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Citations de Céline Minard (279)


"La cavité dans laquelle il s'était recouché était comme un voyage au-dessus du sol. Sans que l'esprit soit obligé de sortir du corps, il parcourait de grandes distances en un clin d'oeil et passait tout aussi vite de l'hiver à l'été, quand il ne les habitait pas simultanément. Le plafond de sa chambre improvisée racontait une histoire en même temps qu'un territoire. Le déplacement de l'oeil, suivant celui de la main qui avait tracé les formes et posé les couleurs, faisait surgir le monde en le parcourant."
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parlant de son style d'écriture :
And fuck the purists and their self-sufficiency

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Voilà une chose que je regretterai : la marche, la marche, le mouvement dont j'ai dû faire un deuil partiel
Aussi le feu de bois dehors, en été la nuit, en automne et manier les feuilles dans les boules de fumée énormes
Toutes pauvres choses en somme.
Comme une vie peut se résoudre en une poignée d'anecdotes.
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que la peste les étouffe, les broie, les meule, les perce, qu'ils jettent leur dernier souffle en un pet par le cul en ensemble et qu'ainsi Rome en tremble
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Elle soignait les brûlures par imposition. Elle calmait les agités, les hommes ivres,les femmes en mal d'enfant,par simple chant,. Elle faisait tomber la fièvre et il lui arrivait de pratiquer la réanimation par claques et corrections.
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On ne pouvait donc rien retrouver dans ce monde, ni personne, sans qu'une perte vienne aussitôt poindre son nez.
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Les fenêtres mollissent, mollissent, les fenêtres se balancent. Echampson se balance, la nacelle tangue, les oiseaux délirent. Puis elle incline son parapluie, et les fenêtres explosent. Un dixème de seconde, les oiseaux s'arrêtent en l'air, ils glissent. Alors, le major inspire. Ferme son pébroque et sourit. Comme s'ils n'attendaient qu'un signe, les martinets se jettent en hurlant dans les appartements ouverts.
- Waouh, vandales, j'adore!
Lawson est ravi.
- Tu vois, tu as compris? il faut faire exploser les petites bulles de vide. Rien ne doit être étanche. Le rêve est une réalité.
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je t'arrache l'avenir en tout lieu
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J’ai choisi cet hôtel pour la multitude de libellules déprimées qui baguenaudent autour des piliers entre les roseaux – bleu Porshe, ahanant du coffre avec une pulsation de métronome, pour ses trompettes aussi, qui poussent en paillasse dans les bois, pour le blé à tige bleue, à tête d’or, qui nappe la colline au loin jusqu’aux premiers jours d’aout, et parce que j’apprécie, quand j’arrive à faire les six cent pas quotidiens qui me sont prescrits, de croiser un tapis de cinq fleurs de petits liseron posé sur un bout de ravine sèche à coté d’une merde fraiche.
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Depuis son entrée dans la société des Eips, elle développait une science du corps primitif, dont le degré d’élaboration la surprenait jour après jour. À force d’attention aux autres, au moindre de leur geste, de leurs choix posturaux, de leurs manifestations vocales, par ricochet, par mimétisme, elle avait creusé dans ses muscles et dans ses gènes, terreau d’une mémoire très ancienne. Elle y avait trouvé un savoir qui était une pratique, elle y avait trouvé que tout savoir ne peut être qu’une pratique. Il y a cent façons de manger un céleri sauvage. Il n’y a en qu’une et les Eipes la lui avaient enseignée. Elle les suivait depuis si longtemps qu’elle commençait à comprendre leur idée du territoire. Ou plutôt, que le concept de territoire appliqué à leurs déplacements était une aberration. L’étendue ne les cernait pas, ne les concernait pas. Ils étaient régulièrement devant tel bosquet, telle fourmilière, tel rang de buisson, tel bras d’eau, au moment où il le fallait, quand le bosquet produisait ses fruits, quand ils avaient soif, besoin d’antiseptique, envie de sucre ou des nids douillets que fournissaient les arbres à certains endroits précis, mais chaque poste connu, pris dans le flux, était neuf, intégré dans l’instant, impliqué de nouveau dans le filet de leur pratique.
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Le centre ne suscitait plus autant d’intérêt qu’à son ouverture. L’heure de gloire était révolue, et avec elle, l’attention des mécènes. Elle avait vieilli elle aussi, et si son état était loin d’être à l’image de la cour déjetée qu’elle traversait, un seau au bout du bras, elle avait perdu la fraîcheur et la force de persuasion qui attirent les investisseurs. Son éclat était plus mat, son travail plus lent, sa passion plus profonde mais moins communicative. Elle s’était lassée du public.
Elle avança devant la grange dont la porte avait finir par se gauchir complètement, et nota que le fenestron n’était toujours pas occulté. Elle jeta un œil aux étais du fenil et inspira à pleins poumons, le nez vers la lucarne d’où débordait le foin de l’année. Cette première bouffée lui ouvrait l’appétit et annonçait les odeurs vivantes de l’étable. Chaudes, denses, aussi accueillantes que les bêtes qui se réveillaient en reniflant l’avoine et la maîtresse qui l’apportait.
Contrairement aux autres modules du centre – excepté le laboratoire et la salle de soins strictement maintenus aux normes -, l’écurie était la fierté personnelle d’Aliona. Elle adorait ses chevaux. Ses cinquante petits corps musclés, sa harde vivante, plus farouche que des perdrix, plus domestique que les chèvres qui broutaient, l’été, les jardinières de civette qu’elle remisait dans sa chambre, fenêtre grande ouverte.
Ils la recevaient avec des secouements de crinière, des cris d’appel et des oreilles droites. Elle avait pour chacun un geste de la main, une flatterie, un mot ou une épluchure de carotte. Elle parcourait une première fois le bâtiment en leur parlant, tandis qu’elle versait l’avoine dans les mangeoires. Elle attendait qu’ils plongent la tête dans les auges et qu’ils soufflent sur les dernières poussières, avant de revenir sur ses pas en débloquant tous les loquets, leur laissant le soin de pousser le vantail du chanfrein et de la rejoindre au bout de l’étable, piaffants, avides d’air neuf.
Elle les connaissait individuellement jusque dans les recombinaisons les plus secrètes de leur ADN. Elle les avait faits.
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Et la saison passait. Le cœur de la sphère disparaissait un moment sous un aérosol homogène moucheté de paillettes. On tenait alors une boule de fumée aussi fragile qu’une bulle de savon, tout aussi vide.
La poussière de la floraison retombait. Elle décantait, lentement, se posait sur les surfaces immobiles, accentuait les reliefs, tapissait les plaines, marquait les liquides. Tout était gris, noir, couvert d’une couche de poudre épaisse, un tapis de fractales irrégulières, mêlé de brun, strié de blanc. Les vents balayaient et recomposaient les sols. Les marées brassaient la roche et la cendre avec le sable. Les braises s’étouffaient dans la zone de nuit jusqu’à l’extinction complète. Les nuages perdaient de la masse et se reformaient, plus clairs, lessivant les terres depuis les sommets. Des montagnes glissaient, les grands fleuves remuaient, prenaient du volume, poussaient les alluvions et forçaient les barrages pour rejoindre les mers. Les coulées sales s’éclaircissaient. Et le vert apparaissait. En points, puis en taches de plus en plus larges sur l’ensemble des terres émergées. Il occupait la côte est de l’Amérique du Nord suivant l’ancien maillage du réseau lumineux jusqu’au centre du continent, par capillarité, il soutenait les fleuves dans leur course, courait sur les plateaux, sautait sur les versants. L’Eurasie se couvrait d’un manteau clair ininterrompu dans sa partie nord, l’Australie se bordait, l’Afrique retrouvait un cœur, l’Amérique du Sud une coiffe, une robe, une parure. Et les cyclones continuaient de brasser, les océans d’éclaircir et d’engloutir les îles et les bordures.
Quand le sable se distinguait de l’écume sur les littoraux et formait un trait de contour blond, quand les lagunes apparaissaient en mer Caspienne, les mangroves à la pointe de la Somalie, les récifs-barrières en Australie, Helen arrêtait l’animation. Tout le monde connaissait la suite. Son auditoire ne supportait plus la mention de la série d’événements qui avaient eu lieu dans cette tardive Antiquité. La lassitude, plus rarement la colère, le rendait sourd à cette période historique.
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Ils arrivent de l'excès et de la misère qu'il provoque. Ils y vivent, ils s'en nourrissent, ils en meurent de maladie, ils y connaissent le plaisir et la joie, elle est brève.
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Il avait entendu parler de la pauvreté des expériences sexuelles admises sur la planète source entre hominidés.
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Alors qu’il poussait les deux vaches devant lui, il revoyait en pensée leur première entrée, avec son frère. Si pauvre, si triomphale pourtant, et maintenant qu’ils avaient tous les trois le début de quelque chose dans les mains, Brad se sentait oppressé par le poids de la menace. De la menace qui pèse sur la moindre réalisation, de toutes les menaces. (p. 238).
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Et personne à l’intérieur de la place ne s’est laissé impressionner par le vacarme des détonations. En échange, ils ont trouvé à quatre heures du matin, debout devant la porte parmi les plaques de peintures brûlées, la première bouteille débouchée. Aux trois quarts vide. Sans commentaire. Sans s’expliquer non plus comment elle était arrivée là. Ils ont néanmoins compris à cet instant qu’ils avaient perdu le contrôle des caméras de surveillance. A quel moment exactement ? Cette question travaille le cerveau de Jackie Thran comme une ritournelle. Avec trois autres, qui tournent en boucle : qui, comment, pourquoi ?
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- Une menace est efficace tant qu'elle n'est pas exécutée.
- Et quelques secondes après, dit la Brune.
- Le temps que le souffle de sa désintégration met à s'épanouir dans l'espace. Que les bourrelets de fumée s'amoncellent, que la matière se répande dans les trois dimensions de l'air.
La Bombe semble voir en détail des particules libérées de leurs chaînes, lâchées dans le volume, en surpression, en pleine détente, à l'équilibre, et sa vision illumine la pièce. Bizzie a les yeux grands ouverts. Des larmes d'eye-liner traversent le rouge de son sourire flou.
- Le temps de la sidération, dit-elle.
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-Ils ont du goût.Ce sont des connaisseurs,d'une façon ou d'une autre. Peut-être des esthètes.
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Il demande à Coetzer d’examiner les trois bouteilles comme des pièces à conviction. Elles ne portent aucune empreinte digitale mais elles ont été manipulées. Selon lui, c’est déjà un début de dialogue. Coetzer se recueille un instant. Il se concentre sur la bouteille de chambolle-musigny et montre la coupure nette de la capsule de surbouchage, l’étain a été sélectionné d’un seul geste. Puis il penche la bouteille pour qu’ils voient le dépôt qui repose dans le tiers de vin restant. Jackie Thran fait la grimace.
– Il y a à boire et à manger là-dedans.
– C’est plus un gage de qualité qu’un défaut, les amateurs le savent.
Marwan ôte ses lunettes et se frotte la base du nez.
– Diriez-vous qu’ils ont débouché et versé le vin comme le feraient des sommeliers ?
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Depuis qu'elle s'était volatilisée du village d'Orage-Grondant, Eau-qui-court-sur-la-plaine lui laissait des fantômes de pistes qui le menaient parfois jusqu'à une de ses caches. Quand c'était le cas, les signes qu'elle laissait était clairs et l'espace, plein de sa présence, avait cette qualité électrique qui lui était propre et qu'il reconnaissait toujours avec le même frisson épidermique. En lui permettant de la suivre de loin en loin, Eau-qui-court-sur-la-plaine lui disait qu'elle ne désirait pas pour l'instant de contact humain direct mais qu'elle ne rompait pas le lien.
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