plein dans les années 1950 – 1960 et le narrateur se souvient de son enfance au sein de la communauté italienne qui s'est installée ici. Alors que les plus jeunes découvrent les yé-yé, que les jeunes filles essaient de gagner une certaine liberté, que la télévision et le frigidaire entrent dans les foyers, que le formica et le néon remplacent les bois et les lumières plus traditionnelles, les plus anciens restent attachés à leurs racines et à leur histoire et ont du mal à accepter tous ces changements.

L'auteur nous raconte ici une époque révolue à travers un récit assez nostalgique. Si le roman se passe au sein de la communauté italienne, l'histoire de ces ouvriers qui espèrent mieux pour leurs enfants reste assez universelle. Bruno Testa retrace les derniers moments d'une époque qui s'achève, les plus jeunes s'éloignant du modèle des plus anciens pour vivre leur vie.

Le narrateur grandit ainsi entre ses parents, ses deux soeurs et son frère. Pas de rebondissement dans ce roman, mais une succession de souvenirs, d'instantanés de vie qui constituent la trame d'une vie familiale dans une époque où les hommes s'échinaient à l'usine avant de se retrouver au café et où les femmes tuaient le temps en se rassemblant dans la cuisine de l'une ou de l'autre avant de retourner à leurs tâches de femme au foyer : la lessive au lavoir, les courses, les repas pour la famille, la surveillance des devoirs des enfants.

C'est un joli livre et on sent chez l'auteur une infinie tendresse pour tous les personnages qui traversent ce livre et qui, on l'imagine, ont traversé son enfance. Et c'est sans doute pour lui une belle manière de leur rendre hommage en leur redonnant vie grâce à ses souvenirs.
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Au travers de multiples moments de vie dans cette cité ouvrière, Bruno Testa nous ramène, non sans une pointe de nostalgie, à cette époque que, comme dirait le poète, "les moins de cinquante ans ne peuvent pas connaître".

Au travers de cette écriture tantôt poétique, tantôt extrêmement drôle, l'auteur nous fait revivre cette époque aujourd'hui consignée dans nos livres d'Histoire, cette époque de convivialité, avec ses personnages hauts en couleur (même le père qui fait forte impression), où la technologie n'avait pas encore pris le pas sur nos vies (l'apparition de la télévision ne se fait qu'à la fin du livre).

Un roman à lire pour ceux qui ont envie d'une petite bouffée de nostalgie et à ceux qui, étant trop jeunes pour l'avoir vécue, ont envie de découvrir cette tranche de vie d'il y a soixante ans.
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Chronique d'une époque révolue "Nos années glorieuses" a fait remonter à ma mémoire des tonnes de souvenirs . Je suis de la même génération que l'auteur et mis à part le fait que je ne suis pas d'origine italienne j'ai vécu les mêmes choses que lui . J'ai connu les plaisirs de jouer dehors sans danger , les petites villes avec ses personnages de légende et découvert petit à petit comme lui le monde et ses injustices. C'est une évocation pleine de tendresse vers ces fameuses glorieuses sixties et le début des seventies que l'on prend plaisir à lire et à se souvenir pour certains et à découvrir pour les plus jeunes .
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critiques presse (1)
LaLibreBelgique
04 mai 2022
De Bruno Testa, une plongée dans les Trente Glorieuses, à hauteur de l'enfant Ugo, en observateur appliqué.
Lire la critique sur le site : LaLibreBelgique
Citations et extraits (9) Voir plus Ajouter une citation
Par exemple de Gaulle dont on entendait la voix grandiloquente à la radio. Qu est ce que venait faire la grandeur de la France dans la vie de tous les jours quand on se lave le cul dans une cuvette et qu on chie dans un pot de chambre ?
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Son frère Mario, qui habitait dans le Midi, adepte de la Sainte Trinité pastis tiercé pétanque, ne venait il pas de toucher le gros lot et de s acheter une voiture neuve ?
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Quand ils étaient lassés de se battre, les plus téméraires se hissaient sur le mur pour regarder les filles qui jouaient à des jeux plus pacifiques. Car les sexes, depuis la primaire étaient bien séparés. Tout cela pour ne pas ramollir les futurs hommes, ne pas leur donner des idées de douceur qui se conjuguent mal avec le monde rude du labeur qui les attendait.
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Les seins nus à l'époque c'était déjà tout un monde . Dès que la pointe d'un sein apparaissait dans un film , un carré blanc prévenait les parents d'envoyer les enfants se coucher .Dire combien nous étions en manque de seins. De nichons plutôt car le nichon est au sein ce que la femme sexy est à la mère.
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La figure de l'ivrogne était de loin celle qui revenait le plus dans cette comédie. Il faut dire que les buvettes, c'est pas ça qui manquait . Du Village à la Cité, tous les cent mètres, il y avait un abreuvoir. Il n'y avait bien qu'au cimetière qu'il n'y avait pas de quoi boire, les morts se contentant de sucer les pissenlits par la racine ou l'eau qu'une fois l'an les veuves fidèles à leur devoir versaient sur les chrysanthèmes.
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