Citations de Céline Guarneri (55)
La mémoire devrait pouvoir être inflammable. Un peu d’essence, on craque l’allumette et hop, on oublie ce foutu désarroi ! Ça peut brûler les entrailles, le manque de quelqu’un. Comment conserver le sens d’une vie et son pétillement quand on vacillait à l’intérieur de son propre corps et que ça pleurait dans les veines ?
Au début du deuil, on pense que cette ère de l’anesthésie douce n’arrivera jamais, mais elle vient, comme reviennent les palpitations dans les cœurs brisés lorsqu’ils ont fini d’errer.
On oublie avec le temps ce que les gens nous ont fait ou dit, mais jamais ce qu’ils nous ont fait ressentir.
Le jour où ton regard a rencontré mon regard pour la première fois, un rayon est allé de ton cœur au mien comme l’aurore à une ruine.
Rien n'est plus présent qu'un passé qu'on aurait voulu changer.
La mort interrompt les mensonges que l'on se raconte à soi-même et nous met face à cette imperceptible torsion que nous faisons subir à la vérité. Il n'y avait plus de père à retenir, ils le savaient tous. Les morts ne reviennent pas. Les vérités, en revanche, ont leurs chemins de traverse. Elles reprennent vie trop vite et laissent les vivants rentrer seuls dans le noir.
Un pardon voyage plus loin et plus longtemps qu'une vengeance.
Face au deuil, personne n'apprivoise la douleur de la même façon. Il y en a qui passent un permis moto pour compenser l'engourdissement invasif du chagrin ; d'autres sautent à l'élastique pour lutter contre le vide laissé par l'absent ; et d'autres encore plaquent tout et partent vivre à l'étranger, croyant échapper à la douleur, délocaliser l'oubli et produire de la joie à moindre coût. Aux yeux d'Hadrien, c'était pur gaspillage d'énergie. Quoi que l'on fasse, on est contraint d'endosser une nouvelle identité. On devient « un-qui-reste ». Rien ni personne ne pourrait changer cela en cette seconde.
Les chaînes qui nous enchaînent le plus sont celles que nous avons brisées.
[Antonio Porchia]
"Les morts ne reviennent pas. Les vérités, en revanche, ont leurs chemins de traverse. Elles reprennent vie trop vite et laissent les vivants rentrer seuls dans le noir."
Tu es mon voyage et mon chez-moi. Je t’aime.
« L'objectif de l'art n'est pas le déclenchement d'une sécrétion momentanée d'adrénaline mais la construction, sur la durée d'une vie, d'un état d'émerveillement et de sérénité. »
Glenn Gould, cité dans le texte.
Pleurer ensemble, finalement, c’est comme sourire. C’est mathématique, les tristesses s’annulent entre elles.
Elle était ce que Louis appelait une femme genoux-choux-cailloux-bijoux ; une femme belle à faire trembler les genoux, à vous faire aller à travers choux, à semer des cailloux pour que vous ne la perdiez pas de vue et à vous ruiner en bijoux.
Quand on est celle ou celui qui reste, on se sent coupable. Je connais ça. J’ai eu envie de disparaître un nombre de fois incalculable. La vie, c’est parfois un labyrinthe dans lequel on se prend une claque tous les deux mètres. Mais il y a aussi des éclaircies, des sourires et des bonheurs qu’on n’attendait plus.
Et si dans chaque famille sommeillait une machine infernale, capable de fendre les couples et de faire basculer les destins lorsqu'on la réveille ? Et si c'étaient les absences, les séparations, les silences, les souvenirs amers et les non-dits qui tissaient sournoisement les fils de nos destins véritables, pendant que notre vie d'adulte ayant quitté le nid ne serait qu'un provisoire et fragile théâtre d'ombres ?
Préface, Antoine Sire
Les émotions, c’est fait pour sortir. Les cornichons aussi sortent du bocal un jour.
Mon coeur tout entier était devenu une “milonga”. Il ruisselait de la sueur de toutes les “milongas” de la Terre. Les “abrazos” du monde entier enveloppaient mon ventricule droit et toutes les “tandas” résonnaient à l’unisson dans chacun des battements de mon coeur.
Et pourtant, je ne savais même pas ce qu’était une “milonga”, une “tanda” ou un “abrazo”. Mon coeur, ce coeur tout neuf à la mémoire qui ne m’appartenait pas, lui, le savait.
"C'est un récit onirique nourri par un symbolisme très riche. A travers les parcours initiatiques des quatre personnages principaux, Hugo Von Hofmannsthal médite sur ce qui fait de nous des humains. Une humanité à laquelle ni l'empereur, ni le teinturier Barak, ni son épouse ,'ont accédé pleinement. Je suis convaincue qu'il y a un peu de ces personnages en chacun de nous, dans notre refus de nous confronter à notre part obscure."
La grande musique a l’évidence d’un grand vin !