Ce petit recueil de nouvelles m'a fait passer par toutes les couleurs, et j'ai adoré ça.
Étant donné le format je ne vous parlerai pas des différentes histoires. Je ne peux que dire que je les ai trouvées excellentes.
Je vais plutôt parler de la performance et du style.
Pour commencer, ne vous fiez pas au visage serein et au doux sourire de Cendrine Bertani en 4ème de couv : elle est en fait tout à fait diabolique. Redoutablement diabolique.
160 pages de nouvelles, plus ou moins longues, certaines en plusieurs parties et d'autres non, mais toutes avec un point commun : la noirceur. Des actes ou des personnages, des lieux ou des dialogues, et parfois des quatre à la fois.
J'ai toujours pensé que l'art de la nouvelle devait être des plus ardus. Arriver à mettre en place une intrigue, donner vie aux personnages, parvenir à créer un début, un milieu et une fin, tout cela dans un nombre de pages très limité, et sans léser le lecteur en rognant sur des détails importants. Ça semble passablement compliqué.
Comment réussir ce tour de force en 40 ou 50 pages?
Avec la nouvelle Auto-Stop, Cendrine Bertani y parvient en seulement 15 pages.
Avec On the Road, à peine 11 lui sont nécessaires.
Quant à Alea Jacta Est, tout est réglé en 5 pages!
Et rien ne manque. L'histoire, les personnages, les lieux et les dialogues sont là, placés, précis, complets.
Non, rien ne manque. Et surtout pas le frisson qui va crescendo pour finir par vous picoter sérieusement le cou.
Voilà pour la performance.
Redoutable, comme je le disais plus haut.
Le style maintenant.
Un pur mélange de Stephen King et de J. Sheridan le Fanu.
Ça semble facile comme comparaison, et pourtant ça ne l'est pas. Pas quand on est fan de ces deux écrivains comme je le suis. Mais ici c'est indéniable.
Ce n'est pas un genre que l'auteure se donne, elle a clairement la même capacité que SK à actionner les leviers précis qui font réagir le lecteur, et à synthétiser ses intrigues.
Et le même talent que Le Fanu à inventer des êtres à l'âme aussi noire que la suie.
L'art de mise en scène du premier, et celui de la poésie macabre du second.
Sans compter son humour personnel.
Que dire de plus ? Je suis fan !
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