Citations de Céline Guarneri (55)
Il avait un de ces regards qui ne s’excuse jamais d’avoir gagné, d’avoir perdu, d’être parti, d’être resté. Un de ces regards qui, d’un battement de cils, vous remercie de ne pas avoir attendu d’excuses. Il n’avait jamais attendu d’excuses pour tout ce que la vie lui avait dérobé.
Tu vois, ta main glisse dans la mienne comme une fleur dans un beau vase.
Chez nous, ça se termine rarement bien quand on aime trop. Les tangos le disent.
Heureusement je ne sais pas danser.
Tu es parfois à mon bonheur ce que Mister Bean est à l'astrophysique : un trou noir d'incompétence.
Le ciel n'a pas de kleenex et Camille refuse de le laisser se moucher dans des poèmes italiens.
C'était cela le bonheur. Se sentir chez soi dans un endroit que je n'avais jamais vu.
- Vous dansez le tango ?
- Non, j'oscille dans mes chaussures, au maximum.
Mon coeur tout entier était devenu une “milonga”. Il ruisselait de la sueur de toutes les “milongas” de la Terre. Les “abrazos” du monde entier enveloppaient mon ventricule droit et toutes les “tandas” résonnaient à l’unisson dans chacun des battements de mon coeur.
Et pourtant, je ne savais même pas ce qu’était une “milonga”, une “tanda” ou un “abrazo”. Mon coeur, ce coeur tout neuf à la mémoire qui ne m’appartenait pas, lui, le savait.
Les morts ne reviennent pas. Les vérités, en revanche, ont leurs chemins de traverse. Elles reprennent vie trop vite et laissent les vivants rentrer seuls dans le noir
Chacun a un moment de sa vie avait haï ce père pour un millier de raisons et aujourd'hui, il n'en restait plus qu'une seule: celle de ne pas leur laisser le temps de ne pas le détester.
Les chaînes qui nous enchaînent le plus sont celles que nous avons brisées.
[Antonio Porchia]
Et si dans chaque famille sommeillait une machine infernale, capable de fendre les couples et de faire basculer les destins lorsqu'on la réveille ? Et si c'étaient les absences, les séparations, les silences, les souvenirs amers et les non-dits qui tissaient sournoisement les fils de nos destins véritables, pendant que notre vie d'adulte ayant quitté le nid ne serait qu'un provisoire et fragile théâtre d'ombres ?
Préface, Antoine Sire
La mort interrompt les mensonges que l'on se raconte à soi-même et nous met face à cette imperceptible torsion que nous faisons subir à la vérité. Il n'y avait plus de père à retenir, ils le savaient tous. Les morts ne reviennent pas. Les vérités, en revanche, ont leurs chemins de traverse. Elles reprennent vie trop vite et laissent les vivants rentrer seuls dans le noir.
L'annonce de la disparitions d'une personne laisse toujours planer une sorte de fraternité des mots et du silence. On mange d'abord les souvenirs, puis on avale la clé jusqu'à la prochaine visite de la mémoire assassine.
Face au deuil, personne n'apprivoise la douleur de la même façon. Il y en a qui passent un permis moto pour compenser l'engourdissement invasif du chagrin ; d'autres sautent à l'élastique pour lutter contre le vide laissé par l'absent ; et d'autres encore plaquent tout et partent vivre à l'étranger, croyant échapper à la douleur, délocaliser l'oubli et produire de la joie à moindre coût. Aux yeux d'Hadrien, c'était pur gaspillage d'énergie. Quoi que l'on fasse, on est contraint d'endosser une nouvelle identité. On devient « un-qui-reste ». Rien ni personne ne pourrait changer cela en cette seconde.
Rien n'est plus présent qu'un passé qu'on aurait voulu changer.
Un pardon voyage plus loin et plus longtemps qu'une vengeance.
« L'objectif de l'art n'est pas le déclenchement d'une sécrétion momentanée d'adrénaline mais la construction, sur la durée d'une vie, d'un état d'émerveillement et de sérénité. »
Glenn Gould, cité dans le texte.
"C'est un récit onirique nourri par un symbolisme très riche. A travers les parcours initiatiques des quatre personnages principaux, Hugo Von Hofmannsthal médite sur ce qui fait de nous des humains. Une humanité à laquelle ni l'empereur, ni le teinturier Barak, ni son épouse ,'ont accédé pleinement. Je suis convaincue qu'il y a un peu de ces personnages en chacun de nous, dans notre refus de nous confronter à notre part obscure."
"Les morts ne reviennent pas. Les vérités, en revanche, ont leurs chemins de traverse. Elles reprennent vie trop vite et laissent les vivants rentrer seuls dans le noir."