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Citations de Christiane Rancé (77)


"Quand je pense que les bolcheviks prétendaient créer une classe ouvrière libre, et qu'aucun d'entre eux - Trotsky sûrement pas, Lénine, je ne crois pas non plus - n'avaient sans doute jamais mis le pied dans une usine (...), la politique m'apparaît comme une sinistre rigolade."
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Avec une fidélité radicale à l'attention qu'elle s'est imposée depuis ses quatorze ans, Simone Weil tend vers ce point où " le génie créateur de beauté, le génie créateur de vérité, l'héroïsme et la sainteté sont indiscernables". En prologue de ce grand oeuvre ("L'enracinement"), avec l'audace qu'elle a déjà révélé dans sa critique du marxisme, elle rompt avec le Préambule de la Constitution de 1789. Il ne s'agit plus des "droits de l'homme", mais des "devoirs de l'homme envers l'être humain".
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Lorsque Simone Weil ira voir ses amis de l'Ecole Normale, Jacques Roubaud et sa femme, lors de son voyage à Carcassonne, ils la reconnaîtront à peine : "Elle était vêtue de bure ; les pieds nus dans des sandales, dépouillée de toute préoccupation charnelle, elle leur apparut comme une sainte du Moyen Âge." Jean Paulhan assiste au dîner, il est abasourdi et ne risque pas un mot. Tous l'écoutent dans un étrange silence. Elle est très vieillie. Elle semble flotter. "Quand elle fut partie, ceux qui étaient là éprouvèrent une impression de malaise. Ce manque d'intérêt pour le temporel, pour le siècle ; ce jour nouveau sous lequel elle s'est présentée, tout cela provoqua une étrange émotion."
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L'Iliade, le poème de la force, "Le seul grand poème épique de l'Occident, expose la misère des hommes qui, tous, lui sont soumis.
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Le paysage que j'avais sous les yeux semblait normal et même familier. Ces rues auraient pu être celles de Paris ou de Nantes. Cet homme qui avait disparu en courant un père de famille pressé. Mais tout cela était faux. C'était le décor d'une vie civilisée. En vérité, il n'y avait plus rien de civilisé dans cette ville.
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L'Italie est le seul pays où je n'ai jamais le sentiment d'aller, mais toujours d'arriver, avec le songe d'y vivre un jour et d'y finir ma vie, quand bien même je ne fais rien pour qu'il s'accomplisse.
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Lorsque, en 1415, Filippo Brunelleschi invente les lois de la perspective, Florence entreprend une révolution artistique sans précédent au cœur même du Quattrocento. Rien ne sera plus jamais comme avant dans l’art occidental – et cela jusqu’aux Impressionnistes.
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En France, on s’enorgueillit du neuf. “Nouvelle maison Dupont”, “Nouvelles galeries”, “Boucherie nouveau propriétaire”.
Ici, c’est toujours “Antica trattoria”, “Antica Focacceria”, “Antica locanda”. »
(à propos de la Toscane)
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Le Sicilien aime passionnément son île, cette Amérique de l’Antiquité, et tout autant sa mer, qui le distingue plus qu’elle ne l’isole. Ou plutôt ses trois mers, tyrrhénienne, ionienne et méditerranéenne, toutes trois prolifiques, par où sont venus ceux qui l’ont fécondée de dieux, de plantes et d’amour, et souvent de sang. Le Sicilien est le seigneur du large. Son bateau est un objet de vénération qu’il façonne, invente et décore ; la pêche, une fête avec sa liturgie et sa geste
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Fellini a filmé, jusqu’à la parodie, ce qui nous étouffe aujourd’hui – la dissipation de la beauté dans les fumées industrielles, la guerre des femmes contre les hommes, la brutalité des hommes envers les femmes, les excès de la presse à sensation et des paparazzis, la corruption, la télévision commerciale et jusqu’à la décadence des mœurs du Vatican. Il les a projetés sur notre temps avec une lucidité torturée, extravagante et mélancolique ; elle n’a pourtant jamais altéré sa bienveillance pour les petites gens, son amour pour les déclassés ni sa tendresse pour les parias : tout ce cœur fellinien qui déborde dans ses films, et épargne ainsi à son œuvre le désespoir qui la guettait. Comment s’en étonner ? Federico Fellini a toujours laissé ouvert le ciel de Rome.
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Ainsi chacune de ces petites cités s'édifie comme un royaume ; parce que chacune se prend pour un empire. Spolète, Todi, Orvieto, Assise et Gubbio l'arrogante, « belles vivantes de vieux temps, petites d'or et de bronze », ce sont elles, chantées par Dante, et leur architecture féerique tout droit sortie d'un rêve rose du Quattrocento, qu'il faut aller visiter en hommage à ce temp d'or
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La route vers Sienne est une route de désir. Elle fait de moi une nomade de la beauté. Chaque surgissement – des tours et les donjons, de vieilles abbayes, les moissons de blé, les cités de poupée, tout dans cette campagne promet l’harmonie. Les virages se resserrent. La route grimpe. J’approche Sienne par degrés de plaisir.
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Mais alors, que choisir, entre la prédiction de Paul Morand « Venise se noie et c’est peut-être ce qui pouvait lui arriver de plus beau », et le vœu de Rainer Maria Rilke : « La Sérénissime ? Un fragment de notre passé riche de notre avenir » ?
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Si Dante en deuil de Béatrice a composé, à Vérone, son Purgatoire, si Pétrarque pleura ici la mort de Laure, c’est Shakespeare, qui n’y vint jamais, qui a donné à cette cité de quelque trois cent mille âmes son aura, ses fantômes, son caractère. Marquée au feu par la tragédie des Capulets et des Montaigu, Vérone ne put qu’offrir à la légende l’écrin de ses rues, de ses places, de ses palais.
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Orta, Majeur, Côme, Iseo ou Garde : on peut discuter des heures pour savoir quel est le plus beau de ces lacs ; on ne se mettra jamais d’accord. À Orta, c’est Orta bien sûr et à Garde, on ne jure que par lui. Ce qui sépare, ce sont leurs caractères – Orta l’intime, Majeur le magnifique, Côme l’aristocrate, Iseo le sauvage, Garde le si bleu. Ce qui unit, c’est cet effet commun qu’ils exercent sur l’âme : ils attirent l’amour par sortilège, et le retiennent dans une passion exclusive. C’est qu’ils sont autant de miroirs qui renvoient nos désirs de volupté et les comblent, autant d’univers clos qui tiennent loin de l’esprit les horreurs du monde.
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Deux ou trois autres choses me viennent à l’esprit lorsque je tente d’expliquer le pouvoir de l’Italie sur tout mon être : ce sentiment que nous avons tous d’y être à notre place, jamais étranger, enfin ajusté au lieu qui nous reçoit – chez soi. En amour. Cette sensation que dans ses paysages, ses ciels, ses mers, quelque chose de soi est toujours présent. Des colonnes et des temples d’autres siècles, « où le pampre à la rose s’allie » nous offrent un appui, l’instant d’un repos. Des cœurs d’autres temps nous accueillent. Peintres, poètes, musiciens. Plus qu’ailleurs, ils nous chuchotent, eux qui n’y sont plus : « C’est votre tour de vivre. »
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L’Italie offre le seul voyage qui vaille, celui qui bouleverse l’âme et dessille les paupières. On en revient augmenté. Tant de formes artistiques devenues existence spirituelle ! Tant d’œuvres nées de l’homme, pour l’homme. Tant d’expressions de la plénitude ! La beauté est le principe fondateur de l’Italie. Plus que la guerre, c’est par elle que les cités ont démontré leur force et la prééminence des unes sur les autres, jusqu’au raffinement de leurs architectures militaires. D’une ville à un village, d’une rive à une plage l’œil s’exerce à comprendre pourquoi tel peintre et non tel autre nous touche, pourquoi telle relation entre un style et la géographie qui l’entoure, pourquoi telle couleur, apposée contre telle nuance nous émeut. Pourquoi tout cela est si beau. On apprend à regarder. On voyage alors en soi. On élabore une Italie céleste, personnelle, idéalisée par le supplément d’efficience sur notre âme qu’elle engendre au fur et à mesure de nos séjours sur ses terres, et qui se superpose à l’originale. Tout comme ces nuages qui, flottant doucement dans l’azur, épousent la forme des paysages que leur ombre caresse et dont ils sont nés.
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Tout au long, des bancs, subtilement disposés pour que le promeneur jouisse, à travers les branches, d’entrevisions sur la mer. Ils sont redoutables pour le marcheur qui s’y attarde un peu trop, pris par ses pensées, absorbé par le plaisir d’être simplement là, posé, sans autre projet que de respirer et d’habiter pleinement les secondes qui passent.
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« Au pays qui te ressemble », chante Baudelaire. Et moi, à quel pays aimerais-je ressembler ? Nul besoin de réfléchir longtemps, ni même d’hésiter : l’Italie ! C’est sa beauté que j’envie, ses paysages que j’aimerais avoir pour portrait à défaut de miroir. À chacun des voyages qui me mènent vers elle, je la rêve contagieuse. Je la contemple, je l’aspire, je lui demande de pénétrer mon âme pour en capter la douceur, et cette fierté guerrière qui lui a donné ses plus beaux villages, ses tours de guet, ses saints et ses rebelles, le piquant de ses flèches et de ses campaniles, ses artistes et ses lumières. Si seulement elle laissait son empreinte sur tout mon être ! L’Italie est le seul pays où je n’ai jamais le sentiment d’aller, mais toujours d’arriver, avec le songe d’y vivre un jour et d’y finir ma vie, quand bien même je ne fais rien pour qu’il s’accomplisse. Longtemps, je me suis interrogée sur cette impression d’allégresse qui me submerge à l’idée d’y partir, et sur ce dolce tormento que chante Monteverdi et qui me pince le cœur lorsque je suis restée trop loin de ses rivages. Pourquoi cette joie, bien plus grande qu’à la perspective d’une autre destination ? Pourquoi, d’elle, ce qui est bien plus qu’un désir – un besoin ? C’est en revenant à Rome, après la pandémie, que j’ai compris quel charme elle opérait sur mon âme, sur nous tous. À peine la ville en approche, je me suis sentie consolée sans même avoir de chagrin. Tout m’est apparu léger, joyeux, festif. Timbré de clarté. Je respirais. Je venais de retrouver, en un instant, un goût que je pensais perdu – celui du bonheur de vivre. Il est donc là le secret de l’Italie – être le pays où l’on peut encore goûter à cette joie, et le seul pays à nous y faire croire. Là, même aux moments terribles, lorsqu’il y croit moins lui-même. Il nous fallait donc si peu, et tant à la fois : son luxe offert à foison : sa lumière, ses côtes, sa beauté, ses parfums, sa douceur, et ce je-ne-sais-quoi qui n’appartient qu’à elle, qu’à son peuple – sa foi contagieuse en l’éternité.

(INCIPIT)
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Allongée sur le dos, je suis la trajectoire phosphorescente de la Voie lactée qui tombe sur les Pyrénées dans un halo de givre, autour d'elle, Vénus, Cassiopée, la Grande Ourse. Petit à petit, je sens que quelque chose prend mon cœur - l'admiration, l'effroi, l'attente. L'indicible de Dieu est dans ce bruissement d'étoiles et de planètes.
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