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Critiques de Céline Righi (32)
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Berline

Un vrai coup de coeur pour ce 1er roman magistral !Années 60, quelque part en Lorraine.

Fernand, 23 ans, travaille à la mine.

Le récit débute par son réveil. Il est dans le noir absolu, seul, le corps en compote.

Un effondrement s'est produit, balançant tout autour de lui et lui avec : les hommes, le matériel, les pierres…

Il est enfermé, coincé sous une berline qui l'a protégé mais le maintient prisonnier.

Rivé au fond, sa mémoire remonte. Dans le noir absolu, enfin il voit clair. le corps est certes pris au piège mais libéré du travail pénible, il peut dès lors « Penser, penser, penser, se souvenir, se rappeler, descendre dans sa vie comme dans un puits de mine, explorer sa mémoire pulvérisée, son histoire en miettes, rien d'autre à se mettre sous la dent, rien d'autre ».

Ni mort, ni vivant, il attend de l'aide.

Mi mort, mi vivant il attend la mort. Mais elle tarde à venir. Son envoyé est là pourtant. C'est cet oiseau noir qui, par ses remarques intempestives, relance la mécanique du souvenir. Chaque chapitre est un bloc de souvenirs qu'il soulève un à un : sa mère asséchée par une vieille douleur, son père taiseux, son oncle et sa tante, son ami de toujours Mario, son seul amour Martha et son village, et la mine, la mine bien sûr.

Qu'il est touchant Fernand avec sa culpabilité, sa résignation, son absence de rancune, son besoin d'amour.

La poésie côtoie de trivial au gré des divagations de Fernand, de ses états d'âme.

Et étrangement, il y quelque chose de théâtral dans ce long monologue intérieur pourtant écrit à la 3ème personne.

J'ai adoré l'entendre.
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Berline

Si ma bibliothécaire ne me l'avait pas recommandé je n'aurai jamais ouvert ce premier roman à la couverture du sombre, sombre comme la mine, de or du récit. Bloqué sous terre. Fernand, 23 ans, retrace sa vie. Il paraît que c'est ce qui arrive quand on est aux portes du dernier voyage.

Dans une écriture à la fois simple, précise dans l'évocation d'une époque, les années 60, d'un milieu, la mine, le monde ouvrier, l'auteure comme le narrateur ausculte, décortique les étapes marquantes des souvenirs, les sentiments qu'ils laissent dans le cœur.

On s'y retrouve parfois, c'est a la fois simple et profond, c'est le genre de roman qui laisse des traces comme la suie sur le corps et les poumons. Prometteur.
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Berline

Quelque part dans le nord

Une catastrophe l effondrement d une mine.

Au fond Fernand bloqué se remémore sa vie

Sa jeunesse ses rapports avec sa mère.

Un magnifique premier roman avec une plume magnifique.

La plus belle découverte de l année

C est poétique sombre souvent drôle et tendre

Découvrez la vie de Fernand..

Vous n êtes pas prêt d oublier ce roman et ses personnages

Magnifique 👍👍👍👍
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Berline

Eh bien pour un premier roman ,Céline Righi,peut être fière : une belle réussite!Nous sentons la parolière et les ateliers d'écriture derrière.

Un très bel hommage rendu aux " gueules noires" au travers le personnage de Fernand ,23 ans,mineur de fond .

Un éboulement s'est produit dans la mine où travaille Fernand ,et il se trouve coincé sous une berline.dans un semi coma, il ne sait pas si il est mort ou vivant au début puis petit à petit il prend conscience qu'il est en vie mais salement amoché.

Et surtout pour ne pas sombrer dans un état léthargique, il va s''obliger à faire remonter les souvenirs. Pages de vie auxquelles il va se "raccrocher".S'inventant un messager: l'oiseau noir ,afin de ne pas s'endormir,de ne pas mourir il refera le chemin à l'envers.L'image de la mère prédominante, m'a fait penser à Folcoche( vipère au poing de H.Bazin.) ,sauf qu'ici la brutalité physique est absente tout comme l'amour de cette femme " taiseuse".Elle ne dit rien est froide et dure comme une pierre.Court roman: 119 pages ,raconté à la 3ème personne.chaque personnage va nous être décrit: le père ,la mère,l'oncle et la tante ,la grand-mère et surtout le grand copain :Mario ,qui sourit tout le temps,ainsi que quelques habitants du quartier,et tout cela sublimé par une écriture ciselée ,pointue.Des tableaux sombres mais en même temps lumineux ,tellement tendres et humoristiques parfois, qui m'ont laissé en apnée au côté de Fernand : un petit bijou ce roman que je vous conseille fortement

d'ouvrir.

Lu dans le cadre du1er roman sélectionné par : Terres de paroles.⭐⭐⭐⭐⭐
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Berline

Dans le ventre de la mine, là où règnent l’obscurité et le silence, un homme est coincé sous une berline. Fernand ne peut plus bouger, son corps souffre, de la faim, de la soif, de ce drame qui l’a projeté contre la terre. Dans une attente interminable, reviennent à lui les souvenirs. Ceux de l’enfance, l’amitié et l’amour. Tout se mêlent en un souffle, pour qu’il n’en manque pas…



Le premier roman de Céline Righi est une pépite de poésie et de douceur. Et c’est un véritable talent, car le sujet est dur. Un homme est coincé au fond de la mine, il est seul, il souffre, et les souvenirs qui se rappellent à lui ne sont pas tous agréables.



Pourtant, l’écriture nous emporte, nous berce, nous cueille. On fait la connaissance de Fernand qui, bien avant d’être emprisonné sous cette berline, l’a été dans sa vie d’homme. Sous l’emprise d’une mère froide, que la tendresse a quitté, il a trouvé un peu de réconfort auprès d’un oncle et d’une tante. En quête de reconnaissance, il n’a jamais vraiment su comment vivre dans le regard de son père, dont le dos courbé n’a jamais affronté sa femme.



Et puis il y a le sourire de Mario, cet ami de toujours. C’est avec lui qu’il découvre la joie, les jeux, le courage de descendre… C’est lui aussi qui lui volera son amour, mais à qui il n’en voudra pas… Parce que l’amitié est une force qui dure…



Dans cet espace où la nuit domine, où le silence étourdit, Fernand se réveille. S’il s’en sort, il se promet d’aimer, tout ce qui l’entoure, ceux qui l’accompagnent sur son chemin. Parce qu’après toute cette obscurité, c’est de lumière dont il veut vivre…
Lien : https://lire-et-vous.fr/2022..
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Berline

Livre de 119 pages, très touchant. L’auteur nous décrit avec beaucoup d’émotion, de doutes et d’espoir, le thème de la mort, dans des conditions assez spéciales.



La mine s’écroula sous l’effet d’une forte déflagration sur Fernand. La déflagration avait plaqué son corps contre la paroi. Il ne savait pas dans quel état était son corps. C’était le silence complet, le trou noir dans sa tête. Etait-il mort ? Peut-être que c’était aussi cela, la mort. En tout cas, il était pire qu’en prison. Une prison, dont il ne pouvait même pas bouger. Soudain, il entendit une voix qui lui demandait de se réveiller.



Il se rappelait, alors, son grand-père et son père mineurs. Et lui, qui avait dit, qu’il ne travaillerait jamais dans une mine. Il voulait être jardinier, mais il n’avait pas eu le choix. « C’était comme ça », disait sa mère.



Il se rappelait sa mère, si silencieuse, dont il connaissait si peu de chose d’elle, qui répétait sans cesse « C’est comme ça. », lorsqu’il essayait de lui parler. Cette mère, qui lui faisait porter le lourd et douloureux fardeau de la mort de son aîné. Elle ne lui en avait jamais parlé, mais il avait compris lorsqu’ils allaient au cimetière. Lui, était le mort-vivant, vivant dans l’ombre de son frère. Toute sa vie, il avait été frustré par celle qui lui faisait comprendre que c’était sa faute, si elle souffrait ainsi. Il aurait tant voulu que sa mère l’aime. Jamais, elle ne l’avait pris dans ses bras, trop occupée à aimer cet autre enfant.

Il se rappelait son père, qui souffrait comme lui de la mauvaise humeur de cette femme. Ce père, si peu bavard lors des journées de pêche avec lui, mais qui lui parlait tout bas quand sa mère se mettait en colère. Il revit sa douleur, lorsque son père les avait quittés.

Il se rappelait son ami d’enfance, Mario, prit comme lui dans l’effondrement de cette mine. Il avait tant partagé de bons moments avec lui, le foot, les bagarres, les filles…

Et puis, il se rappelait Martha, à qui il n’avait jamais osé lui dire qu’il l’aimait.

Sa tête n’arrêtait pas de lui imposer des souvenirs.

Il voyait de vieilles pierres, des couleurs provençales. Il sentait l’odeur de la lavande. C’était beau là-bas.



Il sentit qu’il avait faim et soif. S’il mangeait un doigt, le sentirait-il ? Impossible, il ne pouvait pas bouger. Alors, il rêva qu’il mangeait. Il garda les yeux ouverts de peur de rater la lumière d’un réverbère, d’une étoile, d’un simple petit rayon de lumière. On ne sait jamais. La nuit noire, sous cette terre, était, désormais, son autre planète. Il voyait les mêmes oiseaux noirs voler au-dessus de lui, qu’il avait vus quand son père l’avait quitté. S’il n’était pas mort, celle-ci n’était pas loin. Allait-il rejoindre son père ? S’il s’en sortait, il se promit de tout aimer.



Soudain, tout se mélangea dans sa tête. Les visages qu’il connaissait se superposaient. Il avait mal, mais se sentait bien. Il crut entendre des voix qui l’appelaient. Son père peut-être ? Il voyait une légère lumière. La mort venait-elle le chercher ???



Magnifique roman et magnifique écriture, qui nous laisse sans mots…

Céline Righi a remporté avec Berline, le premier Prix, « Premières Paroles », en 2023.
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Berline

Dans les années 60, au fond d’une mine, qui vient de s’effondrer, un mineur, Fernand, protégé des éboulements par un de ces petits wagonnets qu’on appelait des berlines, attend la mort ou un miracle. Il s’accroche à ses souvenirs, aussi sombres soient-ils, pour ne pas sombrer.



Sa mère, meurtrie par la perte de son frère, mort-né, n’a jamais su l’aimer. « La mère s’est fermée à double tour et a jeté la clé ». Son père, ancien mineur, son copain d’enfance, Mario…



Les souvenirs s’abattent sur lui, et il les affronte, bravant l’interdiction de sa mère : « Le passé c’est le passé, on le laisse où il est ».



Sans rancœur, il fait défiler sa vie.



« Il se sent mille. Il est sa mère, son père, le Mario, Martha, l’oncle, la tante, le village tout entier. Il est toute l’humanité. Il est le courage et la lâcheté, la méchanceté et la gentillesse, la haine et l’amour. Il n’est plus sous la terre, il est la terre. Il n’est plus sous la pierre, il est la pierre. Il est la nuit et le silence. Il dit oui à tout, même à la tragédie, aux ombres, à la mine, aux ténèbres ».



Une belle intention, quelques belles formules, mais peu d’émotions, ces formulations à répétition « la mère », « le père », n’y sont peut-être pas étrangères, et c’est un peu dommage.





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Berline

Sous une berline, suite à l'explosion dans la mine où il travaille, Fernand divague et voit sa vie défiler devant ses yeux malgré l'obscurité qui l'entoure.



Mineur de père en fils, c'est l'histoire de sa vie, sa famille et ses peines et ses joies qui surgissent par étapes dans son esprit encore éveillé.



Un corbeau lui tient compagnie et l'aide à rester vivant et le guide afin de retrouver la lumière.



C'est une histoire à la fois triste et drôle, Fernand n'a pas eu une vie très heureuse car ses parents sont des êtres abimés par les drames, le travail et la misère.



il nous raconte son histoire très émouvante qui montre à quel point le manque d'amour cause des souffrances qui nous rongent toute notre vie.



Fernand respire quand même et il va lutter à travers ses rêves et ses souvenirs afin de ne pas mourir au fond de cette mine.



C'est un roman dramatique qui donne de l'espoir afin de ne pas sombrer dans la nuit infinie.



L'auteur s'est inspirée de faits réels pour nous raconter l'histoire de ces hommes qui risquaient leur vie tous les jours pour gagner leur pain et leur soupe.



J'ai passé un moment de lecture tout en respirant comme Fernand pour éviter la claustrophobie.



Je vous conseille de découvrir ce livre que j'avais acheté au salon du livre féminin d'Hagondange l'année dernière.



J'ai rencontré l'auteure pour la première fois et c'est Céline Lapertot qui m'avait conseillé de le lire.



Merci à tous ceux qui suivent mon blog Misery Bay et n'hésitez pas à vous abonner.




Lien : https://sabineremy.blogspot...
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Berline

Voici encore une belle pépite publiée aux éditions du Sonneur !

Il s’agit d’un premier roman, assez court (119 pages) qui évoque la vie dans les mines à la fin des années 60 et plus précisément celle d’un homme, Fernand, dont la mine vient de s’effondrer sur lui. Il est bloqué sous une berline, plongé dans le noir et blessé. Va-t-il survivre ?

Le roman est composé de 14 « blocs » ou chapitres dans lesquels Fernand se remémore son enfance, sa famille, les quatre cents coups avec son ami Mario, Martha (celle qu’il aime).

Il décide de faire comme Mario lui a toujours conseillé, choisir les bonnes pommes plutôt que les pourries, les bons souvenirs plutôt que les mauvais.

Mais on comprend vite que l’enfance de Fernand a été marquée par un événement dramatique dont ses parents ne lui ont pas parlé et que sa tante lui révèle. Cet événement a plongé la mère dans une sorte de dépression, incapable de montrer un peu d’amour et de douceur à son fils. Quant au père, il est bon, mais n’ose pas affronter la mère. Il passe beaucoup de temps dans son jardin.

Fernand refuse de travailler à la mine et d’y descendre comme le font depuis des générations les hommes de la famille. Il rêve d’une autre vie mais le destin et le manque de courage de Fernand le mènent dans la mine. Que fera-t-il s’il s’en sort ? Osera-t-il changer de vie ?

Un roman sur l’enfermement dans tous les sens du terme. J’ai mis une trentaine de pages avant d’entrer dans le livre et d’être happée par l’écriture de Céline Righi. Le style est parfois sec, allant à l’essentiel, provoquant des émotions. Le roman oscille entre humour, tendresse et poésie. Bref une voix que je n’avais pas encore entendue en littérature et que je suis ravie d’avoir découverte.
Lien : https://joellebooks.fr/2022/..
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Berline

Fernand reprend connaissance après l'explosion dans la mine. Il est en compote, dans le noir profond, dans le silence. Pour ne pas crever, il va se remémorer sa vie, ce dont il rêvait, les idées qu'il refusait, descendre à la mine par exemple, le caractère très dur de sa mère, son père travaillant au jardin, sa passivité, Mario son copain d'enfance qui doit être mort quelque part non loin de là.

L'écriture est vivante, le sujet émouvant. Pourtant je n'ai pas été très émue. J'ai trouvé un manque de réalisme, les souffrances de Fernand semblent occultées. Dommage !
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Berline

Dans le Nord de la France dans les années 60, suite à l'effondrement d'une mine, Fernand est coincé sous une berline. La berline, c'est le petit wagon que les mineurs utilisent pour déplacer le charbon. Emprisonné dans ces ténèbres, il essaie tant bien que mal de survivre et pour éviter de sombrer dans la mort, il se remémore des moments de sa vie : sa mère, froide et rude, incapable de lui témoigner des marques d'amour ou de tendresse, son père un homme travailleur, mineur lui aussi, doux et discrêt, pour qui il a un amour profond, son ami et collègue Mario, une grande gueule attachante, la belle Martha dont tous les deus sont amoureux, Gino, le patron du bar mais aussi sa tante et son oncle qui lui apportent tout l'amour et la tendresse dont il manque.



Sa vie est rude, il aurait voulu qu'elle soit différente mais ici on ne discute pas, on travaille à la mine, comme le père et le grand-père avant lui, pas de discussion possible, alors que lui aurait voulu être jardinier, travailler les plantes et les couleurs plutôt que de vivre et respirer du noir tous les jours.



Avec une plume poétique, douce et enrobante, Céline Righi évoque les ténèbres et la fatalité d'une vie entièrement vouée au travail et nous offre un premier roman très réussi, un hommage à ces hommes usés par le labeur... Un véritable coup de coeur!



La langue est belle, l'histoire est profonde et pleine de tendresse et les personnages touchants.




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Berline

Quelque part dans une mine… un accident survient et voilà Fernand, la vingtaine, coincé sous une berline au fond d’un boyau.

Seul dans le noir, le voilà face à lui-même et à ses souvenirs qui vont le faire tenir autant qu’il peut, et qui vont nous emmener à la découverte de la vie de Fernand mais aussi de celle des mineurs.

Un récit intense et poétique qui m’a ravie et que je conseille.
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Berline

Une écriture à bagout, une pulsation, ça tape, fort, droit, intense

"L’histoire s’effondre là"

Un rythme cadencé phrases courtes entraînant une mélodie un rock minier

Les mots happent les mots claquent droit au but mais les mots toujours pile bon endroit

Un régal de lecture qui donne envie de déclamer fort et loin

Le phrasé gras mais tendre

Une histoire d’enfance et de choix impossible parce que la famille transpire aux décisions. " la culpabilité est un ciment des plus résistants, et il en était tartiné depuis sa naissance" le Fernand.

Ne pas s’opposer ne pas contrarier suivre la lignée mineur de père en fils " comme un flambeau".

"Pas le choix, pas le choix, pas le choix. Ta gueule, l’oiseau ! Pas le choix, tu parles. C’est juste le courage qui lui avait manqué. "

Pourtant pas loin la "voix muselée" aurait pu éviter le trou "le noir d’encre".

Pour ne pas vivre la vie des autres affronter le manque d’amour de considération et vaille

Le corps déchiré, la bouche sèche dit l’attente : la mort ou l’espoir peut être de sortir du noir meilleur

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Berline

Premier roman de Céline Righi qui nous plonge dans l'univers rude de la mine.

Fernand se retrouve coincé sous une berline (wagonnet pour transporter le charbon) après un coup de grisou.

Entre la vie et la mort, Fernand retrace sa vie ses parents, ses amis, la vie autour de la mine.

Le texte bien écrit, nous emmène dans les méandres psychologique et philosophique de Fernand.

Un très bon 1er roman.
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Berline



À la suite d'une explosion, Fernand est coincé au fond de la mine, le corps en morceaux. Le silence, la nuit, la claustration, la faim et la soif le tourmentent.

Paradoxalement cet enfermement dans les entrailles de la terre est presque une chance pour ce jeune homme qui n'a jamais le temps, harassé par le travail, de se poser pour réfléchir.

Aidé par un oiseau imaginaire sorti de son esprit, il fait le bilan de sa courte vie en laissant les souvenirs affleurer : la froideur d'une mère dévastée par la mort d'un enfant un an avant sa naissance ; la gentillesse taiseuse d'un père ; son premier amour ; son amitié pour Mario le costaud alors que lui est surnommé « l'allumette » ; les mantras fatalistes de la mère (« les pas le choix, les la vie c'est comme ça, les on n'y peut rien changer ») ; la tendresse des grands-parents, de l'oncle et de la tante ; la solidarité entre les mineurs...

Dans le huis clos ténébreux de la mine, les rêves de Fernand sont peuplés de couleurs ; celles des yeux de Martha, celles des champs de blé, celles de l'océan qu'il n'a jamais vu pour « troquer les gris des cités minières contre le bleu atlantique »...

Avec une grande justesse dans la narration, Céline Righi, qui signe un premier roman aux accents lyriques et nourri de métaphores, fait le récit poignant d'un garçon conditionné par son milieu dont il n'a pas osé s'affranchir.

Sa solitude forcée l'encourage, s'il sort du trou où il est bloqué, à aspirer à la plus grande des libertés, la liberté de choisir une autre existence que celle qui est toute tracée. Pour retrouver enfin le goût de vivre.

Son portrait sensible incarne le destin des immigrés italiens qui ont servi de bras dans les mines de l'Est de la France et plus largement de tous ceux qui ont trimé sous la terre au péril de leurs vies.



EXTRAITS

« Allumette », une trouvaille de la mère qui ne manquait jamais d'imagination quand il s'agissait de lui esquinter le cœur.

Ça avait toujours été comme ça, chez eux on se transmettait la mine de père en fils, comme un flambeau.

Dans la mine, sous la peau et dans l'âme, la nuit persiste.
Lien : http://papivore.net/litterat..
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Berline

Fernand malgré lui a dû descendre à la mine, parce qu'en Lorraine on y va de père en fils. Malgré sa peur du noir, malgré son aspect physique qui lui vaut le surnom d'Allumette. Et l'accident s'est produit. Fernand, protégé par une berline, survit à l'explosion et , dans un état semi-conscient, se rappelle son enfance entre une mère mal-aimante depuis la mort de son premier bébé et un père qui subit son existence de mineur.

Un texte qui rend bien compte des conditions de vie difficiles dans ces années 60.
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Berline

Mon coup de cœur dans les premiers romans en lice pour le prix Québec-France Marie-Claire Blais 2023-2024. J’étais membre du jury de présélection et ce titre avait franchi cette étape. Puis, les comités de lecture régionaux l’ont choisi comme lauréate.



Un roman à la fois noir et lumineux. Une œuvre magistrale avec comme thématique les divagations et les états d’âme d’un mineur à l’article de la mort. Une écriture à la fois poétique (« Le chagrin lui avait enfariné les cheveux en une nuit ») et sombre (« Il est sorti d’un trou noir pour atterrir dans d’autres trous noirs »). Personnages touchants, à commencer par le narrateur.



Tout au long du récit, le lecteur se sent prisonnier sous la benne avec Fernand dont le passé horrible remonte à la surface. Belle structure littéraire qui permet de découvrir progressivement la triste enfance du mineur, son adolescence, ses parents, son seul ami, son seul amour, son village ouvrier, ses frasques, les relations faciles avec son père, malaisées avec sa mère. Le tout teinté de certains éclats d’humour qui mettent un baume sur le tragique de ce parcours.



Belle idée que cette petite voix intérieure qui se matérialise sous la forme d'un oiseau noir avec lequel Fernand échange. Belles métaphores, dont celle sur l’origine de la vie de Fernand et le sort qui l’attend.



Un éloge à la survie qui ne se concrétise qu’à la dernière phrase qui nous surprend et nous émeut.



Tout le drame de Fernand se résume dans cet extrait :



« Lui, ce qu'il aurait voulu, c'est être jardinier. Pas mineur, pas ouvrier, pas paysan: jardinier. Il aurait voulu travailler la terre par petits bouts, cultiver des couleurs, des odeurs, des morceaux de beauté. Être au-dessus, pas en dessous. À genoux sous le ciel, et creuser la terre à mains nues, s'écorcher aux cailloux, au rugueux des racines. Même avec le sang aux phalanges, il aurait été heureux comme ça, sous les soleils brûlants ou les pluies battantes. Travailler au grand jour. Respirer autre chose que la poussière et les fumées. Mais, au village, c'était la mine ou l'usine. Basta. »



Après une carrière d’enseignante en lettres modernes, Céline Righi, petite-fille de mineurs originaire d’Hussigny-Godbrange (département de Meurthe-et-Moselle, à la frontière avec le Grand-Duché du Luxembourg) et qui réside maintenant entre Strasbourg et sa maison en bois des Vosges se consacre entièrement à ses activités d’écriture. Chanteuse et parolière, elle anime des ateliers d’écriture auprès des détenus de la Maison d’arrêt de Strasbourg, de personnes âgées et d’enfants déscolarisés à la suite à des situations de harcèlement. En septembre 2021, elle remporte à l’unanimité le Grand Prix du jury du concours « Lire pour en sortir », parrainé par Leïla Slimani.



À propos de Berline, Céline Righi déclare :



« J’ai voulu apporter un peu de lumière au sein d’un destin très sombre. Et donner de l’espoir aux lecteurs. Nous ne sommes pas condamnés à vivre dans l’obscurité. Mon roman est un hymne à la liberté et à la compréhension. Oui, c’est un livre sur l’enfermement. Mais dans le noir, coincé sous cette berline, Fernand va cheminer vers une merveilleuse compréhension de lui-même. Il va pouvoir vivre sa vie comme il l’entend. C’est un roman lumineux. »



En Europe, le premier roman de Céline Righi a été multiprimé :



· Prix du livre à Metz – Marguerite Puhl Demange (2023)

· Prix national des Lions de Littérature (2023)

· Prix Roblès (2023)

· Prix du Festival du premier roman de Chambéry (2023)

· Prix Premières Paroles du festival Terres de Paroles en Seine-Maritime (2023)



Un dossier de presse est disponible sur le site des Éditions du Sonneur où on peut également télécharger un extrait en format PDF.



On trouvera également un résumé détaillé du roman réalisé par Chat GPT à la demande du journal en ligne ActuaLitté reproduit sur leur site web le 26 mai 2023 à l’occasion de l’annonce du Prix national Lions de Littérature 2023.





Originalité/Choix du sujet : *****



Qualité littéraire : *****



Intrigue : *****



Psychologie des personnages : *****



Intérêt/Émotion ressentie : *****



Appréciation générale : *****



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Berline

Tout comme l’auteur Céline Righi, je suis petite-fille de mineur alors dès que je tombe sur ce thème dans un roman, je fonce sans même lire le résumé.





À peine commencé, j’ai tout de suite senti la pépite que j’avais sous les yeux, une pépite habillée par la noirceur de la vie de Ferdinand, illuminée par la plume de l’auteure, qui slame de manière poétique pour nous raconter cette histoire.





“ Aujourd’hui, dans le silence des morts, dans ce trou qui sera peut-être son ultime, l’enfance lui explose dans la poitrine comme un coup de grisou. ”







Si la vie de Fernand est bouleversante, la manière de la raconter l’est tout autant, c’est toute une vie qui défile devant nos yeux, un destin sombre où surgit pourtant quelques éclats d’humour et quelques brins de tendresse.



Un premier roman qui sort des sentiers battus tout à fait remarquable, j’ai tout aimé dans ce roman et j’ai hâte de découvrir le prochain.







Berline a remporté le Prix du livre à Metz - Marguerite Puhl Demange 2023 et le Grand Prix National Lions de littérature 2023
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Berline

Il est des romans qui croisent notre route presque par hasard. C’est le cas de celui-ci alors même que je cherchais il y a quelques mois des recommandations de textes qui abordent les mines, les mineurs et tout ce qui les entourait. Tout d’un coup, sans aucun lien, c’est celui-ci qu’on m’a mis entre les mains. Berline. Du nom des wagonnets chargés du charbon extrait à remonter à la surface.



Et là, coincé sous une berline après l’explosion de sa mine, Fernand espère les secours et revient sur son existence. L’amour d’une mère, l’amitié, le travail à la mine… ce sont les différents épisodes d’une vie qui sont évoqués avec humour et poésie dans ce texte et derrière les drames latents : la lumière et la douceur des jolis souvenirs. Sous les pommes pourries, les bonnes pommes.

Ce court roman, porté par le langage parlé attachant de Fernand gagne en profondeur à chaque “bloc” parcouru pour finir par quelque chose de vraiment fort et poignant.



Le hasard a très bien fait les choses. Merci.


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Berline

Une sublime écriture, poétique, intimiste.Le narrateur, enfermé sous un wagonnet, une berline, au fond d’une mine, après une explosion, entre la vie et la mort, va évoquer sa triste enfance, ses parents, son village. Humour, tendresse, tristesse. Ce court texte est un bijou!!
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