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Citations de Camille Brunel (92)


À l'âge d'or, ici, on massacrait une quarantaine de taureaux par saison, plus ou moins à vif. Les humains leur perçaient les épaules avec du métal ; l'arrière du crâne avec une épée ; puis leur tranchaient les oreilles, la queue, les testicules aussi. Les taureaux, le plus souvent, n'étaient pas vraiment morts, pas tout de suite. Le coup d'épée les plongeait plutôt dans un état de sidération interminable. Leur âme pouvait mettre des heures à s'échapper de leur crâne couvert de sang, elle les quittait parfois lorsqu'un pick-up les traînait vers l'extérieur, laissant sur le sable que foulaient maintenant Traidor et Barrabas des centaines de lignes rouges, d'un siècle à l'autre, comme un soleil dont on aurait arraché les rayons l'un après l'autre. Ne restait qu'une longue plaie qui partait de l'arène et se prolongeait sur le bitume, entre les gradins, sur le parking – où l'on chargeait le mort avant de l'envoyer à l'équarrissage.
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Le réel finissait toujours par suffire à quiconque cessait d'en réduire l'immensité par des rêveries plus immenses encore.
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On a trop longtemps considéré que les crimes contre l’humanité ne visaient que les humains, alors que les massacres de loups, de bovins, de baleines, constituent des crimes contre l’humanité aussi – ce sont des portraits d’homo sapiens en trou béant, sans regard, l’âme crénelée tout juste bonne à égorger ce qu’elle rencontre. Je l’attaquerai sans relâche.
On ne m’aimera pas. Tu ne m’aimeras plus. Je ne vais pas me tuer, mais ma vie est finie. Voilà, c’est ce que je suis venu te dire.  p. 93
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Lorsque les chauves-souris commencèrent à tomber du ciel australien, quelque chose changea chez ceux qui en furent témoins. On avait eu moins de mal, au fil des siècles, à convaincre les gens de l'existence d'une entité supérieure toute-puissante que de l'intelligence des abeilles, des daims, des opossums et des oies sauvages. Ce jour-là on se mit à douter. Dieu existait peut-être un peu moins que les animaux eux-mêmes.
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Nous sommes aujourd'hui neuf milliards et notre population continue d'augmenter. Cette affirmation est fausse. la population diminue. La population d'humains augmente, certes, mais je ne comprends pas pourquoi ne compterions qu'eux. Non ? Voyez-vous l'erreur que nous accomplissons ainsi ? En nous plaignant que la Terre ne laisse pas nourrir plus de dix milliards d'individus, nous avons déjà arraché les animaux de l'équation.
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" Enrique est devenue une sorte de poisson.Ophélie veut le garder. Pareil pour Federico, son copain veut le garder. C'est une sorte de grenouille maintenant."
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Nous occuper des animaux nous aide à supporter la mort, Cesar Milan. La nôtre et celle de ceux qui nous entourent, humains ou pas. Sans le vouloir, sans essayer, ils épongent notre chagrin quand il déborde... comme nous épongeons le leur. Les tuer n'est pas seulement cruel, c'est masochiste. C'est pire que de brûler les forêts ou de polluer les océans. C'est incendier notre pharmacie. C'est détruire notre issue de secours. Les animaux, comme les enfants, sont notre seule chance de supporter de vivre.
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"Isis n'osait plus bouger. Dinah l'avait trahie et sa honte vis à vis de sa famille le disputait à la peine qu'elle éprouvait pour l'hirondelle, en qui mourrait probablement le souvenir d'un nid d'hiver quelque part en Centrafrique, au dessus des gorilles et des éléphants qu'elle ne reverrait jamais-quelle absurdité finir tuée par une chatte après avoir survécu aux panthères"
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Quand on a suffisamment profité d'une chose pour s'en souvenir à jamais, il ne faut pas craindre de la perdre.
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Pas de panique vis-à-vis de la fin du monde quand on ne se sent plus exister soi-même.
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-" Tu as entendu parler de la prolifération d'animaux échappés? répondit-elle pour garder son exaspération sous contrôle : regarde, ils étaient en train de disparaitre et maintenant, ils reviennent alors dis moi, ça me passionne. Dis moi ce que ca t'évoque."

Octavia commença à manger sa viande : - Je ne sais pas, c'est un chant du cygne, non? Les dernières espèces essaient de rejoindre les villes au lieu de mourir dans la nature. Elles doivent imaginer que c'est un bon endroit pour survivre puisque les humains y prolifèrent. Je ne serais pas étonné si ta grue n'était qu'un animal qui avait compris qu'il fallait chercher la bouffe où elle se trouve, c'est à dire chez nous."
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Les humains sur Terre se comportent comme des nazis en territoire occupé. Comme eux, nous nous sommes voués à étendre notre espace vital, élisant quelques races supérieures – grands félins, grands singes, que l’on choie tant qu’on peut – et jetant l’anathème sur les autres, massacrés sans états d’âme – veaux, vaches, cochons, poules, canards… Les camps d’exterminations n’ont rien inventé: il existait depuis cent ans des usines à tuer qu’on appelait
“baleiniers”, Auschwitz flottants qui souillaient et sillonnaient les mers bien avant que les hommes se disent qu’ils pouvaient en fabriquer pour leurs semblables aussi. Les États-Unis étaient des plaines de bisons dont il ne reste rien. Nous nous comportons comme des envahisseurs en temps de guerre, et sommes sur le point de gagner. Des dauphins sont torturés et exécutés, en famille, dans plusieurs baies du Japon, chaque jour, depuis cinquante ans, et la seule lumière d’espoir qui leur reste, c’est de penser qu’ils n’existeront bientôt plus. Nous avons arraché leur faune aux océans, 98 %, dit-on : comment te porterais-tu si je t’arrachais 98 % des organes internes ? Nous n’avons pas été chassés de l’Éden : nous l’avons rasé. L’Afrique, berceau de la chose, n’est plus qu’un dépotoir surchauffé avec du sable au milieu et dans d’infimes cages, au milieu des déchets, se putréfient à vitesse grand V une centaine de lions, une centaine d’éléphants, un pathétique troupeau d’antilopes et un pauvre millier de zèbres. Nous avons industriellement saigné la Liberté. Dans les années 1940 le monstre a mordu la main qui l’avait dressé, mais nous sommes loin de l’avoir abattu depuis. À Bornéo, à l’instant où tu mâches, les orangs-outans vivent dans de répugnants ghettos qui ne sont que l’ombre de ce que la liberté doit être, et le reflet exact de celui de Varsovie. Ils sont battus à mort sans raison, humiliés, asphyxiés, assassinés. p. 90-91
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Nos océans ont la gangrène. La pourriture prend la forme d’immenses aires où l’oxygène s’estompe à une telle vitesse que même les poissons n’ont pas le temps de les quitter. Ce qui arrive à l’Australie en ce moment se produit sous la surface depuis des décennies: ces Zones Mortes, comme on les appelle, sont mille fois plus étendues qu’on l’imagine et nous en traversons régulièrement qui échappent encore aux cartographies. La Baltique, la Manche, la mer Noire, ce n’était que le début; ce n’était rien. À présent l’Atlantique est touché et apparemment, le tour du Pacifique est arrivé. Les déchets toxiques balancés dans les abysses depuis un siècle ont à peine commencé à fuir que les dégâts sont déjà irrémédiables. Ne répète à personne ce que je vais te dire, mais écoute-le bien: la vie sauvage n’est pas en train de s’éteindre, elle est éteinte. Il y a deux cents ans, la biomasse de la Terre était majoritairement constituée de vie sauvage. Bisons plein le Midwest, phoques sur le littoral français, oiseaux dans les villages de Bali… Cette vie sauvage constitue désormais l’exception. On ne se bat plus pour la restaurer – pour ça il faudrait des siècles, et des forces telles qu’elles ne sauraient dépendre de notre piètre désir de bipèdes – mais pour en retarder l’extinction. À l’échelle de la vie sur Terre, c’est comme si l’espèce humaine était déjà seule, et les forêts toutes mortes. Dans une cinquantaine d’années, maximum, ce sera officiel.
— Et les extraterrestres ?
— Ils ne nous aimeront pas. p. 38-39
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Le monde échappait aux humains, qui ne pouvaient plus que prendre soin des rescapés dont ils héritaient. Espérer que les circonstances s’adoucissent ou que le hasard se remette à jouer en leur faveur ne conduirait qu’à une déception plus douloureuse encore que le désespoir assumé et embrassé.
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L'écologie est un souci puéril, elle cherche à défendre l'enfance de la Terre, sa virginité, sa peau douce, son regard pur comme l'air des Pôles.
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La tigresse perça les branchages.
On n’entendit pas le coup de feu.
Fauchée en plein vol, la prédatrice s’écrasa sur sa proie, corps flasque lancé là par quelque géant désinvolte. Le petit miraculé ne chercha pas à comprendre : ses parents détalèrent, il leur emboita le pas. Quatre humains firent irruption en courant. L’un d’eux tira à l’aveugle dans la débandade, toucha l’éléphanteau qui s’effondra : Isaac reconnut la Diane yankee. À quelques mètres d’elle, ça parlait hindi. Le plus jeune des chasseurs – douze ans ? treize ? – égorgea la tigresse, encouragé par les adultes – ce ne fut pas facile, la trachée résistait. Un malaise monta du sol lorsque l’apprenti bourreau comprit qu’il venait de saigner une mère.
Isaac tendit le bras, tâtonna en quête de son fusil. Dans le cercle jaunâtre projeté par leurs torches, les braconniers avaient entrepris de ligoter les pattes de l’animal puis de le hisser sur une sorte de traîneau. Isaac éprouva l’envie de tirer, mais sa vue le trahit sous l’effet de l’adrénaline ; de son éducation aussi peut-être, de son souvenir de la justice humaine.
Le voyant ainsi, le front collé sur la crosse, invisible au-dessus du plus beau cadavre du monde et de ses fossoyeurs, on pouvait songer qu’Isaac hésitait.
Cela dura quatre minutes, puis il perfora le thorax de la chasseuse en un premier coup de feu qui excita les chauves-souris.
Le temps que le second chasseur comprenne ce qui venait de se passer, il était touché aussi; que le troisième comprenne ce qui venait de se passer et saisisse son fusil, son corps s’effondrait sur celui du tigre; que le plus jeune saisisse son fusil et repère Isaac, ce dernier le tenait en joue et lui ordonnait, en anglais, de s’immobiliser.
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Quand on a décidé de donner des droits aux esclaves, ces derniers étaient peut-être moins "savants" que ceux qui leurs accordèrent ces droits. La plupart d'entre eux imaginaient que la Terre était plate, que le Soleil tournait autour de leur village, que les maladies étaient l'œuvre de dieux; ils n'avaient, disons, pas été mis au courant. Quand Montaigne ou Rousseau s'interrogent sur la possibilité que les indigènes d'Amérique soient leurs égaux, ils parlent ainsi de créatures qui leur ressemblent, mais qui ne savent pas le dixième de ce qu'ils ont, eux, appris.
Or comme nous le savons ici ces sociétés dites primitives, pour moins savantes qu'elles étaient peut-être, n'en étaient pas moins complexes que les nôtres, ni moins développées: la différence ne se jouait qu'un niveau de la technologie et de la science. […] Il en va de même pour les animaux et pour les sociétés primitives. Les relations qu'ils entretiennent au sein de leurs communautés ne sont ni moins complexes, ni moins développées que les nôtres. Seulement différentes.
Alors quand on hésite à accorder des droits aux animaux, je ne vois que de la mauvaise foi. (pages 120-121)
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La plupart des gens ont même oublié, à force d’images de synthèse, qu’un animal est un être vivant, une présence, du sang, du bruit, des odeurs… des souffrances.
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La Réunion. Après l'attaque d'une adolescente dans une zone de baignade interdite, un massacre de requins venait d'être autorisé. [...] Danemark. Meurtre de deux girafons nés en captivité, non loin de leur mère, puis découpe de leurs cadavres devant des enfants. Etats-Unis. Déclaration de guerre aux cygnes, qui ne savent pas quoi répondre. On les accuse d'empêcher les avions de voler. Leurs nids devront être détruits. Pacifiques jusqu'au bout des rémiges, les oiseaux restent blancs et s'envolent tandis qu'on leur tire dessus, qu'ils retombent comme de lourds flocons morts. France. Acte d'annihilation des renards. Battue aux bouquetins, hélicoptères, tireurs d'élite. Traque de vingt-quatre loups en représailles de l'un d'entre eux ayant privé un éleveur du millième de son massacre annuel de brebis. Charleville-Mézières : vache échappée, criblée de balles en pleine ville ; Châlons-en-Champagne : sanglier exécuté, il avait marché sur des fleurs.

[p74]
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Les gens persuadés que l’humain se sauvera lui-même sont des mangeurs d’animaux. Ils se mentent au sujet de l’origine de la viande comme au sujet de tout le reste. Comment peuvent-ils affirmer que nous avons encore une chance de faire machine arrière ? Pour la beauté du geste ? Combien de preuves leur faut-il que le plus beau geste, désormais, n’est plus d’espérer, mais de sauver ce qui reste ? Tout ce que recherchent les médecins, c’est de fabriquer un humain capable de survivre aux particules fines, aux ondes électromagnétiques et à l’ingestion de ce que vous avez acheté dans cette boîte. En voulant guérir la pandémie de cancer provoquée par nos conditions de vie, vous voulez élaborer un homme-rat capable de survivre au tas d’immondices que ses pairs ont fait du monde, rien d’autre.
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