Citations de Charles Dantzig (424)
Une des plus justes phrases que je connaisse sur l’état d’écrivain est de La Bruyère : « Ils ôtent de l’histoire que Socrate ait dansé. » On ne veut pas croire que le sérieux puisse être accompagné de légèreté, de plaisirs du corps, lesquels assouplissent l’esprit, de danse et de chansons, il n’y a qu’à voir, comment, pour dire « foutaises », ils disent : chansons. Les gestes graves, les gestes graves ! Une grande partie de l’humanité se laisse depuis toujours abuser par les solennels faiseurs.
Le physique n'exprime rien sans les gestes et la voix, premières manifestations de l'esprit, qui anime.
Esprit changeant, certes, puisque nous les modulons selon le moment, nos interlocuteurs, notre milieu..
Tout vivant est un cercueil. Il transporte avec lui le souvenir des morts qu'il a connus.
L'amitié n'est pas démocratique. Elle est égalitaire, c'est bien différent, et bien mieux.
Une parole n'est pas aussi abstraite qu'on le croit, elle est du vent, et le vent existe.
Céline est un vociférateur inventif.
On ne lis pas un livre pour une histoire, on lit un livre pour danser avec son auteur.
L'effronterie du lecteur est ailleurs; dans ce recueillement au milieu de l'action, dans l'esprit détaché du pratique .(...)
On se donne les moyens de sa faiblesse. (Livre de Poche, 2011, p.84)
- La lectures est un tatouage-
De toutes les phrases qu'a écrites un auteur, celui-ci sera sauvé si un lecteur en retient une, une seule, qui contiendra toutes les autres dans sa mémoire et l'aidera à entretenir un intérêt, une affection, une possibilité de relecture. (Livre de Poche, 2011, p.101)
Les lectures s'essaient comme des chaussures. On ne doit pas se dire que celle-ci ou celle-là n'est pas pour nous parce que nous ne sommes pas assez bien pour elle. Il y en a qui ne sont pas assez bien pour nous.
Sa lecture terminée, un lecteur ne redevient pas vierge comme un fichier effacé. Il est lui-même complété de phrases; mais alors, avec quelle fascination!
Ces gens-là croient que les lunettes de soleil, comme c'est noir, ça fait deuil.
- "Vous avez déjà été en analyse ?
- J'y suis allée une fois. J'étais très malheureuse, alors je suis allée voir une analyste et elle m'a dit : "Vous êtes très malheureuse." Alors bon... je n'y suis pas revenue."
Ne pas raccourcir les titres des œuvres. La Recherche, Cosi. Leurs auteurs n'ont pas gardé les cochons avec nous.
Attention, les lectures qui sont trop dans le sens de vos pensées ou de vos goûts peuvent être dangereuses
C'est dans le moment de faiblesse que la lecture peut être dangereuse. La responsable n'est pas le livre, ni même tout à fait le lecteur, mais la combinaison malheureuse des deux.
Le tact est l’imagination de ce que peuvent ressentir les autres. Qu’il ressortisse de l’imagination explique qu’il soit si rare.
On a du tact parce qu’on a du cœur.
Les livres se nourrissent des lecteurs. Ils ont besoin d’être parlés par eux. Ainsi se répand, dans une portion de l’esprit public, une certaine façon de regarder certaines choses qui est ce que la littérature apporte. Elle n’est pas composée d’idées, mais de faits observés d’une manière si personnelle qu’il se crée un charme intellectuel suivi par des lecteurs enchantés
On lit pour comprendre le monde, on lit pour se comprendre soi-même. Si on est un peu généreux, il arrive qu'on lise aussi pour comprendre l'auteur. Je crois que cela n'arrive qu'aux plus grands lecteurs, une fois qu'ils ont assouvi les deux premiers besoins, la compréhension du monde et la compréhension d'eux-mêmes. Lire fait chanter les momies, mais on ne lit pas pour cela. On ne lit pas pour le livre, on lit pour soi. Il n'y a pas plus égoïste qu'un lecteur.
C'est à cela que sert la fiction, combler les trous de l'ignorance par l'imagination. (p.225).