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Citations de Carlos Drummond de Andrade (62)


Carlos Drummond de Andrade
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Peu importe où tu t’es arrêté…
dans quel moment de ta vie tu t’es fatigué…
ce qui importe c’est qu’il est toujours possible et nécessaire de « Recommencer ».
Recommencer, c’est se donner une nouvelle chance à soi-même…
c’est renouveler les espoirs dans la vie et le plus important…
c’est croire en toi à nouveau…
Tu as beaucoup souffert jusqu’à présent ? Ce fut un apprentissage.
Tu as beaucoup pleuré ? Ce fut un nettoyage de l’âme.
Tu en as voulu aux gens ? Ce fut pour leur pardonner un jour.
Il y a tellement de personnes qui attendent seulement ton sourire pour s’approcher de toi.
Recommencer…
Aujourd’hui est un bon jour pour affronter de nouveaux défis.
Où veux-tu arriver ?
Aller bien haut…rêver bien haut…
Souhaite le meilleur du meilleur…
car en pensant de cette façon, nous attirons vers nous ce que nous désirons…
Si nous pensons à des petites choses, nous aurons des petites choses…
Mais si nous désirons très fort le meilleur et principalement si nous luttons pour le meilleur, celui-ci viendra s’installer dans notre vie.

« Parce que je suis de la taille de ce que je vois et non de la taille de ma taille »
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« Consolation sur la plage :

 allons ne pleure pas…
L’enfance est perdue
La jeunesse est perdue
Mais la vie n’est pas perdue.

Le premier amour est passé
Le deuxième est passé
Le troisième est passé
Mais le cœur persiste.

Tu as perdu ton meilleur ami
Tu n’as tenté aucun voyage
Tu ne possède ni maison, ni bateau, ni terre,
Mais tu as un chien.

Certains mots durs,
Prononcés doucement, t’ont blessé.
Jamais, ils n’ont jamais cicatrisé.
Oui mais, et l’humour ?
L’injustice ne se résout.
A l’ombre de ce monde fourvoyé
Tu as murmuré une protestation timide.
Mais d’autres suivront.

Tout bien compté, tu devrais
Te jeter une fois pour toutes dans les flots.
Tu es nu sur le sable, dans le vent…
Dors mon petit. 

**
Tudo somado, devias
Precipitar-te, de vez, nas aguas.
Estas nu na areia, no vento…
Dorme, meu filho.”
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Pénètre sourdement dans le royaume des mots.
Là se trouvent les poèmes en attente d'être écrits.
Ils sont figés, mais il n'y a pas de désespoir,
il y a calme et fraîcheur sur leur surface intacte.
Les voici seuls et muets, à l'état de dictionnaire.
Vis avec tes poèmes, avant de les écrire.
Reste patient, s'ils sont obscurs.
Calme, s'ils te provoquent.
Attends que chacun se réalise et se consume
avec son pouvoir de parler
et son pouvoir de taire.
Ne force pas le poème à se déprendre des limbes.
Ne ramasse pas par terre le poème qui s'est égaré.
N'adule pas le poème. Accepte-le
tout comme il acceptera sa forme définitive et concentrée dans l'espace.
Approche et contemple les mots.
Chacun d'eux a mille faces secrètes sous sa face neutre
et te demande, sans égard pour la réponse,
pauvre ou terrible, que tu lui feras:
as-tu apporté la clé?

(Extrait du poème "Recherche de la poésie")
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CONGRÈS INTERNATIONAL DE LA PEUR

Provisoirement nous ne chanterons pas l'amour,
qui s'est réfugié plus bas que les souterrains.
Nous chanterons la peur, qui rend stériles les embrassades, nous ne chanterons pas la haine car elle n'existe pas, seule existe la peur, notre mère et compagne, la grand-peur des sertões, des mers, des déserts, la peur des soldats, la peur des mères, la peur des églises, nous chanterons la peur des dictateurs, la peur des démocrates, nous chanterons la peur de la mort et la peur d'après la mort, et puis nous mourrons de peur et sur nos tombes pousseront des fleurs jaunes et craintives.
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"Je ne devrais pas te le dire
mais cette lune
mais ce cognac
nous bouleversent en diable."
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"Certains mots durs,
prononcés doucement, t'ont blessés.
Jamais, ils n'ont jamais cicatrisé.
Oui mais, et l'humour ?"
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Carlos Drummond de Andrade
Grand monde


Non, mon cœur n’est pas plus grand que le monde.
Il est bien plus petit.
En lui pas même ne tiennent mes douleurs.
C’est pourquoi j’aime tant à me raconter.
C’est pourquoi je me déshabille,
c’est pourquoi je me crie,
c’est pourquoi je fréquente les journaux, je m’expose crûment dans les librairies
j’ai besoin de tous.

[…]

Jadis j’ai entendu les anges,
les sonates, les poèmes, les confessions pathétiques.
Jamais je n’ai entendu voix humaine.
En vérité je suis fort pauvre.

Jadis j’ai voyagé
en des pays imaginaires, faciles à habiter,
des îles sans problèmes, épuisantes pourtant et conviant au suicide.
Mes amis sont partis pour les îles.
Les îles perdent l’homme.
Quelques uns pourtant en ont réchappé et
ont rapporté la nouvelle
que le monde, le grand monde grandit de jour en jour,
entre le feu et l’amour.

Alors mon cœur aussi peut grandir.
Entre l’amour et le feu,
entre la vie et le feu,
mon cœur grandit de dix mètres et explose.
– Ô vie future ! nous te créerons.
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Carlos Drummond de Andrade
Le monde est grand et tient
dans cette fenêtre sur la mer.
La mer est grande et tient
dans le lit et la couche où s'aimer.
L'amour est grand et tient
dans le bref espace du baiser.
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Carlos Drummond de Andrade
Au milieu du chemin
Au milieu du chemin j'avais une pierre
j'avais une pierre au milieu du chemin
j'avais une pierre
au milieu du chemin j'avais une pierre.
Jamais je n'oublierai cet événement
dans la vie de mes rétines tant fatiguées.
Jamais je n'oublierai qu'au milieu du chemin
j'avais une pierre
j'avais une pierre au milieu du chemin
au milieu du chemin j'avais une pierre.
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Carlos Drummond de Andrade
RÉSIDU
(extrait)

De tout il est resté un peu.
De ma peur. De ton aversion.
Des cris bègues. De la rose
est resté un peu.

Il est resté un peu de lumière
capturée dans le chapeau.
Dans les yeux du malfrat
un peu de tendresse est restée
(très peu).

Peu est resté de cette poussière
dont ton soulier blanc
s’était couvert. Il est resté peu
d’habits, peu de voiles déchirés
peu, peu, très peu.

Mais de tout il reste un peu.
Du pont bombardé,
de deux brins d’herbe,
du paquet
-vide- de cigarettes, est resté un peu.

Car de tout il reste un peu.
Il reste un peu de ton menton
dans le menton de ta fille.
De ton silence âpre,
il est resté un peu, un peu
sur les murs courroucés,
dans les feuilles, muettes, qui grimpent.

Il est resté un peu de tout
sur la soucoupe en porcelaine,
dragon pourfendu, fleur blanche,
un peu de ride est resté
sur votre front,
portrait.

(...)


RESÍDUO
(fragmento)

De tudo ficou um pouco
Do meu medo. Do teu asco.
Dos gritos gagos. Da rosa
ficou um pouco.

Ficou um pouco de luz
captada no chapéu.
Nos olhos do rufião
de ternura ficou um pouco
(muito pouco).

Pouco ficou deste pó
de que teu branco sapato
se cobriu. Ficaram poucas
roupas, poucos véus rotos
pouco, pouco, muito pouco.

Mas de tudo fica um pouco.
Da ponte bombardeada,
de duas folhas de grama,
do maço
-vazio-de cigarros, ficou um pouco.

Pois de tudo fica um pouco.
Fica um pouco de teu queixo
no queixo de tua filha.
De teu áspero silêncio
um pouco ficou, um pouco
nos muros zangados,
nas folhas, mudas, que sobem.

Ficou um pouco de tudo
no pires de porcelana,
dragão partido, flor branca,
ficou um pouco
de ruga na vossa testa,
retrato.

(...)


Traduction: Eduardo Reis ( Creisifiction )
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Quand les corps passeront,
je serai seul
à raconter le souvenir
du sonneur, de la veuve et du microscopiste
qui vivaient sous la tente
et n'ont pas été retrouvés
à l'aube.

cette aube
plus de nuit que de nuit.

(Fin de Sentiment du monde,1940)
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[...]

Et les paroles seront serves
d'étrange majesté. Tout est étrange.
Médite, par exemple,
les herbes,

tant que tu es encore petit et que ton instinct, souple, joyeusement s'aventure
jusqu'au cœur des choses. Pourquoi est venue, que peut,
combien dure

cette discrète forme verte, parmi les formes ?
Et imagine être pensé
par l'herbe que tu penses. Imagine un lien, une affection
sourde, un passé

articulant les bêtes à leurs visions, le monde à ses problèmes ;
imagine le roi avec ses angoisses, le pauvre avec ses diadèmes,

imagine un ordre nouveau : tout désordre nouveau qu'il sera, ne sera-t-il pas beau ?
Imagine tout : le peuple, avec sa musique ; avec sa donzelle,
le petit oiseau ;

l'amoureux, avec son miroir magique ; l'amoureuse, avec son mystère ;
la maison, avec sa chaleur propre ; la séparation, avec son visage austère ;

le physicien, le voyageur, le rémouleur, l'Italien diseur de
bonne aventure, et son manège ; le poète, toujours un peu compliqué ; le parfum natif des choses et son arpège ;

l'enfant qui est ton frère, et la spontanéité de sa science
aux yeux liquides et bleus, faite de malicieuse innocence,

qui parcourt en ce moment des énigmes extraordinaires ;
pour ta part, la recherche
te sollicitera un jour, message bouleversant dans la brise.

Il faut créer de nouveau, Luís Maurice. Réinventer yorubas et latins,
et les plus sévères inscriptions, et autant d'enseignements et
les modèles les plus fins,

par cette façon la vie nous grandit et nous devons l'affronter
avec des moyens puissants.
Mais qu'elle soit humble, ta vaillance.

[...]

(extrait de "À Luis Maurice, l'infant") - pp 165-167
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Pour la dernière fois je contemple la ville.

Je peux encore renoncer, ajourner la mort,

ne pas prendre cette voiture. Ne pas partir pour.

Je peux revenir, et dire : mes amis,

j'ai oublié un papier, le voyage est annulé (...)

(Extrait de Mort dans l'avion)
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AIMER

Que peut une créature sinon,
entre créatures, aimer?
aimer et oublier,
aimer et malaimer,
aimer, désaimer, aimer?
aimer, et le regard fixe même, aimer?

Que peut, demandé-je, l’être amoureux,
tout seul, en rotation universelle, sinon
tourner aussi, et aimer?
aimer ce que la mer apporte à la plage,
ce qu’elle ensevelit, et ce qui, dans la brise marine,
est sel, ou besoin d’amour, ou simple tourment?

Aimer solennellement les palmiers du désert,
ce qui est abandon ou attente adoratrice,
et aimer l’inhospitalier, l’âpre,
un vase sans fleur, un parterre de fer,
et la poitrine inerte, et la rue vue en rêve, et un oiseau de proie.

Tel est notre destin : amour sans compter,
distribué parmi les choses perfides ou nulles,
donation illimitée à une complète ingratitude,
et dans la conque vide de l’amour la quête apeurée,
patiente, de plus en plus d’amour.

Aimer notre manque même d’amour, et dans notre sécheresse
aimer l’eau implicite, et le baiser tacite, et la soif infinie.
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AU MILIEU DU CHEMIN

Au milieu du chemin il y avait une pierre
il y avait une pierre au milieu du chemin
il y avait avait une pierre
Au milieu du chemin il y avait une pierre

Jamais je n'oublierai cet événement
dans la vie de mes rétines fatiguées.
Jamais je n'oublierai qu'au milieu du chemin
il y avait une pierre
Il y avait une pierre au milieu du chemin
au milieu du chemin il y avait une pierre.
(1930)
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QUADRILLE

Jean aimait Teresa qui aimait Raymond
qui aimait Maria qui aimait Joachim qui aimait Lili
qui n’aimait personne.
Jean partit aux Etats-Unis, Teresa au couvent,
Raymond mourut dans un accident, Maria resta
vieille fille,
Joachim se suicida et Lili se maria avec J. Pinto
Fernandes
qui n’avait rien à faire dans cette histoire.
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Pendant longtemps j’ai cru que l’absence est manque.
Et je déplorais, ignorant, ce manque.
Aujourd’hui je ne le déplore plus.
Il n’y a pas de manque dans l’absence.
L’absence est une présence en moi.
Et je la sens, blanche, si bien prise, blottie dans mes bras,
que je ris et danse et invente des exclamations joyeuses,
parce que l’absence, cette absence incorporée,
personne ne peut plus me la dérober.
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Porte sur la rue

Portes ouvertes vit la maison,
personne n’entre pour y voler.
Pourquoi fermerait-on la maison?
Qui a l’idée d’y aller voler?

Car s’il y a vie dedans, sa porte
dot être, comme la vie, ouverte.
On ne ferme vraiment cette porte
que pour la laisser, au rêve, ouverte.
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Estou na cidade grande e sou um homem na engrenagem. Tenho pressa. Vou morrer.


Je suis dans la grande ville, je suis un homme dans l'engrenage. Je suis pressé. Je vais mourir.
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K

C'est une lettre qui cherche
la chaleur de l'alphabet.
C'est une lettre perdue
dans la pâleur de l'auberge.
Constante mathématique
dans la toile des variables,
une lettre s'évertue
à s'ériger en parole
qui jamais ne se façonne
ou s'oublie à la lecture
dans le cabinet obscur,
charbon extrait en plein jour.

Le point vient après la lettre
suivant son itinéraire.
Chien, esclave, moins que rien
pour assistant de recherche,
voué à se consumer
face à des constellations
de symboles plurivoques,
dupant lui-même son maître
en paraissant disputer
de la clé de ce mystère :
ce qui, dans l'oiseau, est vol.

K
Pourtant l'alphabet existe
en dehors de toute lettre,
en soi, pour soi, dans la grâce
d'exister, dans la misère
de n'être pas déchiffré,
quand bien même il est aimé.
Subitement le vocable
enflamme du sud au nord
l'espace neutre, et en lui
ne figure pas la lettre.
La lettre inappelée qui
exprime tout, et n'est rien.

p.184-185

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