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3.5/5 (sur 211 notes)

Nationalité : France
Né(e) à : Châlons-en-Champagne , 1986
Biographie :

Camille Brunel est journaliste, écrivain, critique de cinéma spécialisé dans la représentation des animaux et militant pour la cause animale et végane.

Titulaire d’un M1 en Littérature comparée de l'Université Paris-Sorbonne (2006-2009), il a été professeur certifié de Lettres Modernes au lycée, de 2009 à 2016.

Camille Brunel devient végétarien en janvier 2014. À l’époque, professeur de lettres et critique, il se lance dans l’observation des animaux au cinéma.

Ses premiers textes paraissent dans les revues en ligne "Independencia" et "Vegactu", puis "Trois Couleurs", "Débordements" et "Le Café des Images". Il donne alors une conférence sur le végétarisme au cinéma pour le Forum des Images (où il enseigne également la critique aux lycéens depuis 2016) ou sur "Chicken Run", pour la Veggie Pride. Il voyage en Écosse, en Normandie, en Colombie-Britannique, et devient végane.

Le sauvegardant de la monomanie, le magazine de prospective "Usbek&Rica" lui propose, depuis 2012, d’écrire des articles sur l’avenir du spectacle, de la mort, du sexe, du voyage, de la vieillesse, de la méditation, de l’hygiène dentaire et de l’éthologie.

Durant les années 2015 et 2016, il écrit de nombreux carnets et critiques pour le "Café des images", sur le thème des animaux du ciné-club, où s'expriment déjà ses convictions d'antispéciste et de militant végane engagé pour la cause animale.

Après avoir publié en 2011, chez Gallimard, un essai romancé intitulé "Vie imaginaire de Lautréamont", il publie son premier roman aux éditions Alma en août 2018, "La Guérilla des animaux", un message animaliste dont le sujet est la défense à tout prix des animaux.

Le roman suscite l'intérêt de nombreux médias et obtient le Grand prix du premier roman de la Société des gens de lettres en novembre 2019.

En octobre 2018, il publie aux Éditions UV, "Le Cinéma des animaux", une anthologie animaliste du Cinéma.

Twitter : https://twitter.com/camillebrunel
Camille Brunel est journaliste, écrivain, critique de cinéma spécialisé dans la représentation des animaux et militant pour la cause animale et végane. Titulaire d'un M1 en Littérature comparée de l'Université Paris-Sorbonne (2006-2009), il a été professeur certifié de Lettres Modernes au lycée, de 2009 à 2016.

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Source : http://uveditions.com/
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Entretien avec Camille Brunel, à propos de son ouvrage La Guérilla des animaux


16/10/2018

Après votre essai Vie imaginaire de Lautréamont en 2011, vous publiez cette année votre premier roman, La Guérilla des animaux, l’histoire de la radicalisation d’un militant animaliste devenu misanthrope, qui souhaite carrément l’extinction de l’espèce humaine. Comment avez-vous travaillé sur ce livre, du choix du sujet jusqu’à sa publication ?

Tout est parti de la scène du prologue, dans la jungle, qui est la concrétisation d’un fantasme très primaire : venger sur place, immédiatement, le massacre des animaux sauvages. Mais très vite, ne se préoccuper que des animaux sauvages m’a semblé très insuffisant, pour ne pas dire injuste. C’est bien la relation de l’humain à tous les animaux qui me paraît viciée, pas uniquement aux plus beaux ou aux plus libres.

Parce qu’il était hors de question d’écrire un roman de l’extérieur, en touriste, je suis devenu végétarien et j’ai commencé à militer avec toute la ferveur dont j’étais capable, pour me rapprocher le plus possible du personnage que je voulais décrire. J’ai énormément appris d’un côté sur le militantisme en rejoignant le mouvement animaliste, mais aussi sur sa philosophie en découvrant les textes des Cahiers antispécistes, et sur la cognition animale via les textes des éthologues. C’était un travail tel qu’il ne pouvait se cantonner à la partie de ma vie consacrée à l’écriture. Il fallait que cela devienne ma vie, sinon ce n’était pas la peine. Il fallait que l’apprentissage soit permanent, sinon je n’avais aucune chance d’aller suffisamment loin pour apporter quoi que ce soit au débat. J’ai étudié l’animalisme au cinéma, dans la littérature, j’ai visité des parcs animaliers et manifesté contre eux, assisté à toutes sortes de happenings. Je le fais toujours maintenant que le livre est fini, évidemment.

De façon plus prosaïque, je suis parti de la biographie de Gandhi, que j’ai décalée de cent ans dans le futur. Cela m’a donné une structure grossière pour la trame d’origine. J’avais aussi une série de tableaux en tête, que j’ai disposés à ma guise sur cette trame. L’assemblage s’est rapidement mis à produire du sens. Ensuite, il n’y avait plus qu’à écrire. Le premier jet m’a pris deux ans, mais je n’ai jamais cessé de le retravailler jusqu’à la publication en 2018.



Votre style et le rythme du livre, avec ses chapitres très courts, dégagent une forme d’urgence qui fait écho à la disparition rapide des animaux, provoquée par des êtres humains présentés comme plus cruels que jamais. Ce lien entre fond et forme était-il réfléchi dès le départ, ou est-ce venu en écrivant ?

Il y a beaucoup de choses réfléchies dans le livre, mais le style n’en fait pas vraiment partie. Disons qu’étant très expansif dans les images et le récit, j’essaie de l’être un peu moins dans le style, de rattraper un peu de sécheresse de ce côté-là, ce qui explique la brièveté, parfois la brusquerie de certains passages. Mais oui, cette dureté du style, et la rapidité impitoyable des chapitres, vont de pair avec le sentiment d’urgence face à l’incendie géant qui ravage le monde animal. Ce que je veux dire c’est que ça a plus à voir avec qui je suis qu’avec quelque chose que j’aurais fabriqué à l’occasion. Ce qui est certain, c’est que c’était là dès le départ, même si le travail du texte, dans la plupart des cas, a consisté à couper des phrases trop longues ou à raccourcir les passages dès que les éléments nécessaires à la compréhension du mouvement, de l’image et de l’idée étaient déjà tous présents.


Après les expériences de militantisme politique violent entre les années 1960 et 1980 (à l’extrême gauche comme à l’extrême droite), après le combat social qui enflamme parfois les cités, vous présentez un fils de bonne famille qui prend lui aussi les armes. La cause animaliste représente-t-elle pour vous aujourd’hui un absolu de la lutte, du militantisme ?

Un absolu, c’est-à-dire la lutte ultime, la lutte des luttes ? Honnêtement j’ai envie de répondre oui, même si ça va sembler excessif. Je pense vraiment que le rapport aux animaux est à la source de tous nos maux, sexisme, racisme, classisme, capacitisme, etc, et que cette source est dans un bunker d’autant plus imprenable que même les personnes humaines visées par des oppressions ne pensent pas forcément à s’y attaquer aussi, soutenant malgré elles les schémas de pensée qui les écrasent.

L’antispécisme a ceci de vertigineux qu’il s’attaque à toutes les formes d’essentialisme, toutes les étiquettes, les catégorisations hâtives : le monde animal étant infiniment varié, il oblige à s’adapter en permanence à la situation et aux individus concernés, sans s’appuyer au préalable sur les traits prédéfinis conférés par un quelconque groupe englobant. C’est une découverte permanente du monde, et la reconnaissance que sa complexité excède le savoir humain, ses lois, ses croyances, chose que notre civilisation si fière d’avoir marché sur la lune et inventé internet a tendance à oublier. L’antispécisme est humiliant au sens noble du terme, c’est une leçon d’humilité.


« Nous ne défendons pas la nature, nous sommes la nature qui se défend. » Que vous évoque cette phrase, aperçue notamment sur des banderoles à Notre-Dame des Landes ?

Elle est très proche du mantra de Sea Shepherd cité dans La Guérilla des animaux évidemment : « Until they can defend themselves, we will do it for them. » J’aurais juste tendance à me méfier poliment des gens qui veulent défendre la « nature », mot certes pratique pour être compris du public, mais qui a tendance à mettre les animaux dans le même sac que les arbres et les rivières. Cela me dérange dans la mesure où c’est suggérer que la sentience, qui nous distingue du végétal, est négligeable dans le cas des animaux… Je suis proche des ZAD, et je les soutiens partout où elles existent, moins parce que je veux défendre la nature que parce qu’il s’agit d’environnements où vivent des individus non-humains, qui n’ont pas les moyens de combattre leurs envahisseurs. Mais l’idée de légitime défense appliquée au combat pour tout ce qui ne peut pas se défendre soi-même (chose qui caractérise pour le coup les arbres et les animaux, mais les enfants aussi) me séduit beaucoup, et je serais curieux de voir comment les avocats animalistes peuvent y avoir recours.


Vous présentez un futur proche très sombre, dans lequel la cause animaliste connaît un grand succès, puis se voit criminalisée : ce futur vous paraît-il envisageable, au-delà de la fiction ? Votre livre est-il un message aux enfants de demain ?

Ce futur est malheureusement très envisageable, pas tant parce que l’animalisme risque de se radicaliser que parce que les démocraties où il a pu voir le jour sont en train de se radicaliser, elles, de se laisser gagner par une sorte de gangrène sécuritaire répugnante qui fait qu’à terme, on pourra se retrouver lourdement condamné pour avoir appelé au boycott de la viande d’agneaux ou filmé une chasse à courre. Le livre est un message aux enfants de demain, oui : il faut s’attendre au pire… Et ne rien tenir pour acquis. La fin du livre aurait été très différente si je n’avais pas été aussi effaré, comme tout le monde, de la vitesse et de la violence à laquelle les États-Unis ont pu passer de Barack Obama à Donald Trump.


Pourquoi y a-t-il selon vous un engouement aussi fort pour le véganisme et l’animalisme ces dernières années ? Et surtout, pourquoi cela n’a pas pu se manifester avec autant de force avant ?

Il y a trois raisons à la montée en puissance du véganisme et de l’animalisme dans nos sociétés ces dernières années. La première tient aux découvertes scientifiques qui ont été faites concernant l’impact écologique de l’élevage et l’intériorité des animaux (leurs « mondes intérieurs » comme dit Boris Cyrulnik), grâce à l’usage des dernières technologies d’observation notamment (de la caméra HD au satellite à l’IRM). La seconde tient aux réseaux sociaux, qui ont permis à ces découvertes scientifiques d’atteindre le grand public un peu plus rapidement que la nouvelle de l’héliocentrisme à l’époque. La troisième profite des deux premières : il y a 20 ans, les végétariens et les véganes se sentaient bien seul.e.s et lâchaient l’affaire au bout de trois dîners en famille et deux visites chez le docteur ; aujourd’hui, les réseaux sociaux se chargent de donner des informations et du courage. Il faut bien qu’ils aient de bons côtés…



Camille Brunel à propos de ses lectures



Quel est le livre qui vous a donné envie d`écrire ?

Probablement un livre pour enfants. Si ça n’est pas Où est mon trésor ? d`Eiko Kadono et Mako Taruishi, alors c’est Le Tour de France par deux enfants d`Anne Pons, le premier roman que j’ai lu tout seul.



Quel est le livre que vous auriez rêvé écrire ?

Anima de Wajdi Mouawad. Chaque chapitre est raconté par un animal différent.



Quelle est votre première grande découverte littéraire ?

Le Portrait de Dorian Gray, d`Oscar Wilde. J’étais en 3e. C’était la première fois que j’aimais un livre autant qu’un film.



Quel est le livre que vous avez relu le plus souvent ?

Mémoires d’Hadrien, de Marguerite Yourcenar.



Quel est le livre que vous avez honte de ne pas avoir lu ?

Alors là, il y en a beaucoup… Je n’ai jamais lu La Condition Humaine d`André Malraux.



Quelle est la perle méconnue que vous souhaiteriez faire découvrir à nos lecteurs ?

Jetez un œil à Magie industrielle de Patrice Blouin chez Hélium. Poésie du blockbuster.



Quel est le classique de la littérature dont vous trouvez la réputation surfaite ?

Pardon mais : La Chartreuse de Parme de Stendhal (et pourtant j’aime beaucoup Le Rouge et le Noir)



Avez-vous une citation fétiche issue de la littérature ?

« Où me sauver ? Tu emplis le monde. Je ne puis te fuir qu’en toi. »Marguerite Yourcenar, Feux.



Et en ce moment que lisez-vous ?

Pas de la littérature, mais c’est ce qui m’occupe : Un guide pour la décolonisation : après tout, à qui appartient cette terre ?. C’est un recueil de textes d’universitaires issu.e.s des Premières Nations, édité en français cette année par le CSIA (Comité de Solidarité avec les Indiens des Amériques). Ça colle extraordinairement bien avec la guerre de décolonisation du monde déclarée par mon personnage à l’espèce humaine... il n’y a pas de coïncidences.



Découvrez La Guérilla des animaux de Camille Brunel aux éditions Alma :




Entretien réalisé par Nicolas Hecht.






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Vidéo de

Par Casterman Avec Camille Brunel et Silène Edgar, auteurs ; Vincent Villeminot, directeur de collection Modération : Clémence Bard, éditrice de la collection Durée : 45mn Présentation de la collection regroupant aujourd'hui cinq romans ado et jeune adulte et autant d'auteurs qui viennent ici s'aventurer sur des territoires inédits pour eux. Camille Brunel, Silène Edgar, Marine Carteron, Luc Blanvillain, Rachel Corenblit… une collection qui ne prétend pas regarder l'adolescence mais regarder le monde, ici, maintenant, dans toute sa diversité et sa complexité.

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Citations et extraits (92) Voir plus Ajouter une citation
À l'âge d'or, ici, on massacrait une quarantaine de taureaux par saison, plus ou moins à vif. Les humains leur perçaient les épaules avec du métal ; l'arrière du crâne avec une épée ; puis leur tranchaient les oreilles, la queue, les testicules aussi. Les taureaux, le plus souvent, n'étaient pas vraiment morts, pas tout de suite. Le coup d'épée les plongeait plutôt dans un état de sidération interminable. Leur âme pouvait mettre des heures à s'échapper de leur crâne couvert de sang, elle les quittait parfois lorsqu'un pick-up les traînait vers l'extérieur, laissant sur le sable que foulaient maintenant Traidor et Barrabas des centaines de lignes rouges, d'un siècle à l'autre, comme un soleil dont on aurait arraché les rayons l'un après l'autre. Ne restait qu'une longue plaie qui partait de l'arène et se prolongeait sur le bitume, entre les gradins, sur le parking – où l'on chargeait le mort avant de l'envoyer à l'équarrissage.
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Le réel finissait toujours par suffire à quiconque cessait d'en réduire l'immensité par des rêveries plus immenses encore.
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On a trop longtemps considéré que les crimes contre l’humanité ne visaient que les humains, alors que les massacres de loups, de bovins, de baleines, constituent des crimes contre l’humanité aussi – ce sont des portraits d’homo sapiens en trou béant, sans regard, l’âme crénelée tout juste bonne à égorger ce qu’elle rencontre. Je l’attaquerai sans relâche.
On ne m’aimera pas. Tu ne m’aimeras plus. Je ne vais pas me tuer, mais ma vie est finie. Voilà, c’est ce que je suis venu te dire.  p. 93
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Lorsque les chauves-souris commencèrent à tomber du ciel australien, quelque chose changea chez ceux qui en furent témoins. On avait eu moins de mal, au fil des siècles, à convaincre les gens de l'existence d'une entité supérieure toute-puissante que de l'intelligence des abeilles, des daims, des opossums et des oies sauvages. Ce jour-là on se mit à douter. Dieu existait peut-être un peu moins que les animaux eux-mêmes.
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Nous sommes aujourd'hui neuf milliards et notre population continue d'augmenter. Cette affirmation est fausse. la population diminue. La population d'humains augmente, certes, mais je ne comprends pas pourquoi ne compterions qu'eux. Non ? Voyez-vous l'erreur que nous accomplissons ainsi ? En nous plaignant que la Terre ne laisse pas nourrir plus de dix milliards d'individus, nous avons déjà arraché les animaux de l'équation.
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" Enrique est devenue une sorte de poisson.Ophélie veut le garder. Pareil pour Federico, son copain veut le garder. C'est une sorte de grenouille maintenant."
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Nous occuper des animaux nous aide à supporter la mort, Cesar Milan. La nôtre et celle de ceux qui nous entourent, humains ou pas. Sans le vouloir, sans essayer, ils épongent notre chagrin quand il déborde... comme nous épongeons le leur. Les tuer n'est pas seulement cruel, c'est masochiste. C'est pire que de brûler les forêts ou de polluer les océans. C'est incendier notre pharmacie. C'est détruire notre issue de secours. Les animaux, comme les enfants, sont notre seule chance de supporter de vivre.
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Les humains sur Terre se comportent comme des nazis en territoire occupé. Comme eux, nous nous sommes voués à étendre notre espace vital, élisant quelques races supérieures – grands félins, grands singes, que l’on choie tant qu’on peut – et jetant l’anathème sur les autres, massacrés sans états d’âme – veaux, vaches, cochons, poules, canards… Les camps d’exterminations n’ont rien inventé: il existait depuis cent ans des usines à tuer qu’on appelait
“baleiniers”, Auschwitz flottants qui souillaient et sillonnaient les mers bien avant que les hommes se disent qu’ils pouvaient en fabriquer pour leurs semblables aussi. Les États-Unis étaient des plaines de bisons dont il ne reste rien. Nous nous comportons comme des envahisseurs en temps de guerre, et sommes sur le point de gagner. Des dauphins sont torturés et exécutés, en famille, dans plusieurs baies du Japon, chaque jour, depuis cinquante ans, et la seule lumière d’espoir qui leur reste, c’est de penser qu’ils n’existeront bientôt plus. Nous avons arraché leur faune aux océans, 98 %, dit-on : comment te porterais-tu si je t’arrachais 98 % des organes internes ? Nous n’avons pas été chassés de l’Éden : nous l’avons rasé. L’Afrique, berceau de la chose, n’est plus qu’un dépotoir surchauffé avec du sable au milieu et dans d’infimes cages, au milieu des déchets, se putréfient à vitesse grand V une centaine de lions, une centaine d’éléphants, un pathétique troupeau d’antilopes et un pauvre millier de zèbres. Nous avons industriellement saigné la Liberté. Dans les années 1940 le monstre a mordu la main qui l’avait dressé, mais nous sommes loin de l’avoir abattu depuis. À Bornéo, à l’instant où tu mâches, les orangs-outans vivent dans de répugnants ghettos qui ne sont que l’ombre de ce que la liberté doit être, et le reflet exact de celui de Varsovie. Ils sont battus à mort sans raison, humiliés, asphyxiés, assassinés. p. 90-91
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Nos océans ont la gangrène. La pourriture prend la forme d’immenses aires où l’oxygène s’estompe à une telle vitesse que même les poissons n’ont pas le temps de les quitter. Ce qui arrive à l’Australie en ce moment se produit sous la surface depuis des décennies: ces Zones Mortes, comme on les appelle, sont mille fois plus étendues qu’on l’imagine et nous en traversons régulièrement qui échappent encore aux cartographies. La Baltique, la Manche, la mer Noire, ce n’était que le début; ce n’était rien. À présent l’Atlantique est touché et apparemment, le tour du Pacifique est arrivé. Les déchets toxiques balancés dans les abysses depuis un siècle ont à peine commencé à fuir que les dégâts sont déjà irrémédiables. Ne répète à personne ce que je vais te dire, mais écoute-le bien: la vie sauvage n’est pas en train de s’éteindre, elle est éteinte. Il y a deux cents ans, la biomasse de la Terre était majoritairement constituée de vie sauvage. Bisons plein le Midwest, phoques sur le littoral français, oiseaux dans les villages de Bali… Cette vie sauvage constitue désormais l’exception. On ne se bat plus pour la restaurer – pour ça il faudrait des siècles, et des forces telles qu’elles ne sauraient dépendre de notre piètre désir de bipèdes – mais pour en retarder l’extinction. À l’échelle de la vie sur Terre, c’est comme si l’espèce humaine était déjà seule, et les forêts toutes mortes. Dans une cinquantaine d’années, maximum, ce sera officiel.
— Et les extraterrestres ?
— Ils ne nous aimeront pas. p. 38-39
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"Isis n'osait plus bouger. Dinah l'avait trahie et sa honte vis à vis de sa famille le disputait à la peine qu'elle éprouvait pour l'hirondelle, en qui mourrait probablement le souvenir d'un nid d'hiver quelque part en Centrafrique, au dessus des gorilles et des éléphants qu'elle ne reverrait jamais-quelle absurdité finir tuée par une chatte après avoir survécu aux panthères"
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