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Citations de César Vallejo (54)


“Le malheur des dieux est de ne pas avoir la mort pour limite. Mais les hommes, eux, s’ils étaient sûrs, dès qu’ils deviennent conscients, d’atteindre la mort, seraient heureux pour toujours. Or la malchance veut que les hommes ne sont jamais sûrs de mourir : ils ont l’obscur sentiment et l’angoisse de mourir, mais ils doutent toujours qu’ils mourront. La douleur des hommes, dirons-nous est de n’être jamais certains de la mort.”
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Le jour vient; remonte
le ressort de ton bras, cherche-toi
dessous le matelas, redresse-toi
dans ta tête, pour marcher droit.
Le jour vient, endosse tes vêtements.

(Extrait de "Les déshérités")
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César Vallejo
Pour la traduction, voici celle de Germain Droogenbroodt et Elisabeth Gerlache, citée par Coco4649. Je la recopie sous l'original.

LOS HERALDOS NEGROS

Hay golpes en la vida, tan fuertes… Yo no sé.

Golpes como del odio de Dios; como si ante ellos,

la resaca de todo lo sufrido

se empozara en el alma… Yo no sé.

Son pocos; pero son… Abren zanjas oscuras

en el rostro más fiero y en el lomo más fuerte.

Serán tal vez los potros de bárbaros atilas;

o los heraldos negros que nos manda la Muerte.

Son las caídas hondas de los Cristos del alma,

de alguna fe adorable que el Destino blasfema.

Esos golpes sangrientos son las crepitaciones

de algún pan que en la puerta del horno se nos quema.

Y el hombre… Pobre… pobre! Vuelve los ojos, como

cuando por sobre el hombro nos llama una palmada;

vuelve los ojos locos, y todo lo vivido

se empoza, como un charco de culpa, en la mirada.

Hay golpes en la vida, tan fuertes … Yo no sé!

César Vallejo

LES HÉRAUTS NOIRS

Il y a des revers dans la vie, si violents…Je ne comprends pas !
Des revers tels la haine de Dieu ; comme si jadis le ressac avait
entassé dans l’âme toute la douleur…Je ne comprends pas !

Il y en a peu, mais ils existent. Ils ouvrent de sombres cicatrices
dans le visage le plus endurci et le dos le plus solide. Ils sont
peut-être les poulains des barbares d’Attila ; ou les hérauts noirs
que la mort nous a envoyés.

C’est la chute profonde des rédempteurs de l’âme, une adorable
croyance que le Destin a maudite. Ces revers sanglants
ressemblent au grésillement d’un morceau de pain calciné à la
porte du four.

Et l’homme…pauvre…pauvre humain ! Ses yeux se révulsent,
comme s’il recevait un coup sur l’épaule et il crie ; ses yeux fous
se révulsent et tout ce qu’il a vécu se presse
dans son regard tel un bourbier de remords.

Il y a des revers dans la vie, si violents…Je ne comprends pas !
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« Père cendre qui montes de l’Espagne » et qui revient « Père cendre qui t’élèves du feu », « Père cendre, arrière-petit-fils de la fumée »
« père cendre, Espagnol, notre père // Père cendre qui vas vers l’avenir / que Dieu te sauve, te guide et donne des ailes, / Père cendre qui vas vers l’avenir ».
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« La voilà qui passe ! Appelez là ! C’est son flanc ! / La voilà, la mort, qui passe à Irun : / ses pas d’accordéon, des obscénités, / son mètre du suaire que je t’ai dit, / son gramme de ce poids que j’ai tu… oui, ce sont eux ! ».
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« A Madrid, à Bilbao, à Santander / les cimetières ont été bombardés / et les morts immortels des tombes, / les os toujours en veille et l’épaule éternelle, / les morts immortels, en sentant, en voyant, en entendant / si infâme le mal, si morts les vils agresseurs / […] / ils ont cessé de pleurer, ils ont cessé / d’espérer, ils ont fini / de souffrir, ils ont fini / de vivre, ils ont fini, enfin, d’être mortels ! »
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Je mourrai à Paris par un jour de pluie / un jour dont j’ai un jour déjà le souvenir. / Je mourrai à Paris - je n'en ai pas honte – / peut-être un jeudi d'automne, comme aujourd'hui. // Ce sera un jeudi, car aujourd'hui, jeudi / que je prose ces vers, mes os me font tant souffrir / et de tout mon chemin, jamais comme aujourd'hui, / je n’avais su voir à quel point je suis seul ».
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Pierre noire sur pierre blanche

Je mourrai à Paris avec un orage,
un jour dont je me souviens déjà,
Je mourrai à Paris - et je ne recule pas -
peut-être un jeudi, comme aujourd'hui, en automne.

Ce sera jeudi, car aujourd'hui, jeudi, comme je prose
ces lignes, j'ai mis mon humérus de mauvaise humeur,
et, aujourd'hui comme jamais auparavant, j'ai fait demi-tour,
avec tout mon chemin, pour me voir seul.

César Vallejo est décédé ; ils n'arrêtaient pas de le frapper,
tout le monde, même s'il ne leur fait rien,
ils le lui ont donné dur avec un gourdin et dur

aussi avec une corde; les témoins sont
les jours du jeudi et les os de l'humérus,
la solitude, la pluie, les routes. . .
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Sous les peupliers
pour José Eulogio Garrido


Comme des poètes sacerdotaux emprisonnés,
les peupliers de sang se sont endormis.
Sur les collines, les troupeaux de Bethléem
mâcher des arias d'herbe au coucher du soleil.

L'ancien berger, qui frissonne
aux derniers martyres de la lumière,
dans ses yeux de Pâques a attrapé
un troupeau d'étoiles de race pure.

Formé à l'orphelinat, il descend
avec des rumeurs d'enterrement au champ de prière,
et les cloches des moutons sont assaisonnées d'ombre.

Il survit, le bleu déformé
en fer, et dessus, des pupilles enveloppées,
un chien grave son hurlement pastoral.
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César Vallejo
Sous les peupliers
PAR CÉSAR VALLEJO


TRADUIT PAR REBECCA SEIFERLE
pour José Eulogio Garrido


Comme des poètes sacerdotaux emprisonnés,
les peupliers de sang se sont endormis.
Sur les collines, les troupeaux de Bethléem
mâcher des arias d'herbe au coucher du soleil.

L'ancien berger, qui frissonne
aux derniers martyres de la lumière,
dans ses yeux de Pâques a attrapé
un troupeau d'étoiles de race pure.

Formé à l'orphelinat, il descend
avec des rumeurs d'enterrement au champ de prière,
et les cloches des moutons sont assaisonnées d'ombre.

Il survit, le bleu déformé
en fer, et dessus, pupilles enveloppées,
un chien grave son hurlement pastoral.
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César Vallejo
NUIT DE NOËL



Comme l’orchestre se tait, des ombres féminines voilées
passent sous la ramure,
les feuilles mortes laissent filtrer les chimères glacées
de la lune, de pâles nuages crépusculaires.

Il y a des lèvres qui pleurent des arias oubliées,
de grands iris qui feignent d’éburnéennes vêtures.
Des bavardages et des sourires en bandes folles
qui parfument de soie le rude bocage.

J’attends la lumière rieuse de ton retour ;
et, dans l’épiphanie de ta sveltesse,
éclatera en or majeur la fête.

Alors mes vers bêleront sur tes terres,
entonnant de leurs airains mystiques
la venue de l’enfant-jésus né de ton amour.
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Pierre noire sur une pierre blanche

Je mourrai à Paris par temps de pluie,
un jour dont j’ai déjà le souvenir.
Je mourrai à Paris – pourquoi rougir –
en automne, un jeudi, comme aujourd’hui.

Un jeudi, car aujourd’hui que, jeudi,
je prose ces vers, j’ai mis au martyre
mes humérus, et jamais, pour finir,
je fus plus seul, en chemin, qu’aujourd’hui.

César Vallejo est mort, ils frappaient
tous sur lui sans qu’il ne leur ait rien fait;
ils cognaient dur avec un bâton, dur

avec une corde aussi ; sont témoins
les jours, jeudi et les os humérus,
la solitude, la pluie, les chemins.
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El libro de la naturaleza

Profesor de sollozo – he dicho a un árbol –
palo de azogue, tilo
rumoreante, a la orilla del Mame, un buen alumno
leyendo va en tu naipe, en tu hojarasca,
entre el agua evidente y el sol falso,
su tres de copas, su caballo de oros.

Rector de los capítulos del cielo,
de la mosca ardiente, de la calma manual que hay en los asnos;
rector de honda ignorancia, un mal alumno
leyendo va en tu naipe, en tu hojarasca,
el hambre de razón que le enloquece
y la sed de demencia que le aloca.

Técnico en gritos, árbol consciente, fuerte,
fluvial, doble, solar, doble, fanático,
conocedor de rosas cardinales, totalmente
metido, hasta hacer sangre, en aguijones, un alumno
leyendo va en tu naipe, en tu hojarasca,
su rey precoz, telúrico, volcánico, de espadas.

¡Oh profesor, de haber tánto ignorado!
¡oh rector, de temblar tánto en el aire!
¡oh técnico, de tánto que te inclinas!
¡Oh tilo! ¡oh palo rumoroso junto al Marne!
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Los desgraciados

Ya va a venir el día;
la mañana, la mar, el meteoro, van
en pos de tu cansancio, con banderas,
y, por tu orgullo clásico, las hienas
cuentan sus pasos al compás del asno,
la panadera piensa en ti,
el carnicero piensa en ti, palpando
el hacha en que están presos
el acero y el hierro y el metal; jamás olvides
que durante la misa no hay amigos.
Ya va a venir el día, ponte el sol.

Ya viene el día; dobla
el aliento, triplica
tu bondad rencorosa
y da codos al miedo, nexo y énfasis,
pues tú, como se observa en tu entrepierna y siendo
el malo ¡ay! inmortal,
has soñado esta noche que vivías
de nada y morías de todo...
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César Vallejo
… ne meurs pas, je t'aime tant !
Mais le cadavre , hélas ! continua de mourir...
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César Vallejo
En suma, no poseo para expresar mi vida, sinon mi muerte...
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César Vallejo
LES HÉRAUTS NOIRS


Il y a des revers dans la vie, si violents…Je ne comprends pas !
Des revers tels la haine de Dieu ; comme si jadis le ressac avait
entassé dans l’âme toute la douleur…Je ne comprends pas !

Il y en a peu, mais ils existent. Ils ouvrent de sombres cicatrices
dans le visage le plus endurci et le dos le plus solide. Ils sont
peut-être les poulains des barbares d’Attila ; ou les hérauts noirs
que la mort nous a envoyés.

C’est la chute profonde des rédempteurs de l’âme, une adorable
croyance que le Destin a maudite. Ces revers sanglants
ressemblent au grésillement d’un morceau de pain calciné à la
porte du four.

Et l’homme…pauvre…pauvre humain ! Ses yeux se révulsent,
comme s’il recevait un coup sur l’épaule et il crie ; ses yeux fous
se révulsent et tout ce qu’il a vécu se presse
dans son regard tel un bourbier de remords.

Il y a des revers dans la vie, si violents…Je ne comprends pas !


/Traduction en Français: Germain Droogenbroodt – Elisabeth Gerlache

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Je ris


Un caillou, un seul, le plus petit de tous,
maintient
toute la dune funeste et pharaonique.

L'air se tend de souvenir
           et de désir,
et sous le soleil il se tait
en attendant de prendre les pyramides à la gorge.

Soif. Mélancolie de la tribu errante, hydratée,
goutte
à
goutte,
de siècle en minute.

Elles sont trois, les Trois parallèles
barbues d'une barbe immémoriale,
en marche,   3   3   3

C'est le temps, cette publicité de grand magasin de chaussures,
c'est le temps, qui marche pieds nus
de la mort    vers    la mort.
                                1926


p.57
/Traduction de François Maspero
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TRANSI, SALOMONESQUE, DÉCENT …


Transi, salomonesque, décent ,
il hululait ; digne, pensif, cadavérique, parjure,
il allait, revenait, répondait ; il osait,
fatidique, écarlate, irrésistible.

En société, en verre, en poussière, en houille,
il partit ; en peu de mots, il vacilla ; il fulgura,
fit demi-tour, en signe de soumission ;
en velours, en pleurs, il se replia.

Se souvenir ? Insister ? Aller ? Pardonner ?
Sombre, il finirait
couché, amer, hébété, mural ;
il méditait de se dissoudre, se fondre, s'effacer.

Inattaquablement, impunément,
notoirement, il flairera, il comprendra ;
il se vêtira de mots ;
incertainement il ira, sera lâche, oubliera.
                    26 septembre 1937

p.183
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PRINTEMPS TUBÉREUX


C'est le temps où, trainant, vigoureux, ses misères
en sens contraire de ma splendeur d'antan,
le printemps exact au bec de vautour
ajuste son cothurne à ma claudication sans talon.


p.109
/Traduction de François Maspero
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