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Critiques de Chelsea Cain (60)
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L'étreinte du mal

Hier je regardais un reportage sur France 3 : « Pédophile un silence de cathédrale… »



C'est comme un bruit de fond, une rumeur venteuse, tout le monde sait, tout le monde ignore, tout le monde se tait… Vous connaissez tous ma position vis-à-vis de la religion disons « queue » pour faire court je vénère la levrette, et j'athéise ma foi de blasphèmes caricaturaux…N'étant pas un intellectuel, je me contente de vulgariser ma pensée ordinaire.



Aujourd'hui je sais dissocier la foi de la religion les deux étant intiment liés par les lois du seigneur, je tolère la foi là où je condamne la religion… la foi est une philosophie, une introspection personnelle, un mode de vie remplie de valeurs, de morale, elle se doit d'être tolérante, altruiste, empathique de l'autre, du monde, du tout et de tous…



La religion quant à elle se canonise de ces valeurs, les revendiquent par des fables, justifie sa sainteté en structurant son dogme… de nombreux fidèles qui ont besoin d'une image pour vénérer leur archétype, incapable d'émanciper leur inconscient, leur individualité, il leur faut un chef d'orchestre, puissant, parfait, incontesté… les valeurs prônées se déforment, manipulées par une hiérarchie incontestable puisqu'elle est la main de Dieu :



« ô tout puissant, nous sommes tes fidèles… »



La religion est devenue politique, sectaire, elle a dérivé dans la soumission de ses adeptes, conditionnés par des siècles d'idées à la con, ceux qui ont revendiqués l'héritage de dieu ont laissé leur propre opinion polluer l'essence même de la foi individuelle, celle de l'intolérance, condamnant le bien par le mal, paradoxalement elle décide de ce qui est bien ou ne l'est pas :



« Femme tu seras faible à l'image du mal, alors que l'homme sera grandiose et fidèle à la perfection… »



Ouais bon OK les culs bénits, moi perso quand je regarde une nana, j'y vois quand même de la beauté et de la douceur, c'est poétique une femme…



Aujourd'hui L'église s'autruche d'une pédophilie accrue dans un monde d'hommes en robe noire, elle justifie l'impardonnable, se faufile dans les chemins de traverses, elle méprise la souffrance des victimes, elle est tellement puissante qu'elle se place au-dessus des lois laïques, elle se persuade du bien alors qu'elle en est le mal incarné… un monde d'hommes privés du plaisir au combien délicieux de la baise consentie, du relâchement érotique des plaisirs charnelles, elle se cache dans l'ombre, un doigt accusateur :



« Pêcheur, infâme calomnie de la décadence : tu crèveras en enfer »



Les enfants sont innocents, on se doit de les protéger, non pas de les violer, non pas d'ignorer leurs traumatismes dans ce silence pieux d'une bande de dégénérés incapables de contrôler leurs pulsions à la con, vous cette grande famille de frustrés, qui vous protégez derrière les portes de votre église, vous desservez la beauté par le dégout, revendiquant votre sagesse religieuse dans le plus grand déni…



Alors les choses bougent, gentiment, timidement :



« Mon père puis-je SVP vous enquiquiner quelques secondes, pas plus, car l'un de vos confrères à violer impunément bon de nombre de très jeunes fidèles »



« N'y a-t-il pas prescription mon fils »



« Oui mais mon père »



« le silence est la voix du seigneur, et l'ignorance la voie divine…va mon fils, nous prierons pour ces enfants du pêché »



En fait je suis assez fasciné par le pouvoir de la religion, des prêtres, du Vatican… Elle fabrique des idées pleines de merdes qu'elle enrobe de sucre, elle présente le truc en chantonnant, et les fidèles disent Amen…



Quand je pense que des parents ont cédé face à la pression, merde alors, moi papa, je vais le chercher, et je l'enterre au paradis des prêtres pédophiles… Quand il s'agit d'un enfant, je ne discute pas, je négocie pas avec dieu, parce que je l'emmerde.



Et pour les siècles des siècles

Amen les copains



PS pour le bouquin : Bof bof mais là n'est plus le sujet.

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Spy Island

Les sirènes de l'espionnage

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Il s'agit d'un récit complet, indépendant de tout autre. Ce tome regroupe les 4 épisodes de la minisérie, initialement parus en 2020, écrite et créée par Chelsea Cain, cocrée par Lia Miternique qui a également réalisé les couvertures et les images annexes, dessinés et encrés par Elise McCall, mis en couleurs par Rachelle Rosenberg, avec Stella Greenvoss pour des dessins supplémentaires, et Emily Powell pour les haïkus. Cain et Miternique avaient déjà réalisé ensemble une série remarquable : Man-Eaters (2018/2019) dessinée par Kate Niemczyk.



Un dépliant de 6 pages vantant les mérites d'un séjour pour des vacances à Spy Island dans le triangle des Bermudes : une croisière de 4 nuits, un séjour de 5 nuits sur l'île des Espions, avec une voiture de location, une invitation à la cérémonie de l'appel du Kraken, un cocktail de bienvenue. Le dépliant présente l'aménagement du paquebot avec ses menus, les différents sites exceptionnels de l'île, et la composition du cocktail du premier jour. Un peu au large de l'île des espions, un homme d'une trentaine d'années est en train de nager vigoureusement. En son for intérieur, Nora Freud pense à la thalassophobie, au fait qu'elle n'était pas sûre d'aller nager aujourd'hui. Nager en eau salée réduit les inflammations, dynamise le système immunitaire, réduit le stress et améliore le sommeil. C'est d'ailleurs la seule chose qui fonctionne sur son eczéma. Malgré tout, l'eau salée présente un inconvénient : ça demande beaucoup de temps pour y noyer quelqu'un. Il faut prendre en compte l'effet de l'iode sur l'épaisseur du sang. Il faut compter 8 à 10 minutes pour que le cœur s'arrête. Vous êtes-vous jamais demandé pourquoi autant de personnes se noient dans leur piscine ? C'est à cause de la fainéantise des assassins.



Une fois son assassinat proprement exécuté, Nora Freud sort de l'eau sur la plage, enlève son masque et sa bouteille de plongée, et enlève sa tenue de plongée. Elle revêt sa tenue de soirée et se rend à la réception pour une levée de fonds au bénéficie de l'association de protection des sirènes. Cela ne l'enchante guère car elle n'a aucune patience pour ces idiots alcoolisés à ces soirées déductibles des impôts. D'un autre côté, ce genre de soirée fournit un bon alibi aux espions. Elle se fait aborder par Harry Flaunteroy qui flirte ouvertement avec elle. Alors que leurs visages se rapprochent à presque se toucher, un serveur arrive avec leurs consommations, et Harry explique qu'il a commandé pour eux deux. Nora le remercie et part avec les deux coupes pour aller s'installer sur le rebord de la piscine, à côté du mime Louie Père. Ils papotent tranquillement, et Louie fait des ronds de fumée en forme de cœur. Elle lui explique qu'elle vient de tuer quelqu'un et qu'elle va probablement avoir besoin de ses services. Après cet échange, elle retourne dans la salle de réception et va s'assoir sur le bras du fauteuil où Harry est affalé. Elle approche son visage du sien pour jouer avec ses lèvres, et caresse sa poitrine, découvrant qu'il y a un micro scotché sur la peau.



S'il a lu leur précédente série, le lecteur compte bien que les deux autrices laissent libre cours à leur fantaisie. S'il découvre l'écriture de Cain & Miternique avec ce récit, il s'embarque pour un voyage qu'il n'est pas près d'oublier. Tout commence donc par une parodie de dépliant de croisière, avec photographies semblant avoir été récupérées dans des prospectus des années 1950 ou peut-être 1960, et une promotion des excursions et des avantages qui vaut le coup d'y consacrer le temps nécessaire pour les lire, d'un part parce que le récit en met la plupart à profit, d'autre part parce que les autrices se montrent caustiques et moqueuses, avec une belle inventivité. Ainsi de temps à autre, souvent en début et en fin de chapitre, le lecteur découvre des pages parodiques évoquant des publicités datées jouant sur une forme de paradis sur terre, pour des produits souvent loufoques : des affiches pour un séjour dans le Triangle des Bermudes avec des tentacules menaçant en arrière-plan ou un crâne, une affiche d'information sur la conduite à tenir en cas d'apparition d'une sirène, de la crème antipuce des sables, une une de journal sur la mort d'un père, des simulacres de strips comiques, une vente par correspondance d'habitat pour élever ses puces des sables, une autre d'encyclopédie de cryptozoologie marine en 10 tomes, sans oublier les recettes de cocktail. Le lecteur peut percevoir l'amusement des autrices à créer ces pastiches, et il sourit à chacun d'entre eux en ressentant un élégant contraste entre leur ton très premier degré de réclame et un cynisme mercantile.



Le lecteur évolue aux côtés de cette belle espionne qui n'a pas froid aux yeux, et qui aime tromper l'ennui par une partie de jambes en l'air avec un espion pas très futé, mais finalement attachant, et très beau. Dans un premier temps, il se dit que les dessins sont fonctionnels, sans grande personnalité graphique, manquant un peu de finition pour adoucir les traits de contour. Dans le même temps, il apprécie la sophistication de la mise en couleurs, apportant une texture palpable et tangible à chaque surface, accentuant doucement le relief de chaque élément. Il se rend compte que Rachelle Rosenberg ne se contente pas de colorier de manière naturaliste : elle apporte des touches impressionnistes comme l'océan dont la couleur oscille entre orangé et cramoisi, l'eau virant rose uni en vision sous-marine alors que la conscience quitte le pauvre nageur, les motifs imprimés de palmier du lit de Harry, l'effet spécial des flammes de l'explosion d'une voiture sur un parking en extérieur, ou encore la luminescence des puces des sables sous l'eau. Puis de séquence en séquence, il se rend compte que l'artiste parvient à rendre plausible toutes les situations : le flegme de Nora retenant sa victime par la cheville sous l'eau le temps qu'elle se noie, la vingtaine d'invités dans la salle de réception avec leurs belles toilettes et leur posture désœuvrée, Harry affalé dans son fauteuil en osier, la vision complète d'une sirène attirée par le sang du noyé, le jeune garçon cherchant une dent de sirène sur la plage à la nuit tombée, ou encore l'étonnante bataille sous-marine.



Au fil des chapitres, le lecteur sourit également en découvrant des pages inattendues comme une carte maritime de la région du Triangle des Bermudes, une carte touristique de l'ile des espions avec les centres d'intérêt, une petite vitrine avec une demi-douzaine de dents de sirène différentes, une page consacrée au contenu du sac de Connie Freud, la sœur de Nora, une photographie du mémorial du Kraken, une photographie du dessous d'une voiture pour montrer l'emplacement de la bombe, une représentation en mode croquis d'une audience au tribunal comme croquée par un artiste, une page de résumé de la situation sous la forme d'un mime en 20 cases, etc. Les autrices n'ont rien perdu de leur verve comique, et de leur inventivité, jouant avec la forme narrative sous forme de pastiche, tout en conservant une cohérence étonnante dans la narration visuelle. Le lecteur tombe sous le charme de Nora Freud, jeune femme assassinant avec professionnalisme, utilisant Harry à sa guise sans grand respect pour lui en tant qu'être humain. Il éprouve tout de suite du respect pour sa sœur Connie qui a réussi à conserver son indépendance face à une sœur à la personnalité aussi forte, et qui conserve sa dignité professionnelle même si le sérieux de son diplôme de cryptozoologue est sujet à caution, et régulièrement mis en doute. Les différents événements le font voyager dans les différentes parties de l'île, et il apprécie d'assister à la cérémonie de l'appel du Kraken, comme un invité privilégié.



Alors qu'elles auraient pu se contenter d'un vague fil directeur servant de support à une rafale de situations comiques, les autrices développent une véritable intrigue, dans un environnement incorporant les conventions du récit d'espionnage et les exagérations comiques. Il y a donc ce retour des sirènes qui passent du statut d'espèce à protéger à espèce dangereuse, l'arrivée de la sœur de Nora qui vient étudier les sirènes, le risque de l'infestation par les puces des sables, et peut-être même les agissements d'un espion compétent. Il s'avère que le mime n'est pas si inoffensif que ça, avec un secret de famille en lien avec les sœurs Freud. Le lecteur se retrouve tout naturellement à jouer le jeu : se demander ce qui se trame réellement sur l'île, s'interroger sur l'enjeu personnel pour Nora Freud, tout en se retrouvant à sourire bêtement en découvrant un visuel décalé, ou une réflexion sarcastique, souvent basé sur un sens de l'observation pénétrant. Il se rend compte qu'il ne lui manque qu'un des nombreux cocktails évoqués, à portée de main pour parfaire l'illusion de se trouver sur cette île exotique.



La couverture promet un mystère dans le Triangle des Bermudes et le récit tient cette promesse, avec une intrigue bien structurée et cohérente, et des dessins descriptifs adaptés au genre polar. Dans le même temps, cette histoire est beaucoup plus que ça. Elle génère des sourires à un rythme élevé, à la fois pour des situations cocasses, et pour la qualité des parodies. Les autrices se sont visiblement bien amusées à raconter cette histoire d'espionnage, à la fois premier degré avec une agente efficace, à la fois savoureux pastiche recyclant des clichés du genre, et les enrichissant avec une verve narrative visuelle ébouriffante.
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Pourquoi moi

Kick Lannigan est enlevée à 6 ans et retrouvée 5 ans plus tard. Suite au traumatisme, elle a appris à se défendre en étudiant différentes techniques.

Elle essaie de reprendre sa vie en main, jusqu'au jour où un mystérieux personnage, Bishop, débarque chez elle et la convainc de l'aider à retrouver deux enfants disparus. Elle ,qui a vécu parmi les pédophiles, connaît leur manière de fonctionner....

J'ai connu cet auteur grâce à la trilogie "Au coeur du mal", "l'empreinte du mal" et "les héritiers du mal" que j'ai beaucoup appréciée. De nouveau, je ne suis pas déçue, bien au contraire. Cette fois, changement de sujet, puisqu'on parle de pédophilie. Je vous rassure aucun passage graveleux ou choquant.

J'ai beaucoup aimé les personnages forts et fragiles à la fois.

Le suspens et les rebondissements sont présents jusqu'à la fin de ce thriller qui comportera plusieurs tomes.



Merci aux Editions JC Lattès
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Au coeur du mal

Hannibal Lecter aurait-il trouvé son double féminin ?

A la lecture de ce quatrième de couverture, c'est la première question qui vient à l'esprit.

Et après lecture de ce roman, il s'avère que non.

Gretchen Lowell n'est pas une Hannibal Lecter au féminin, elle est plus complexe que cela, tout en gardant un caractère de superbe, un aura incroyable, un côté machiavélique prédominant le tout derrière un visage d'ange et un corps de déesse : "Elle n'était pas jolie. Le mot ne convenait pas. Jolie suggérait un côté adolescent. Gretchen possédait une beauté mûre, sophistiquée, pleine d'assurance. Plus que la beauté, elle irradiait le pouvoir de la beauté.".

Et puis il y a deux ans, elle a salement amoché un flic, et je ne parle pas que physiquement, elle aurait pu se contenter de cela, mais elle l'a aussi détruit psychologiquement pour le façonner à sa façon, pour qu'il ne pense plus que par elle, qu'elle soit sa drogue et sa raison de vivre.

Malsain ? Complètement.

Car Archie Sheridan a Gretchen Lowell dans la peau, dans tous les sens du terme.

Et quand il revient sur le devant de la scène pour mener une enquête sur un nouveau tueur en série, c'est drogué de médicaments avec une dose de shoot quotidien de Gretchen Lowell qui peuple ses nuits et sa vie : "Chaque fois qu'il fermait les yeux elle était là, sa présence fantomatique le réclamait, sa beauté lui coupait le souffle. Jusqu'au jour où il avait fini par céder et l'avait attirée à lui, sur lui. Il savait qu'il avait tort, que c'était pervers. Mais il était malade, il avait besoin d'aide, et personne ne pouvait l'aider. Alors quelle importance ? Tout cela était virtuel.".



L'intérêt de ce roman policier ne tient pas tant dans son intrigue que dans la relation perverse et hautement addictive entre Gretchen Lowell et Archie Sheridan.

Après une multitude de meurtres, la demoiselle aurait dû mourir, mais comme elle a passé un marché, elle est emprisonnée à vie et manipule encore à distance la vie d'Archie Sheridan.

Finalement, des deux je me demande si Gretchen dans sa cellule n'est pas la personne la plus libre : "Mais aujourd'hui Gretchen était en prison et lui, Archie, était libre. Pourtant, curieusement, il avait parfois l'impression que c'était l'inverse.".

Gretchen est très présente dans le récit et dans l'atmosphère qui s'en dégage.

L'auteur a réussi assez habilement à tenir le lecteur en haleine et il n'attend plus qu'une chose : une confrontation entre Gretchen et Archie.

Autant dire que cette scène est sans doute l'une de mes préférées.

L'intrigue policière est intéressante, mais pas autant que cette relation perverse, et d'ailleurs l'auteur la met plus en avant.

C'est là l'un des reproches principaux que je fais à ce roman : en dehors des deux personnages centraux, les autres sont relégués au second voire au troisième plan, quant à la journaliste Susan, je n'ai été que moyennement emballée par son personnage un peu trop décalé et torturé et qui n'apporte pas un intérêt total au bon déroulement de l'intrigue.

Il faut dire que face à des personnages aussi forts et charismatiques que Gretchen et Archie, les autres apparaissent en demi-teinte.

Quant à l'intrigue, les ficelles sans être trop évidentes, peuvent toutefois se deviner car l'auteur ne ménage pas de réelle surprise et laisse traîner des pistes dans son récit.

A la lecture de ce premier roman d'une série, il m'est apparu que si j'ai aimé cette lecture, l'auteur ne devrait pas toutefois s'éterniser à en faire trop et qu'il vaudrait mieux régler cette histoires en trois volumes, ce qui avait été initialement prévu, car si cette relation pimentée m'a tenu en haleine elle pourrait aussi finir par me lasser à trop tourner en rond sans jamais se conclure.

Comme il s'agit de son premier roman, j'espère que l'auteur saura se renouveler et ne pas se cantonner à ces deux personnages.



"Au coeur du mal" de Chelsea Cain est un roman policier efficace qui plante un décors bien sombre et introduit surtout deux personnages à la relation aussi mystérieuse que perverse : Gretchen Lowell et Archie Sheridan, auxquels le lecteur devient très vite attaché et suit avec délectation les joutes verbales et la relation de manipulation à distance.
Lien : http://lemondedemissg.blogsp..
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Man-eaters, tome 3

Ce tome est le troisième et dernier de la série, venant conclure l'histoire. Il fait suite à Man-Eaters Volume 2 (épisodes 5 à 8) qu'il faut avoir lu avant ; il faut avoir commencé par le premier puisqu'il s'agit d'une histoire complète en 3 tomes. Il comprend les épisodes 9 à 12 initialement parus en 2019, écrits par Chelsea Cain, dessinés et encrés par Elise McCall, mis en couleurs par Rachelle Rosenberg, avec un lettrage réalisé par Joe Caramagna, des couvertures conçues et réalisées par Lia Miternique, des visuels supplémentaires réalisés par Miternique, Eliza Mohan, Stella Greenvoss, Liv Osborn, Nina Khoury, Nial Donohoo, Lucie Weiss, ainsi que des poèmes écrits par Emily Powell.



Ses parents n'ont pas eu le choix : ils doivent envoyer leur fille Maud dans un centre de rééducation, ou plutôt un établissement de soin pour les personnes atteintes de panthérisme. Maud a parcouru la brochure de l'établissement Ruminations et le programme est alléchant : thérapie équine, thérapie par le massage Thaï, draps avec un grand nombre de fibres, yoga, groupes de méditation, atelier d'écriture, surf, kayak en mer, cercles de soin post-yoga, etc. La réalité est un peu moins reluisante : Maud se trouve présentement dans un cercle de parole, avec une dizaine d'autres femmes, allant de la très jeune adolescente à la dame pré-ménopausée, à écouter Ezra (un homme) en train de lire une histoire tire-larmes (La toile de Charlotte). Chacune d'entre elles se sent émue, et porche des larmes. Ezra finit l'histoire et annonce que lendemain ils entameront la lecture de Le Journal d'Anne Frank (1942-1944). Il y a 3 semaines, chez ses parents, Papa a revêtu un teeshirt à manche longue avec le logo de Tampon-Woman, et il discute avec sa femme Jo lui demandant si elle a eu ses règles. Sa femme lui demande s'il a peur qu'elle lui tende une embuscade, et lui murmure une autre information dans l'oreille, relative au groupe d'une vingtaine de demoiselles qui se trouvent devant lui. Sa fille Maud vient lui parler et il a un mouvement de recul. Elle lui indique qu'il n'a rien à craindre, qu'ils doivent combattre le patriarcat (même si le patriarcat c'est lui) et que Sophie E. (la demoiselle en kimono avec le masque de licorne) a un plan pour ça. Elle l'a intitulé Opération Mittelschmerz.



Maud montre la carte des mouvements à effectuer pour l'opération Mittelschmerz. Il y a une semaine, Papa attend avec sa fille dans le salon d'accueil de l'établissement Ruminations. Todd, le responsable des admissions, arrive et commence à énoncer les règles : pas de téléphone, pas de ceinture, pas de lacets, pas de spray parfumé, pas de tankinis, pas de comics, pas de lampe en sel d'Himalaya…, et pas de chapeau. Maud donne son bonnet avec oreille de chat à son père, et suit Todd en s'exclamant que le professeur Xavier est un abruti. Le quinzième jour de son séjour commence comme les autres : prise d'eau minérale Estrocorp pour la prévention du panthérisme. Étape suivante de la journée : passer aux toilettes pour évacuer. Il y a des années de cela, Ezra a démarré sa petite entreprise dans son garage avec un copain. De fil en aiguille, il s'est retrouvé à ouvrir des établissements de plus en plus grands, et a réalisé des interventions sous forme d'une conférence TED (Technology, Entertainment, Design).



Le lecteur est bien content que cette série ait pu arriver à son terme, car il craignait qu'un projet aussi atypique ne puisse s'avérer économiquement viable. Il éprouve un petit pincement au cœur en découvrant que Kate Niemczyk ne dessine pas le dernier tiers de l'histoire, et qu'elle cède sa place à Elise McCall pour ces 3 derniers épisodes. Cette nouvelle artiste réalise des dessins, avec un détourage de contour moins propre que celui de Niemczyk, avec un degré de simplification et de réalisme similaire, et une loufoquerie intacte dans les mises en page. Le lecteur se dit que le découpage des séquences et leur conception doit être assurés par Cain & Miternique ce qui assure la continuité entre les 2 dessinatrices. Les principaux personnages restent aisément reconnaissables : Maud avec ces cheveux aux reflets violet, ses parents (père avec sa barbe, sa mère avec sa chevelure blonde), Ezra avec ses cheveux noués au sommet du crâne. Le degré de détail de représentation des environnements dépend de la séquence : de très détaillé (la double page consacrée à la pièce où se déroule le groupe de lecture), à minimaliste (un simple poste de télévision au milieu de 3 cases successives de largeur de la page. Les autrices privilégient les mises en page et les effets. Par exemple, le lecteur sourit franchement en voyant les taches de sang appliquées par-dessus le dessin de l'intérieur de la Suite Gyno. Il s'arrête pour détailler les 28 façades différentes de pavillon (7 rangées de 4 pavillons) se surprenant à jouer au jeu des différences. Il regarde bêtement la télé avec les autres dans ces cases de la largeur de la page. Il déchiffre avec curiosité l'infographie qui représente le résumé de l'histoire par Kevin, ou encore l'organigramme complexe de la multinational Estro Corp Global.



Comme dans les tomes précédents, Chelsea Cain et Mia Miternique se lâchent pour les idées et leur concrétisation sous une forme visuelle. Le lecteur retrouve des parodies de publicité pour les produits Estrobeer, Estrocalm, Estrocola, EstroBrite, Estro-Yum (bonbons à la gélatine), EstroBank. Au premier degré, il s'agit de pastiches très convaincants de produits analogues (bière, relaxant, cola, dentifrice, bonbons). En découvrant l'organigramme de la multinationale, il prend conscience que les autrices jouent sur le fait que le patriarcat domine les organes dirigeants des plus grosses entreprises et que ces publicités sont encore le vecteur dudit patriarcat. Alors qu'il pensait que les autrices étaient allées déjà très loin en termes de pastiches et d'inventivité des formes dans le tome précédent, il est à nouveau surpris par une avalanche d'idées toutes menées à leur terme : couverture reprenant le I de Image Comics lui ajoutant une courte ficelle pour évoquer un tampon hygiénique, dessin en coupe d'un dirigeable, utilisation de ketchup, irruption de zombies, retour de la chanson Le lion est mort ce soir, etc. Comme dans les tomes précédents, le dernier épisode correspond à une sorte de magazine un peu fourre-tout débordant d'idées loufoques et irrésistibles : photographies d'époque de petites filles avec leur poupée, jouets de fille, Chat-outil, techniques d'autodéfense, techniques de montée à la corde, jeu avec des pions soldats et des pions chats, logigramme pour appeler un chat, teintures pour couleurs de cheveux, faux livre pour y dissimuler un autre, carte de membre du Ministère des problèmes, une vingtaine de couverture pour le Manuel de la révolution, toutes drôles et référentielles.



Devant cette avalanche d'idées, le lecteur en vient à trouver l'intrigue très secondaire dans son plaisir de lecture. D'accord : Maud va dans un centre de rééducation qui ne dit pas son nom. Elle s'y retrouve avec 2 de ses amies, et des femmes d'âge divers. Elles mettent au point un plan au nom connoté (Mittelschmerz = douleurs ovulatoires) et la révolution contre le patriarcat a bien lieu grâce à la mise en œuvre de dirigeables géants. Le déroulement est cohérent avec la logique interne du récit, tout en se nourrissant d'une loufoquerie qui autorise toutes les invraisemblances. D'un autre côté, ce mode narratif est celui utilisé depuis le premier épisode. En outre, l'histoire regorge d'idées mariant culture et imagination. Le lecteur sourit à chaque fois que de nombreuses personnes se mettent à fredonner A-wema-weh, extrait de la chanson Le lion est mort ce soir, chanson populaire sud-africaine, composée par Solomon Linda en 1939, popularisée en France en 1962 par Henri Salvador, puis par le groupe Pow Wow en 1992. Dans un premier temps, il se demande bien qui peut être George Gordon Battle Liddy (né en 1930), jusqu'à ce que l'une des filles explique qu'il était le chef opérationnel de l'équipe des plombiers, espions cambrioleurs financés par l'administration de Richard Nixon. Après coup, il n'en revient pas de l'élégante facilité avec laquelle les autrices l'ont intégré dans l'intrigue. Il est également fasciné par la révélation sur les poupées des petites filles, et leur véritable nature, à nouveau loufoque, à nouveau tout à fait logique. Il sourit à la référence du Professeur Xavier qui est un chameau, phrase prononcée par Kitty Pryde dans l'épisode 168 de la série Uncanny X-Men (paru en 1983).



Le lecteur est aux anges que Chelsea Cain & Lia Miternique aient pu mener à bien leur comics féministe. Il ne s'est jamais senti agressé par le propos ouvertement féministe et un peu militant. En effet elles et Kate Niemczyk, puis Elise McCall ont avant tout raconté une histoire. Elles ont mis à profit la liberté de création pour étoffer cet univers avec de nombreux éléments dépassant le cadre de la bande dessinée comme des pubs photographiques, des diagrammes et des schémas, à la fois explicatifs et drôles. Le lecteur peut très bien apprécier le récit au premier degré, souriant d'un bout à l'autre, et appréciant le ton franc et honnête pour parler des règles et des hormones. S'il le souhaite ou s'il en fait l'effort, il peut prendre un peu de recul et constater que le discours féministe anti-patriarcat est bien présent, sans écraser l'histoire, à la fois directe et drôle, nourrie par une inventivité extraordinaire.
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Man-Eaters, tome 2

Ce récit fait suite à Man-Eaters Volume 1 (épisodes 1 à 4) qu'il faut avoir lu avant. Il s'agit d'un récit complet en 3 tomes / 12 épisodes. Il comprend les épisodes 5 à 8, initialement parus en 2019, écrits par Chelsea Cain, dessinés et encrés par Kate Niemczyk, mis en couleurs par Rachelle Rosenberg, avec un lettrage réalisé par Joe Caramagna, des couvertures conçues et réalisées par Lia Miternique, des visuels supplémentaires réalisés par Miternique, ainsi que des poèmes écrits par Emily Powell.



Trois copines sont en train de discuter dans les toilettes des filles du collège. La conversation porte sur le fait que le fait que la mère de l'une n'a peut-être pas de système dogmatique de croyances, que les adultes sont très doués pour ignorer l'abysse sous l'enveloppe fragile de leur psyché, et pour proclamer tout et n'importe quoi comme étant une vérité absolue. Maude interrompt leur conversation en entrant et en faisant remarquer qu'elles ne sont pas obligées de se cantonner à l'existentialisme nietzschéen. Puis elle interrompt une de ses copines en train de se laver les mains, en lui rappelant que le gouvernement met des hormones dans l'eau pour contrôler leur corps, une autre copine tendant des lingettes à l'œstrogène. Une autre commence à expliquer quelle est l'épaisseur d'une page de comics pliée 103 fois. Sophie E. (il y a plusieurs Sophie dans l'établissement), qui se trouve dans une stalle, demande à ce qu'on lui passe du papier, ce que fait Maude. Mais il n'y a pas de réponse de la part de Sophie E. Ses copines pensent qu'elle a peut-être des écouteurs sur les oreilles, ou qu'elle est accaparée par son flux de pensée, ou encore qu'elle vient d'être kidnappée par des individus cachés dans le faux plafond.



Suit le clip d'un projet scolaire de Sophie E. qui montre une jeune fille en kimono avec une tête de licorne en train de danser. Sachant que Sophie E. n'est pas une fille que ça dérange de parler quand elle se trouve aux toilettes, Maude passe la tête sous la porte et se rend compte de sa disparition. L'une des filles pense qu'elle a bu trop d'Oestro-soda. S'en suit une page de pub pour les Estro-pop disponibles en 7 parfums. Surprises par sa disparition, les filles pensent qu'elle a peut-être eu ses premières règles et qu'elle a pu se transformer en panthère-garou. Maude pense qu'il faut qu'elles contactent son père. S'en suit une page où se tient son père debout, énumérant toutes les recommandations de vie qu'il a pu faire à sa fille : du fait qu'il croit en elle, jusqu'au fait qu'elle doive appeler sa mère si tous ses autres conseils se sont avérés inefficaces. Son père se trouve actuellement dans le laboratoire mobile de police dont Jo (la mère de Maude) est responsable : elle évoque les méthodes de triangulation des signalements pour retrouver la panthère-garou. L'un des laborantins est en train d'examiner au microscope un poil retrouvé sur le lieu de l'agression. Il n'a jamais rien vu de pareil.



Le premier tome avait suffi à départager les lecteurs : des femmes écrivant sur les premières menstruations avec une approche féministe humoristique, sans être agressive, et une narration très inventive ne se posant pas de limite de forme. Comme dans le premier tome, le lecteur n'est pas au bout de ses surprises. Le dernier épisode s'apparente à un numéro hors-série qui n'est pas rattaché à l'intrigue, et qui vient apporter de la consistance au monde développée par les autrices, mais de manière incidente, sous autre forme que celle de la bande dessinée. Il contient un ensemble de cartes de jeu à découper : règles, tampon périodique, panthère, mangeur de tampon, produits détachants. Ce numéro 8 propose plusieurs jeux. Il y a un premier jeu de rôle où il est possible d'incarner Jennifer ou Mandy, chacune étant décrite dans une fiche personnage avec ce qu'elle aime, ce qu'elle n'aime, sa phrase fétiche, l'émoji qu'elle utilise le plus et une courte biographie. Le jeu consiste à jouer une scène où l'une d'elle a volé une bouteille Estro-pop. Le lecteur trouve ensuite un facsimilé de la carte d'évaluation pour évaluer la capacité de la joueuse ou du joueur à bien prononcer, à projeter sa voix, à transcrire l'état émotionnel du personnage incarné, à avoir un jeu d'acteur expressif, à projeter du charisme, avec des points bonus pour la capacité à imiter l'accent belge (optionnel). Viennent ensuite les règles du jeu de cartes, les règles d'un jeu où il faut courir pour transporter un tampon hygiénique gorgé de sang de cochon dans un gymnase, un jeu de plateau avec des panthères-garous. Ce magazine se termine avec le témoignage d'une jeune femme en centre de détention pour ne pas avoir réussi à maîtriser sa ménorrhée, et une autre prenant un traitement lui permettant de mener une vie normale.



L'inventivité tout azimut des autrices ne se cantonne pas à cet épisode magazine : il est présent dans tous les épisodes, sous des formes hétéroclites, toujours avec une fibre humoristique. Le lecteur sourit bien volontiers aux recommandations en vrac du père avec une pertinence et une efficacité très erratiques, les fausses pubs, la coupe transversale du camion-laboratoire, la fiche d'évaluation de développement de la puberté, la représentation de la mère sous forme de tampon avec une cape de superhéros, ou encore les postiches pour chat. Les autrices ne font pas semblant de parler de menstruations et le font ouvertement avec une liberté de ton revigorante. Il suffit de regarder la couverture de l'épisode 6 : une main de jeune adolescente formant le signe V avec l'index et le majeur. Les lettres du titre Man-Eaters dégoutte de sang, ainsi que le majeur et l'index. Du fait du contexte, le lecteur comprend par lui-même qu'il s’agit de sang menstruel. Les 3 ongles visibles ont été décorés par un vernis, avec un dégradé arc-en-ciel à paillettes. Cain, Niemczyk et Miternique associent dans la même image l'innocence et le kitsch de l'enfance, le passage à l'adolescence, et le sang symbole du cycle et de la matrice de la vie.



Sous réserve qu'il ne fasse pas une intoxication à l'œstrogène, le lecteur reprend l'histoire là où l'avait laissée le tome précédent. Il y a donc une panthère-garou qui rôde dans le voisinage mettant en danger la vie des adultes susceptibles de la croiser. L'enjeu du récit ne réside pas dans une enquête : le premier épisode révèle qui est cette panthère-garou, ainsi que le fait que Sophie E. ne prenait plus ses hormones. La métaphore sur le passage à l'état de femme est directe, ainsi que celles sur les états émotionnels fluctuants et les risques pour les adultes oublieux de l'instabilité des individus traversant cette phase de l'adolescence. Les dessins sont à l'unisson de cette phase : à la fois mignons, tout public, et déjà avec un bon niveau descriptif, ainsi que des expressions de visage qui ne sont plus celles de l'enfance. Le lecteur continue de sourire lors de la discussion un peu gênée entre le père et la fille, le fond de l'échange portant sur cette transformation spécifiquement féminine ce qui exclut d'office la pertinence du père, lors de la discussion entre lui visiblement dépassé et la mère beaucoup plus professionnelle et compétente que lui. Il sourit tout autant lors des discussions entre jeunes filles curieuses et qui n'ont pas peur d'appeler un chat un chat.



Les dessins recèlent des éléments girly sans en rajouter. La lectrice (ou le lecteur) voit bien qu'il se promène dans des univers féminins, à commencer par la chambre de Maude, avec quelques doudous, des images de fleurs au mur, et des coussins assortis. L'artiste ne va pas dans l'exagération de type kawaï, se contentant d'une petite figurine de licorne sur une commode. Il n'y a donc pas de moquerie sous-jacente quant aux goûts de fille de l'enfance. Il n'y a pas non plus de volonté d'effacer tout signe extérieur de genre. Les demoiselles mises en scène assument tout à fait leur genre, s'habillant avec des vêtements de leur âge, sans recherche ostentatoire d'un effet mode ou autre, préférant la praticité, sans pour autant chercher à s'enlaidir ou à masquer leur appartenance à la moitié féminine de l'humanité. La lectrice / le lecteur s'immerge donc avec facilité dans chaque environnement qu'il s'agisse des toilettes des filles ou dans un cours d'autodéfense pour jeunes adolescentes. Elle/il s'assoit respectueusement sur le bord du lit de Maude où elle est allongée, sans penser à mal, comme un parent à côté de son enfant. Elle/il l'accompagne chez le proviseur et s'assoit sur la chaise à côté d'elle pour laisser passer les remontrances, l'inciter à boire le verre d'eau traitée aux hormones, et présenter des excuses du bout des lèvres pour pouvoir passer à autre chose. Pris dans la douceur de cette relation fille-père, elle/il en oublie même l'intrigue en cours de route, tout entier à ces ressentis sur le passage de l'état d'enfant à celui de femme amené par l'évolution physiologique inexorable du corps.



Du fait du parti pris drastique des autrices, il est vraisemblable que l'avis de la lectrice / du lecteur soit fait avant même d'ouvrir le tome. Elle/il retrouve les dessins sympathiques sans être nunuches, la diversité des supports visuels (du jeu de cartes aux fausses pubs, en passant par les collages), le point de vue féminin qui ne s'excuse pas sans se vouloir militant pour autant, ainsi que l'humour sympathique. Elle/il se rend compte que l'intrigue lui importe peu, et qu'elle/il préfère ressentir la relation fille-père, et l'appréhension des transformations physiologiques sur lesquelles Maude n'a pas de prise, et des informations très partielles, voire partiales.
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Man-eaters, tome 1

Ce tome est le premier d'une série indépendante de toute autre. Il comprend les épisodes 1 à 4, initialement parus en 2018, écrits par Chelsea Cain, dessinés et encrés par Kate Niemczyk, mis en couleurs par Rachelle Rosenberg, avec un lettrage réalisé par Joe Caramagna, des couvertures conçues et réalisées par Lisa Miternique, des visuels supplémentaires réalisés par Miternique, Stella Greenvoss et Kyle Scnalon, ainsi que des courts textes écrits par Eliza Fantastic Mohan, et des haïkus écrits par Emily Powell.



Maude est une jeune fille de 12 ans et elle est en train d'imaginer dans sa tête, des aventures pour la superhéroïne Tampon Woman. Son père frappe à la porte de sa chambre. Elle prend son chat dans ses bras et lui indique qu'il peut entrer. Il est en tenue de cycliste avec un casque sur la tête et l'informe qu'elle va être toute seule pendant quelques heures car il va travailler. Après son départ, Maude présente son père au lecteur : ce n'est pas un acteur pour série TV de police, et il était beaucoup plus déprimé juste après son divorce, il y a 2 ans. C'est un papa normal et moyen, avec des tenues un peu confortables, et une dizaine de phrases toutes faites qu'il répète souvent, de Est-ce que tu as fait tes devoirs ? à Peut-être. Il lui arrive d'enquêter sur des homicides. D'ailleurs avec son pantalon de cycliste, il vient de se rendre dans un immeuble où a été trouvé un cadavre, qu'il examine avec son ex-femme à ses côtés car elle est vétérinaire et responsable de l'unité de traque des grands chats pour la partie nord-est du Pacifique. L'équipe d'enquête retrouve des morceaux de cadavres sur le toit terrasse, attestant qu'il s'agit bien de l'attaque d'un grand chat. Ils doivent appeler l'équipe locale de Capture des Chats (Cat Apprehension Team).



L'équipe d'état du CAT vient donc s'installer dans le commissariat local et prendre la direction des affaires, ainsi que le commandement des policiers locaux. Ils commencent par faire placarder des affiches partout pour avertir la population et par faire le tour des 73 suspects. De son côté, Maude se souvient des cours d'éducation sur l'épidémie de chat, sur le virus qui touche les jeunes filles atteignant la puberté, sur l'intensité de la manifestation des symptômes : transformation en chat de la taille d'une panthère avec des accès de rage allant jusqu'à agresser et tuer les personnes de l'entourage, à commencer par la famille proche. Fort heureusement, suite à la première épidémie, le gouvernement a pu mettre en place des mesures efficaces : ajouter de la progestérone et de l'œstrogène dans l'eau du robinet pour bloquer les effets de l'épidémie, empêchant ainsi la survenance des règles chez les jeunes filles. L'épidémie a été jugulée et le nombre d'agressions par chattes humaines a chuté drastiquement. Mais ce traitement préventif s'avère inefficace dans quelques cas isolés. Alors qu'elle est aux toilettes, Maude remarque une tache de sang sur sa culotte.



Pour tout lecteur normalement constitué, ce recueil lui hurle de passer son chemin : une histoire de jeune adolescente qui aime les chats (parce que les chats mignons, ça fait vendre), le thème des menstruations matraqué à chaque scène ou presque, une métaphore sans finesse (la femme est semblable à un chat), une intention féministe qui dicte le récit, sans parler des nombreuses fausses publicités, et du quatrième épisode en forme de parodie de magazine, sans bande dessinée. Dans le même temps, l'approche franche et explicite des autrices (seul le lettreur est un homme) fait qu'il sait ce qui l'attend et qu'il n'y aura pas tromperie sur la marchandise. Effectivement, Kate Niemczyk réalise des dessins de nature réaliste et descriptive, sans conventions graphiques ciblant un lectorat féminin, par exemple celles du shojo, ou celles des illustrés pour filles. La couleur rose n'est pas prédominante, et les cases ne s'attardent pas sur les tenues à la mode. Il n'est même pas question de maquillage. Pour autant, la dessinatrice ne joue pas non plus la carte de la fadeur et montre que Maude porte un bonnet avec des petites oreilles de chat en toute circonstance ou presque et qu'elle s'habille avec des tenues en cohérence avec son âge. C'est juste que le récit ne se focalise pas sur cet aspect.



De la même manière, Chelsea Cain ne fait pas semblant. En 3 épisodes et un faux magazine, elle évoque des parents divorcés, la toute première fois que Maude constate un écoulement de sang menstruel, le mode d'emploi d'application d'un tampon, 8 femmes célèbres, les endroits réservés aux hommes, et comment identifier des excréments de chats géants. Le lecteur plonge donc dans un récit raconté d'un point de vue féminin, par une femme (plusieurs même), avec des préoccupations de femme, et des éléments de la vie quotidienne de la gente féminine. Il n'en reste pas moins qu'il s'agit bien d'une histoire, avec une dynamique efficace : une épidémie transformant les femmes en créatures félines incontrôlables et dangereuses, épidémie qui a été circonscrite, mais quelques cas apparaissent encore sporadiquement. Il est donc possible pour tout lecteur (féminin comme masculin) de s'intéresser à l'intrigue, et d'être pris par le suspense de la progression dramatique. Il est fort vraisemblable que la mort des victimes du grand chat soit imputable d'une manière ou une autre à Maude, mais ce n'est pas certain. Il y a des scènes d'action quand l'équipe CAT doit retrouver le grand chat, et les personnages sont immédiatement attachants dans leur normalité et leurs réactions émotionnelles. L'artiste réalise des cases faciles à lire, avec un niveau élevé d'informations visuelles, permettant de jeter un coup d'œil à chacune des endroits où se déroule l'action, avec des personnages à la morphologie normale, présentant des caractéristiques qui rendent compte de leur personnalité, à commencer par leur choix de tenue vestimentaire.



Dès la première page, Chelsea Cain fait usage d'un humour franc et décomplexé avec cette superhéroïne imaginée par Maude : Tampon Woman. Elle sait jouer avec plusieurs registres de comique : le portrait un peu critique brossé par Maude de son père, avec un dessin montrant un individu aussi banal que sympathique, le suspense sur les individus en train de tous marmonner la même chose de manière inintelligible, les sautes d'humeur de Maude tout à fait compréhensibles, le subterfuge pour demander comment enlever des tâches de sang sans révéler qu'il s'agit de celui des règles, le père de Maude totalement désemparé lors d'une action de police sous la responsabilité de son ex-femme. Il s'agit d'un humour dépourvu d'hypocrisie sur le cycle biologique de la femme, mais sans méchanceté non plus, ni envers les femmes, ni envers les hommes. Cet humour est renforcé par les fausses publicités et les facsimilés de page de magazine, et même de notice d'utilisation d'un tampon hygiénique. Les autrices savent trouver un point d'équilibre respectueux, en parlant franchement des choses telles qu'elles sont, mais sans moquerie ou méchanceté dirigée contre une personne. Le lectorat féminin se retrouve dans ces étapes de développement physiologique ; le lectorat masculin découvre un discours clair et sans affèterie. Lia Miternique fait preuve d'une verve en phase avec celle de Cain & Niemczyk, et tout aussi inventive : flyers comiques, fausses couvertures de magazine, formulaire de déclaration de blessure suite à une attaque de chat géant, mode d'emploi de tampon hygiénique, plan indiquant les endroits où se cacher dans un appartement, litière de chat avec des excréments dont il faut identifier le producteur. Le lecteur se retrouve à sourire très rapidement devant cet humour chaleureux et cette diversité de supports.



Les autrices ont donc choisi de parler de la condition féminine, des transformations se produisant à l'âge adolescent en utilisant la métaphore du chat, animal capricieux, très indépendant, au comportement pouvant sembler erratique. A priori, le lecteur y voit là plus une facilité qu'une comparaison susceptible de servir de support à la réflexion. Il constate, séquence après séquence, que les autrices savent utiliser cette métaphore avec élégance et intelligence. Il peut très bien lire le récit au premier degré, sans prêter attention à ladite métaphore. L'intrigue fonctionne très bien ainsi avec cette étrange maladie qui ne frappe que les jeunes filles, et avec la traque qui s'installe pour neutraliser le grand chat tueur. Il peut aussi jouer à interpréter la métaphore à chaque fois qu'elle est employée. Il sourit en voyant la manière dont les autrices s'amusent à plaquer les caractéristiques des chats sur les femmes pour se moquer gentiment de leur caractère changeant, d'une forme d'absence d'allégeance vis-à-vis de qui que ce soit, pour pointer du doigt l'agressivité qui peut soudainement surgir. En outre, l'intrigue (le virus, les dispositions sanitaires prises par le gouvernement) et la métaphore se combinent régulièrement pour faire apparaître les non-dits sociaux, les attentes systémiques qui pèsent sur les femmes. Même si le mystère reste entier quant à l'identité du grand chat, le lecteur voit apparaître comment Maude refuse de plier aux exigences implicites de la société, comment elle enfreint certaines règles sociétales implicites ou explicites. La qualité de la narration fait que le lecteur est entièrement acquis au point de vue de Maude, qu'il partage ses émotions et ses motivations. Du coup, les mesures sanitaires pour juguler l'épidémie apparaissent comme un cadre rigide qui dicte le comportement des demoiselles, une contrainte castratrice. Ce dispositif narratif produit alors l'effet de mettre en lumière la pression que subit un individu (Maude) qui n'est pas armé pour supporter ou s'accommoder de ces diktats d'autant plus horribles qu'ils définissent une normalité implicite, impliquant le degré de courage nécessaire pour oser s'éloigner de cette norme, pour oser affirmer son identité et ne pas se conformer aux attentes floues mais bien réelles.



Alors que toutes les caractéristiques du récit auraient tendance à faire reculer le lecteur, la narration s'avère aussi honnête sur le point de vue féminin, que drôle et intelligente, avec une mise en images qui refuse elle aussi le conformisme pour utiliser d'autres formes (graphiques, schémas, articles) et les mettre au service du récit et du propos. Arrivé à la fin, le lecteur à peine à croire qu'il a déjà terminé 4 épisodes et que ce premier tome s'arrête là, tant son plaisir de lecture a été intense.
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Les héritiers du mal

Livre emprunté à la bibliothèque, sans savoir que c'était une suite.

Ce léger détail n'empêche pas de très vite être mis dans le bain et de comprendre qu'il y a une très méchante psychopathe tueuse et tortionnaire d'un côté et un gentil policier bousillé physiquement et mentalement par la méchante mais jolie tueuse en série de l'autre côté.

Des meurtres plutôt sanglants semblent porter l'empreinte de la méchante tueuse en série mais est-elle bien coupable ou est-elle imitée par un admirateur ?

L'enquête va très vite, tout le monde bouge dans tous les sens, les policiers semblent doués d'un flair à toute épreuve.

Je suis allée jusqu'au bout car je voulais connaître l'issue mais il est clair que je lirai pas les tomes précédents.

Certains auteurs ont vraiment beaucoup d'imagination dans les détails sanglants, est-ce vraiment nécessaire pour faire un bon roman policier ?
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Pourquoi moi

Kick a été enlevée alors qu'elle était encore enfant et retrouvée 5 ans plus tard un peu par hasard. Le FBI l'a rendue à sa famille. 5 ans quand on est enfant, c'est très long, surtout quand on a été abusée. Durant cette période, Mel, celui qui l'a enlevé et qui a prétendu être son père, lui a appris à crocheter des serrures, à reconnaître un nombre important d'armes et à distinguer les différents corps de police aux Etats-Unis. Kick connaît également très bien les arts martiaux.



Le problème, c'est que tout ça est un peu too much pour moi et du coup, malgré quelques scènes d'action sympas, j'ai eu du mal à trouver le tout crédible. Le personnage énigmatique de John Bishop, obnubilé par les affaires d'enfants disparus, n'est pas pour arranger l'intrigue. Il vient chercher Kick pour qu'elle l'aide à retrouver Adam Rice et Mia Turner, récemment kidnappés dans la région de Seattle. Mais encore une fois, ce personnage de John est trop secret et a trop de relations bien placées à mon goût... L'histoire se laisse lire mais n'est pas assez réaliste selon moi.
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Pourquoi moi

Je dois dire que le sujet m’intéressait beaucoup – ou comment une victime a repris sa vie en main. Et bien je dois dire que je suis passée totalement à côté de cette lecture. Kick, prénom qu’elle s’est choisie, a beau maîtriser bien des techniques de défenses, il me semble qu’elle oublie les manières les plus simples de se protéger et surtout, qu’elle perd vite, très vite, trop vite tous ses moyens. Je ne dis pas que ce n’est pas cohérent avec ce qu’elle a vécu, je dis que cela ne l’est pas avec ce que l’on nous a assuré qu’elle est devenue.

Kick est une survivante. Elle a effectué plusieurs thérapies qui l’ont davantage « bousillée » que guérie – vu l’état de suggestion physique et mentale dans lequel elle a été retrouvée, cela semblait plutôt difficile. Et là, je me suis posée une question : est-ce l’auteur qui a une mauvaise image des thérapeutes (et je ne suis pas certaine qu’ils soient tous compétents) ou est-ce un simple ressort scénaristique de montrer que, finalement, Kick ne peut surmonter la dépendance dans laquelle elle a vécu ? Oui, je sais, j’en dis un peu trop, j’aurai aimé une analyse plus fine des conséquences de son traumatisme.

Autre question que je me suis posée : pourquoi donner une si mauvaise image des familles des enfants enlevés ? Je ne parle pas seulement de la famille de Kick, entre un père qui les a quittés après le retour de Kick, une soeur avec laquelle elle n’a pas de lien et une mère qui tire largement profit depuis dix ans de son statut de « mère d’enfant retrouvée », non, aucune famille ne fait exception à cette règle, les mères sont toutes déficientes, c’est à dire qu’elles profitent toutes de l’enlèvement de leur enfant, à des degrés divers. Tristes, et simplistes à mes yeux, comme toute généralisation.

L’enquête, maintenant. Je me suis demandé parfois en quoi Kick pouvait réellement aider ce mystérieux enquêteur, qui passe un temps fou à lui mentir, au point que l’on ne sait plus très bien quand il dit ou non la vérité, et que, au bout d’un moment, je me suis dit qu’il n’était même plus crédible, lui qui semble disposer de moyens illimités, que ce soit financièrement ou techniquement – tout en étant parfois bien maladroits. Séducteur également, sans que je trouve que cela apporte grand chose à l’intrigue, pas même une respiration bienvenue dans un univers glauque. Le coeur du roman n’est-il pas la pédophilie, la pédopornographie, et je défie quiconque de ne pas être révulsé par les prédateurs qu’il croisera en lisant ce roman.

Un point positif, cependant : j’ai beaucoup aimé le personnage de Jack, le frère de Kick, et j’aimerai vraiment le voir au coeur de la prochaine intrigue.
Lien : https://deslivresetsharon.wo..
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Pourquoi moi

Quand une ex séquestrée décide d'apporter son aide à un ex-vendeur d'armes pour retrouver des enfants, l'histoire ne peut être que palpitante. Mais l'histoire se révèle surtout être plus forte et puissante qu'on ne le pense et le lecteur se retrouve plongé dans une intrigue qui le fera frémir plus d'une fois.



A l'âge de six ans Kick a été enlevée et alors que tout le monde la pensait morte, cinq ans plus tard elle fut retrouvée. La jeune femme se sera construit avec ça, en essayant de faire l'impasse sur ce passé qui la poursuit et à 21 ans elle est devenue une véritable femme dangereuse. Maniement des armes, self défense, arts martiaux elle maîtrise absolument tout ! Lorsque Bishop lui demande son aide pour retrouver deux enfants kidnappés, elle ne peut éviter de faire le rapprochement avec son histoire et elle qui connaît malheureusement si bien cela, accepte de l'aider. Une enquête parsemée d'embuches les attend et Kick n'en ressortira peut-être pas indemne...



Attirée avant tout par la couverture je dois avouer, Pourquoi moi m'a tenu en haleine du début à la fin avec une histoire particulièrement haletante et une héroïne forte et fragile à la fois.



Kick, après ce terrible drame vécu quand elle était enfant, est maintenant presque reconstruite. Presque car le passé de la jeune femme ne cesse de refaire surface. D'ailleurs le roman s'ouvre sur cette scène où elle est retrouvée par le FBI, une scène qui met de suite dans l'ambiance et qui nous paraît presque hallucinante. On comprend alors le caractère de Kick, on comprend cette force qu'elle a en elle mais qui cache aussi ses faiblesses. Clairement pour moi, Kick est l'élément le plus réussi dans ce livre. C'est un personnage qu'on n'oublie pas facilement, un personnage auquel on s'attache mais qui nous impressionne également.



Dans Pourquoi moi on plonge dans une histoire et une enquête aux multiples rebondissements, Chelsea Cain nous tient en haleine du début à la fin ! Avec ses personnages charismatiques, son intrigue bien ficelée et un sujet difficile (pédophilie et pédopornographie) mais parfaitement bien maîtrisé c'est un livre qu'on lit presque d'une traite sans s'en rendre compte.



C'est un thriller psychologique mené d'une main de maître, l'auteure avec ses descriptions aussi bien sur l'environnement que ses personnages réussit à nous faire imaginer les scènes à la perfection mais surtout elle réussit à faire en sorte qu'on ait l'impression qu'elle se joue aussi de nous avec ses personnages qui parfois peuvent être déroutants.



Premier tome d'une nouvelle série la fin nous apporte aussi bien des réponses mais tout en nous laissant un peu sur notre faim, juste ce qu'il faut pour nous donner envie de découvrir rapidement la suite et retrouver Kick au plus vite...



Laissez vous tenter par Pourquoi moi de Chelsea Cain disponible aux Editions JC Lattès.
Lien : http://www.poleculture.net/c..
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Au coeur du mal

Premier volume de la trilogie de Chelsea Cain consacrée à Archie Sheridan et la diabolique Gretchen Lowell, je suis tombée sur ce livre par hasard, suggéré par Babelio, et ne le regrette pas.



Peu de thrillers m'ont marquée à ce point.



La force de l'intrigue tient grandement à la psychologie des personnages, complexes et torturés, particulièrement bien développée. Les meilleurs ingrédients sont réunis pour accrocher le lecteur: un style fluide, rythmé, mesuré, une ambiance malsaine au possible, rendant aussi accro à l'histoire qu'Archie l'est aux cachets qu'il consomme à outrance depuis les sévices subis par Gretchen, des rôles secondaires actifs qui ne laissent rien au hasard.



Qui dit mieux?



Archie... on ne sait qu'éprouver à son égard. Compassion, dégoût? On ne peut lui rester indifférent. De même pour son charismatique bourreau. La notion du syndrome de Stockholm pousse toujours plus loin les limites de l'indécence.



A peine achevé, on se jette sur "L'étreinte du mal" et ... on en redemande!
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Les héritiers du mal

imaginez

- adriana karembeu qui tue plus de 200 personnes en leur enlevant la rate

-la belle s'est échappé et les meurtres recommencent

-une ville organisant des tours opérateurs pour visiter les des meurtres

-un style simple ,proche du roman de gare

-tragicomique sans le faire exprès



moi, qui aime les histoires de tueur en serie, je mets quand même 2 étoiles

mais je comprends fort bien que l'on considère ce livre comme un navet
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Au coeur du mal

C'est un bon thriller avec un serial killer et un inspecteur Archie Sheridan, blessé , meurtri par sa précédente enquête sur une tueuse en série , Gretchen.

Elle est en prison mais elle est très présente dans l'histoire car elle entretient une relation perverse avec Archie.

On peut comprendre sa dépendance aux médicaments car la description des tortures qu'elle lui a infligé sont particulièrement dures à lire.

L'intrigue est intéressante et relativement assez prenante .

L'écriture est simple , fluide , efficace.

Je lirai volontiers la suite " l'étreinte du mal" .
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Pourquoi moi

Kick Lannigan a été enlevée à l'âge de 6 ans. Cinq ans plus tard, elle est retrouvée et rendue à sa famille. Seulement, on ne se remet jamais vraiment d'une expérience semblable...

Maintenant âgée de 21 ans, la jeune femme fait tout pour ne plus être « faible » et sans défense : elle maîtrise les armes à feu, les arts martiaux, et – entre autres – sait lancer des couteaux et crocheter des serrures. Une des autres conséquences de son passé, c'est que Kick fait difficilement confiance, ne tient qu'à son frère et à son chien, et tente de rester hors des ennuis.

Mais l'arrivée fracassante de Bishop bouleverse son monde encore plus. C'est un ex vendeur d'armes, qui dispose de moyens imposants, des contacts utiles... Et surtout qui lui demande de retrouver deux enfants disparus. Malgré elle, Kick s'intéresse à cette affaire et se joint à Bishop.

Je suis très heureuse d'avoir pu lire Pourquoi moi, que j'avais raté à sa sortie en grand format chez JC Lattès. Car ce roman policier s'est avéré une lecture vraiment captivante !

(Voir mon avis complet sur mon blog.)
Lien : http://chezlechatducheshire...
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Au coeur du mal

Au coeur du mal est le premier tome d'une trilogie qui semble remporter un certain succès. Il faut dire que le point de départ est plutôt original puisque l'un des personnages principaux est une tueuse en série qui se trouve derrière les barreaux depuis deux ans lorsque l'intrigue commence. La relation ambiguë qu'elle entretient avec l'inspecteur Archie Sheridan, qu'elle a tenté de tuer avant de le ranimer, est le ciment de ce roman. Elle a une emprise sur lui, tandis qu'il éprouve pour elle une forme d'attirance et de reconnaissance mêlées de dégoût. Mais ça ne fonctionne pas, c'est trop malsain ou mal décrit, au choix. On sent bien que l'auteure a tout misé sur la relation flic-tueuse et a délaissé le reste. De fait, l'enquête sur les disparitions successives de lycéennes que le lecteur est amené à suivre dans ce roman ne semble pas exister en tant que telle et paraît, au bout du compte, assez peu vraisemblable. J'ai trouvé l'ensemble plutôt mauvais.


Lien : http://aperto.libro.over-blo..
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Pourquoi moi

J'ai été quelque peu déçue par cette histoire un peu décousue et construite avec des personnages interloquant.

Il s'agit d'un mélange d'enquête à laquelle l'auteur veut mêler une sorte de héros espion sans peur qui se fait aider par une victime névrosée et peuplée d'assurance sans pouvoir assumer dans les moments critiques. Trop cliché à mon goût.



Après avoir lu sa trilogie de thrillers, je m'attendais à une même qualité mais ce n'était pas le cas.



Néanmoins, j'ai quand même terminé le volume en me disant que cette fin-là appelle une suite probable.







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Mockingbird, tome 1 : I can explain

Ce tome contient une histoire complète ne nécessitant pas une connaissance étendue du personnage Mockingbird pour pouvoir l'apprécier. Il contient les épisodes 1 à 5, ainsi que le numéro spécial Mockingbird: S.H.I.E.L.D. 50th Anniversary, initialement parus en 2016 (en 2015 pour le numéro spécial), tous écrits par Chelsea Cain. Les épisodes 1 à 4 ont été dessinés et encrés par Kate Niemczyk, avec l'aide de Sean Parsons pour l'encrage de l'épisode 4. L'épisode 5 a été dessiné et encré par Ibrahim Mustapha. Ces 5 épisodes ont été mis en couleurs par Rachelle Rosenberg. Le numéro spécial a été dessiné et encré par Joelle Jones, avec une mise en couleurs de Rachelle Rosenberg.



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- Épisodes 1 à 5 - Depuis quelques temps, Barbara (Bobbi) Morse doit se rendre toutes les semaines à une consultation médicale dans la base du SHIELD située, en dessous de Chelsea Market, à New York. Aujourd'hui elle rentre directement dans le bureau du parapsychologue, en ouvrant la porte d'un grand coup de pied, puis elle brise la vitre sans tain derrière lui. Il y a des formes humanoïdes aux orbites vides qui lui jettent une balle de pingpong. Un mois plus tôt, elle était dans la salle d'attente d'un autre cabinet médical du SHIELD, en même temps que Howard the Duck, Tony Stark et Hercule. La docteure prenait sa tension, sa température, effectuait une prise de sang, tout en lui posant des questions sur sa gorge sèche, des saignements d'oreille, son niveau de paranoïa, sa consommation de Chardonnay, etc.



Par la suite, Mockingbird intervient dans une cellule du Hellfire Club pour libérer Lance Hunter. Puis elle doit résoudre une prise d'otages effectuée par une jeune fille de 12 ans dont les pouvoirs viennent de se manifester, enquêter sur la mort massive de gazelles d'une espèce particulière, et enfin revenir dans le cabinet médical initial du SHIELD pour comprendre ce qui cause cette infestation de pseudo-zombies.



En 2014, Bobbi Morse intègre la série télévisuelle Marvel : Les agents du S.H.I.E.L.D.. Il était donc inéluctable qu'elle dispose de sa série mensuelle en comics. Chelsea Cain respecte le cahier des charges qui lui impose que Mockingbird apparaisse comme une agente du SHIELD, synergie entre médias oblige. Néanmoins le premier épisode prend le lecteur complètement au dépourvu. Les 2 premières pages promettent qu'i y aura bien de l'action, la suite consiste en plusieurs visites médicales dans cette base secrète du SHIELD. Bobbi Morse fait preuve d'un humour teinté de sarcasme, cueillant par surprise le lecteur avec sa remarque quant à la perte totale de tout frisson à faire pipi pour un échantillon d'urine. Le lecteur sent que la scénariste a développé une approche personnelle sur la narration, le fruit de son travail de romancière, par exemple Pourquoi moi. Les questionnaires médicaux sont également l'occasion de poser des questions inattendues à Bobbi Morse, et de jouer avec des balles de tennis de table.



Chelsea Cain présente une dame qui dispose d'une solide expérience professionnelle, qui se prend en charge toute seule, qui en remontre à tous les individus mâles qu'elle croise. Le deuxième épisode établit qu'elle a une vie sexuelle, et qu'elle n'éprouve pas de difficultés à se balader dans un club où les serveurs sont habillés de cuir et de clous. Le troisième épisode met en scène une demoiselle de 12 ans, avec des réflexions sur les aspirations de cet âge, mais aussi les inquiétudes, avec une vague soupçon de fibre maternelle pour Bobbi Morse. Les 2 épisodes suivants reprennent le schéma plus classique de la mission d'espionnage, avec haute teneur en action, et Bobbi Morse qui prend l'ascendant sur ses 2 improbables coéquipiers dans l'épisode 5. En effet, Chelsea Cain donne une personnalité originale à Bobbi Morse, et intègre des clins d'œil à l'univers partagé Marvel, avec une courte rencontre entre elle et Natasha Romanova dans la salle d'attente (quelles bottes !).



Cet amalgame de différentes composantes (dont certaines inattendues et inusuelles dans le cadre d'un comics de superhéros) aboutit à un récit enlevé, une succession de missions légères, un ton premier degré agrémenté par des touches d'humour variées. Le lecteur éprouve rapidement de l'empathie pour Bobbi Morse, pour son professionnalisme compétent sans être pesant (sans oublier son diplôme de biochimiste), pour sa vie variée pleine d'aventures. Le format d'une aventure par épisode fait que finalement l'intrigue en fil rouge d'épisode en épisode ne suscite qu'un intérêt poli chez le lecteur, et que sa résolution dans le dernier épisode manque d'impact. Ce même format apporte une diversité remarquable, permettant de passer d'une infection virale pour Bobbi Morse, à une discussion délicate entre elle et une jeune adolescente détenant un pouvoir trop grand pour elle. Les quelques cases consacrées à une séance de conseil matrimonial s'avèrent également très savoureuses et piquantes.



Kate Niemczyk dessine de manière réaliste avec un degré de simplification. Dans le premier épisode, elle s'amuse avec la représentation des personnages féminins, dessinant comme s'il s'agissait d'une bande dessinée pour jeunes lectrices, avec des visages épurés pour les femmes, et de belles chevelures. Il se produit un glissement de la narration dans un mode connoté féminin, mais sans virer romantique, accentué par la mise en couleurs pastel et claire de Rachelle Rosenberg. Les décors sont représentés avec un niveau de détail satisfaisant pour les couloirs de la base. Par contre la salle d'attente et le bureau des médecins successifs souffrent d'un dépouillement minimaliste peu crédible au vu des différents dossiers et appareils qu'ils manipulent. L'artiste s'amuse également beaucoup avec le sadomasochisme chic des tenues du Hellfire Club, ne cherchant pas à atténuer leur connotation sexuelle. Par contre, elle ne semble pas trop savoir quoi mettre comme décor, les fonds de case perdant rapidement toute consistance. Rosenberg opte pour des teintes plus rouge et orange pour rendre compte de l'éclairage à la bougie, faisant ainsi monter la température.



Le troisième épisode marque le retour des décors, la dessinatrice étant plus à l'aise avec des séquences en extérieur dans un milieu urbain. L'histoire se lit facilement et les dessins apportent une dimension factuelle qui transcrit bien l'atmosphère de cette prise d'otages. Certaines surfaces manquent de texture, leur donnant une apparence factice. Rachelle Rosenberg utilise des tonalités grises pour l'ambiance urbaine, les contrastant avec des couleurs plus gaies pour les pouvoirs de la jeune Rachel. Dans l'épisode 4, Niemczyk accentue à nouveau un rendu de type girlie pour Bobbi Morse qui apparaît comme une jeune femme rayonnante de santé et de certitude. Les décors restent à un niveau assez consistant, avec de belles images de steppes dans le Kazakhstan, ou de faune sous-marine dans les tropiques. Le langage corporel de Bobbi et de Lance est impeccable devant le conseiller conjugal. Le dernier épisode perd en séduction avec des dessins moins jolis et plus denses, sans qu'Ibrahim Moustafa n'arrive à rendre le charme de Bobbi Morse.



Ce premier tome des aventures de Bobbi Morse surprend par son ton décontracté, ses missions inattendues, ses liens avec l'univers partagé Marvel qui savent rester superficiels juste pour le fun. Le lecteur éprouve des difficultés à se prendre d'intérêt pour le fil conducteur du virus dans le corps de Mockingbird, Par contre, il se prend au jeu de la diversité des missions et du caractère très agréable et un peu sarcastique de Bobbi Morse, rehaussé par des dessins pimpants qui apporte une forme de légèreté à ses aventures. 4 étoiles.



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- Numéro spécial anniversaire SHIELD - Bobbi Morse se réveille de sa nuit passée avec Lance Hunter. Elle découvre dans le journal du matin que Wilma Calvin (une collègue de fac) est décédée. Elle se rend à la morgue pour examiner son cadavre avec Percy Calvin, l'époux de Wilma.



À l'occasion de l'anniversaire des 50 ans du SHIELD, les responsables éditoriaux Marvel avaient organisé la publication de numéro spéciaux consacrés à différents agents apparaissant dans la série télévisuelle. Il s'agissait visiblement d'un numéro d'essai pour Chelsea Cain, avant qu'elle ne prenne en main la série mensuelle. Elle a imaginé une enquête dans une pièce close (la morgue), autour du cadavre de la victime. L'intrigue est moins consistante que celles des épisodes de la série mensuelle, et plus expédiée. Par contre les dessins de Joelle Jones apportent un charme et un caractère tout aussi forts que ceux de Kate Niemczyk, avec des décors plus consistants, des personnages moins édulcorés, un montage en découpage de cases plus original. 4 étoiles.
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Pourquoi moi

Je n’avais pas d’attentes particulières en débutant ce roman, mais j’avoue que je m’attendais quand même à autre chose. À quelque chose de plus violent en tout cas. L’auteure joue plutôt sur des aspects psychologiques, qui sont finalement tout aussi violents à leur manière. Ce roman, qui traite de sujets difficiles comme la pédophilie et la pédopornographie, ne vous laissera pas indifférent !

Les deux personnages principaux se lancent dans une enquête passionnante, haletante et riche en rebondissements. Le roman, très bien construit, est un véritable page turner. Je n’ai pas réussi à le reposer avant de l’avoir terminé ! Je voulais connaître la fin, impossible de faire autrement.

Les personnages sont tous intéressants, ont tous un passé assez fascinant/troublant et j’ai hâte d’en savoir plus sur eux. Ce sont des personnages forts mais qui ont tous des faiblesses plus ou moins visibles, qui ont été fragilisés par un passé difficile. J’espère que leurs histoires respectives seront un peu plus approfondies dans le second tome.

C’est un roman très fort et riche en émotions (colère, pitié, tristesse, joie, peur.. tout y passe). C’est un très très bon thriller, que je vous recommande les yeux fermés. J’ai personnellement très hâte d’avoir le deuxième tome entre les mains, j’espère que ce sera pour bientôt !
Lien : https://ibidouu.wordpress.co..
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L'étreinte du mal

Tome deux de cette trilogie,on se sent un peu mal de la relation entre Archie, le flic et Gretchen, serial killer au féminin, relation malsaine, Archie qui delaisse sa femme et ses enfants préférant son bourreau.

Une bonne suite avec toujours Henry,son seul ami et Susan plus impliqué dans cette suite.

Bonus ,une bonne fin dans une foret en feu,nos quatre protagonistes dans un chalet,qui va s en sortir?

Chelsea cain maitrise parfaitement son sujet,un bon roman pour tout fan de thriller.
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