AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Critiques de Christian Chavagneux (17)
Classer par:   Titre   Date   Les plus appréciées
Une brève histoire des crises financières

Petit essai très accessible sur l'histoire des crises financières qui débute avec la Tulipomanie, Aux Pays-Bas, au 17e siècle.



Si vous ne connaissez pas, imaginez-vous que c'est à l'automne que les fleuristes vendaient leurs fleurs et qu'au printemps, les clients n'avaient qu'à présenter leur facture pour cueillir leur bien.



Sauf qu'à l'hiver 1637, la spéculation a fait son chemin et les gens se sont tenus à vendre leur facture de fleur à d'autres pour engranger du profit, croyant que les tulipes vaudraient plus chères l'été venu. Après un moment, la valeur réelle ou imaginer de la tulipe a cessé d'être un facteur. La fracture de la tulipe était son propre produit, symbolique, quasi immatériel. Les gens les achetaient pour des milliers, des millions pas parce qu'ils voulaient une tulipe, mais parce que si la tendance se maintenait, ils pourrait revendre la facture à profit



Évidemment, le printemps est arrivé et la tendance ne s'est pas maintenant. Quand la bulle a éclaté, certain étaient devenus millionnaires, d'autres venaient de perdre la fortune familiale. C'est absurde, mais plus absurde que la Bourse?



Le livre plonge donc dans les causes de chaque crise financière et, plus important, les politiques mises en place pour éviter que les crises se reproduisent.



Le point en commun de la plupart des crises est qu'elles surviennent après que des politiciens aient retirés les lois mises en place à la fin de la crise précédente.
Commenter  J’apprécie          383
Les plus belles histoires de l'escroquerie

Comme l’indique la quatrième de couverture de son livre Les Plus Belles Histoires de l’escroquerie : Du collier de la reine à l’affaire Madoff, Christian Chavagneux est docteur en économie, journaliste et chroniqueur pour divers médias. Il est l’auteur de plusieurs livres concernant le domaine de l’économie qui traitent, entre autres, des crises financières et des paradis fiscaux. C’est donc par le biais de l’économie qu’il va nous raconter l’histoire d’une bonne douzaine d’escrocs, hommes et femmes, de l’Antiquité à nos jours, en s’appuyant sur une solide documentation dont la riche bibliographie apparaît en fin d’ouvrage. Parmi les escrocs que l’auteur nous présente, plusieurs officiaient à la fin du XIXe siècle et pendant l’entre-deux-guerres ; il semble bien que ces époques s’y prêtaient… Une des leçons du livre, c’est que l’on n’escroque pas de la même manière selon les époques : à la fin du XIXe siècle, les arnaques à l’héritage fleurissent ; à celle du XXe et au début du XXIe, ce sont les bulles spéculatives. Il m’a semblé que l’entre-deux-guerres avait donné lieu à des escroqueries plus diverses…

***

De la célèbre affaire dite « du collier de la reine » à la chute de Madoff, nous allons découvrir comment se monte et se démonte une escroquerie. Pour qu’il y ait escroquerie, il faut évidemment un escroc, mais aussi un ou plusieurs pigeons, dupes à cause de l’appât du gain, de leur aveuglement, de leur déni face à une situation sans issue, mais rarement de leur bêtise. Il me semble que tout le monde connaît certaines de ces affaires, en tout cas minimalement. Elles révèlent pourtant bien des surprises. Par exemple, dans la très célèbre affaire du collier de la reine, un spéculateur, Claude Baudard, « est l’un des souscripteurs des fameuses rentes sur les “trente immortelles de Genève”, un emprunt en viager de Louis XVI qui voit ses remboursements réduits au fur et à mesure du décès des trente jeunes filles sélectionnées pour servir de base au contrat » (p. 54). On croit rêver… J’avais vaguement entendu parler des terribles arnaques à la colonisation. Je les ai trouvées pires que toutes les autres parce qu’elles touchent essentiellement des gens pauvres, qui vendent tout ce qu’ils ont pour partir vers ce qu’on leur a présenté comme un Eldorado, et qui se retrouvent sur une île pelée que le climat rend quasi inhabitable. Je ne veux pas citer tous les escrocs présentés ici, ce serait fastidieux, mais je voudrais en retenir trois : Ivar Kreuger, le Napoléon des allumettes (suédoises) qui arnaqua avec brio le gouvernement français (entre autres) ; Michele Sindone, le banquier du pape : entre lâcheté, compromissions et trahisons, le Vatican apparaît comme un véritable panier de crabes ! ou encore Henri Lemoine, escroc plein d’imagination, dont Marcel Proust fut une des victimes…

***

J’ai bien aimé ce livre, même si, à cause des montages financiers évidemment complexes et tortueux à souhait, je me suis parfois perdue. J’ai en revanche été totalement séduite par la quantité de références littéraires et cinématographiques qui s’y trouvent, annoncées dans le sous-titre de chaque chapitre. Voici par exemple celui de la passionnante conclusion qui traite de la psychologie des arnaqueurs : « Les braqueurs de cerveaux, où apparaissent Pinocchio, Herman Melville, Honoré de Balzac, Daniel Kahneman, des psy, Mediapart, le Wall Street Journal et Jennifer Lawrence ». Bref un sujet intéressant, traité de manière originale.

Merci à l’opération Masse critique non fiction et aux éditions du Seuil pour l’envoi de ce livre.
Commenter  J’apprécie          180
Une brève histoire des crises financières

Une analyse très intéressante des différentes crises financières de l'ère moderne. Analyse oui, mais critique - ce qui n'étonnera pas quiconque connaît Christian Chavagneux. Je le recommande particulièrement aux étudiants en économie, c'est assez synthétique et il y a des données qu'on ne trouve pas ailleurs.
Commenter  J’apprécie          100
Les aventuriers de la finance perdue : Le p..

Ce n'est pas la première bd que je lis sur la fameuse crise de 2008 qui perdure jusqu'à ce jour. C'est encore un documentaire traité de manière parfois humoristique avec un léger sens de la dérision. le fond est tout de même très sérieux. le message à faire passer également. Il y a un réel effort de pédagogie afin que le lecteur lambda puisse comprendre les mécanismes parfois compliqués du monde des affaires.



Par ailleurs, j'ai bien aimé le graphisme, l'agencement des cases ainsi que la mise en scène sous forme de procès à la finance. Les banquiers sont effectivement sur le banc des accusés ou plutôt leurs traders qui sont alors les parfaits boucs émissaires. Il y aura des passages de témoins à la barre et c'est reparti pour des explications afin de lever le voile.



La lecture fait froid dans le dos surtout quand on travaille pour une grande banque. On se dit que c'est solidement argumenté. L'auteur va jusqu'au bout des choses dans la démonstration pour ne rien laisser au hasard. Ainsi, et je ne le savais pas, la plupart de nos économistes sont des proches des grands milieux d'affaire et donc plutôt prompts à la protection de leurs intérêts financiers. C'est nouveau pour moi car j'avais une autre idée des économistes. Pour autant, il est vrai que sur ce point, l'auteur ne cite aucun exemple.



Mais bon, l'idée des économistes est que nous le peuple, on doit toujours faire des sacrifices pour que le système puisse bien fonctionner. On se rend compte que les hommes politiques qui véhiculent ce genre de programme ne sont pas moralement irréprochables dans leur vie de tous les jours même si c'est légal.



En conclusion, les mécanismes bancaires n'auront plus de secret pour vous à l'issue de cette lecture. N'allez toutefois pas cacher votre argent en Suisse !
Commenter  J’apprécie          94
Une brève histoire des crises financières

Du même auteur que l'ouvrage racontant plus belles histoires des escroqueries, ce livre parfaitement documenté est plus spécialement destiné à des étudiants en science économique. Avec en plus, un réel talent de conteur, Christian Chavagneux décortique les mécanismes déclencheurs des crises économiques qui ont ébranlé l'économie mondiale du XVIIème siècle à 2013.

Le propos est de nous débarrasser de l'hypothèse que les marchés financiers se régulent parfaitement tout seuls et que les banques s'imposent une stricte discipline censée leur éviter une prise de risque excessive …

C'est loin d'être le cas et tout est mis en oeuvre du côté des banques pour éviter toute tentative de surveillance et de régulation assurant la stabilité du système.

Cependant, c'est à la suite de crises systémiques que la finance mondiale a commencé à envisager une certaine forme de régulation. Malheureusement, ces dispositifs sont prévus pour organiser le sauvetage d'un établissement en faillite mais pas pour freiner les activités qui le rendent nécessaire.

Les grandes crises du XXème siècle – la crise de 1907, le krach de 1929, la crise des subprimes et la faillite de Lehman Brothers puis la crise des dettes souveraines en Europe présentent un certain nombre de points communs :

- Des innovations financières complexes, mal contrôlées, intervenant généralement en période de croissance économique, systématiquement établies pour naviguer par beau temps et sous-estimant le risque de gros temps ;

- Des possibilités de contournement réglementaire, légal et fiscal (recours aux Paradis fiscaux) ;

- Des crédits faciles qui nourrissent la spéculation par stimulation réciproque : le crédit pousse la demande qui fait monter les prix ;

- Un défaut de gouvernance des acteurs financiers incités à toujours risquer plus pour obtenir des bonus énormes ;

- La fraude (qui n'est découverte qu'à l'occasion des krachs (Enron, WorldCom, Parmalat …) ;

- La connivence entre les plus riches et la classe politique (issus du même milieu, des mêmes écoles) qui favorise la dérégulation financière et est influencée par les lobbies des preneurs de risques ;

- Les économistes et idéologues libéraux ;

- L' « aveuglement au désastre ».

En conclusion : lorsque les tuyaux de la finance sont propres, ils sont capables de supporter la pression. Les crises financières sont endogènes au fonctionnement des marchés financiers, elles se développent d'autant plus que les autorités politiques privées ou publiques ne font pas leur travail – ou sont empêchées de le faire par une administration ultralibérale – et que les financiers sont incapables d'une autodiscipline efficace et intrusive.

Lentement, les autorités monétaires et les Etats mettent en place des dispositifs de contrôle au niveau national et interétatique …

Après cette lecture, vous vous demanderez donc comment placer vos trois francs six sous ailleurs que dans un livret rapportant un demi pour cent l'an … en redoutant la prochaine explosion de la bulle financière en train de gonfler grâce aux crédits à 0% !
Lien : http://www.bigmammy.fr/archi..
Commenter  J’apprécie          50
Les plus belles histoires de l'escroquerie

Jeanne de la Motte, Sir Gregor McGregor, Thérèse Humbert, Henri Lemoine, Ivar Kreuger, Charles Ponzi, Michele Sindona ou encore Bernard Madoff … C'est un économiste qui nous raconte les plus colossales escroqueries des deux derniers siècles, des affaires qui ont défrayé la chronique, suscité des masses de papiers dans la Presse, provoqué des suicides, duré parfois plusieurs dizaines d'années avant que, finalement, le « pot aux roses » ne soit découvert.

C'est tout l'intérêt de cet ouvrage passionnant : démonter les mécanismes de la supercherie, la replacer dans son contexte conjoncturel national ou international, analyser les ressorts psychologiques communs à ces hommes et à ces femmes qui siphonnèrent des millions voire des milliards à des gogos crédules.

Je connaissais déjà certaines de ces entourloupes (comme celle des paris sur les courses si bien mise en scène par George Roy Hill en 1974 dans son film "L'Arnaque") : l'affaire du collier si néfaste à la royauté, l'héritage imaginaire de Thérèse Humbert, plus récemment le scandale boursier de Bernard Madoff, le mécanisme de la pyramide de Ponzi … Mais j'ai découvert bien d'autres arnaques et surtout leurs ressorts communs.

Il faut se replacer dans l'ambiance de la haute bourgeoisie du XIXème siècle où des fortunes colossales se bâtissent à la faveur de la Révolution industrielle et où la notion d'héritage est capitale. On hérite généralement autour de 30 ans, le flux successoral représente entre 25 et 30% du revenu national. Selon Thomas Piketty, en 1885 – 1890, les patrimoines hérités représentent 90 à 95% des patrimoines privés. Il y a donc beaucoup d'argent disponible, et peu d'opportunités de placements rémunérateurs. Cela attire d'un côté les pauvres – l'escroquerie à la colonisation – et les riches attirés par des taux de rendement nettement au-dessus de la moyenne et pour lesquels une perte n'est pas dramatique. Une aubaine pour les professionnels de l'esbrouffe, les princes et princesses du bluff.

Car le plus souvent, ce sont les titulaires des très très hauts revenus qui sont les victimes des escrocs, qui, vexés de s'être laissés berner, ne déposent pas plainte … D'autre part, les arnaques durent parce que ceux qui voient – il y a nécessairement des intermédiaires complices qui se servent au passage, se taisent. Cependant, toutes les bulles financières finissent par exploser et les pyramides s'effondrer. C'est la faillite de Lehman Brothers et le retrait massif des capitaux qui ont coulé Madoff.

Dernière analyse psychologique des arnaqueurs : ils sont le plus souvent des pervers narcissiques, séducteurs et manipulateurs, ont l'illusion d'un pouvoir absolu et de succès illimité, sont dans l'incapacité de reconnaître leurs échecs et de se soucier des autres …
Lien : http://www.bigmammy.fr/archi..
Commenter  J’apprécie          50
Les aventuriers de la finance perdue : Le p..

Cet ouvrage est un parfait manuel de décryptage des pratiques délétères de la finance internationale.
Lien : http://www.bdgest.com/chroni..
Commenter  J’apprécie          40
Une brève histoire des crises financières

Etonnamment, ce livre est presque optimiste, alors que sa progression devrait nous conduire à l'inquiétude. La démonstration part de la spéculation historique sur les bulbes de tulipes au XVIIeme siècle pour aboutir à la crise des subprimes et la crise des dettes européennes qui a suivi en passant par l'affaire John Law, la crise de 1907 et celle de 1929.





Un chapitre est consacré à décrypter ce qu'est une crise financière, montrant l'imbrication de mécanismes économiques lié au développement d'outils de spéculation et d'innovation financière sans contrôle des risques, de montées des inégalités, de comportements individuels ou systémiques de fraudes à dimension mafieuse, d'éléments psychologiques comme "l'aveuglement au désastre", fondé tant sur l'idéologie et que sur l'intérêt égoïste; et d'insuffisants contrôles publics.



L'irrationnalité des comportements des acteurs de la finance, qui semblent parfois jouer au poker menteur, est particulièrement effrayant quand on songe aux sommes en jeu et aux conséquences pour l'économie réelle.



La lecture en est très instructive, relativement accessible au non spécialiste un peu curieux. Il a d'ailleurs la qualité de nous montrer que ces hautes spéculations, titrisation et vente à découvert, qui peuvent apparaitre mystérieuses voir ésotériques au profane, ne le sont pas tant que cela. Elles sont basées sur un principe simple : se garantir sur un risque à venir, principe à partir duquel des petits malins jouent pour gagner plus d'argent en faisant parfois survenir des déroutes.



L'auteur nous signale le cas du philosophe Thales de Milet qui acheta, en versant seulement des arrhes, les pressoirs de sa région car il prévoyait une récolte d'olive prometteuse. Il détint ainsi le monopole des pressoirs, fit fortune et ne paya les pressoirs qu'après la récolte..



Il épingle aussi beaucoup les économistes pour leur aveuglement en partie idéologique sur les risques que faisaient courir le déploiement de la spéculation totalement dérégulée par les marchés financiers. Il met en cause pour certains leur collusion avec les milieux financiers.



Les différentes crises étudiées ont des mécanismes communs malgré l'éloignement historique. On pourrait se dire que les humains sont irrécupérables et n'apprennent jamais de leurs erreurs. Chaque période de crise engendre des mesures politiques pour réparer et éviter que cela se reproduise. Mais il semble qu'avec le temps, les économistes, les financiers et les politiques oublient pourquoi certaines règles limitent les spéculations et retombent dans les mêmes travers de dérégulation. Jusqu'à la nouvelle crise. Ce fut le cas des mesures mises en place suite à la crise de 29, qui furent rognées à partir des années 70 et 80 aboutissant à la crise des subprimes.



En exergue une citation du président Roosevelt, le 4 mars 1933



> En fin de compte, dans le chemin qui nous fait avancer vers la création d'emplois, nous avons besoin de deux garde-fous pour éviter le retour des problèmes passés : nous devons mettre en place une stricte surveillance des banques, de la distribution des crédits et des investissements ; nous devons mettre fin à la possibilité de spéculer avec l'argent des autres, et nous devons prendre des mesures pour disposer d'une monnaie en quantité suffisante mais saine.



L'auteur présente les mesures de regulation mises en place au niveau mondial et les juge pertinentes et adaptées à quelques exception près. D'où son optimisme peut être, mais si on en croit l'expérience historique qu'il nous décrit dans son livre; il va falloir surveiller de près pour qu'elles ne soient pas grignotées.



La thèse donne toute son importance aux régulations publiques et rappellent le rôle des états et

des politiques : car c'est d'eux et des impôts des citoyens qu'est venue la solution pour éviter une catastrophe économique.



L'économie est une chose trop sérieuse pour la laisser aux économistes.
Commenter  J’apprécie          21
Les paradis fiscaux

Des avis que j'ai pu lire au hasard du net (et notamment sur Babelio), la collection Repères de la maison d'édition La Découverte semblait assez sérieuse. Je me suis donc laissé tenter par ce petit opus de 115 pages.



L'objectif de ce livre, présenté dans l'introduction, est de fournir un regard global sur les paradis fiscaux. Ces « places » financières sont malheureusement méconnues alors qu'elles jouent un rôle prépondérant dans l'Economie. Cette méconnaissance a pour source plusieurs facteurs abordés dans l'ouvrage, que l'on peut faire remonter en premier lieu au fait que les paradis fiscaux sont tout simplement peu analysés.



Le premier chapitre contextualise le sujet au coeur de la mondialisation et sert à poser les définitions, notamment celle de la BRI (Banque des Règlements Internationaux), de l'OCDE (Organisation de Coopération et de Développement Économique) et du GAFI (Groupe d'Action FInanciere), « institution en charge de la lutte internationale contre le blanchiment d'argent mafieux et terroriste ». Les principaux critères que l'on retient pour décrire un paradis fiscal sont d'abord : un faible taux d'imposition, un manque de transparence vis-à-vis des informations bancaires, et la facilité d'y créer des entreprises. Les auteurs présentent en parallèle quelques données dont notamment une liste des paradis fiscaux classés par intérêt/risque.

Pour aller un peu plus loin, dix critères sont détaillés, ce qui permet de faire le tour des différentes « possibilités » mises à la disposition des clients dans ces endroits.

Le phénomène, d'ampleur mondiale, est ensuite abordé par le biais des banques, notamment françaises, et de leur placements financiers dans les paradis fiscaux. Ainsi, en 2014, la BNP et le Crédit Mutuel par exemple, avaient respectivement placé 35% et 44% de leurs bénéfices loin des regards du fisc. La moyenne pour l'ensemble des banques françaises est d'1/3 du total déclaré. Un petit encart aborde en particulier les sources d'informations existantes.

Qu'il s'agisse d'investissement étranger ou d'argent sale, celui-ci n'a plus de frontières, encore moins depuis l'expansion massive d'internet. « Piliers de la mondialisation contemporaine, des circuits financiers illicites et des aventuriers de l'Internet, les paradis fiscaux sont aujourd'hui au coeur du fonctionnement de l'Économie mondiale. »



Pour y voir un peu plus clair dans la création d'un tel réseau et d'une telle diversité de « solutions », le second chapitre traite de l'Histoire des paradis fiscaux.

La légende selon laquelle les Suisses ont fait du secret bancaire une règle d'or pour protéger les biens des Juifs pendant la guerre tombe vite devant les faits : cette question du secret bancaire étant bien plus ancienne chez les Helvétiques, datant au moins de la fin XIXème siècle. On trouve d'ailleurs de plus anciennes traces de dissimulations d'argent à l'époque des Romains ainsi que chez les Grecs.

Si on retrace volontiers l'Histoire des paradis fiscaux à partir du XIXème, c'est avant tout car il s'agit de la période d'installation des Etats-Nations occidentaux, qui ont fort à gagner en établissant des lois intérieures (et extérieures) favorisant les élites d'alors. Les auteurs abordent ensuite l'émergence de « l'offshore » en passant par les US courant 1920 et la Suisse courant 1930. On passe aussi par morceaux sur « Les juges britanniques », « Les banquiers suisses », ou encore « Les pressions politiques de la France » dans une fresque historique nous exposant l'évolution du système financier mondial en train de se mettre en place. L'épopée continue autour de la création du marché des Eurodollars propulsés notamment par la City londonienne.

Les crises post « Trente Glorieuses » entérinent finalement le recours aux différents avantages des paradis fiscaux au gré des évolutions politiques et techniques.



Pour rentrer un peu dans le concret, le troisième chapitre répond à la question : « Des paradis fiscaux, pour quoi faire ? ».

Même si, arrivé à ce point dans le livre, on a sûrement sa petite idée, les auteurs prennent le parti de récapituler les différents « outils » mis à dispositions de ceux dont les moyens le leur permettent. Ces outils assument « trois grandes fonctions : changer le lieu de résidence de l'individu ou de l'entreprise concernée, changer l'origine géographique de ses revenus, créer une toile complexe de dissimulation ». De la longue liste d'outils dressée par l'OCDE, les auteurs en présentent quatre :

- l'International Business Corporation (IBC)

- La Fondation

- le Trust

- L'Anstalt

Sont ensuite présentés les différents « usagers » desdits outils. Les « Riches », tout d'abord, notamment Delon, Aznavour sans oublier bien sûr Johnny Halliday : partis en Suisse pour fuire un impôt jugé excessif... En dehors des artistes, on retrouve évidemment les grands sportifs, les « grands patrons » et même certains créateurs de logiciels ou patrons de PME, se payant leur salaire par l'intermédiaire d'une société offshore. Les méthodes et possibilités sont variées.

Le cas des multinationales est également richement décrit, y sont évoquées notamment Google et Apple, jamais très loin de l'Irlande, qui utilisent intelligemment les « prix de transferts » (sorte d'achat/vente intra-groupe). Plusieurs cas sont traités succinctement sans toutefois manquer de détails.

Enfin ce sont les banquiers, assureurs et fonds spéculatifs qui sont étudiés avant d'enchaîner sur les « professionnels du droit et du chiffre » (avocats/fiscalistes), les « criminels », pour finalement traiter de l'usage des paradis fiscaux par les « grands pays », le tout autour de nombreux exemples.



Le quatrième et dernier chapitre aborde, sur l'équivalant du tiers du livre, « Les politiques de lutte contre les paradis fiscaux ».

Ce chapitre extrêmement dense démarre sur « Les politiques publiques sans conviction » de la SDN entre 1945-1998 puis sur la courte période des « listes noires » entre 1998-2000. L'échec tient notamment dans ce que les listes mises en place étaient bâties sur des critères bien trop vagues, peu contraignants et n'ont jamais réussi qu'à pointer du doigt quelques rares pays sans inquiéter aucun des autres paradis fiscaux mondiaux.

Aborder la question de la lutte par « Les petits pas européens » montre que si l'Europe a tenté quelques attaques envers quelques principes, notamment contre le secret bancaire, elle est loin d'avoir réussi à harmoniser les politiques fiscales des pays qui la constituent et surtout, n'a jamais fondamentalement inquiété les pays membres les plus « compétitifs ».

Cependant, « La crise des supprimes change la donne » et permet d'analyser les actions lancées notamment par le G20 a l'encontre du secret bancaire sans toutefois parvenir à régler le problème - et tout en laissant bon nombre d'autres failles dans le système financier.

Pour finir, les auteurs décrivent « Un système qui reste très complexe » à l'heure actuelle, en perpétuelle évolution, et font le lien entre « Paradis fiscaux et instabilité financière » tout en pointant « le rôle crucial de l'hégémonie américaine ».

Les combats engagés contre la délinquance en col blanc sont nombreux, variés et s'appuient à différentes échelles sur « La pression de la société civile » notamment en fournissant information, documentation et force médiatique comme on le voit de plus en plus régulièrement (Affaire Cahuzac par exemple, organisation comme ATTAC...).



La conclusion dresse un cours état des lieux qui permet une vue d'ensemble sur le chemin qu'il reste à parcourir pour venir à bout d'un système financier structurellement soutenu par les paradis fiscaux et favorisant de fait la progression des inégalités. Les difficultés sont nombreuses : politiques en ce qui concerne un réel effort pour remettre de l'ordre dans le système légal tandis que des lobbys massifs et des intérêts particuliers forment un solide rempart aux travaux des organisations (gouvernementales ou non) ; économiques lorsque l'on considère la profonde implication des outils issus des paradis fiscaux dans les échanges mondiaux.

« Bref, on est loin d'en avoir fini avec les paradis fiscaux ! »



Christian CHAVAGNEUX et Ronen PALAN signent un livre vraiment très bien construit, détaillé et sourcé sur les paradis fiscaux, domaine par définition opaque et de surcroît fort méconnu, notamment du grand public, en dépit de ses profondes et graves conséquences. L'ouvrage est très dense pour sa faible épaisseur, la présentation de tableaux, graphiques et les références abondantes fournissent un luxe d'informations à qui souhaite approfondir le sujet.

S'il s'agit d'une bonne première approche pour aborder les paradis fiscaux, je ne conseillerai toutefois pas ce livre à un néophyte en Économie/Finance. Même s'il n'y a rien de fondamentalement compliqué, une connaissance préalable d'un certain lexique et de certaines notions peut s'avérer utile.

Par moment la livre peut sembler dater par ses exemples, la 1ère édition ayant plus de 10 ans, mais les mises à jour et compléments de cette 4ème édition datant de 2016 corrigent quelques peu cet léger écueil.



Pour les curieux, je joins ce petit rapport d'à peine 10 p. sur la perte de revenus des impôts de Google et Facebook dans l'UE. Les chiffres parlent d'eux-mêmes :

https://static.financieel-management.nl/documents/16690/EU-Tax-Revenue-Loss-from-Google-and-Facebook.pdf
Commenter  J’apprécie          21
Les plus belles histoires de l'escroquerie

Un grand Merci à Masse Critique et aux Éditions Le Seuil pour m’avoir permis de découvrir ce livre de Chritian Chavagneux.

J’ai pris beaucoup de plaisir à découvrir ce livre dont le contenu me semblait terriblement attirant ! Un guide historique de l’Arnaque.



En effet, dans ce livre l’auteur nous relate l’Histoire de plusieurs affaires d’escroqueries relevant de beaucoup d’audace de la part des « héros », des intrigants. Les coulisses de l’Escroqueries ne manque pas de piquant, de cruauté et surtout d’imagination (parfois complètement hallucinante).



Je tiens juste à préciser qu’on retrouve dans ce livre une approche économique qu’il n’est pas toujours aisé de suivre (en ce qui me concerne), mais qui n’ôte absolument rien au charme de sa lecture !
Commenter  J’apprécie          20
Les enjeux de la mondialisation

Ce point précis nous explique les mécanismes de la mondialisation. cette dernière s'est poursuivie depuis la parution de l'ouvrage qui est antérieur à la crise financière de 2008 et au déclenchement de la guerre économique entre les USA et la Chine. Jusqu'où ira la Lison lancée à pleine vitesse vers le front!
Commenter  J’apprécie          20
Les plus belles histoires de l'escroquerie

Ce livre est très intéressant sur les escrocs et leurs victimes, j'ai aimé les premiers récits historiques. Mais dès lors qu'il évoque les escroqueries financières, il faut comprendre les systèmes bancaires et autres manipulations. J'ai quelques difficultés.
Commenter  J’apprécie          10
Les plus belles histoires de l'escroquerie

C'est grâce à « masse critique de Babelio » que j'ai pu découvrir ce livre, et je les en remercie.

Comment certaines personnes arrivent elles à soutirer des fortunes à des victimes pas forcément réputées naïves, sur aucune base solide sans être inquiétées, ou presque, pendant des années ?

Plus que les histoires racontées dans ce livre, et dont on peut connaitre les détails en quelques clics, c'est cette question qui m'a donnée envie de le lire. Et je n'ai pas été déçu.

Christian Chavagneux est un économiste passionné qui s'emploie à raconter point par point chacune de ces histoires avec humour, en apportant un éclairage sur les mentalités de chaque époque et chaque personnage. Car chaque escroquerie est le reflet du fonctionnement de l'économie du moment. Les escrocs savent mieux que personne se servir des derniers leviers à la mode promettant fortune. Qu'il s'agisse de crédit, héritage, subprimes ils s'en servent au bon moment pour vendre du rêve.

Car l'un des talents de l'escroc c'est de faire croire qu'il est déjà riche et peut vous rendre aussi riche que lui, Il jette de la poudre de perlinpinpin aux yeux avec audace et sérieux, sans scrupule pour mieux vider les poches. Et comme on le croit, qu'il est au dessus de tous soupçons...il est très peu contrôlé, jusqu'au jour où un grain de sable vient faire tomber son château de carte.

Christian Chavagneux analyse ses « braqueurs de cerveaux » et étend le périmètre à leur entourage, complices ou victimes car une bonne escroquerie ne se fait pas seule. L'auteur dévoile le secret de ses personnalités hors normes, ainsi que les rouages de chaque affaire avec une vision sous plusieurs angles.

Bien que certains passages restent parfois difficiles à comprendre, le livre est passionnant. Enfin, le dernier chapitre conclut parfaitement en synthétisant l'analyse psychologique des escrocs mais aussi des victimes avérées ou potentielles.
Lien : https://avisdelivreslola.wor..
Commenter  J’apprécie          10
Comment j'ai vaincu la crise

Comme tous les ouvrages de cette collection,plusieurs extraits de discours sélectionnés visant à présenter la pensée de l'auteur.

Ici, on se penche sur Roosevelt candidat ou président,et plus précisément sur ses idées en terme de régulation du pouvoir des entreprises, de politique fiscale ou de new deal.
Commenter  J’apprécie          00
Les aventuriers de la finance perdue : Le p..

La Bd parait intéressante de prime abord, mais l'argumentation est trop infantilisante.
Commenter  J’apprécie          00
Les aventuriers de la finance perdue : Le p..

Je n'avais déjà pas une opinion très grande du monde de la finance. La lecture de cet ouvrage très pédagogique n'a fait que conforter mon opinion.



Les explications sont parfois un peu difficiles à comprendre pour une réfractaire aux manipulations financières telle que moi, heureusement les illustrations, fortement teintées d'humour, parfois très grinçant, facilite grandement la lecture.
Commenter  J’apprécie          00
Vive l'Etat !

Adam Smith est une pierre angulaire de la pensée libérale. Il est pourtant bien loin de l'apôtre d'un libre marché sans contrainte, comme aiment à le dépeindre certaines visions caricaturales
Lien : http://www.lesechos.fr/cultu..
Commenter  J’apprécie          00


Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Listes avec des livres de cet auteur
Lecteurs de Christian Chavagneux (102)Voir plus

Quiz Voir plus

La nuit du renard

Quel genre de crises Neil Peterson peut-il avoir ?

Des crises d’asthme
Des crises d’épilepsie

8 questions
63 lecteurs ont répondu
Thème : La Nuit du renard de Mary Higgins ClarkCréer un quiz sur cet auteur

{* *}