Citations de Carl Hiaasen (114)
Les Lark approuvèrent à l’unisson, même si leurs traits botoxés rendaient difficile de sonder la profondeur de leur sincérité. Parfois, Janet Bunterman éprouvait la démangeaison d’allonger la main et de leur tapoter le visage pour découvrir s’il était au toucher aussi plastifié qu’il le paraissait.
Mécaniquement parlant, le Colt paraissait simple comparé à un appareil photo, et les principes opératoires fondamentaux étaient lers mêmes : viser et tirer.
-Jérémie, continua-t-il, je vais prier ces bons chrétiens qui en seront témoins, aujourd’hui à Lunker Lakes, de se prendre tous ensemble par la main. Et vous tous qui nous regardez, posez vos Bibles et prenez-vous par la main dans votre salon. Moi-même, Jérémie, je vais te prendre par la main et, ensemble, nous allons implorer Jésus Tout-Puissant de t’accorder le bienfait de la vue.
-Amen, dit Skink.
-Amen ! fit la foule en écho.
-Faites que ce pêcheur voie ! s’écria le révérend en s’adressant aux cieux.
-Vois ! cria la foule. Vois ! Vois !
Skink se prenait au jeu, malgré lui.
- Vois-moi ! Sens-moi ! beugla-t-il.
- Vois-le ! Sens-le ! reprit en cœur l’assistance.
Ce nouveau verset un tantinet étrange était doté d’une plaisante cadence.
Et pour cause, tous les fans de l’opéra-rock des Who, Tommy, auront reconnu la célèbre incantation d’icelui, See me Feel me (N.d.T.)
La formule du C.C.P.A. (Canal Chrétien de Plein Air) était simple : religion, chasse, pêche, bulletins du cours du bétail plus concours de musique country. Alors même que Charlie Weeb diversifiait l’empire C.C.P.A. dans l’immobilier, la finance et autres opérations, il avait du mal à croire au succès exceptionnel de sa formule télévisuelle, qui confirmait ses dires de toujours sur le niveau mental de la race humaine.
Le révérend Weeb, qui frôla l’extinction de voix à force d’exhorter cet agneau, se jura, à la suite de ce miracle de la Nativité, que les guérisons, c’était bel et bien terminé. Aucune importance d’ailleurs, car dès lors, sa réputation n’était plus à faire. Bientôt, de nombreuses stations de télé un peu partout dans le Sud programmaient le Weeb Show, Jésus à Domicile, et les dons par courrier se chiffraient hebdomadairement par centaines de milliers de dollars.
J'ai adores se livre carre il été rigolo mais je nais pas pus le finir car il été tors Lons .Se livre été intrigue il y avais beaucoup de suspinsse et d’action
ADAM EL BALI
En dépit de tous ses défauts de caractère, Bang Abbott n’était pas porté sur l’autoapitoiement. Il se considérait comme un guerrier de la rue aguerri. Son boulot de chasseur de people était criblé de déceptions, tromperies et autres humiliations. Dans la catégorie modeste des paparazzis tels que Bang Abbott, une bonne journée était celle où on ne vous crachait pas à la figure ni ne vous filait de coups de genou dans les parties. Pourtant, en se remémorant la semaine écoulée, il trouva difficile de ne pas se sentir floué. Ses précieux Nikon, volés par une starlette, avaient été récupérés, puis revolés. Il avait enlevé par erreur la doublure de la même starlette, qui s’était arrangée pour lui flinguer son doigt déclencheur. Puis, alors que les choses s’amélioraient finalement, il avait été agressé par un garde du corps manchot duplice, qui lui avait sadiquement passé au taille-herbe le gras de la fesse.
Les hommes blessés étaient bien plus intéressants, selon ses amies, même s’ils donnaient beaucoup de boulot. Ann se demandait si son père avait été un homme de ce genre. Quand elle était petite, elle posait souvent des questions à sa mère sur lui, mais nul portrait précis ne s’en dégageait. « Un loser, un vaurien », lui disait sa mère un jour. Une autre fois, c’était « un imbécile, un irresponsable », « un zéro qui s’était fourvoyé » ou, plus simplement, il était « indigne qu’on y pense ». La définition qui avait quelque peu intrigué Ann, c’était celle de « rêveur déboussolé ».
Heureux d’être libéré du journalisme et de son éthique étouffante, Bang Abbott s’épanouissait peu après dans sa nouvelle carrière de paparazzi. La provenance du produit de son travail n’étant jamais remise en question, pas plus que ses méthodes, cela explique pourquoi il fut quelque peu énervé de se retrouver mis sur le grill par Peter Cartwill, rédacteur en chef de L’Œil national.
Rien n’était plus fascinant en photojournalisme que de capturer un instant de terreur pure, et c’était ce genre de cliché que Bang Abbott avait recherché. Au centre de sa photo rêvée, il se représentait une jeune mère au regard plein d’une détresse effroyable, qui tentait d’échapper à l’océan, un bambin sous chaque bras. Cependant, à la rigueur, il se serait contenté d’ados se débattant dans l’eau ou d’un couple de retraités flageolants.
Il n’était pas inhabituel que les stars tentent de berner les paparazzis en mettant des perruques ou en changeant de voiture, mais cette fois l’entourage de Cherry Pye avait fait preuve d’une astuce et d’un esprit d’entreprise exceptionnels. Plus Bang Abbott y songeait, plus son agitation grandissait.
Mick, je n'ai pas l'intention de tuer Chaz Perronne. Je veux juste lui pourrir la vie au point qu'il se mette à se la pourrir tout seul.Vous ne voyer pas l'éventail des possibilités ?
La Nature n'avait rien en réserve pour quelqu'un privé de la capacité d'émerveillement.Sheave était destiné à être pour toujours "amerveillé".
Statistiquement, combattre professionnellement un alligator est à peine plus dangereux que poser du papier peint.
- Fiston, cette fille, elle tournerait un clip dans une quincaillerie, elle te ferait passer ça pour le Taj Mahal.
Impossible que ce type soit capitaine de quoi que
Ce soit. C'est une véritable épave
Il se demanda si quelque chose ne tournait pas rond chez lui de se contenter de ce qu'il avait...
Il s'appelle Pavlov […]. C'est un crocodile d'Amérique du Nord, l'un des trente qui restent sur la surface du globe. Il dépasse d'un poil les cinq mètres de long et pèse à peu près autant qu'une Porsche 915. Et, avec ce tonnage, il a un cerveau pas plus gros qu'une mandarine. La nature est merveilleuse, tu ne trouves pas, Brian ? Qui a dit que Dieu n'a pas le sens d' l'humour ?
Y a parfois une différence entre ce qui est bien et ce qui est de bon sens.
Contrairement à certaines filles de son âge, Ambre avait une vue réaliste de l’existence, de l’amour, des hommes et de ses perspectives. Elle savait jusqu’où son physique avantageux pouvait l’entraîner et jusqu’où laisser les choses aller trop loin. Elle ne tomberait pas dans le panneau de la blonde top model (se limitant dans ce domaine à des photos de calendrier) et ne danserait pas sur les tables (en dépit des sommes vertigineuses en jeu). Elle resterait serveuse chez Hooters, terminerait son cycle universitaire court et décrocherait un job respectable de cosmétologiste ou peut-être d’auxiliaire juridique.