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Citations de Charles C. Mann (19)


Qui voudrait aujourd'hui vivre dans la Grèce de Platon et de Socrate, où régnaient l'esclavage, les guerres perpétuelles, la pédérastie institutionnalisée et l'élimination des excédents de population? Athènes n'en possède pas moins une brillante tradition dans les domaines de la rhétorique, du drame lyrique et de la philosophie. On peut en dire autant de Tenochtitlan et des autres cités de la Triple Alliance. En fait, le corpus d'oeuvres écrites en nahuatl classique, la langue de l'Alliance, est encore plus large que celui des textes en grec ancien.
La philosophie mexica, arrêtée dans son élan par Cortés, n'a pas eu l'occasion de se développer comme les pensées grecque ou chinoise, mais les traces qui nous restent indiquent qu'elle était en voie d'y parvenir. Les piles de manuscrits en nahuatl conservés dans les archives du Mexique décrivent des rencontres entre tlamatinime (penseur-professeur en français) échangeant idées et commérages, comme les intellectuels viennois, les philosophes français ou les membres de l'école de Kyoto à l'ère Taisho.
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Depuis longtemps, les chercheurs en linguistique s'interrogeaient sur la diversité et la fragmentation extraordinaire des langues amérindiennes. La Californie à elle seule était le foyer de 86 langues. Sur l'ensemble du continent américain, on pratiquait 1200 idiomes différents classés en 180 familles. L'Europe n'en compte pour sa part que quatre - l'indo-européen, le basque, le finno-ougrien et le turc - et la grande majorité de sa population parle une langue indo-européenne. Les linguistes se demandent pourquoi les Amérindiens auraient développé un tel nombre de langues dans les 13 000 ans qui les séparent de la culture Clovis et du corridor de glace de la Béringie, quand les Européens se retrouvaient avec si peu en 40 000 ans, depuis l'installation du genre humain dans la région.
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Il n'est pas du tout impossible que John Rolfe soit responsable de l'introduction des lombrics - celle, précisément, du ver de terre commun et du ver rouge du marécage, qui n'existaient pas en Amérique avant 1492. Rolfe faisait partie des colons de Jamestown en Virginie, la première implantation britannique à avoir perduré. De nos jours, ceux qui ont entendu parler de lui le connaissent surtout comme celui qui a épousé Pocahontas, la "princesse indienne", dans de nombreux récits romantiques. Quelques férus d'histoire estiment que Rolfe a été un élément décisif dans le succès de Jamestown. L'affaire des lombrics nous suggère un troisième aspect de sa personnalité, encoure plus lourd de conséquences : sans le vouloir, Rolfe a déclenché une mutation définitive du paysage américain.
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La technologie européenne éblouit peut-être les Indiens de prime abord, mais le rapport de forces entre les deux parties était moins déséquilibré qu'il n'y paraît. Des recherches récentes tendent à prouver que les indigènes de Nouvelle-Angleterre n'étaient pas technologiquement inférieurs aux Britanniques, ou, plus précisément, que les termes de supériorité ou d'infériorité sont impropres à qualifier la relation entre les deux technologies.

p. 75
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Dans l'Amérique pré-colombienne, les Indiens constituaient une espèce clé pour la quasi totalité de l'hémisphère. Les indigènes géraient en effet leur environnement depuis des millénaires : brûlage annuel des broussailles, défrichage et reboisement des forêts, construction de canaux et de champs surélevés, chasse au bison et pêche au saumon, récolte du maïs, du manioc et des autres plantes formant le Complexe Agricole de l'Est ...
Après 1492, l'espace américain se vida de ses occupants - l'historien Francis Jennings parle à ce propos de paysages "endeuillés". Le brutal dérèglement écologique eut l'effet d'un tremblement de terre sur une tasse de thé. A côté des espèces invasives, telles la chicorée ou le rat, les populations locales, libérées du contrôle des Indiens, se déchaînèrent avec une égale vigueur. Le paysage que les premiers colons prenaient pour une forêt primaire et immuable était en fait la proie de violents chamboulements et d'un effondrement démographique.

p. 357
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Charles C. Mann
(La variole). Les Européens ne connaissaient peut-être pas les virus, mais ils étaient bien informés sur les maladies infectieuses ... Originaires de pays maintes fois confrontés au phénomène, les Européens avaient pleine conscience des conséquences potentielles de la variole... (Mais) de manière presque unanime, ils ont choisi d'accélérer la cadence des installations et de s'étendre autant qu'il était humainement possible de le faire... Ni les Européens ni les Indiens n'appréhendaient la maladie de manière profane. Pour Robert Crease, anthropologue à l'université de New York, "la maladie se comprenait comme la manifestation physique de la volonté divine. On pouvait la communiquer à quelqu'un, mais cela revenait à transmettre le mal, la malchance ou le mauvais esprit - la transmission reflétait aussi la volonté de Dieu." Les conquistadors n'ignoraient pas l'impact potentiel de la maladie, mais son impact effectif, qu'ils ne pouvaient maîtriser, reposait entre les mains de Dieu.

Les Mexicas partageaient leur approche. Dans tous les récits indigènes de la Conquête et de ses répercussions, l'anthropologue J. Jorge Klor de Alva observe que si les Mexicas pleurent sur leurs morts, "ils portent rarement sur les Espagnols un jugement moral", et Cortés n'est qu'occasionnellement décrit comme un vaurien. "Il semble communément admis - du moins par ce groupe doué d'un austère esprit philosophique et impérialiste - que n'importe qui à la place des Espagnols se serait comporté de la même manière si l'occasion s'était présentée."

"1491", pp. 155-156
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(Amazonie). Certains scientifiques ont conclu depuis à une sous-évaluation. "Je suis persuadé, me disent Clement, que l'ensemble de la forêt a été façonné par l'homme." C'est également l'avis d'Erickson, l'archéologue de l'université de Pennsylvanie qui m'a déclaré lors de notre voyage en Bolivie que les forêts tropicales des basses terres d'Amérique du Sud comptaient parmi les plus belles oeuvres d'art de l'humanité. "Plusieurs de mes confrères me jugeraient bien catégorique", a-t-il néanmoins reconnu. Au dire de Peter Stahl, anthropologue à l'université de New York, une foule de chercheurs pensent que ce que "la mythologie écologiste se plaît à considérer comme un univers primitif, pur et intouché, est en réalité le résultat plurimillénaire d'une gestion humaine." D'après Erickson, la notion d'"environnement construit" s'applique à la plupart des paysages néotropicaux, sinon à tous.

p. 347
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Les échanges entre pays éloignés se pratiquaient depuis plus d'un millénaire, essentiellement dans la zone de l'océan Indien.
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A en juger par le contenu de Nomads of the Longbow, Holmberg ignorait tout de cette culture antérieure - celle à qui l'on doit les chaussées, les tertres et les bordigues. Il ne s'aperçut pas que les Sirionós évoluaient dans un paysage que d'autres avaient modelé. Avant Holmberg, une poignée d'observateurs européens s'étaient interrogés sur la présence des ouvrages en terre, même si certains hésitaient à attribuer une origine humaine aux chaussées et aux îlots boisés. Cela dit, ils n'attirèrent massivement l'attention des chercheurs qu'en 1961, avec la venue en Bolivie de William Denevan. Préparant un doctorat, il avait entendu parler des singularités du paysage de la région lors d'un séjour au Pérou en tant que journaliste stagiaire, et s'était dit qu'il pourrait en tirer un sujet de thèse intéressant. A son arrivée, les géologues envoyés par les compagnies pétrolières, seuls scientifiques présents dans la région, lui apprirent que le Beni regorgeait probablement de vestiges d'une civilisation inconnue.
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Charles C. Mann
Après un cheminement de plusieurs millénaires à l'écart des autres cultures, les Amériques étaient devenues un océan illimité d'idées, de rêves, d'histoires, de philosophies, de religions, d'éthiques et de découvertes inédits, et de tout ce que l'esprit peut engendrer. Il existe peu de choses plus sublimes et plus caractéristiques de l'humain que le métissage des cultures. La seule découverte de l'Amérique par l'Europe a agi comme un ferment intellectuel. Le tumulte eut été infiniment plus puissant si les sociétés indiennes avaient persisté dans toute leur gloire
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Lorsqu'un enfant indien élevé parmi nous, initié à notre langue et habitué à nos coutumes, vient à rendre visite aux siens et fait une seule excursion en leur compagnie, il n'y a plus moyen de le ramener vers nous. Mais si un Blanc, homme ou femme, a été enlevé dans sa jeunesse par les Indiens, et a partagé un moment leur vie, ses amis auront beau le racheter et lui prodiguer tous les égards imaginables pour le convaincre de demeurer avec eux, il se lassera très vite de nos usages et de notre mode de vie, et saisira la première occasion de repartir dans les bois, où il est impossible de le retrouver. (citation de Benjamin Franklin)
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QIN HUAIREN retourna dans sa ville natale, Changzhou, en 1977. Il était alors âgé de 42 ans, et avait passé toute sa vie d’adulte à travailler comme prospecteur de minerai de fer dans le sud de la Chine. Il était arrivé là-bas en 1957, juste avant le Grand Bond en Avant, ce projet chimérique de Mao Tsé Toung selon lequel les paysans devaient conduire la Chine à la suprématie industrielle en fondant l’acier dans leurs villages. Des flancs entiers de montagnes furent déboisés par des troupes de paysans (Qin vit des forêts millénaires disparaître en une journée) pour alimenter des fourneaux primitifs, qui ne pouvaient produire d’acier ais empoisonnèrent efficacement les champs. » (Incipit)
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L’âpre bataille mondiale pour l’eau reste très peu perceptible aux Etats-Unis, où les vieilles cuvettes de toilettes envoient plus d’eau potable dans les égouts en une fois que la ration journalière de beaucoup d’Africains. » p 22 a 3
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Comme nous disons toujours, l’eau est un don de Dieu, mais il a oublié de poser les tuyaux. » p 24 a – 1
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Il soutient que la plupart des problèmes d’eau dans le monde surviennent parce que l’aura sacrée qui entoure l’eau incite les gouvernements à la considérer comme une « propriété collective – son utilisation est gratuite, quoi que vous en fassiez et quelle que soit la quantité que vous prenez ». Le résultat est le gaspillage d’énormes quantités d’eau. » p 33 a 5
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Son épicentre est la « Liu River Paper Mill », l’usine à papier de la rivière Liu dont les cheminées sont bien visibles depuis le village. L’affluent dans lequel elle rejette ses eaux usées est « noir comme de la sauce soja », observent amèrement les riverains. » p 42 a – 1
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Une activité sans heurts est une condition essentielle au pouvoir de l’entreprise privée. Approvisionner en eau tant de nouvelles constructions requiert une organisation formidable – bien que, même ici, il faille encore faire bouillir l’eau, au grand étonnement des Américains. (La population chinoise, habituée à une eau de mauvaise qualité, ne s’attend pas à ce qu’elle soit buvable dès sa sortie du robinet). » p 55 a – 7
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L’eau, explique-t-il, n’est pas un bien de consommation ordinaire, comme une lampe, une chemise ou un milk-shake. Les gens ne peuvent pas se permettre d’attendre d’avoir un peu plus d’argent à la banque pour acheter de l’eau. » p 57 a 10
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Entretemps, l’usine avait pollué l’eau du puits familial, obligeant les Wu à utiliser une canalisation d’eau récemment installée en provenance de la ville. A présent, ils ne gagnaient plus d’argent et ne pouvaient payer leurs factures d’eau. Mme Wu savait qu’une entreprise étrangère gérait le service, Elle savait également que les prix augmentaient, et que cela était censé réduire la pollution. « On m’a expliqué tout ça », m’a-t-elle dit. « C’est bon pour les riches. » » p 62 a 3
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