AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations de Christiane Rancé (77)


Le paysage que j'avais sous les yeux semblait normal et même familier. Ces rues auraient pu être celles de Paris ou de Nantes. Cet homme qui avait disparu en courant un père de famille pressé. Mais tout cela était faux. C'était le décor d'une vie civilisée. En vérité, il n'y avait plus rien de civilisé dans cette ville.
Commenter  J’apprécie          10
Leurs mots nous amusaient beaucoup. (Victor, huit ans, demandant à sa soeur Adèle, dix ans, alors qu'ils écoutaient une émission pour la jeunesse sur les mystères de l'accouchement : "Mais qu'est-ce que c'est, le placenta ? - Imbécile, le placenta, c'est le sac d'accouchage.")
Commenter  J’apprécie          10
C’est ainsi que je pris la route, un peu au hasard, sans vraiment savoir où se trouve ce « point de l’univers dont la couleur, l’horizon, la disposition des arbres et des eaux, les monuments, que sais-je, correspondraient de façon véritablement nécessaire et intérieure à ce que nous pouvions être et désirer du monde » dont parle Yves Bonnefoy. Ce point est-il géographique ? Est-ce un être vivant, toujours vivant ? Un pays ? Une ville ? Un ciel ? Ou tout simplement cet outre-monde dont j’ai parfois l’entrevision ? Je ne le sais pas, mais qu’importe. « Tenons l’espoir pour ce qu’il est : la porte qui tourne sur ses gonds alors qu’avec terreur nous la heurtions verrouillée », m’enseigne René Char.
Commenter  J’apprécie          10
Que ton désir soit de voir Dieu, ta crainte de le perdre, ta douleur, de ne pas le posséder, ta joie, de ce qui peut te conduire à Lui, et tu vivras dans une grande paix.
Commenter  J’apprécie          10
Un jour, comme j’entrais dans l’oratoire, j’y aperçus une statue qu’on s’était procurée en vue d’une fête à célébrer dans le couvent, et qu’on avait placée là, en attendant. C’était un Christ tout couvert de plaies ; et si touchant qu’à le considérer, je me sentis profondément bouleversée, tant il peignait bien ce que Notre Seigneur endura pour nous. Si grande fut ma douleur devant l’ingratitude dont j’avais payé de telles blessures que je croyais sentir mon cœur se briser. Je me jetai auprès de mon Seigneur en versant un torrent de larmes, et le suppliai de me donner en cet instant la force de ne plus l’offenser.
Commenter  J’apprécie          10
Quant à la tranquillité, c'est une lâcheté de l'âme (Tolstoï, p.182).
Commenter  J’apprécie          10
il ne s'agit plus des "droits de l'homme" mais des "devoirs de l'homme envers l'être humain".
Commenter  J’apprécie          10
Prendre puissance sur, c'est souiller. Posséder, c'est souiller. Aimer purement, c'est consentir à la distance, c'est adorer la distance entre soi et ce qu'on aime.
Commenter  J’apprécie          10
Ne plus avoir de peine que pour eux, non par eux
Commenter  J’apprécie          10
La vie est un enfer tant qu’on ne suit pas à la lettre les règles de vie que prescrit Jésus dans l’Évangile. Ce que propose Jésus, si l’on adopte ce code de conduite, c’est le paradis sur terre. Que tous en soient convaincus, que tous le suivent, et alors la paix vaincra la violence, la non-résistance au mal effacera le mal par l’effet de conversion générale ! Ainsi, contrairement à ce qu’affirme l’Église, insiste Tolstoï, le Christ n’enseigne pas le salut par la foi ni l’ascétisme. « Il nous enseigne une vie qui non seulement nous détourne de la perdition où nous entraînerait une vie personnelle mais nous apporte hic et nunc, dès maintenant et en ce monde, moins de souffrances et plus de joies que la vie personnelle. » C’est encore pour détourner le croyant de cette simple vérité, pour lui retirer les clés du paradis sur terre que l’Église a inventé le principe de la Résurrection. Où en est-il question ? demande Tolstoï. Nulle part, dans aucun des Évangiles canoniques, répond-il. Il béquille sa thèse : pourquoi le Christ aurait-il tu sa Résurrection si, comme l’affirment les théologiens, il savait qu’elle aurait lieu et qu’il la posait comme le pivot de son enseignement ? Et de conclure : « L’enseignement du Christ consiste à magnifier le Fils de l’homme, c’est-à-dire l’essence de la vie humaine, à se reconnaître comme étant le Fils de Dieu. » Mais qu’en est-il alors du principe d’Incarnation ? A cette question, Tolstoï oppose encore sa vision personnelle, née de ses déductions (et bien qu’il ait juré, en préambule, de ne faire aucun commentaire personnel de la doctrine) : « Le Christ incarne l’homme qui a reconnu sa relation filiale à Dieu (Mt XVI, 13-20). »

Ainsi, pour Tolstoï, il y a Dieu, en qui il croit et qu’il comprend « comme l’Esprit, comme l’Amour, comme la Source de tout », comme il l’écrit dans sa réponse au décret du synode, et il y a Jésus, prophète dont l’enseignement strictement pratiqué donnerait les clés du royaume sur cette terre. (pp. 146-147)
Commenter  J’apprécie          10
Tolstoï ne se départira jamais de l’ascendant de Schopenhauer. On comprend que l’auteur du « Je veux donc je suis » ait trouvé des accointances d’esprit avec celui du Monde comme volonté et comme représentation. Le pessimisme, la misogynie, l’amour des animaux que manifeste le philosophe allemand épousent les propres inclinations de l’écrivain russe. De même, plus tard, comme Schopenhauer, Tolstoï sera séduit par les religions hindoues dont Anquetil-Duperron venait tout juste de traduire les deux textes fondateurs, l’Avesta et les Upanishad. Mais Tolstoï, après Arzamas, peut-il creuser encore sa vision absurde de l’univers, sans nourrir l’angoisse qui le dévore ? Il le tente sur quelques pages, dans ses carnets. Trois digressions datées d’avril et de juillet 1870. « Schopenhauer est nécessaire pour donner une idée de propriétés de la vraie pensée que nous avons oubliée. Oubliée surtout à cause des Fichte, des Schelling, des Hegel d’une période de décadence. »

Il préfère se jeter, avec son avidité habituelle, dans de nouvelles études. Il relit Shakespeare, Goethe, Molière, le Pierre le Grand de Dustrialov afin d’y trouver la matière d’un prochain roman. Mais cet exercice n’absorbe pas suffisamment son attention. Il décide alors d’apprendre le grec pour tutoyer Homère, Xénophon, Platon. Il l’apprend avec compulsion, à une vitesse effrénée. Très vite, il peut lire dans le texte. Alors, il s’émerveille du style sec, clair, vertical. Il compare la beauté de l’orignal et la bâtardise de la traduction : « L’une ressemble à l’eau d’une source limpide, qui glace les dents qu’un imperceptible goût limoneux fait paraître plus fraîche encore, l’autre n’est que de l’eau bouillie. » (pp. 50-51)
Commenter  J’apprécie          10
Ce qui importe avant tout c’est d’entrer en nous-mêmes pour y rester seuls avec Dieu.
Commenter  J’apprécie          00
Mais qui parmi ses contemporains, a compris que les œuvres de Tolstoï ont un seul objet, baliser le chemin qu'il cherche dans le labyrinthe de son être? (p.220).
Commenter  J’apprécie          00
On peut suivre, d’une œuvre à l’autre, l’évolution de Tolstoï sur le thème de la mort - thème fondateur de son œuvre, pivot autour de quoi tourne son âme. (p.104).
Commenter  J’apprécie          00
La Russie tient son Homère, Natacha Rostov est son Hélène, le peuple ses héros.
Commenter  J’apprécie          00



Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Listes avec des livres de cet auteur
Lecteurs de Christiane Rancé (285)Voir plus

Quiz Voir plus

Stefan Zweig ou Thomas Mann

La Confusion des sentiments ?

Stefan Zweig
Thomas Mann

10 questions
6 lecteurs ont répondu
Créer un quiz sur cet auteur

{* *}