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Man-eaters tome 1 sur 3
EAN : 9781534311435
128 pages
Image Comics (05/03/2019)
5/5   1 notes
Résumé :
Book Riot’s Best Comics of 2018

“It's a horror comedy about a girl who thinks she's a monster and it's brilliant.” —Kelly Sue DeConnick, Bitch Planet

Adolescent girls can be real monsters. Maude is twelve, about the age some girls turn into flesh-eating wild cats. As her detective dad investigates a series of strange mauling attacks, Maude worries she may be the killer.

Includes the informative survival handbook, "Cat F... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Ce tome est le premier d'une série indépendante de toute autre. Il comprend les épisodes 1 à 4, initialement parus en 2018, écrits par Chelsea Cain, dessinés et encrés par Kate Niemczyk, mis en couleurs par Rachelle Rosenberg, avec un lettrage réalisé par Joe Caramagna, des couvertures conçues et réalisées par Lisa Miternique, des visuels supplémentaires réalisés par Miternique, Stella Greenvoss et Kyle Scnalon, ainsi que des courts textes écrits par Eliza Fantastic Mohan, et des haïkus écrits par Emily Powell.

Maude est une jeune fille de 12 ans et elle est en train d'imaginer dans sa tête, des aventures pour la superhéroïne Tampon Woman. Son père frappe à la porte de sa chambre. Elle prend son chat dans ses bras et lui indique qu'il peut entrer. Il est en tenue de cycliste avec un casque sur la tête et l'informe qu'elle va être toute seule pendant quelques heures car il va travailler. Après son départ, Maude présente son père au lecteur : ce n'est pas un acteur pour série TV de police, et il était beaucoup plus déprimé juste après son divorce, il y a 2 ans. C'est un papa normal et moyen, avec des tenues un peu confortables, et une dizaine de phrases toutes faites qu'il répète souvent, de Est-ce que tu as fait tes devoirs ? à Peut-être. Il lui arrive d'enquêter sur des homicides. D'ailleurs avec son pantalon de cycliste, il vient de se rendre dans un immeuble où a été trouvé un cadavre, qu'il examine avec son ex-femme à ses côtés car elle est vétérinaire et responsable de l'unité de traque des grands chats pour la partie nord-est du Pacifique. L'équipe d'enquête retrouve des morceaux de cadavres sur le toit terrasse, attestant qu'il s'agit bien de l'attaque d'un grand chat. Ils doivent appeler l'équipe locale de Capture des Chats (Cat Apprehension Team).

L'équipe d'état du CAT vient donc s'installer dans le commissariat local et prendre la direction des affaires, ainsi que le commandement des policiers locaux. Ils commencent par faire placarder des affiches partout pour avertir la population et par faire le tour des 73 suspects. de son côté, Maude se souvient des cours d'éducation sur l'épidémie de chat, sur le virus qui touche les jeunes filles atteignant la puberté, sur l'intensité de la manifestation des symptômes : transformation en chat de la taille d'une panthère avec des accès de rage allant jusqu'à agresser et tuer les personnes de l'entourage, à commencer par la famille proche. Fort heureusement, suite à la première épidémie, le gouvernement a pu mettre en place des mesures efficaces : ajouter de la progestérone et de l'oestrogène dans l'eau du robinet pour bloquer les effets de l'épidémie, empêchant ainsi la survenance des règles chez les jeunes filles. L'épidémie a été jugulée et le nombre d'agressions par chattes humaines a chuté drastiquement. Mais ce traitement préventif s'avère inefficace dans quelques cas isolés. Alors qu'elle est aux toilettes, Maude remarque une tache de sang sur sa culotte.

Pour tout lecteur normalement constitué, ce recueil lui hurle de passer son chemin : une histoire de jeune adolescente qui aime les chats (parce que les chats mignons, ça fait vendre), le thème des menstruations matraqué à chaque scène ou presque, une métaphore sans finesse (la femme est semblable à un chat), une intention féministe qui dicte le récit, sans parler des nombreuses fausses publicités, et du quatrième épisode en forme de parodie de magazine, sans bande dessinée. Dans le même temps, l'approche franche et explicite des autrices (seul le lettreur est un homme) fait qu'il sait ce qui l'attend et qu'il n'y aura pas tromperie sur la marchandise. Effectivement, Kate Niemczyk réalise des dessins de nature réaliste et descriptive, sans conventions graphiques ciblant un lectorat féminin, par exemple celles du shojo, ou celles des illustrés pour filles. La couleur rose n'est pas prédominante, et les cases ne s'attardent pas sur les tenues à la mode. Il n'est même pas question de maquillage. Pour autant, la dessinatrice ne joue pas non plus la carte de la fadeur et montre que Maude porte un bonnet avec des petites oreilles de chat en toute circonstance ou presque et qu'elle s'habille avec des tenues en cohérence avec son âge. C'est juste que le récit ne se focalise pas sur cet aspect.

De la même manière, Chelsea Cain ne fait pas semblant. En 3 épisodes et un faux magazine, elle évoque des parents divorcés, la toute première fois que Maude constate un écoulement de sang menstruel, le mode d'emploi d'application d'un tampon, 8 femmes célèbres, les endroits réservés aux hommes, et comment identifier des excréments de chats géants. le lecteur plonge donc dans un récit raconté d'un point de vue féminin, par une femme (plusieurs même), avec des préoccupations de femme, et des éléments de la vie quotidienne de la gente féminine. Il n'en reste pas moins qu'il s'agit bien d'une histoire, avec une dynamique efficace : une épidémie transformant les femmes en créatures félines incontrôlables et dangereuses, épidémie qui a été circonscrite, mais quelques cas apparaissent encore sporadiquement. Il est donc possible pour tout lecteur (féminin comme masculin) de s'intéresser à l'intrigue, et d'être pris par le suspense de la progression dramatique. Il est fort vraisemblable que la mort des victimes du grand chat soit imputable d'une manière ou une autre à Maude, mais ce n'est pas certain. Il y a des scènes d'action quand l'équipe CAT doit retrouver le grand chat, et les personnages sont immédiatement attachants dans leur normalité et leurs réactions émotionnelles. L'artiste réalise des cases faciles à lire, avec un niveau élevé d'informations visuelles, permettant de jeter un coup d'oeil à chacune des endroits où se déroule l'action, avec des personnages à la morphologie normale, présentant des caractéristiques qui rendent compte de leur personnalité, à commencer par leur choix de tenue vestimentaire.

Dès la première page, Chelsea Cain fait usage d'un humour franc et décomplexé avec cette superhéroïne imaginée par Maude : Tampon Woman. Elle sait jouer avec plusieurs registres de comique : le portrait un peu critique brossé par Maude de son père, avec un dessin montrant un individu aussi banal que sympathique, le suspense sur les individus en train de tous marmonner la même chose de manière inintelligible, les sautes d'humeur de Maude tout à fait compréhensibles, le subterfuge pour demander comment enlever des tâches de sang sans révéler qu'il s'agit de celui des règles, le père de Maude totalement désemparé lors d'une action de police sous la responsabilité de son ex-femme. Il s'agit d'un humour dépourvu d'hypocrisie sur le cycle biologique de la femme, mais sans méchanceté non plus, ni envers les femmes, ni envers les hommes. Cet humour est renforcé par les fausses publicités et les facsimilés de page de magazine, et même de notice d'utilisation d'un tampon hygiénique. Les autrices savent trouver un point d'équilibre respectueux, en parlant franchement des choses telles qu'elles sont, mais sans moquerie ou méchanceté dirigée contre une personne. le lectorat féminin se retrouve dans ces étapes de développement physiologique ; le lectorat masculin découvre un discours clair et sans affèterie. Lia Miternique fait preuve d'une verve en phase avec celle de Cain & Niemczyk, et tout aussi inventive : flyers comiques, fausses couvertures de magazine, formulaire de déclaration de blessure suite à une attaque de chat géant, mode d'emploi de tampon hygiénique, plan indiquant les endroits où se cacher dans un appartement, litière de chat avec des excréments dont il faut identifier le producteur. le lecteur se retrouve à sourire très rapidement devant cet humour chaleureux et cette diversité de supports.

Les autrices ont donc choisi de parler de la condition féminine, des transformations se produisant à l'âge adolescent en utilisant la métaphore du chat, animal capricieux, très indépendant, au comportement pouvant sembler erratique. A priori, le lecteur y voit là plus une facilité qu'une comparaison susceptible de servir de support à la réflexion. Il constate, séquence après séquence, que les autrices savent utiliser cette métaphore avec élégance et intelligence. Il peut très bien lire le récit au premier degré, sans prêter attention à ladite métaphore. L'intrigue fonctionne très bien ainsi avec cette étrange maladie qui ne frappe que les jeunes filles, et avec la traque qui s'installe pour neutraliser le grand chat tueur. Il peut aussi jouer à interpréter la métaphore à chaque fois qu'elle est employée. Il sourit en voyant la manière dont les autrices s'amusent à plaquer les caractéristiques des chats sur les femmes pour se moquer gentiment de leur caractère changeant, d'une forme d'absence d'allégeance vis-à-vis de qui que ce soit, pour pointer du doigt l'agressivité qui peut soudainement surgir. En outre, l'intrigue (le virus, les dispositions sanitaires prises par le gouvernement) et la métaphore se combinent régulièrement pour faire apparaître les non-dits sociaux, les attentes systémiques qui pèsent sur les femmes. Même si le mystère reste entier quant à l'identité du grand chat, le lecteur voit apparaître comment Maude refuse de plier aux exigences implicites de la société, comment elle enfreint certaines règles sociétales implicites ou explicites. La qualité de la narration fait que le lecteur est entièrement acquis au point de vue de Maude, qu'il partage ses émotions et ses motivations. du coup, les mesures sanitaires pour juguler l'épidémie apparaissent comme un cadre rigide qui dicte le comportement des demoiselles, une contrainte castratrice. Ce dispositif narratif produit alors l'effet de mettre en lumière la pression que subit un individu (Maude) qui n'est pas armé pour supporter ou s'accommoder de ces diktats d'autant plus horribles qu'ils définissent une normalité implicite, impliquant le degré de courage nécessaire pour oser s'éloigner de cette norme, pour oser affirmer son identité et ne pas se conformer aux attentes floues mais bien réelles.

Alors que toutes les caractéristiques du récit auraient tendance à faire reculer le lecteur, la narration s'avère aussi honnête sur le point de vue féminin, que drôle et intelligente, avec une mise en images qui refuse elle aussi le conformisme pour utiliser d'autres formes (graphiques, schémas, articles) et les mettre au service du récit et du propos. Arrivé à la fin, le lecteur à peine à croire qu'il a déjà terminé 4 épisodes et que ce premier tome s'arrête là, tant son plaisir de lecture a été intense.
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