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Critiques de Carlos Liscano (32)
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Le fourgon des fous

Récit autobiographique poignant d'un auteur uruguayen qui a connu les affres de la prison pendant plus de 10 ans.

Arrêté en 1972, l’auteur revient sur ses années de prisons.

Après avoir rapidement balayé chronologiquement son passage dans les geôles , il revient plus en détail sur sa "vie" carcérale.

Le texte est poignant, très fort et très bien écrit. L'angle du récit, qui consiste à faire un parallèle entre torturé et tortionnaire est remarquable.

L'auteur revient bien sur sur la souffrance physique mais aussi sur l'effondrement moral que peut engendrer une telle incarcération.

Vaut il mieux lâcher des informations pour arrêter la souffrance physique , quitte à s'imposer une souffrance morale intemporelle ou plutôt "rester loyal" quitte à mourir sous la torture ?

Vaste question qui est admirablement évoquée ici dans un texte brut, pudique , sans voyeurisme déplacé qui sonne comme une tentative de retour à la normalité pour l'auteur.

On notera l'admirable performance morale de l'auteur qui se place dans la peau du tortionnaire et arrive à susciter ou au moins à évoquer chez le lecteur une sorte d'empathie pour les tortionnaires.
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Le fourgon des fous

Une fois de plus, me voici plongée en milieu carcéral.



Pas avec des prisonniers de droit commun, mais avec des prisonniers politiques, en Uruguay. Croyez-moi, vous n’avez pas envie de vous retrouver dans leurs prisons.



Au menu : tortures, brimades, privations, tortures, perte de sa liberté, de ses droits, de tous ses droits, tortures et, pour ceux qui n’auraient pas encore compris : TORTURES !



Ce roman autobiographique commence par un chapitre dédié à son enfance, puis par quelques instants de prison, avant de passer à la libération et, ensuite, de revenir vers ces douze années que l’auteur, Carlos Liscano passa, enfermé au Pénitencier de Libertad, à subir les tortures du grand baril de deux cents litres, en métal, coupé en deux et rempli d’eau.



Le texte est intense, sans pour autant sombrer dans le pathos ou la violence gratuite. À la manière d’un Soljenitsyne, l’auteur nous raconte les comportements de ses tortionnaires, mais sans les charger, en se mettant à leur place, sachant que de toute façon, ils n’ont pas vraiment le choix.



Oui, il parlera des souffrances physiques, des souffrances morales, de l’absence de contacts avec la famille, des infos qu’il faut lâcher avec précision, pour éviter de trop grandes douleurs, du fait qu’il faut crier plus fort que ce que l’on ressent vraiment, pour ne pas leur donner l’impression que l’on s’en fout, que l’on ne ressent rien… Il vaut mieux ne pas jouer à la forte-tête.



Bref, tout est affaire de subtil dosage et son roman pourrait être un guide de "Comment survivre dans une prison en tant que prisonnier politique : trucs et astuces".



Dans ce roman autobiographique, les hommes, les vrais, sont les prisonniers que l’on torture, tandis que les tortionnaires se sont abaissés tellement bas qu’ils ont perdu leur humanité, dans tous les sens du terme.



L’auteur se demande même ce qu’ils racontent à leurs femmes, leurs enfants, lorsqu’ils rentrent à la maison, après leur sale boulot.



Un roman poignant, qui ne sombre jamais dans le pathos ou le larmoyant. L’auteur parle aussi de la reconstruction, une fois libre, et de ce grand choc qu’est la remise en liberté, après autant d’années de réclusion.



Un récit humain, jamais à charge.


Lien : https://thecanniballecteur.w..
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Le fourgon des fous

Dans ce récit autobiographique, Liscano raconte les douze années d'enfermement que lui ont valu d'être opposant au régime de la dictature urugayenne. Les tortures et les brimades, l'humiliation , la peur quotidienne.

Mais son témoignage est aussi un hommage à ces parents disparus pendant sa détention, sur la perte de sa jeunesse, sur les idéaux démocratiques. Puis le temps de la libération, la difficulté de retrouver un semblant de vie normale.

Puis enfin le temps des questions l'engagement politique mérite t'il une telle punition ? A quel prix obtient'on la liberté ? etc...

Mais ce qui force notre admiration , c'est que Liscano ne condamne pas ces tortionnaires, comme si la rage qui l'a animée c'était diluée avec le temps.

Un livre profondément humain et pudique.
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Le fourgon des fous

Carlos Liscano, né en 1949 à Montevideo, était engagé dans le mouvement politique uruguayen d’extrême gauche Tupamaros, prônant une révolution socialiste et la guérilla urbaine, dans les années 1970, pendant la dictature militaire. Il est arrêté en 1972, à l’âge de 23 ans et enfermé, torturé par le régime à l’image de centaines de milliers d’autres personnes. Il ne sera libéré que 13 ans plus tard. C’est en prison que l’écriture s’imposera à cet étudiant-chercheur en mathématiques comme acte de résistance, de lutte contre l’anéantissement de son être.

Par de très brefs chapitres d’une page ou deux, l’auteur revient dans une première partie sur ses premières scènes marquantes, de la naissance de sa sœur jusqu’à sa propre incarcération 16 ans après, jour pour jour, en passant par la mort de ses parents pendant son enfermement jusqu’à l’enterrement de leurs restes après sa sortie.

Mettant en lumière l’éclatement de la relation corps-esprit qu’engendre la torture physique et psychologique, c’est par aller-retour entre passés et présents de différentes époques, avant et après, comme dans un peu importe le quand de cet après « CA », que va débuter le récit de Carlos Liscano.

Après avoir fondé cette réalité, il reviendra plus profondément sur les violences que chaque détail du quotidien fait revivre. Une question lancinante et angoissante du comment se maintenir ensuite, tout en portant cette cassure. Il utilisera avec logique le présent de vérité générale et de mise en situation pour décrire le système de torture et l’attitude de ses bourreaux jusqu’à nous faire sentir dans une composition subtile de clair-obscur l’humanité qui lie tout mortel à un autre.

C’est un jeu de lecture et d’écriture qu’il va poser lors de la création de cet ouvrage, une construction graphique de lui-même, un rétablissement de la continuité du temps et de l’histoire. Un travail de résilience en somme, afin de retrouver enfin le chemin de la liberté.
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La route d'Ithaque

Superbement écrit, ce roman influencé par les expériences de répression politique, l’enfermement et l’exil vécus par Carlos Liscano, traite de l’étrangeté et du détachement absolus, autour d’un exilé uruguayen, Vladimir, errant de stockholm, où il travaille dans un asile de vieillards, à Barcelone, clochardisé parmi les Catalans et les touristes.
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Le fourgon des fous

J'ai découvert Carlos Liscano en lisant un article du Matricule des Anges. J'ai tout de suite voulu découvrir ses oeuvres et je ne suis pas déçue.

Le fourgon des Fous emmène le lecteur pour un voyage en enfer ; on y découvre la vie quotidienne et les tortures qu'a subies Liscano pendant les 13 ans

de sa détention, victime de la répression instaurée par la dictature militaire uruguayenne.

L'écriture est épurée, précise et juste. C'est percutant, et aussi d'une grande musicalité, beauté. Il ne s'agit pas ici d'un simple témoignage, mais d'une mise à nu très émouvante de son être. La dignité est toujours présente.

On découvre l'évolution d'un homme, et on perçoit son urgence de choisir, de faire, de dire, de vivre...

Les sujets abordés sont universels et intemporels.

La description du rapport aux autres mais aussi à soi et notamment à son propre corps nous fait entrer dans une grande intimité avec l'auteur. Il tente de comprendre les rapports entre tortionnaires et torturés, entre camarades prisonniers, on ressent la solitude et la résistance incroyable de l'être humain.

J'ai été très émue par ce texte d'une grande humanité, qui est à lire, relire, méditer, admirer.

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Souvenirs de la guerre récente

Un jeune homme est arrêté. Il est emmené dans un camp militaire que ses compagnons ne savent pas localiser.

Il y aurait la guerre, mais on ne saura aucune information. Sont-ils sur le front ou à l’arrière-garde ? La guerre a-t-elle été déclarée ? Où ? Contre qui ? En tous cas, l’ennemi reste invisible.

Le héros remplit des tâches qu’il présente comme essentielles, en réalité, elles nous semblent absurdes. Il attend, il monte la garde derrière un rocher. L’ennemi n’arrive pas, mais les soldats doivent se tenir prêts. Ils s’entrainent, ils marchent, ils nettoient leur fusil, ils sont soumis à une discipline quotidienne. Ils ne comprennent pas, mais ils ne doivent surtout pas poser de questions, ne pas se faire remarquer. On pourrait les accuser de faute et les punir. Alors ils se tiennent à carreau, obéissent sans révolte aucune.

L’ordre militaire organise la vie dans ce camp. Sont-ils prisonniers ? Personne ne songe à s’échapper.

Dans ce roman remarquable, il est question de l’aliénation de l’individu, on sait que Carlos Liscano a vécu l’emprisonnement politique pendant 13 ans, en Uruguay.

L’écriture est sobre, dépouillée, efficace. Les phrases courtes sont ciselées. Les 165 pages de ce court roman m’ont ravie.

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Le fourgon des fous

Liscano a été jeté en prison à 23 ans par le régime militaire de l'époque, il va passer 13 ans de sa vie enfermé, menotté et cagoulé.

Il sera soumis à la torture régulièrement et notamment au "baril" plein d'eau qu'il nous décrit comme étant plus qu'éprouvant au point d'en ignorer les coups de poing, de pied.

Comme Semprun ces hommes rebelles ont une conception de la torture qui me dérange parce que je pense que je serais plutôt dans le camp de ceux qui parlent, ou s'arrangent pour crever.

Eux, encaissent, résistent, tolèrent, se raisonnent, ils ont une capacité à encaisser qui est sans limite. Leur intelligence leur permet même de décrypter les liens qui les lient à leurs bourreaux et à comprendre à travers cela comment réagir, si l'interrogatoire sera long ou pas, si le tortionnaire est renseigné ou doute toujours.

C'est une sanglante partie d'échecs entre "maîtres hors pair".

Mais quoi qu'il en soit les uns comme les autres garderont des séquelles à vie de ses instants pénibles, chacun pour des raisons différentes, les uns grandis parce qu'ayant supporter leurs douleurs sans avoir lâché un mot et fiers, droits de cette conduite, les autres ignobles, cruels, mais poursuivit par leurs actes infâmes et la destruction qu'ils ont répandue à outrance.

Construit sous forme de très courts châpitres, le livre se lit vite et facilement.
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Le fourgon des fous

Le 27 mai 1972, l’auteur est arrêté pour des raisons politiques qu'il ne nous précisera pas et il est emprisonné dans les prisons d'Uruguay, alors qu'il n'a que 23 ans. Le 14 mai 1985, à la fin de la dictature, il montera enfin dans le "fourgon des fous" qui l'amène vers la liberté.

C'est seulement longtemps après sa libération, lorsqu'il va au cimetière chercher les cendres de ses parents morts pendant sa détention, qu'il laisse ses souvenir "d'avant" affluer...

Il ne se contente pas de raconter le détail des tortures subies lors de son emprisonnement apparemment injustifié.

Il s'interroge sur la nature humaine, sur la rupture qui s'opère entre l'esprit et le corps dans ces circonstances extrêmes et qui aide à survivre aux menaces et aux humiliations des geôliers.

Il s’interroge sur les relations particulières entre le prisonnier et son tortionnaire en cherchant à se mettre à la place des bourreaux.

Il a attendu des années après ce jour où il a été emmené dans « le fourgon des fous » vers la liberté tant attendue mais si redoutée, avant de trouver les mots justes pour raconter.

A aucun moment il ne parle de haine.

Au seuil de l’âge mûr, il trouve encore les mots justes pour remercier ce corps qui va lui permettre, lors de sa mort, de regarder en face avec dignité ses parents enfin retrouvés, souhait qu’il avait émis sous la torture.



Pas de mots pour décrire ce récit autobiographique dépouillé, à lire et à faire lire de toute urgence malgré des passages très durs à la limite du supportable...



Comment est-ce possible de parler avec autant de pudeur, de sérénité et de dignité de la torture ? Comment peut-on vivre sans jamais condamner ses bourreaux ?

Pour ne pas oublier...



Un livre qui moi, m'a bouleversée...



L'auteur est considéré aujourd'hui comme le plus grand écrivain uruguayen actuel.
Lien : http://www.bulledemanou.com/..
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Le fourgon des fous

"Le fourgon des fous " de Carlos Liscano (168p)

Ed.Belfond

Bonjour les fous de lectures ...

ATTENTION... A LIRE !!

Dans ce court récit autobiographique, Carlos Liscano raconte ses 13 années d'emprisonnement comme opposant au régime uruguayen.

Montévidéo, 1972, Liscano a 23 ans. Il est brutalement arrêté.

Il connaitra la torture, la peur, les cris, la solitude, les geôliers inhumains, l'humiliation, le dégoût de soi mais aussi la solidarité entre détenus.

Surtout ne pas parler, ne pas dénoncer..

Tous les jours, il faut se motiver pour tenir encore et encore., ne jamais perdre l'appétit de vivre.

1985.. fin de la dictature, Carlos monte enfin dans " le fourgon des fou" qui lui rendra la liberté.

Mais après ces épreuves, retrouve-t-on vraiment la liberté?

Il faudra de nombreuses années (plus de 30 ans) et un exil pour que Carlos Liscano parle de ce passé.

Qu'il est troublant ce témoignage.

Carlos Liscao, se pose beaucoup de question sur lui-même, son rapport aux autres mais également sur la relation qui s'installe entre le prisonnier et son geôlier.

C'est pudique, bouleversant, posé ... c'est à lire absolument.

Découverte d'un grand auteur d'Amérique latine.
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Le fourgon des fous

Il a fallu de nombreuses années à Carlos Liscano pour se sentir capable d'écrire ce livre, pour ramener à sa mémoire ces faits qu'il s'était efforcé d'oublier pour pouvoir revivre. Après sa libération il a dû s'exiler loin de son pays, en Suède, pour recommencer une nouvelle vie.

Le Fourgon des Fous, c'était le nom que les prisonniers donnaient au véhicule qui les ramenait à la liberté à l'issue de leur détention. Celle de Carlos Liscano aura duré treize ans et c'est de ces années passées dans les prisons uruguayennes où il a été torturé dont il parle dans ce livre. Il n'en fait pas un récit suivi, mais livre ses souvenirs et ses réflexions par petites touches, sans ordre chronologique, un peu comme si il les écrivait au fur et à mesure qu'ils remontaient à la surface de sa mémoire. Ou bien qu'ils étaient tellement douloureux qu'il les laissait là sur le papier, en désordre, comme pour s'en débarrasser.

Il n'y a aucun pathos dans ce récit, mais curieusement un certain détachement, nécessaire pour parler de la douleur extrême que doit ressentir un homme sous la torture. Il n'y a sans doute pas de mots assez forts pour l'exprimer. Pendant les pires de ces moments, Liscano se raccroche à une seule chose : ne pas parler, ne pas dénoncer ses amis. Alors il faut ruser avec le tortionnaire, ne pas dire d'emblée qu'il ne parlera pas, répondre évasivement aux premières questions pour voir quelles seront les suivantes et essayer de deviner ce qu'il sait : un jeu du chat et de la souris où cette dernière perd à tous les coups. Mais la fierté du prisonnier, bien que son désir le plus cher soit de mourir, c'est de tenir. Et pour cela il est reconnaissant envers son corps de ne pas l'avoir lâché.

Plus que des souvenirs, que le récit de la réclusion et des tortures qu'a subis cet homme, c'est un témoignage sur la dignité humaine. "....bien plus fort et nécessaire que la capacité du corps à supporter la douleur, il y a quelque chose qui fait que le prisionnier tient le coup. Ce n'est pas son idéologie, ce ne sont même pas ses idées, et ce n'est pas la même chose chez tous. Le torturé s'accroche à quelque chose qui est au-delà du rationnel, du formulable. Ce qui le soutient, c'est sa dignité.....Celle de savoir qu'un jour il devra regarder en face ses enfants, sa compagne, ses camarades, ses parents."

Lorsqu'il sort de prison, il a trente six ans, ses parents sont morts tous les deux, il ne reconnaît pas la ville où il a vécu jusqu'à son arrestation. Pendant qu'il était en prison, où tous les jours se ressemblent, la vie continuait à l'extérieur et il prend conscience qu'il a des années de liberté à rattraper. Le plus étonnant c'est qu'après ces longues années de souffrances, il ne ressente aucune haine envers ses bourreaux et qu'il ait pu reconstruire sa vie, même si cela a été long.
Lien : http://lecturesdebrigt.canal..
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Souvenirs de la guerre récente

La similitude avec "Le désert des Tartares" est évidente. Mais ce soldat là, une fois libéré, retourne à sa servitude, se réengage, ainsi que ses camarades. La force de l'habitude, de la voie toute tracée ont eu raison de ses rêves d'avenir.
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Souvenirs de la guerre récente

Inspiré du fameux "Désert des Tartares" de Dino Buzzati, "Souvenirs de la guerre récente" nous conte les infortunes d'un jeune marié, recruté de force par l'armée pour une lointaine campagne militaire aux confins de l'Uruguay, face à un ennemi que l'on ne verra jamais, même au bout de neuf longues années de campagne. Splendeurs et misères de la vie militaire, rien ne lui sera épargné de l'ennui quotidien et de l'absurdité d'une vie réglée comme papier à musique, pour un but imaginaire et sans cesse repoussé. Heureusement pour lui, déraciné brusquement d'un foyer qui venait tout juste de se construire, il va se sentir entouré, au sein d'un groupe où les rapports hiérarchiques reproduisent à l'infini le modèle familial. Sera-t-il capable un jour de vivre la vraie vie ? En forme de parabole absurde, Carlos Liscano, dans ce roman écrit lors de ses longues années de prison, dresse un portrait au vitriol, bien que non dénué d'humour, de l'univers carcéral, et plus généralement de l'univers concentrationnaire. Absurdité des situations créées de toute pièce, des ordres donnés de façon aussi péremptoire qu'anarchique, on retrouve là le délicieux cocktail qui permet d'asservir les humains et de les emmener aux confins de la folie...
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La route d'Ithaque

Écrit à la première personne, ce livre relate la vie d'un urugayen, Vladimir, fils de médecin, qui après avoir au des ennuis avec la police pour une histoire de vente de drogue, quitte son pays pour l'Europe. Clandestin, de Stockolm à Barcelone, il va peu à peu se libérer des entraves sociales qui l'effraient tant et par amour de la liberté plus que par contrainte finir SDF.

Dans un style direct, réaliste, parfois crû, Carlos Liscano, entraîne le lecteur tout au long de cette quête initiatique, le ballote, l'interroge, ne laisse pas indifférent et fait facilement oublier les quelques longueurs. Une histoire qui, lorsque j'ai tourné la dernière page, m'a laissée un petit goût d'amertume et un cerrtain malaise.

En tout cas la lecture de cet auteur fut pour moi une intéressante découverte. Expérience à renouveller.
Lien : http://www.philo-au-fil-des-..
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Souvenirs de la guerre récente

Le meilleur texte qui résume si bien le livre, est celui du traducteur, Jean-Marie Saint-Lu:

« Le camp militaire est en fait une prison (…)

ainsi il (le prisonnier politique) est irrémédiablement pris dans une logique absurde des dirigeants du camp (sinon l’impact négatifs de sa résistance serait trop important sur ses pairs):



(…) n’est rien d’autre, en réalité, qu’un lent processus d’anéantissement de l’individu par l’institution dominante. ».



L’auteur a déjà été prisonnier politique pendant 13 ans et cela contribue irrémédiablement à l’oeuvre. Il a dû s’exiler de la dictature uruguayenne en 1985 pour ne revenir qu’en 1996. Y reviens-t-on entièrement après ce style de vie imposé?…



Un excellent roman à découvrir!
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La route d'Ithaque

" La route d'Ithaque" de Carlos Liscano ( 324p)

Ed. 10/18



Bonjour les fous de lectures ....



Pour une affaire de drogue, Vladimir a du fuir l'Uruguay.

Il se retrouve en Europe.

Nous allons suivre ses errance de Stockholm à Barcelone.

Immigré parmi les autre, plongé dans un monde de marginaux et de clochards, fréquentant les prostituées et les asiles psychiatriques, Vladimir s'interroge et se morfond.

A la fois fataliste et désespéré, essayant de survivre, Vladimir essaye de trouver sa place dans la société.

Comme Ulysse cherchant Ithaque, Vladimir cherche le lieu qui l'apaisera et l'épanouira.

Quête désespérée pour un homme au mal-être trop profond, à la limite de la folie.



Autant j'avais été enthousiasmée par " le fourgon des fous" du même auteur, autant j'ai eu plus de mal avec ce récit.

Beaucoup de longueur et peu d'empathie pour Vladimir et ses perpétuelles errances et remises en question.

Je reconnais cependant certaines analyses subtiles de la société de l'époque ( post mur de Berlin)
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Le fourgon des fous

Quand on évoque les dictatures qui ont sévi durant les 60's, 70's jusqu'à la fin des 80's (pour le Chili notamment), l'Europe dont certains pays pourtant ont accueilli des réfugiés (voir l'excellent document de N. Moretti Santiago, Italia 1973 par exemple), a encore un regard, un avis très lointain voire très relatif. Il y a un peu une conception folklorique , une vision de dictature d'opérette sur ce qui s'est passé en Amérique du Sud à cette époque. Après tout, les merveilleuses chansons de Chico Buarque sont devenues très à la mode en France. Or, le livre de Carlos Liscano nous rappelle brutalement et durement que les dictatures sud-américaines de ces 3 décennies ont constitué un épisode extrêmement grave pour l'idée de la démocratie, en terme de violation des droits de la Femme et de l'Homme, de terrorisme d'Etat, de doctrine sécuritaire poussée aux pires extrêmes etc...Le fourgon des fous explique par chapitre, par souvenirs avec une lucidité confondante les réalités de torture, torturé et tortionnaire. C'est dur, c'est sale mais cela a été ainsi. Par moments Carlos Liscano nous donne des touches de délicatesse comme pour aider le lecteur a trouvé une forme de refuge dans les affres et souffrances qu'on lui décrit, en nous parlant de son enfance, de ses parents, de ses amitiés de détenus. Il n'y a jamais d'héroïsme chez Carlos Liscano. Certes il n'a pas parlé, il a résisté (peut-être que cette résistance et cette lucidité peuvent interroger, interpeller) mais ce n'est pas de l'héroïsme pour l'auteur. Le retour à la vie (car c'est plus qu'un retour à la liberté) est difiicile et pour cause. Comment survivre avec ces stigmates, ce poids ? Mais cette question se pose aussi pour les tortionnaires. Quoique je reste convaincue que très, très peu d'entre eux se sont réellement posés ces questions et supportent le poids d'une quelconque responsabilité, d'une quelconque recherche d'une construction morale. C'est un témoignage court, à lire attention passages brutaux par moments. Cela ne donne pas la clef de ce qui a provoqué ces dictatures et ce qu'elles ont mis en place mais cela éclaire sur ce que le citoyen lambda, intéressé et impliqué dans la vie politique de son pays peut payer TRES cher. Si vous pouvez à lire en espagnol.



Enfin, je ne mettrai que 3 étoiles car en revanche je n'ai que très moyennement apprécié certaines prises de Carlos Liscano dans les années 2000 au sujet de la France et des dictatures sud-américaines. Il a été clairement établi que certains pays les USA entête ont très largement contribué à ces dictatures. La France n'est pas en reste. Les enquêtes de Marie-Monique Robin sur le sujet sont claires, précises et confirmées. Mais lorsque Carlos Liscano demande à ce que la France soit jugée pour cette collaboration car pour lui plus coupable que les propres autorités uruguayennes je ne suis pas d'accord. C'est beaucoup plus facile de revendiquer ce genre d'idées que de se confronter à la demande de justice et de réparation chez soi. Pas que je minimise le rôle de la France mais quand on a si bien décrit le tortionnaire au point d'entrer dans sa psychologie et d'en extraire sa mécanique, ce type de revendications laisse très perplexe.
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L'écrivain et l'autre

Carlos Liscano est un écrivain uruguayen qui a été torturé et a fait 13 ans de prison dans son pays pour avoir été un des "tupamaros", ces militants révolutionnaires dans les années 70. Il a commencé à écrire en prison puis il a continué de le faire en Suède, le pays où il a choisi d'émigrer à sa sortie de prison. Il a publié plusieurs romans et nouvelles. Lorsqu'il commence ce livre, une sorte de journal de bord de son activité d'écrivain, il est de retour à Montevideo, la capital de l'Uruguay et il raconte qu'il n'arrive plus à écrire. Peu à peu, Liscano nous dévoile les ressorts intimes de sa démarche d'écrivain. Il nous explique que l'écrivain est double : il y a d'une part ce personnage, "inventé", qui est l'écrivain, quelqu'un qui ne regarde pas le monde comme les autres, et d'autre part "l'autre" celui qui, un jour, a eu cette idée étrange d'inventer l'écrivain qu'il voulait devenir, et qui, lui, est "comme les autres" et qui rêve d'une vie "ordinaire", avec une famille à aimer, des amis avec qui sortir, etc. La cohabitation entre ces deux êtres est difficile. le livre oscille entre des anecdotes de sa vie d'autrefois (son enfance, la prison, la Suède) et des moments de sa vie très solitaire d'aujourd'hui. Je n'ai jamais lu un texte où l'écrivain se met aussi à nu et trouve des phrases aussi belles, aussi déchirantes pour nous dire sa quête de ce qu'on peut appeler la Littérature, en se refusant l'espoir d'égaler ses "maîtres" (qu'il ne cite pas mais on peut les deviner), tout en gardant celui de faire œuvre littéraire. Cela donne bien-sûr envie de lire d'autres livres de lui.
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L'écrivain et l'autre

“Écrire c'est être assis, immobile dans l'agitation infinie.”



J'aurais pu troquer cet aphorisme pour une centaine d'autres, tant L'écrivain et l'autre regorge de formules similaires. Et pour cause il s'agit d'un journal dans lequel l'auteur dissèque avec une extrême précision son rapport à l'écriture et à la vie.



Peut-être l'ignorez-vous mais Carlos Liscano est un écrivain uruguayen incontournable en Amérique du sud. Il a été torturé et emprisonné 13 ans par le régime militaire en place en raison de ses convictions politiques : il était membre des Tupamaros, un mouvement d'extrême gauche. C'est entre 4 murs qu'il a appris la mort de sa mère et le suicide de son père ; entre ses 4 murs également qu'il a commencé à mettre des mots sur son vécu. Il a depuis publié plusieurs écrits, tous ovationnés à l'international avant d'évoquer en 2010 son rapport à l'écrit et plus largement à la littérature et d'exposer l'intimité de ses pensées.



L'écrivain et l'autre n'est donc pas un essai sur l'écriture – bien que certains passages puissent y faire penser et supplantent au passage le flot de médiocrités qui pullulent en librairie – mais plutôt un regard introspectif sur la démarche de l'écrivain, une dissection du processus et également, en filigrane, de l'homme. Pourquoi écrit-on ? Pour reprendre le pouvoir nous dit-il. Pour échapper à la place que le monde nous assigne. Comme on respire. Comment écrire ? En écoutant “la rumeur des mots”. En suivant “le “flair pour les mots, pour les phrases, pour ce qui pourrait être le sujet d'un livre. Parce que ce flair s'éduque, se développe avec l'activité, mais il précède la décision d'écrire."



Carlos Liscano distingue l'homme qui peut se sustenter d'une vie ordinaire du personnage de l'écrivain – indispensable selon lui, prioritaire même – dit “l'inventé”. L'un veut vivre, trouver l'amour, avoir des enfants, l'autre veut écrire au risque de ne plus savoir faire qu'observer. Il les présente comme 2 pans antagonistes et tente d'analyser leur étrange cohabitation.



On suit le fil de ses pensées et de ses errances, à mi chemin entre le constat poétique et la détresse pudique. Un récit d'une sincérité désarmante, très clairvoyant, à mettre entre toutes les mains qui doutent.



•°•°•°• A lire tout particulièrement si :

- vous avez le syndrome de la page blanche ;

- vous avez un rapport compliqué à l'écriture ;

- vous vouez un culte à Cioran ;

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La route d'Ithaque

belle histoire dans une belle langue. j'ai aimé.
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