Citations de Caroline Michel (91)
Je fixe cette image que me renvoie le miroir et je m'interroge. Est-ce que j'ai le visage d'une fille stérile? D'une fille qui ne sera jamais maman? D'une fille qui fera un bébé seule à trente-neuf ans? Est-ce qu'il existe des visages de filles privées de maternité? Naît-on avec ou l'attrape-t-on avec le temps? Porte-t-on le visage de notre histoire ou est-ce notre histoire qui dessine notre visage?
Elle met Goldman à fond dans mon appartement. "Elle a fait un bébé toute seule." Comme tout le monde, nous avons toujours survolé les couplets et retenu que le refrain. Elle allume une de ses cigarettes Vogue Menthol qui lui vont si bien. Concentrée sur les paroles, elle sourit : "Tu vas être la fille de la chanson."
Tu auras eu un papa le temps d'une course à pied et d'un dîner au restaurant. C'est pas mal finalement.
Avoir un homme et un enfant, ça ne va pas forcément ensemble, on peut avoir l'un sans l'autre et l'autre sans l'un.
Alfred a les larmes aux yeux et je suis émue. C'est beau, un jeune papa. C'est peut-être ce qui me manquera, un papa qui pleure. De grandes mains à mes côtés...
Moi aussi, j'ai de la peine, de la peine de constater que nous avons été et que nous ne sommes plus.
Alors je les secouerais, je leur dirais que le temps n’est pas si sûr, que nous le prenons toujours pour se quitter, pas assez pour s’aimer.
...l'amour nous donne parfois l'impression de ne jamais grandir mais [...] il y a de grandes chances pour que ce soit l'inverse.
Les années sont douées, elle reconfigurent nos amours.
... autant les chagrins d'amour sont plus faciles à vivre quand on sait qu'il y en aura d'autres, autant le premier paraît éternel.
On ne mesure pas toujours les dommages collatéraux d'une séparation amoureuse, non plus le baume qu'une jolie histoire tartine sur nos proches.
Le sexe, c'était simplement une successions de va-et-vient forcenés, qui rendait le mec fou et la fille hors d'elle. Si bien que lorsqu'on avait 20 ans, à la question " Tu as coucher avec combien de mecs ? ", on se souvient qu'on répondait " Ça dépend ", parce que finalement, s'il n'y avait pas eu pénétration, seulement des baisers, des caresses, bref du plaisir ( et pas forcément de jouissance), on ne considérait pas vraiment qu'il s'agissait d'un rapport sexuel. Tout était sous l'angle du coït. Est-ce que se caresser avec tendresse dans les toilettes de la fac sans pénétration était un acte sexuel ? Aujourd’hui, la réponse est oui. A l'époque, c'était moins sûr. C'était un rapport avorté, un goûter, voire un truc un peu sale, parce que la pénétration avait tout bon.
« En somme, le clitoris n’était pas le grand serviteur du plaisir masculin : si les femmes pouvaient jouir sans pénétration, comment les hommes pouvaient-ils prendre leur pied ? » (p. 30)
« Ce n’est pas parce que l’orgasme n’est pas une obligation que l’on doit se contenter d’un rapport qui nous plaît moyennement. » (p. 44)
« Le clitoris s’accueille à bras ouverts, sourire aux lèvres, esprit détendu et corps réceptif. » (p. 44)
Quel est le rapport entre nos croyances, la pression de la société et le clitoris? On a tellement entendu que le clitoris était "petit", "externe", "moins important que le vagin", que l'on pourrait avoir tendance à considérer le clitoris comme un organe discret, sympa à l'apéritif, mais sans plus, ce qui influence négativement notre relation au clitoris, nos sensations et notre curiosité. C'est en bossant activement contre ces idées reçues que l'on multiplie les chances de découvrir de nouvelles sensations clitoridiennes.
J'ai conscience que tomber enceinte d'un inconnu, c'est prendre des risques. Que de jouer avec la vie, c'est un peu jouer avec la mort
C’est vrai, je vais faire un bébé dans le dos de quelqu’un. Un coup bas qui pèsera lourd, un coup bas que j’irai déclarer à la mairie, qui aura un numéro de Sécurité sociale et un carnet de santé, que j’inscrirai à la crèche et qui fera de grandes études.
Et puis je rêve d’un cabinet de médecin sans rendez-vous, vous débarquez le matin, il n’y a pas de queue, vous déposez un chèque, bonjour c’est pour quoi, pour une insémination, voici le catalogue, super, merci, je choisis ce monsieur, parfait très bon choix mademoiselle, cet homme roux est très demandé, allongez-vous, voilà c’est fait, la fécondation ne va pas tarder, faites un test dans dix jours, merci beaucoup, bisous, à bientôt.
Seule face au miroir pendant qu’il accueille une cliente, j’observe mon visage sous une lumière jaune. Il est plutôt ovale. Je ne me maquille jamais. Mes yeux sont tirés en amande, légèrement cernés. Mon nez est petit, rond. Il donne envie d’être pincé. Ma bouche est plutôt bien faite, mes lèvres sont roses. Mes cheveux châtains sont mouillés et tombent sur mes épaules. Je fixe cette image que me renvoie le miroir et je m’interroge. Est-ce que j’ai le visage d’une fille stérile ? D’une fille qui ne sera jamais maman ? D’une fille qui fera un bébé seul à trente-neuf ans ? Est-ce qu’il existe des visages de filles privées de maternité ? Naît-on avec ou l’attrape-t-on avec le temps ? Porte-t-on le visage de notre histoire ou est-ce notre histoire qui dessine notre visage ? Les vieilles filles naissent-elles le visage fatigué ? Les carriéristes, le visage carré ? Les malchanceux, le visage inquiet et les chanceux, le visage avenant ? Les angoissés ont-ils les pupilles qui bougent à toute allure et les gens heureux, les pupilles immobiles qui fixent le moment présent ?