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Citations de César Vallejo (54)


Le jour vient; remonte
le ressort de ton bras, cherche-toi
dessous le matelas, redresse-toi
dans ta tête, pour marcher droit.
Le jour vient, endosse tes vêtements.

(Extrait de "Les déshérités")
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“Le malheur des dieux est de ne pas avoir la mort pour limite. Mais les hommes, eux, s’ils étaient sûrs, dès qu’ils deviennent conscients, d’atteindre la mort, seraient heureux pour toujours. Or la malchance veut que les hommes ne sont jamais sûrs de mourir : ils ont l’obscur sentiment et l’angoisse de mourir, mais ils doutent toujours qu’ils mourront. La douleur des hommes, dirons-nous est de n’être jamais certains de la mort.”
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César Vallejo
… ne meurs pas, je t'aime tant !
Mais le cadavre , hélas ! continua de mourir...
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Pierre noire sur une pierre blanche

Je mourrai à Paris par temps de pluie,
un jour dont j’ai déjà le souvenir.
Je mourrai à Paris – pourquoi rougir –
en automne, un jeudi, comme aujourd’hui.

Un jeudi, car aujourd’hui que, jeudi,
je prose ces vers, j’ai mis au martyre
mes humérus, et jamais, pour finir,
je fus plus seul, en chemin, qu’aujourd’hui.

César Vallejo est mort, ils frappaient
tous sur lui sans qu’il ne leur ait rien fait;
ils cognaient dur avec un bâton, dur

avec une corde aussi ; sont témoins
les jours, jeudi et les os humérus,
la solitude, la pluie, les chemins.
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L'Évènement muet

 Un jour, un jour quelconque, un Évènement s'arrête
et s'assied devant votre porte. Vous êtes le seul à le voir.
 Il porte un costume jaune, d'un jaune de nuit, à la
fois étriqué et surfait, barré de bigarrures incohérentes.
Et surtout des gants jaunes, pâles et veinés comme
l'ivoire.
 Trait pour trait, son visage est celui de votre sosie. Il
vous semble qu'il vient d'une famille d'enfance, d'un
miroir très ancien, d'un miroir dont la lumière depuis
longtemps s'est éteinte dans son oubli.
 Mais son silence et son immobilité vous intriguent. Et
vous l'interrogez, vous lui demandez ce qu'il cherche là,
ce qu'il attend. Il ne répond rien. Son regard est absent,
retiré dans sa pénombre. Vous insistez, vous lui proposez
un conseil, un verre de fraîcheur, une tasse de menthe
ou de sauge. Il ne répond rien. Et cette indifférence
vous énerve ! Mais vous avez beau le saisir à-bras-le-corps,
il est maigre, le plaquer contre le mur, le secouer, le
supplier, le harceler, le menacer, vous n'en tirez rien.
Pas un mot, pas un signe, pas la moindre explication. Il
vous entends distinctement. Il est muet.
 Et tandis que vous le brutalisez de plus en plus rageu-
se ment, c'est lui qui vous regarde vous débattre.
 Il vous regarde fixement. Il n'a pas de paupières.
 Il vous regarde avec un douceur absolue, une douceur
d'une violence indescriptible.
 L'arrivée de l'Évènement muet est définitive.

p.159-160

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Alivia, ofrece asiento el existir,
condena a muerte.

Exister nous soulage, nous offre une assise
et nous condamne à mort.
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JOUGS


Complètement. Et en plus, vie !
Complètement. Et en plus, mort !

Complètement. Et en plus, tout !
Complètement. Et en plus, rien !

Complètement. Et en plus, monde !
Complètement. Et en plus, poussière !

Complètement. Et en plus, Dieu !
Complètement. Et en plus, personne !

Complètement. Et en plus, jamais !
Complètement. Et en plus, toujours !

Complètement. Et en plus, or !
Complètement. Et en plus, fumée !


Complètement. Et en plus, larmes !
Complètement. Et en plus, rires !


Complètement !
                          9 novembre 1938

p.261
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El libro de la naturaleza

Profesor de sollozo – he dicho a un árbol –
palo de azogue, tilo
rumoreante, a la orilla del Mame, un buen alumno
leyendo va en tu naipe, en tu hojarasca,
entre el agua evidente y el sol falso,
su tres de copas, su caballo de oros.

Rector de los capítulos del cielo,
de la mosca ardiente, de la calma manual que hay en los asnos;
rector de honda ignorancia, un mal alumno
leyendo va en tu naipe, en tu hojarasca,
el hambre de razón que le enloquece
y la sed de demencia que le aloca.

Técnico en gritos, árbol consciente, fuerte,
fluvial, doble, solar, doble, fanático,
conocedor de rosas cardinales, totalmente
metido, hasta hacer sangre, en aguijones, un alumno
leyendo va en tu naipe, en tu hojarasca,
su rey precoz, telúrico, volcánico, de espadas.

¡Oh profesor, de haber tánto ignorado!
¡oh rector, de temblar tánto en el aire!
¡oh técnico, de tánto que te inclinas!
¡Oh tilo! ¡oh palo rumoroso junto al Marne!
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UN HOMME PASSE, UN PAIN SUR L’EPAULE…


Un commerçant vole à un client un gramme sur la pesée
Parler, ensuite, de la quatrième dimension ?

Un banquier falsifie son bilan
Avec quel visage pleurer au théâtre ?

Un paria dort, un pied dans le dos
À qui, ensuite, parler de Picasso ?

Quelqu'un va en pleurant à un enterrement
Comment, ensuite, entrer à l'Académie ?

Quelqu'un nettoie un fusil dans sa cuisine
Où trouver le courage de parler de l'au-delà ?

Quelqu'un passe en comptant sur ses doigts
Comment parler du non-moi sans hurler ?

                           5 novembre 1937

p.243-245
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FAUX PAS ENTRE DEUX ÉTOILES


Il est des gens si malheureux, qu'ils n'ont même pas
de corps ; quantitative est leur chevelure,
bas, calculé en pouces, le poids de leur intelligence ;
haut, leur comportement ;
ne me cherche pas, molaire de l'oubli,
ils semblent sortir de l'air, additionner mentalement les soupirs,
entendre de clairs claquements de fouet dans leur gosier.

Ils s'en vont de leur peau, grattant le sarcophage où ils naissent
et gravissent leur mort d'heure en heure
et tombent, au long de leur alphabet gelé, jusqu'à terre.

Pitié pour les « tellement » ! pitié pour les « si peu » ! pitié pour eux !
Pitié, dans ma chambre, quand je les écoute avec mes lunettes !
Pitié, dans mon thorax, quand ils s'achètent des habits !
Pitié pour ma crasse blanche, solidaire dans leur ordure !

p.201
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Los desgraciados

Ya va a venir el día;
la mañana, la mar, el meteoro, van
en pos de tu cansancio, con banderas,
y, por tu orgullo clásico, las hienas
cuentan sus pasos al compás del asno,
la panadera piensa en ti,
el carnicero piensa en ti, palpando
el hacha en que están presos
el acero y el hierro y el metal; jamás olvides
que durante la misa no hay amigos.
Ya va a venir el día, ponte el sol.

Ya viene el día; dobla
el aliento, triplica
tu bondad rencorosa
y da codos al miedo, nexo y énfasis,
pues tú, como se observa en tu entrepierna y siendo
el malo ¡ay! inmortal,
has soñado esta noche que vivías
de nada y morías de todo...
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Je ris


Un caillou, un seul, le plus petit de tous,
maintient
toute la dune funeste et pharaonique.

L'air se tend de souvenir
           et de désir,
et sous le soleil il se tait
en attendant de prendre les pyramides à la gorge.

Soif. Mélancolie de la tribu errante, hydratée,
goutte
à
goutte,
de siècle en minute.

Elles sont trois, les Trois parallèles
barbues d'une barbe immémoriale,
en marche,   3   3   3

C'est le temps, cette publicité de grand magasin de chaussures,
c'est le temps, qui marche pieds nus
de la mort    vers    la mort.
                                1926


p.57
/Traduction de François Maspero
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DE TROUBLE EN TROUBLE…


De trouble en trouble
tu montes pour m'accompagner dans ma solitude ;
je le comprends et je marche avec précaution,
un pain dans la main, un chemin dans le pied
et mon profil, si noir qu'il répand de l'écume,
jouant son rôle terrifiant….

p.149
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LA COLÈRE QUI BRISE L'HOMME EN ENFANTS…


La colère qui brise le bien en doutes,
le doute, en trois arcs semblables
et l'arc, ensuite, en tombes imprévisible ;
la colère du pauvre
oppose un acier à deux poignards.

La colère qui brise l'âme en corps,
le corps en organes dissemblables
et l'organe en pensées par octaves ;
la colère du pauvre
oppose un feu central à deux cratères.

                    26 octobre 1937

p.215
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TRANSI, SALOMONESQUE, DÉCENT …


Transi, salomonesque, décent ,
il hululait ; digne, pensif, cadavérique, parjure,
il allait, revenait, répondait ; il osait,
fatidique, écarlate, irrésistible.

En société, en verre, en poussière, en houille,
il partit ; en peu de mots, il vacilla ; il fulgura,
fit demi-tour, en signe de soumission ;
en velours, en pleurs, il se replia.

Se souvenir ? Insister ? Aller ? Pardonner ?
Sombre, il finirait
couché, amer, hébété, mural ;
il méditait de se dissoudre, se fondre, s'effacer.

Inattaquablement, impunément,
notoirement, il flairera, il comprendra ;
il se vêtira de mots ;
incertainement il ira, sera lâche, oubliera.
                    26 septembre 1937

p.183
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Masse


La bataille finie,
et mort le combattant, est venu vers lui un homme
qui lui a dit : « Ne meurs pas; je t’aime tant ! »
Mais le cadavre, hélas ! persista à mourir.

Deux autres hommes vinrent à lui et lui redirent :
« Ne nous quitte pas ! Courage! Reviens à la vie ! »
Mais le cadavre, hélas ! persista à mourir.

Vingt, cent, mille, cinq cent mille se rendirent près de lui
clamant : « Tant d’amour et ne rien pouvoir contre la mort ! »
Mais le cadavre, hélas ! persista à mourir.

L’entourèrent des millions d’individus,
implorant d’une seule voix : « Reste, frère !
Mais le cadavre, hélas! persista à mourir.

Alors, tous les hommes de la terre
l’entourèrent; les vit le cadavre triste, ému;
il se releva lentement,
serra dans ses bras le premier homme; se mit à marcher…
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César Vallejo
LES HÉRAUTS NOIRS


Il y a des revers dans la vie, si violents…Je ne comprends pas !
Des revers tels la haine de Dieu ; comme si jadis le ressac avait
entassé dans l’âme toute la douleur…Je ne comprends pas !

Il y en a peu, mais ils existent. Ils ouvrent de sombres cicatrices
dans le visage le plus endurci et le dos le plus solide. Ils sont
peut-être les poulains des barbares d’Attila ; ou les hérauts noirs
que la mort nous a envoyés.

C’est la chute profonde des rédempteurs de l’âme, une adorable
croyance que le Destin a maudite. Ces revers sanglants
ressemblent au grésillement d’un morceau de pain calciné à la
porte du four.

Et l’homme…pauvre…pauvre humain ! Ses yeux se révulsent,
comme s’il recevait un coup sur l’épaule et il crie ; ses yeux fous
se révulsent et tout ce qu’il a vécu se presse
dans son regard tel un bourbier de remords.

Il y a des revers dans la vie, si violents…Je ne comprends pas !


/Traduction en Français: Germain Droogenbroodt – Elisabeth Gerlache

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LA COLÈRE QUI BRISE L'HOMME EN ENFANTS…


La colère qui brise l'homme en enfants,
qui brise l'enfant en oiseaux égaux,
et l'oiseau, ensuite, en petits œufs ;
la colère du pauvre
oppose une huile à deux vinaigres.

La colère qui brise l'arbre en feuilles,
la feuille en bourgeons inégaux,
et le bourgeon, en rainures télescopiques ;
la colère du pauvre
oppose deux fleuves à d'innombrables mers….

p.215
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UN HOMME PASSE, UN PAIN SUR L’EPAULE…


Un homme passe, un pain sur l’épaule
Vais-je écrire, ensuite, sur mon double ?

Un autre s’assied, se gratte, extirpe un pou de son aisselle, le tue
Où trouver le courage d'écrire sur la psychanalyse ?

Un autre est entré dans ma poitrine, un pieu à la main
Parler, après, de Socrate au médecin ?

Un boiteux passe en donnant le bras à un enfant
Vais-je, ensuite, lire André Breton ?

Un autre tremble de froid, tousse, crache le sang
Pourrais-je jamais parler du Moi Profond ?

Un autre cherche dans la boue, des os, des épluchures
Comment écrire, ensuite, sur l'infini ?

Un maçon tombe d'un toit, meurt, laissant son casse-croute
Innover, ensuite, sur le trope, la métaphore ?...

                                5 novembre 1937

p.243
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César Vallejo
Pour la traduction, voici celle de Germain Droogenbroodt et Elisabeth Gerlache, citée par Coco4649. Je la recopie sous l'original.

LOS HERALDOS NEGROS

Hay golpes en la vida, tan fuertes… Yo no sé.

Golpes como del odio de Dios; como si ante ellos,

la resaca de todo lo sufrido

se empozara en el alma… Yo no sé.

Son pocos; pero son… Abren zanjas oscuras

en el rostro más fiero y en el lomo más fuerte.

Serán tal vez los potros de bárbaros atilas;

o los heraldos negros que nos manda la Muerte.

Son las caídas hondas de los Cristos del alma,

de alguna fe adorable que el Destino blasfema.

Esos golpes sangrientos son las crepitaciones

de algún pan que en la puerta del horno se nos quema.

Y el hombre… Pobre… pobre! Vuelve los ojos, como

cuando por sobre el hombro nos llama una palmada;

vuelve los ojos locos, y todo lo vivido

se empoza, como un charco de culpa, en la mirada.

Hay golpes en la vida, tan fuertes … Yo no sé!

César Vallejo

LES HÉRAUTS NOIRS

Il y a des revers dans la vie, si violents…Je ne comprends pas !
Des revers tels la haine de Dieu ; comme si jadis le ressac avait
entassé dans l’âme toute la douleur…Je ne comprends pas !

Il y en a peu, mais ils existent. Ils ouvrent de sombres cicatrices
dans le visage le plus endurci et le dos le plus solide. Ils sont
peut-être les poulains des barbares d’Attila ; ou les hérauts noirs
que la mort nous a envoyés.

C’est la chute profonde des rédempteurs de l’âme, une adorable
croyance que le Destin a maudite. Ces revers sanglants
ressemblent au grésillement d’un morceau de pain calciné à la
porte du four.

Et l’homme…pauvre…pauvre humain ! Ses yeux se révulsent,
comme s’il recevait un coup sur l’épaule et il crie ; ses yeux fous
se révulsent et tout ce qu’il a vécu se presse
dans son regard tel un bourbier de remords.

Il y a des revers dans la vie, si violents…Je ne comprends pas !
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