Citations de Charles Perrault (346)
La jeune princesse, outrée d’une vive douleur, n’imagina rien autre chose que d’aller trouver la fée des Lilas, sa marraine. Pour cet effet elle partit la même nuit dans un joli cabriolet attelé d’un gros mouton qui savait tous les chemins. Elle y arriva heureusement.
Au bout de cent ans, le fils du roi qui régnait alors, et qui était d’une autre famille que la princesse endormie, étant allé à la chasse de ce côté-là, demanda ce que c’était que des tours qu’il voyait au-dessus d’un grand bois fort épais. […] La plus commune opinion était qu’un ogre y demeurait […].
Le prince ne savait qu’en croire, lorsqu’un vieux paysan prit la parole et lui dit : “Mon prince, il y a plus de cinquante ans, que j’ai ouï dire à mon père qu’il y avait dans ce château une princesse ; qu’elle y devait dormir cent ans, et qu’elle serait réveillée par le fils d’un roi, à qui elle était réservée.”
Le jeune prince, à ce discours, […] résolut de voir sur-le-champ ce qui en était. À peine s’avança-t-il vers le bois, que tous ces grands arbres, ces ronces et ces épines s’écartèrent d’elles-mêmes pour le laisser passer. Il marche vers le château […]. Il entra dans une grande avant-cour, où tout ce qu’il vit d’abord était capable de le glacer de crainte. C’était un silence affreux […].
Il passe une grande cour pavée de marbre ; il monte l’escalier ; il entre dans la salle des gardes, qui étaient rangés en haie, la carabine sur l’épaule, et ronflant de leur mieux. Il traverse plusieurs chambres, pleines de gentilshommes et de dames, dormant tous, les uns debout, les autres assis. Il entre dans une chambre toute dorée, et il voit sur un lit, dont les rideaux étaient ouverts de tous côtés, une princesse qui paraissait avoir quinze ou seize ans, et dont l’éclat resplendissant avait quelque chose de lumineux et de divin. Il s’approcha en tremblant et en admirant, et se mit à genoux auprès d’elle.
Alors, comme la fin de l’enchantement était venue, la princesse s’éveilla, et, le regardant : “Est-ce vous, mon prince ? lui dit-elle ; vous vous êtes bien fait attendre.” Le prince, charmé de ces paroles, ne savait comment lui témoigner sa joie et sa reconnaissance. […] Il était plus embarrassé qu’elle, et l’on ne doit pas s’en étonner : elle avait eu le temps de songer à ce qu’elle aurait à lui dire.
(la Belle au bois dormant)
Elle pensa mourir de peur et la clef du cabinet qu'elle venait de retirer de la serrure lui tomba de la main. Après avoir repris ses esprits, elle ramassa la clef, referma la porte et monta à sa chambre pour se remettre un peu, mais elle n'en pouvait venir à bout, tant elle était émue.
La pauvre fille souffrait tout avec patience et n'osait s'en plaindre à son père qui l'aurait grondée, parce que sa femme le gouvernait entièrement.
Je vous donne pour don, poursuivit la Fée, qu'à chaque parole que vous direz, il vous sortira de la bouche ou une Fleur, ou une Pierre précieuse.
(Les Fées)
Sa Marraine ne fit que la toucher avec sa baguette, et en même temps ses habits furent changés en des habits de drap d'or et d'argent tout chamarrés de pierreries ; elle lui donna ensuite une paire de pantoufles de verre, les plus jolies du monde.
(Cendrillon)
Dites-lui qu'il faut qu'il vous donne
Pour rendre vos désirs contents,
Avant qu'à son amour votre cœur s'abandonne,
Une Robe qui soit de la couleur du Temps.
(Peau d'âne)
La tentation était si forte qu’elle ne put la surmonter.
(Les souhaits ridicules)
Bien est donc vrai qu'aux hommes misérables,
Aveugles, imprudents, inquiets, variables,
Pas n'appartient de faire des souhaits,
Et que peu d'entre eux sont capables
De bien user des dons que le Ciel leur a faits.
(Les souhaits ridicules)
Quand on peut, disait-elle, obtenir un Empire,
De l'or, des perles, des rubis,
Des diamants, de beaux habits,
Est-ce alors du Boudin qu'il faut que l'on désire ?
(Les souhaits ridicules)
Écoute donc. Je te promets,
Moi qui du monde entier suis le souverain maître,
D'exaucer pleinement les trois premiers souhaits
Que tu voudras former sur quoi que ce puisse être.
(Peau-d'âne)
Le Conte de Peau-d'Âne est difficile à croire,
Mais tant que dans le Monde on aura des Enfants,
Des Mères et des Mères-grands,
On en gardera la mémoire.
(Peau-d'âne)
Que le but de ce Conte est qu'un Enfant apprenne
Qu'il vaut mieux s'exposer à la plus rude peine
Que de manquer à son devoir ;
Que la Vertu peut être infortunée
Mais qu'elle est toujours couronnée ;
Que contre un fol amour et ses fougueux transports
La Raison la plus forte est une faible digue,
Et qu'il n'est point de riches trésors
Dont un Amant ne soit prodigue ;
(Peau-d'âne)
Et son mal toujours augmentant,
Les Médecins sages d'expérience,
En le voyant maigrir de jour en jour,
Jugèrent tous, par leur grande science,
Qu'il était malade d'amour.
(Peau-d'âne)
Quels que soient les habits, la beauté du visage,
Son beau tour, sa vive blancheur,
Ses traits fins, sa jeune fraîcheur
Le touchent cent fois davantage ;
(Peau-d'âne)
Tant qu'il aura l'Âne que vous savez,
Qui d'écus d'or sans cesse emplit sa bourse ?
Demandez-lui la peau de ce rare Animal.
Comme il est tout sa ressource,
Vous ne l'obtiendrez pas, ou je raisonne mal.
Cette Fée était bien savante,
Et cependant elle ignorait encor
Que l'amour violent pourvu qu'on le contente,
Compte pour rien l'argent et l'or ;
La peau fut galamment aussitôt accordée
Que l'Infante l'eut demandée.
(Peau-d'âne)
Dites-lui qu'il faut qu'il vous donne
Pour rendre vos désirs contents,
Avant qu'à son amour votre cœur s'abandonne,
Une Robe qui soit de la couleur du Temps ;
(Peau-d'âne)
Mais ce qui surprenait tout le monde en entrant,
C'est qu'au lieu le plus apparent,
Un maître Âne étalait ses deux grandes oreilles.
Cette injustice vous surprend,
Mais lorsque vous saurez ses vertus sans pareilles,
Vous ne trouverez pas que l'honneur fût trop grand.
(A Monsieur ***
En lui envoyant Griselidis)
[...] ; mais à l'égard de celles que j'ai trouvées n'avoir point d'autre défaut que de n'être pas au goût de quelques personnes peut-être un peu trop délicates j'ai cru n'y devoir pas toucher.
Est-ce une raison décisive
D'ôter un bon mets d'un repas,
Parce qu'il s'y trouve un Convive
Qui par malheur ne l'aime pas ?
Il faut que tout le monde vive,
Et que les mets, pour plaire à tous,
Soient différents comme les goûts.
Quoi qu'il en soit, j'ai cru devoir m'en remettre au Public qui juge toujours bien. J'apprendrai de lui ce que j'en dois croire, et je suivrai exactement tous ses avis , s'il m'arrive jamais de faire une seconde édition de cet Ouvrage.
(Griselidis)
Et sans que la douleur diminuât ses charmes,
De ses beaux yeux tombaient de grosses larmes,
Ainsi que quelquefois au retour du Printemps,
Il fait Soleil et pleut en même temps.