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Citations de Christiane Rancé (77)


"Il faut aborder Tolstoï le coeur compatissant : il a été doté du plus tragique des dons -porter en lui l'humanité, et le monde avec elle. toutes les créatures l'habitaient; Il était la nature, mais aussi le cheval qui va mourir, le rossignol dans la nuit d'été, la jeune fille exaltée par l'amour, le bourgeois qui agonise, la feuille gorgée de sève, la femme adultère dans l'ivresse de sa chute, le mari abîmé par la jalousie, le lièvre dans les champs. Et un écrivain de surcroît, et quel écrivain ! Lui qui composa plus de cent volumes, dont on ne retient le plus souvent que Guerre et Paix et Anna Karénine, fut aussi un penseur, un polémiste, un mystique, et tout aussi bien un ogre, une plante, une bête, comme si aucun des déploiements de l'être humain, ni ceux de la nature, n'avait été soustrait à tous ceux qu'il a embrassés.. "

Bon, ben voilà le ton est donné dans cet incipit de la mise en garde de l'auteur de "Tolstoï, le pas de l'ogre"

Je suis désolé, je viens de m'apercevoir que MCD30 a déjà remonté ces quelques lignes. Qu'elle veuille bien me pardonner !
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Vivre vraiment, c est vivre avec joie.
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Epigraphe
Quand sera brisé l'infini servage de la femme, quand elle vivra pour elle et par elle, l'homme, jusqu'ici abominable, lui ayant donné son renvoi, elle sera poète, elle-aussi. La femme trouvera l'inconnu. Arthur Rimbaud

Ce qui nous paraît digne d'être aimé est toujours ce qui nous renverse, c'est l'inespéré. Georges Bataille
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Lorsque Simone Weil ira voir ses amis de l'Ecole Normale, Jacques Roubaud et sa femme, lors de son voyage à Carcassonne, ils la reconnaîtront à peine : "Elle était vêtue de bure ; les pieds nus dans des sandales, dépouillée de toute préoccupation charnelle, elle leur apparut comme une sainte du Moyen Âge." Jean Paulhan assiste au dîner, il est abasourdi et ne risque pas un mot. Tous l'écoutent dans un étrange silence. Elle est très vieillie. Elle semble flotter. "Quand elle fut partie, ceux qui étaient là éprouvèrent une impression de malaise. Ce manque d'intérêt pour le temporel, pour le siècle ; ce jour nouveau sous lequel elle s'est présentée, tout cela provoqua une étrange émotion."
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Si Dante en deuil de Béatrice a composé, à Vérone, son Purgatoire, si Pétrarque pleura ici la mort de Laure, c’est Shakespeare, qui n’y vint jamais, qui a donné à cette cité de quelque trois cent mille âmes son aura, ses fantômes, son caractère. Marquée au feu par la tragédie des Capulets et des Montaigu, Vérone ne put qu’offrir à la légende l’écrin de ses rues, de ses places, de ses palais.
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Orta, Majeur, Côme, Iseo ou Garde : on peut discuter des heures pour savoir quel est le plus beau de ces lacs ; on ne se mettra jamais d’accord. À Orta, c’est Orta bien sûr et à Garde, on ne jure que par lui. Ce qui sépare, ce sont leurs caractères – Orta l’intime, Majeur le magnifique, Côme l’aristocrate, Iseo le sauvage, Garde le si bleu. Ce qui unit, c’est cet effet commun qu’ils exercent sur l’âme : ils attirent l’amour par sortilège, et le retiennent dans une passion exclusive. C’est qu’ils sont autant de miroirs qui renvoient nos désirs de volupté et les comblent, autant d’univers clos qui tiennent loin de l’esprit les horreurs du monde.
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Après avoir subi l'ébullition du vieux colonel confronté à votre charmant ami antimilitariste ; après avoir assisté, impuissante, à la rencontre du trésorier de Foyer chrétiens avec ce couple tellement moderne qu'il en est homosexuel ; au quiproquo entre l'artiste peintre et le peintre en bâtiment, vous devenez très circonspecte sur ces fructueux brassages socioculturels dont vous rêviez que votre maison fût le théâtre.
Vous tremblez encore de la plaisanterie de votre copain trotskiste, jubilant du rapport d'un militaire sur une jeune recrue blasonnée : "Plus fort de la particule que de la partie tête", énoncée étourdiment devant les parents d'Eglantine d'Arquié, obèse et simple d'esprit. Ou de la réflexion de votre copine Marie-Sophie, dépliant une jolie nappe et répondant aux protestations "Ne vous dérangez pas !" de vos quatre amis de passage, tous juifs, et que vous venez d'inviter à déjeuner : "Quand même, nous sommes entre chrétiens."
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Anna Karénine (genèse)

Tolstoï avait parlé à Sonia trois ans avant du thème d'Anna Karénine. Il s'en était ouvert auprès d'elle avec suffisamment de foi pour qu'elle la communique, à son tour, à sa soeur, dans une lettre datée du 24 février 1870 : "Hier soir, il m'a dit qu'il avait entrevu un type de femme mariée, du grand monde, et qui se serait perdue. Il m'a expliqué que sa tâche consistait à la peindre uniquement digne de pitié et non coupable." Tolstoï a le sujet, il a aussi le modèle depuis le tragique fait divers survenu l'année précédente, en janvier 1872; dans la gare toute neuve d'Iassenki -on vient de prolonger la ligne de chemin de fer de Moscou à Toula - anna Stepanovna Pirogava s'était jetée sous le train par désespoir d'amour. Tolstoï s'était rendu à la gare où il avait eu le loisir de voir le corps charnu, les formes généreuses déchiquetées par la locomotive , et le visage étrange de cette "russe aux yeux gris". Quelle pulsion l'avait conduite à cet acte désespéré ? Etait-ce la honte ? Le regard insupportable que la société portait sur elle depuis qu'elle s'était délibérément livrée à l'adultère ? Pourquoi les femmes étaient-elles mises au ban , quand leurs amants continuaient à tenir leur rang, sans grand désaveu de la part de leurs contemporains ? Tolstoï avait longuement débattu de ce sujet avec Strakhov. Son ami venait de rédiger un article sur la question du féminisme. Le débat était à la mode dans les salons de Pétersbourg ..

Tolstoï a les trois : le sujet, le modèle, le débat. D'un seul coup son livre tout entier lui apparaît, avec une évidence qui le plonge dans un vertige heureux (..) Tolstoï sort de la glaise le corps encore vague de sa nouvelle créature, Anna Karénine
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Simone Weil explique pourquoi elle refuse de se nourrir :
" Étant donné la situation générale et permanente de l'humanité dans ce monde, peut-être bien que manger à sa faim est une escroquerie".

À ses parents,avant son départ pour New-York où elle doit s'exiler un temps :
" Si j'avais plusieurs vies, je vous en consacrerais une, mais je n'en ai qu'une et je dois la vivre."

"La foi ne doit être défendue que par l'innocence et l'amour."

"Il est bon d'aimer au point de paraître fou."

"La violence du temps déchire l'âme. Par la déchirure entre l'éternité."

En adieu à un ami, avant sa mort :
"Je charge les étoiles, la lune, le soleil et le bleu du ciel, le vent, les oiseaux, la lumière, l'immensité de l'espace, je charge tout cela, qui reste toujours avec toi, je charge tout cela de mes pensées pour toi et de te donner chaque jour la joie que je désire et tu mérites tellement."
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Je veux réfléchir à notre capacité de sanctifier le travail, à en faire le lieu, l’espace, la matière idéale pour exprimer notre amitié. L’amitié c’est à dire la forme la plus pure de l’amour du prochain. La plus gratuite aussi car cet amour ne naît pas des liens puissants et naturels de la famille- amour de la mère pour l’enfant, des frères et des sœurs pour les frères et les sœurs, des enfants pour leurs parents. Il ne naît pas de l’élan amoureux irrépressible qui pousse deux etres dans les bras l’un de l’autre. L’amitié c’est l’occasion d’appliquer le commandement, le seul qui vaille, qui englobe toute la loi: “aimez vous les uns les autres”.
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Quels sont pour vous les trois plus grands romans jamais écrits ? William Faulkner répondit sans hésiter : « Anna Karénine ! Anna Karénine ! Anna Karénine !
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Allongée sur le dos, je suis la trajectoire phosphorescente de la Voie lactée qui tombe sur les Pyrénées dans un halo de givre, autour d'elle, Vénus, Cassiopée, la Grande Ourse. Petit à petit, je sens que quelque chose prend mon cœur - l'admiration, l'effroi, l'attente. L'indicible de Dieu est dans ce bruissement d'étoiles et de planètes.
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Les saints et les saintes portent une joie qui est l'insolence suprême. Comme ils ne doutent pas de Dieu, ils ne doutent pas que toute vie soit digne d'être aimée, ni que le monde soit digne d'être sauvé. Cette attitude fait d'eux mieux que des rebelles - des insoumis majeurs, des sentinelles de l'avenir. Ils portent en nous, infiniment, l'espérance du paradis.
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Il faut aborder Tolstoï le cœur compatissant: il a été doté du plus tragique des dons - porter en lui l'humanité, et le monde avec elle. Toutes les créatures l'habitaient. Il était la nature, mais aussi le cheval qui va mourir, le rossignol dans la nuit d'été, la jeune fille exaltée par l'amour, le bourgeois qui agonise, la feuille gorgée de sève, la femme adultère dans l'ivresse de sa chute, le mari abîmé par la jalousie, le lièvre dans le champs. Et un écrivain de surcroît. Et quel écrivain!
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L'Iliade, le poème de la force, "Le seul grand poème épique de l'Occident, expose la misère des hommes qui, tous, lui sont soumis.
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Tous, nous avions remarqué l'étrange et systématique modernisation du théorème d'Archimède : tout corps d'enfant plongé dans l'eau déclenche immédiatement des hurlements de joie.
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Cet amour pour sa ville et son pays, pour ses habitants les plus humbles, les plus simples, a sous-tendu ses actions, ses discours, ses exhortations tout au long de sa vie religieuse.
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"Quand je pense que les bolcheviks prétendaient créer une classe ouvrière libre, et qu'aucun d'entre eux - Trotsky sûrement pas, Lénine, je ne crois pas non plus - n'avaient sans doute jamais mis le pied dans une usine (...), la politique m'apparaît comme une sinistre rigolade."
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La malice populaire a inventé une kyrielle de sains, qui échappent à la rigueur des sermons. Figures facétieuses à l'usage des pécheurs incurables et des amateurs de péchés mignons, on les propose joyeusement en ultime recours : ainsi, aux goinfres et aux goulus, sainte Gobine, saint Goulard ou saint Goulipais. Aux soiffards et aux rois de la bamboche, saint Soulard et saint Lippard. Aux paresseux saint Lambin, saint Landor ou saint Lundi. Aux pipelettes, sainte Caquette. Aux bavards, sainte Babille. Aux râleurs, saint Rechignoux... Aux grognons, saint Grugnan. Et aux femmes stériles... saint Couillebault.
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Assieds-toi un moment et médite sur la situation de l’Esprit aujourd’hui, et ce qu’il subsiste de ses infinies richesses. Réfléchis aux ressources de jouvence, aux valeurs que tu veux défendre, et aux combats qui se préparent. Ne te résigne pas. Reste sourd aux sirènes. Je sais ce que te suggèrent ceux qui accouchent au forceps la société nouvelle : « lâcher prise », te laisser aller, goûter aux délices de la pente ; ou bien, a contrario, entrer dans la légion des forts, dévorer avec eux, élargir tes appétits, te gaver à ton tour en attendant le grand banquet des barbares. Ils t’invitent à tourner le dos à « cette époque-ci qui a sombré ». Faire fi des contraintes. Défaire le lacet des corsets.
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