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Citations de Cécile Ladjali (399)


On peut dire beaucoup en se taisant et ne rien signifier en palabrant.
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C'est un peu comme s'ils m'avaient collé une maladie ou transmis un virus. Le virus de la honte de soi.
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- Nour Damak. - C'est le nom de ta mère biologique. - Tu la connais ? Là, ma mère me regarde enfin. - Non. - Vous ne vous êtes jamais rencontrées ? - Non. Elle t'a confié à l'orphelinat juste après ta naissance en Tunisie. Elle a laissé son nom. Pour toi. Pour que tu saches. - Mais je ne sais rien. - Si, tu as son nom. C'est énorme. Beaucoup d'enfants naissent sous X, Hugo.
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Au dîner je ne parle pas. J'avale le gratin en silence. Haut-le-coeur. C'est à eux de dire quelque chose. Mais ils ne disent rien. Je sais qu'ils ont eu une discussion après l'interrogatoire que j'ai fait subir à ma mère. Ils ont parfaitement conscience que le temps est venu de me révéler des choses. Or ils se taisent. Ils sont lâches. Ils ont encore plus peur que moi. Mais je m'en moque, de leur frousse. Leurs regards se dérobent. Papa se lève allumer le poste de télévision pour que des mots sortent de quelque part. Ceux du présentateur envahissent la salle à manger. Au JT, il est question de la guerre en Ukraine. Un sujet important qui m'éclipse et les exonère de toute explication. Je quitte la table en maudissant Poutine, même si le chef du Kremlin m'inspire moins d'aversion que les deux clowns qui me tiennent lieu de parents.
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On demande aux enfants de grandir, d'être sûrs d'eux. Or les parents sont souvent plus fracassés que leur progéniture. Il faut composer avec nos angoisses mais aussi avec les leurs. C'est compliqué. J'avoue que par moments, je leur en veux beaucoup. Ils ne se sont pas contentés de me faire inoculer par le pédiatre les souches virales de la rougeole, du tétanos ou de la rage, ils m'ont aussi transmis leur trouille et l'insupportable sentiment de ne jamais être légitime.
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Il y a beaucoup de points communs entre l'eau et l'espace. L'infini. L'absence de pesanteur. Le noir. La musique du silence. La peur. La désorientation. L'abolition du temps. L'étrange. Le vertige. L'oubli de la faim. Le mépris du monde. La présence pénétrante de l'être aimé, auquel on ne peut que penser quand on se retrouve seul. La certitude qu'il est là, en train de flotter à nos côtés. L'impression que cette absence de couleur devient la teinte de son corps et de son esprit qui se répandent dans la conscience alors béante comme un puits.
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Pour Ada aussi, c'est pénible. Ses parents se la racontent à son sujet. Ils placent la barre trop haut. Ils la voient écrivains ou philosophe. Mais Ada s'en moque, des livres ou des concepts. Ce qu'elle aime c'est se promener au Jardin des Plantes et aller au cinéma avec moi mater des vieux films en noir et blanc.
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Je reviendrai à mon cahier. A tout ce qu'il y a de faux et de vrai écrit à l'intérieur. Je n'y écrirai plus que mon bonheur, ma joie d'être là et d'être juste. Je renoncerai à voyager. Je renoncerai à suivre les plumes, les trains, les bateaux. Virginia comprendra. Ma vie de femme et de mère est ici. Je l'ai admis. Je ne suis plus la même. J'ai changé. Je suis celle que je veux être. Enfin. (p.181)
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L'air s'embrase aux premières lueurs et dissout le souvenir du fort de Kazal. Le soleil vient d'éteindre les étoiles. Il nous aveugle. Il rend les choses invisibles au lieu de les révéler. On s'est toujours trompé au sujet du soleil.
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Je sais pourquoi ils n'ont pas l'air contents : parce qu'ils s'attendaient à entendre résonner ici santûr ou tombak. Un instrument barbare et bien d'ici. Dans son jus. Dommage, messieurs dames, les Russes d'Ukraine qui vivent au Kazakhstan ont eu un jour accès à la civilisation, ce qui les rend beaucoup moins sympathiques, évidemment.
Les vrais représentants de la civilisation sont donc assis devant moi. Ils baillent, s'éventent avec leurs programmes, s'assoient sur leur pliant qui menace de céder sous leur poids d'Occidentaux trop nourris.
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La musique est ineffable. Par elle, il y a éternellement à dire.
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Ouïr c'est obéir, adhérer à un commandement. Je n'entends pas donc je n'obéis pas. Je fais ce que je veux de moi et des autres. La musique crée le monde et le musicien avec lui. Mon corps sort du ventre de bois, l'instrument m'accouche, me rend à la vie. Avant, dans le silence, j'étais mort. A présent, sur la portée, je vibre et je sens. J'ai chaud, puis froid. J'ai mal, puis j'aime cette petite douleur au ventre, parce que c'est bon d'être envahi, investi par des myriades d'ondes magiques. Des kyrielles de trilles s'extirpent du crin raide de l'archet qui cingle ma chair. Les rythmes strient ma peau et les marques de la musique sont de plus en plus profondes, tatouées comme les hiéroglyphes d'un mystère. La musique est ineffable. Par elle, il y a éternellement à dire.
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Je continue à jouer pour elle jusqu'à la fin du jour. Pour elle, j'invente le soir et le silence liquide.
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Je caresse mon violoncelle pour que de son ventre de bois coule la musique bienheureuse.
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Le parfum du grand monde aride qui nous retient, nous ceint, nous confond.
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Je rentrais en moi et développais une indifférence pathologique à l'égard du dehors. Mes sentiments devenaient froids, j'aplatissais mes émotions, les êtres et les choses perdaient progressivement de leur attraction sur moi, exception faite de Zena. J'avais rejeté le monde extérieur puisqu'il ne venait plus à moi. J'évoluais en moi, je cherchais la musique en moi, et je tirais de cet état une forme de fierté.
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Ma femme a le goût de la provocation et celui de ma terre. De ma terre empoisonnée par la thénardite et le sel toxique.
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La plage immense craque sous nos pieds à cause des cristaux de sel. Le soleil tombe si raide sur la terre que le sol est blanc comme la steppe en hiver. Chaude et piquante, une neige couvre notre peau. Personne ne passe. Seuls trois chameaux aux jambes immenses nous frôlent. Ils mâchent du vide sans faire la différence entre nos corps couverts de poussière blanche et la roche blanche jadis immergée. Ils passent devant nous et continuent leur marche absurde dans la fournaise. Le paysage fauve nous brûle, nous griffe.
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Plus nous nous rapprochons de la ville, plus l'air est lourd. Avant, c'était à cause de l'eau, une sorte de moiteur salée, compliquée par les relents d'algue séchée et de poisson pourri. Aujourd'hui, c'est l'absence de mer qui confère au décor son insupportable pesanteur.
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Plus au nord encore, s'ennuient des cabanes de pêcheurs abandonnées au vent et au sable. C'est à leur niveau que sont échoués les chalutiers. Ces fantômes ont l'air fiers. L'absence d'eau contre leurs flancs rouillés, leur présence hiératique dans les tourbillons de poussière justifient presque leur morgue d'épaves. Et plus loin dans la fournaise, la mer. Pour quelque temps encore. Sous la lumière de midi, il est difficile de distinguer le mouvement des vagues, des spirales d'air tremblant qui montent de la grève. Le monde est affreusement confus.
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