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EAN : 9791021040304
336 pages
Tallandier (09/02/2023)
3.92/5   13 notes
Résumé :


«Amants, heureux amants, voulez-vous voyager?» demandait La Fontaine qui ajoutait: «Que ce soit aux rives prochaines.» Aussitôt, ce sont les enchantements de l’Italie qui nous viennent à l’esprit, ce pays où la vie est un art, où l’art est si vivant.

Depuis Toulouse, la plus italienne des villes de France, Christiane Rancé nous invite à filer vers Gênes, à flâner autour des grands lacs et à rêver sur la lagune vénitienne. Au cour... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique
De la bella Italia, un itinéraire amoureux aux
Belle Italie Itinerari romantici*

Car après avoir lu la prose de Christiane Rance on peut sans aucun doute se dire que l'Italie recèle des Italies. Car c'est bien dans un périple au long cours qu'elle nous propose de la suivre, alors en parcourant ces pages, qui parcourent elles-mêmes la Botte, me revient cet adage que Suetone attribue à Auguste "Festina Lente**", tant on a envie que ce voyage que nous propose l'auteure ne s'arrête jamais....

L'auteure nous propose une déambulation, une promenade, une flânerie, ou pour reprendre un terme plus littéraire une errance à la fois érudite et cultivée mais jamais ennuyeuse, tant son approche est protéiforme
Devant nos yeux et au fil des lignes, défilent mille et un paysages, mille et une références, milles et une anecdote comme lorsqu'elle découvre à Sienne ces fameuses ZTL, des rencontres, comme celle du père Puglisi, prêtre engagé contre Cosa Nostra, que la Mafia assassina quelques mois plus tard à Palerme, les malédictions qu chiffre 17 ou du chat noir, ou des traditions du quotidien comme le caffè sospeso de Naples

En démarrant son périple par le Nord et logiquement par La Dominante c'est à dire de  "Gênes l'orgueilleuse" comme l'appelle Dante, en écho au nom de Superba reppublica dont les Génois avaient affublé leur ville, à la Sérénissime Venise sa rivale.
Ce voyage transversal dans la Nord, n'omettra :
Ni Turin qui fut capitale du royaume d'Italie de 1861 à 1865, et connue pour son Saint Suaire dont écrivit Paul Claudel : "La photographie nous a rendu ce corps que les plus grands mystiques ont à peine osé envisager, martyrisé littéralement depuis la plante des pieds jusqu'à la cime."

Ni les lacs, laghi, Orta, Majeur, Côme, Iseo ou Garde dont on discutera des heures et des heures pour savoir quel est le plus beau, sans jamais réussir à se mettre d'accord. Mais au final ce qui les différencie c'est leur caractère :  " Orta l'intime, Majeur le magnifique - avec ses îles Borromées, comme une flotte qui aurait jeté l'ancre. l'Isola Bella, nef immobile surchargée de ponts vénitiens, de statues et de fontaines, de paons et d'azalées, d'ifs et de colonnes tandis qu'à sa poupe, l'énorme  , Côme l'aristocrate et ses villas dont Flaubert dira "On voudrait vivre ici et y mourir ", Iseo le sauvage devenue la patrie des bateaux Riva reconnaissables dans le monde entier, Garde le si bleu. Ce qui unit, c'est cet effet commun qu'ils exercent sur l'âme : ils attirent l'amour par sortilège, et le retiennent dans une passion exclusive. C'est qu'ils sont autant de miroirs qui renvoient nos désirs de volupté et les comblent, autant d'univers clos qui tiennent loin de l'esprit les horreurs du monde."

Ni Vérone là où Dante en deuil de Béatrice a composé, son Purgatoire, là où Pétrarque pleura ici la mort de Laure, mais c'est Shakespeare, qui n'y vint jamais, qui a donné à cette cité de quelque trois cent mille âmes son aura, ses fantômes, son caractère. Marquée au feu par la tragédie des Capulets et des Montaigu, Vérone ne put qu'offrir à la légende l'écrin de ses rues, de ses places, de ses palais.

Ni Venise, au travers des paroles de l'Arétin
" … Avec les clairs et les obscurs, la lumière donnait si bien perspective et relief à ce à quoi elle voulait donner perspective ou relief, que moi, qui sais comment votre pinceau est le génie des génies, trois ou quatre fois, je m'écriai : “Ô Titien, où êtes-vous donc ?” Ma foi, si vous aviez peint ce que je vous raconte, vous frapperiez les hommes de la même stupeur que celle dont je fus confondu, quand, contemplant ce que je viens de vous décrire, je m'en rassasiai l'esprit, plus longtemps même que n'avait duré ce merveilleux spectacle », écrit l'Arétin en mai 1544 à son ami Tiziano Vecellio. Mille tableaux, mais pas plus mille pages, mille livres ne suffiraient à fixer l'infinité des nuances et des variations de la lumière dans Venise, sur Venise, par-dessous Venise. La lumière est le suprême architecte de la ville."

Puis on repart en direction des Cinqueterre dont Eugenio Montale écrivait depuis Monterosso : "Ici, les passions du plaisir apaisent miraculeusement les conflits". L'auteure d'ajouter, à juste titre, une semaine dans cet « ici » et le plaisir passionné de la vie, de la beauté et de la marche agit comme un baume.
Même Maupassant dira : "Jamais peut-être je n'ai senti une impression de béatitude comparable à celle de l'entrée dans cette crique verte, et un sentiment de repos, d'apaisement, d'arrêt de l'agitation vaine où se débat la vie, plus fort et plus soulageant que celui qui m'a saisi quand le bruit de l'ancre tombant eut dit à tout mon être ravi que nous étions fixés là, ajoutant : "Ici la terre est tellement captivante qu'elle fait presque oublier la mer."

Voilà les fameuses villes de Toscane,
À commencer par Florence sous forme question : "Peut-on exprimer avec exactitude tout ce que Fiorenza, ses beautés, sa subtilité, la violence de ses contrastes, ses apothéoses mystiques et sa volupté sensuelle, son exquis mélange de vie et de pierres monumentales suggère d'émotions et de bouleversements à son visiteur ?" À chacun d'y trouver sa réponse...
" La ville de Dante. Et Dante est le coeur de Florence. Il y est partout. Son portrait, qu'a signé Domenico di Michelino, trône en majesté dans la nef de Santa Maria del Fiore : Dante Alighieri expliquant sa Divine Comédie. Trente-quatre plaques de marbre, les lapidi, gravées chacune de versets empruntés à son chef-d'oeuvre et posées aux murs du vieux Florence, illustrent son passage sur cette terre, et dans ces rues. Une via et une maison portent son nom. Sa statue de marbre trône sur le parvis de la basilique Santa Croce, où il a son cénotaphe à côté de ceux de Michel-Ange et de Machiavel et dans le cloître, son portrait peint par Giotto. Au coeur du baptistère si cher à son coeur – « mon beau Saint-Jean » – et où il fut baptisé, Paul VI a accroché un ex-voto : « En l'honneur de Dante » ; on y lit aussi ces tercets du Paradis : « S'il arrive jamais que ce poème austère / Auquel ont mis la main et le ciel et terre / Et qui m'a fait maigrir pendant de si longs ans, / Désarme la fureur cruelle qui m'exile / du beau bercail où je dormis, agneau tranquille, / Sans autres ennemis que les loups dévorants ; / Avec une autre voix alors, une autre laine, / Je reviendrai poète, et là, sur la fontaine / Où je fus baptisé, je ceindrai le laurier. »"

Vient ensuite, à mon avis le plus beau passage du livre car il traite d'un région, qui sans m'avais jeu de mots, reste plus ou moins dans l'ombre des autres l'Ombrie...
Est-ce la proximité d'Assise, mais cette partie est d'une beauté sans égale

Bien entendu Rome et Naples ont leurs place tout comme la côte amalfitaine, pour finir son périple par la Trinacrie, qui signifie trois pointes, du nom de la Sicile pour les Grecs anciens, les trois pointes sont : la pointe ouest de Trapani-Marsala, le cap Boeo, la pointe nord-est de Messine, le cap Peloro, la pointe sud-est de Syracuse, le. cap Passero . Et dont l'emblème est la Gorgone Méduse, ailée et coiffée d'un noeud de serpents et d'épis de blé, d'où rayonnent trois jambes fléchies, comme saisies en pleine course.
Les épis de blé ont été ajoutés aux serpents par les Romains, à la fois comme symbole de fertilité et parce que la Sicile est le grenier à blé de Rome.

Nous voici arrivés au bout du voyage et force est de constater que Christiane Rancé a réussi à mettre ses pas et imposer son style aux côtés de ses nombreux prédécesseurs....
Ces nombreux ecclésiastiques, pèlerins, étudiants, commerçants français passés par l'Italie depuis le Moyen Âge, dont on garde peu de races. Puis les choses changent....
Pour en citer quelques-uns vinrent Montaigne, les Lettres d'Italie de Charles de Brosses, qui enchantaient Jean d'Ormesson, Le Marquis de Sade, Dumas. Puis le développement de fer, l'unification de l'Italie facilitèrent le tourisme. François-René de Chateaubriand lors de son voyage en Italie s'attacha à la Toscane et à sa capitale. Germaine de Staël décrit elle aussi des amours contrariées dans Corinne ou l'Italie, La mort rôde autour de la beauté. Sans oublier Stendhal, Musset, Sand, Flaubert, les Frères Goncourt, Hippolyte Taine.
Et bien entendu André Suarès don't le Voyage d'un Condottiere reste un incontournable....
Plus proche de nous on retrouvera Giono, Duras, Michel Déon, et Dominique Fernandez.
À croire que Christiane Rance a gardé à l'esprit ce proverbe latin qui sied tant à la l'Italie : "Ubi bene, ibi patria La patrie est là où l'on est bien"

En féru lecteur de Dante je ne peux que conclure ce billet par
"E quindi uscimmo a riveder le stelle***" qui est le dernier vers de l'Enfer de Dante,
Il convient très bien, et pourrait servir de point final à ce livre à la seule différence que Christiane Rancé, nous a accompagnée au Paradis qu'est ce Bel Paese....

* Belles Italies, itinéraires Amoureux
** Hâte toi lentement
** Et dès lors, nous sortîmes revoir les étoiles
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❝En Italie, il y a autant de voyages que de régions. On ne fait vraiment pas le même voyage selon l'endroit où l'on va.❞
Laurent Gaudé, le Soleil des Scorta

❝L'Italie offre le seul voyage qui vaille, celui qui bouleverse l'âme et dessille les paupières. On en revient augmenté. Tant de formes artistiques devenues existence spirituelle ! Tant d'oeuvres nées de l'homme, pour l'homme. Tant d'expressions de la plénitude ! La beauté est le principe fondateur de l'Italie. Plus que la guerre, c'est par elle que les cités ont démontré leur force et la prééminence des unes sur les autres, jusqu'au raffinement de leurs architectures militaires. D'une ville à un village, d'une rive à une plage, l'oeil s'exerce à comprendre pourquoi tel peintre et non tel autre nous touche, pourquoi telle relation entre un style et la géographie qui l'entoure, pourquoi telle couleur, apposée contre telle nuance nous émeut. Pourquoi tout cela est si beau. On apprend à regarder. On voyage alors en soi. On élabore une Italie céleste, personnelle, idéalisée par le supplément d'efficience sur notre âme qu'elle engendre au fur et à mesure de nos séjours sur ses terres, et qui se superpose à l'originale. Tout comme ces nuages qui, flottant doucement dans l'azur, épousent la forme des paysages que leur ombre caresse et dont ils sont nés.❞

L'Italie. Christiane Rancé y est revenue dès la fin du premier confinement quand les voyages ont enfin pu reprendre ; j'ai couru vers Rome à l'été 2021. L'Italie est le pays où l'on vient pour se reposer des tumultes de la vie, pour cicatriser aussi.

Bella Italia, Un itinéraire amoureux. Ne pas négliger le sous-titre, tout y est suggéré : le plaisir, la sensualité qui dessinent chaque jour un chemin buissonnier décidé par les mouvements du coeur, de Gênes aux villages des Cinque Terre, des industrieuses Milan et Turin aux eaux calmes des lacs

❝Orta, Majeur, Côme, Iseo ou Garde : on peut discuter des heures pour savoir quel est le plus beau de ces lacs ; on ne se mettra jamais d'accord.❞

de Vérone

❝Si Dante en deuil de Béatrice a composé, à Vérone, son Purgatoire, si Pétrarque pleura ici la mort de Laure, c'est Shakespeare, qui n'y vint jamais, qui a donné à cette cité de quelque trois cent mille âmes son aura, ses fantômes, son caractère. Marquée au feu par la tragédie des Capulets et des Montaigu, Vérone ne put qu'offrir à la légende l'écrin de ses rues, de ses places, de ses palais.❞

à Florence où

❝en 1415, Filippo Brunelleschi invente les lois de la perspective, Florence entreprend une révolution artistique sans précédent au coeur même du Quattrocento. Rien ne sera plus jamais comme avant dans l'art occidental – et cela jusqu'aux Impressionnistes.❞

à Venise laquelle selon Paul Morand ❝se noie et c'est peut-être ce qui pouvait lui arriver de plus beau❞, de Pise à l'Ombrie dont

❝chacune de ces petites cités s'édifie comme un royaume ; parce que chacune se prend pour un empire. Spolète, Todi, Orvieto, Assise et Gubbio l'arrogante, « belles vivantes de vieux temps, petites d'or et de bronze », ce sont elles, chantées par Dante, et leur architecture féerique tout droit sortie d'un rêve rose du Quattrocento, qu'il faut aller visiter en hommage à ce temp d'or.❞

de Rome à Sienne vers laquelle mène

❝une route de désir. Elle fait de moi une nomade de la beauté. Chaque surgissement – des tours et les donjons, de vieilles abbayes, les moissons de blé, les cités de poupée, tout dans cette campagne promet l'harmonie. Les virages se resserrent. La route grimpe. J'approche Sienne par degrés de plaisir,❞

de Naples à la Villa des Mystères de Pompéi, à Ravello où germa le Parsifal de Richard Wagner, à la Sicile que les Siciliens aiment éperdument… le tout dans un désordre délicieux. Jean d'Ormesson n'écrivait-il pas que ❝Tout le bonheur du monde est dans l'inattendu❞ ?

Ce livre, il est entendu, n'est pas un guide de voyage. Heureusement. Il est mieux que cela. Christiane Rancé nous écrit d'Italie et Bella Italia tient du journal intime, de la flânerie amoureuse, de l'évocation personnelle de ce Bel Paese ; l'anecdote s'y marie harmonieusement à l'érudition (la pompe et la morgue en moins) et le regard, encore ébloui des séjours passés, mêle souvenirs et histoire, moments fugaces de la vie quotidienne et ceux de toute éternité.

❝On apprend à regarder. On voyage alors en soi. On élabore une Italie céleste, personnelle, idéalisée par le supplément d'efficience sur notre âme qu'elle engendre au fur et à mesure de nos séjours sur ses terres, et qui se superpose à l'originale.❞

comme en écho à Milan Kundera

❝Il semble qu'il existe dans le cerveau une zone tout à fait spécifique qu'on pourrait appeler la mémoire poétique, et qui enregistre ce qui nous a charmés, ce qui nous a émus, ce qui donne à notre vie sa beauté.❞

La mémoire poétique de Christiane Rancé écrit divinement l'Italie, ses paysages majestueux, ❝sculptés par la lumière❞, ses campagnes vallonnées que ponctue l'exclamation des cyprès, ses lacs aux eaux indéfiniment bleues où se mirent encore les souvenirs de Byron, Kafka, Stendhal, Bellini, Liszt, Joyce dont la présence fantomatique hante encore les sublimes villas qui s'alanguissent sur les rives fleuries, ses mers éblouissantes, ses villes et le dédale de leurs rues aussi belles dans la lumière du jour naissant qu'à la lueur de la lune quand monte la nuit, ses ciels vibrant de tous leurs bleus sur les tuiles des toits et les places que rafraichissent des fontaines, somptueuses ou modestes, qu'égaie le clapotis languissant de l'eau, ses salles d'opéra qui résonnent encore des rôles de la Divina Callas, ses théâtres où l'on se presse, ses palais aux jardins piqués d'odorants figuiers ou de pins prospères, ses figures tutélaires — Dante, Vivaldi, Casanova, Marco Polo, Tiepolo, Véronèse, Raphaël, Michel-Ange, de Vinci, Catherine de Sienne, Saint-François d'Assise... — sont toujours présentes au côté de Fellini, de Mastroianni, de Pasolini, de Goldoni… et de ceux qui, bien qu'étrangers, on reconnut à un moment de leur vie ce pays comme le leur — Proust, Ezra Pound, Joachim du Bellay, Montesquieu, mais aussi Philippe Sollers, Jean d'Ormesson, Michel Déon, George Sand, William Turner, Chateaubriand, Thomas Mann, Hemingway, André Suarès

Quel vertige !

❝Je cours vers l'Italie comme Juliette à son balcon et ce n'est pas une image de dire combien mon coeur y bat bien plus fort qu'ailleurs, et se rappelle qu'il existe.❞

Tout le livre est une confirmation lumineuse de cette phrase d'ouverture. Il y a indéniablement ce bonheur joyeux et léger, cette sprezzatura tout italienne, ces plaisirs simples que l'on tire des plus grandes émotions qui infusent chaque page du livre de Christiane Rancé quand elle court vers celle que Henry James appelait la bienheureuse péninsule.

L'Italie est la générosité même, et un émerveillement qui jamais ne semble pouvoir s'épuiser.

Commencé à Toulouse, ma ville aimée, et ses airs de belle Italienne avec ses palais Renaissance, ses terrasses sur les toits, ses cours intérieures avec balcons en encorbellement, son bel canto, ses briques qui rosissent au soleil de ses ciels d'azur, Bella Italia est aussi un voyage intérieur vers une réconciliation avec soi-même, vers un apaisement loin de l'agitation vaine. Un répit.

❝Tout au long, des bancs, subtilement disposés pour que le promeneur jouisse, à travers les branches, d'entrevisions sur la mer. Ils sont redoutables pour le marcheur qui s'y attarde un peu trop, pris par ses pensées, absorbé par le plaisir d'être simplement là, posé, sans autre projet que de respirer et d'habiter pleinement les secondes qui passent.❞

Il ne se trouvera personne, je crois, pour contredire Eugenio Montale, enfant du pays, poète et prix Nobel de littérature 1975 : ❝Ici, les passions du plaisir apaisent miraculeusement les conflits.❞

Je remercie Babelio et les Éditions Tallandier pour cet envoi et leur confiance.

Lien : https://www.calliope-petrich..
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Je remercie vivement les équipes Babelio et les éditions Tallandier pour l'envoi de cet ouvrage. Malheureusement, ma critique ne sera pas à la hauteur du travail de Christiane Rancé, car je n'ai pas ressenti de grandes bouffées stendhaliennes en parcourant ces lignes consacrées à l'Italie que je connais bien et que j'aime. L'image de couverture est particulièrement bien choisie ; elle réunit en effet les caractéristiques du paysage méditerranéen : montagne, mer, jardin luxuriant, architecture ancienne et sculpture.
Je me suis déjà ennuyée avant d'arriver au chapitre « Gênes » page 27, en ce sens que tout ce qui me dérange est réuni : langage châtié et pompeux, multiples citations littéraires toutes époques confondues noyant la promesse d'un itinéraire amoureux pourtant annoncé en sous-titre. Hormis l'usage de la première personne du singulier, le récit n'apparaît pas suffisamment intimiste. Il s'agit d'un guide culturel et élitiste de l'Italie qui offre un regard littéraire et historique par ville.
Même si le choix des villes présentées reste commun – Venise, Florence, Rome etc – on a plaisir à retrouver ou découvrir des régions moins sollicitées comme l'Ombrie ou des villes qui méritent le détour comme Noto (Sicile). Les focus culturels sont également intéressants, car ils condensent des anecdotes sur des personnes connues (Christophe Colomb, Maria Callas) ou bien sur des périodes historiques marquantes (Salò, le Palio). Enfin, bien que l'écriture me tienne à distance par son empreinte trop érudite, je partage les impressions tantôt négatives de l'auteure sur la cathédrale de Milan tantôt positives sur Vérone.
Pour conclure, je dirais que je préfère feuilleter des beaux-livres présentant des paysages italiens ou lire des romans mais je n'ai pas apprécié le concept guide littéraire sans visuels.
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C'est en Italie que j'ai lu Bella Italia, et cette lecture m'a joliment accompagné durant mon voyage. N'ayant pu écrire le Dictionnaire Amoureux de l'Italie, Christiane Rancé a composé un ouvrage qui se rapproche de cette collection, en y mettant moins d'entrée, et en se contentant d'un plan purement géographique.
Le livre fourmille d'anecdotes et déborde d'amour pour son sujet. Sans doute faut il pour l'apprécier une certaine expérience du pays. Je ne doute pas qu'il puisse rejoindre tous les amoureux de ce pays...
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Je viens de lire les deux précédentes critiques et je me trouve au milieu, entre d'accord avec l'un sur certains points, d'accord avec l'autre sur d'autres. Oui, c'est un joli voyage qui permet de découvrir une Italie inconnue, de re-découvrir une Italie mille fois photographiée, peinte, décrite, etc.
Là où le bât blesse, c'est effectivement dans une écriture que j'ai vite trouvée lassante. Peut-être un discours ampoulé qui ne me touche pas ou une érudition agaçante alors que j'ai juste envie de fermer les yeux et de voyager vers ce beau pays ?
Je remercie Masse critique et les éditions Tallandier pour l'envoi de cet ouvrage.
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critiques presse (2)
LeFigaro
26 juin 2023
Un guide amoureux et érudit qui sort des sentiers battus et des lieux touristiques.
Lire la critique sur le site : LeFigaro
LaLibreBelgique
03 mars 2023
Aujourd'hui, Christiane Rancé nous offre le récit délicieusement vivant et merveilleusement savant de ses séjours en Italie. Elle y évoque des rencontres, comme celle du père Puglisi, prêtre engagé contre Cosa Nostra, que la Mafia assassina quelques mois plus tard à Palerme.
Lire la critique sur le site : LaLibreBelgique
Citations et extraits (14) Voir plus Ajouter une citation
« Au pays qui te ressemble », chante Baudelaire. Et moi, à quel pays aimerais-je ressembler ? Nul besoin de réfléchir longtemps, ni même d’hésiter : l’Italie ! C’est sa beauté que j’envie, ses paysages que j’aimerais avoir pour portrait à défaut de miroir. À chacun des voyages qui me mènent vers elle, je la rêve contagieuse. Je la contemple, je l’aspire, je lui demande de pénétrer mon âme pour en capter la douceur, et cette fierté guerrière qui lui a donné ses plus beaux villages, ses tours de guet, ses saints et ses rebelles, le piquant de ses flèches et de ses campaniles, ses artistes et ses lumières. Si seulement elle laissait son empreinte sur tout mon être ! L’Italie est le seul pays où je n’ai jamais le sentiment d’aller, mais toujours d’arriver, avec le songe d’y vivre un jour et d’y finir ma vie, quand bien même je ne fais rien pour qu’il s’accomplisse. Longtemps, je me suis interrogée sur cette impression d’allégresse qui me submerge à l’idée d’y partir, et sur ce dolce tormento que chante Monteverdi et qui me pince le cœur lorsque je suis restée trop loin de ses rivages. Pourquoi cette joie, bien plus grande qu’à la perspective d’une autre destination ? Pourquoi, d’elle, ce qui est bien plus qu’un désir – un besoin ? C’est en revenant à Rome, après la pandémie, que j’ai compris quel charme elle opérait sur mon âme, sur nous tous. À peine la ville en approche, je me suis sentie consolée sans même avoir de chagrin. Tout m’est apparu léger, joyeux, festif. Timbré de clarté. Je respirais. Je venais de retrouver, en un instant, un goût que je pensais perdu – celui du bonheur de vivre. Il est donc là le secret de l’Italie – être le pays où l’on peut encore goûter à cette joie, et le seul pays à nous y faire croire. Là, même aux moments terribles, lorsqu’il y croit moins lui-même. Il nous fallait donc si peu, et tant à la fois : son luxe offert à foison : sa lumière, ses côtes, sa beauté, ses parfums, sa douceur, et ce je-ne-sais-quoi qui n’appartient qu’à elle, qu’à son peuple – sa foi contagieuse en l’éternité.

(INCIPIT)
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L’Italie offre le seul voyage qui vaille, celui qui bouleverse l’âme et dessille les paupières. On en revient augmenté. Tant de formes artistiques devenues existence spirituelle ! Tant d’œuvres nées de l’homme, pour l’homme. Tant d’expressions de la plénitude ! La beauté est le principe fondateur de l’Italie. Plus que la guerre, c’est par elle que les cités ont démontré leur force et la prééminence des unes sur les autres, jusqu’au raffinement de leurs architectures militaires. D’une ville à un village, d’une rive à une plage l’œil s’exerce à comprendre pourquoi tel peintre et non tel autre nous touche, pourquoi telle relation entre un style et la géographie qui l’entoure, pourquoi telle couleur, apposée contre telle nuance nous émeut. Pourquoi tout cela est si beau. On apprend à regarder. On voyage alors en soi. On élabore une Italie céleste, personnelle, idéalisée par le supplément d’efficience sur notre âme qu’elle engendre au fur et à mesure de nos séjours sur ses terres, et qui se superpose à l’originale. Tout comme ces nuages qui, flottant doucement dans l’azur, épousent la forme des paysages que leur ombre caresse et dont ils sont nés.
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Fellini a filmé, jusqu’à la parodie, ce qui nous étouffe aujourd’hui – la dissipation de la beauté dans les fumées industrielles, la guerre des femmes contre les hommes, la brutalité des hommes envers les femmes, les excès de la presse à sensation et des paparazzis, la corruption, la télévision commerciale et jusqu’à la décadence des mœurs du Vatican. Il les a projetés sur notre temps avec une lucidité torturée, extravagante et mélancolique ; elle n’a pourtant jamais altéré sa bienveillance pour les petites gens, son amour pour les déclassés ni sa tendresse pour les parias : tout ce cœur fellinien qui déborde dans ses films, et épargne ainsi à son œuvre le désespoir qui la guettait. Comment s’en étonner ? Federico Fellini a toujours laissé ouvert le ciel de Rome.
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Deux ou trois autres choses me viennent à l’esprit lorsque je tente d’expliquer le pouvoir de l’Italie sur tout mon être : ce sentiment que nous avons tous d’y être à notre place, jamais étranger, enfin ajusté au lieu qui nous reçoit – chez soi. En amour. Cette sensation que dans ses paysages, ses ciels, ses mers, quelque chose de soi est toujours présent. Des colonnes et des temples d’autres siècles, « où le pampre à la rose s’allie » nous offrent un appui, l’instant d’un repos. Des cœurs d’autres temps nous accueillent. Peintres, poètes, musiciens. Plus qu’ailleurs, ils nous chuchotent, eux qui n’y sont plus : « C’est votre tour de vivre. »
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Orta, Majeur, Côme, Iseo ou Garde : on peut discuter des heures pour savoir quel est le plus beau de ces lacs ; on ne se mettra jamais d’accord. À Orta, c’est Orta bien sûr et à Garde, on ne jure que par lui. Ce qui sépare, ce sont leurs caractères – Orta l’intime, Majeur le magnifique, Côme l’aristocrate, Iseo le sauvage, Garde le si bleu. Ce qui unit, c’est cet effet commun qu’ils exercent sur l’âme : ils attirent l’amour par sortilège, et le retiennent dans une passion exclusive. C’est qu’ils sont autant de miroirs qui renvoient nos désirs de volupté et les comblent, autant d’univers clos qui tiennent loin de l’esprit les horreurs du monde.
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Vidéo de Christiane Rancé
https://www.laprocure.com/product/1220790/rance-christiane-bella-italia-un-itineraire-amoureux
Bella Italia : un itinéraire amoureux Christiane Rancé Éditions Tallandier
« J'ai eu la chance d'avoir des parents voyageurs qui m'ont fait connaître ce pays. J'ai eu la chance ensuite d'avoir un métier — puisque j'étais journaliste — où je suis beaucoup partie, j'ai passé à peu près deux mois en Italie par an pendant vingt ans, dans toutes les villes, un petit peu sur tous les sujets. Eh puis, il y a eu la pandémie, il y a eu deux ans de confinement, de fermetures. À la sortie du confinement, j'ai été prise de l'irrépressible besoin de partir pour l'Italie. Mais ça a été un désir absolument incroyable... » Christiane Rancé, pour la librairie La Procure Lectures, par Marguerite Rancé
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