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Critiques de Christine de Pisan (18)
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Livre des faits et bonnes moeurs du sage ro..

Christine de Pizan (on disait autrefois de Pisan) n'a pas écrit à proprement parler une biographie de Charles V (1338-1380), au sens où nous l'entendons aujourd'hui.



C'est un "miroir du prince" idéal et idéalisé qu'elle rédige, une sorte de manuel d'instruction qui pourrait servir pour l'instruction de son successeur, Charles VI, celui qui laissera dans l'Histoire le surnom de "Fou", alors que Charles V reste pour nous le "Sage".



Mais cette Sagesse est à prendre au sens de Sapience ordonnée à une action, qui est celle d'un homme de pouvoir plus que celle d'un roi-chevalier, comme l'ont été son grand-père, Philippe VI de Valois et son père Jean II le Bon.



Christine de Pizan, fille de l'un des "astrologues" de Charles V, écrit cela en mémoire d'un roi dont l'action fit l'admiration de ses contemporains, parce qu'il sut reconstruire son royaume et réparer les erreurs de ses prédécesseurs - provisoirement - sans trop exposer les hommes de guerre français à des désastres qui s'étaient multipliés avant son règne. Rappelons que Charles V fut roi de France de1364 à 1380, et que, s'il ne refusa pas d'affronter l'envahisseur anglais, il le fit souvent de telle manière qu'il eût des chances de l'emporter. Ce ne fut toutefois qu'une action incomplète, mais cela on ne put le mesurer sous son règne.



Il y a dans cet écrit, qui pointe aussi les défauts de jeunesse de ce prince, des principes d'éducation qui tendent à souligner les moyens employés pour corriger cela, et ces moyens seraient pour beaucoup à chercher dans l'exercice et la mise en pratique des vertus ainsi que dans l'utilisation du "savoir" à des fins de pouvoir - mais de juste pouvoir, du moins cherchait-on à y tendre et s'efforçait-on de se conformer, tant que faire se pouvait, à ce juste modèle.



On complètera la lecture du Livre des faits et bonnes mœurs du sage roi Charles V de Christine de Pizan par celle du Songe du Vergier et du Songe du Vieil Pèlerin, qui, écrits par d'autres auteurs, font comme une arche entre les règnes de Charles V et de Charles VI, tout en déplorant qu'ils n'aient pas servi à donner une heureuse suite au règne du Sage roi.



François Sarindar, auteur de : Jeanne d'Arc, une mission inachevée (2015)
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Oeuvres poétiques, tome 1

Traduction en français moderne de cette autre

ballade VIII, par Jeanine Moulin,

éditions Seghers, 1962





Dieu! on se plaint trop durement

Des maris. Trop ouïs médire

D'eux, et qu'ils sont communément

Jaloux, rechigneux et pleins d'ire.

Mais moi, je ne puis pas le dire

Car j'ai mari tout à mon voeu,

Bel et bon. Sans me contredire,

Il veut bien tout ce que je veux.



Ne désire qu'amusement ;

Me tance lorsque je soupire.

Beaucoup lui plaît – s'il ne me ment –

Que j'aie ami pour me déduire

Quand autre que lui pense élire ;

De ce que je fais est heureux.

Tout lui va et sans se dédire,

Il veut bien tout ce que je veux.



Je peux donc vivre gaiement

Car tel époux doit me suffire

Qui à tout mon comportement

Ne trouve jamais à redire.

Et quand vers mon ami m'attire,

Et que lui montre accueil joyeux,

Mon mari s'en rit, le doux sire,

Il veut bien tout ce que je veux.



Dieu me le sauve, s'il n'empire,

Comme lui, on n'en voit pas deux :

Que veuille chanter, danser, rire,

Il veut bien tout ce que je veux.

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La cité des Dames

Christine de Pisan, femme de lettres franco-vénitienne de la fin du XIV°s pose les pierres de ce qui sera la fondation de sa cité littéraire et allégorique, La Cité des Dames. Christine est devant son écritoire, elle semble perdue. Apparaissent alors trois dames, Raison, Droiture et Justice qui la persuadent d'écrire et de créer une Cité par le biais de sa morale et de sa conscience féminine. Commence alors toute une série d'énumérations de personnages féminins, fictifs et réels, leurs défauts, leurs qualités, leurs actions et leur importance au sein de cette Cité qu'imaginera Christine. L'auteur met en avant la condition féminine et crée les signes avant-coureurs de ce que l'on appellera plus tard le féminisme, bien que le mot n'existe pas encore à la période médiévale!
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La cité des Dames

Le XVe siècle marque une nouvelle connaissance du monde, entre Moyen Age et Renaissance.

Mais la condition féminine a encore devant elle de nombreux combats à mener.

Christine de Pizan avec intelligence, à la hauteur de son siècle, reçoit les enseignements des dames Raison, Justice et Droiture afin que ces trois entités féminines puissent lui délivrer les plans de la Cité des Dames qu’elle devra ériger et protéger.

Un récit étonnant, et très pertinent qu’il convient bien entendu de replacer dans le contexte historique de son temps, mais à travers lequel on perçoit très distinctement le courage, la pertinence, la détermination de son auteure.

Intemporelle.

Lecture qui m’incite à découvrir les écrits de Boccace. Que l’auteure en soit ici remerciée.



Astrid Shriqui Garain
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Le Livre du Duc des vrais amants

Christine de Pizan (1364-1430) fascine aujourd'hui par sa personnalité extraordinaire : proche du pouvoir, féministe avant l'heure - il n'y a qu'à lire La Cité des dames, où elle imagine un monde sans hommes ! - et véritable célébrité de son époque, qui a assumé son statut d'autrice et est même devenue sa propre éditrice.



Le Livre du duc des vrais amants est un roman peu connu, dans lequel on retrouve pourtant tous les talents de Christine de Pizan.



Rappelant ce qu'a fait Jane Austen dans Northanger Abbey quatre siècles plus tard, Christine de Pizan reprend tous les codes des romans en vogue à son époque de manière ironique, pour se moquer de tous ces récits de preux chevaliers malades d'amour pour des belles dames inaccessibles. Elle conçoit cependant une fin très différente et surprenante, avec l'irruption d'un personnage qui semble être la voix de l'autrice elle-même.



L'originalité de ce livre réside aussi dans les nombreux poèmes et les lettres qui parsèment le récit, ainsi que sur le petit recueil de poèmes que Christine de Pizan a placé à la fin de son récit... dans le but de prouver son talent poétique ! Il n'y a pas à dire, plus de 600 ans plus tard, la démarche d'affirmation de soi de cette femme hors du commun est toujours d'actualité !
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La cité des Dames

Si Christine de Pizan (1364-1430) est peut-être considérée comme l'un des premiers auteurs de la littérature française, ayant importé de son Italie d'origine « l'umanesimo » de Pétrarque et de Boccace, elle est assurément l'une des grandes voix du féminisme du XVe siècle. Sa Cité des Dames est une double allégorie : trois valeurs incarnées en personnages féminins – dame Raison, dame Droiture et dame Justice – dialoguent avec la narratrice pour dénoncer la misogynie de l'époque tout en la guidant dans l'édification d'une Cité (respectivement de ses remparts, de ses bâtiments, de ses toitures) où seront réunies une série de femmes illustres et vertueuses des tous les temps, dont les récits biographiques constituent la matière du livre. Bien que la perspective féministe de l'autrice soit plutôt éloignée de la nôtre, puisqu'elle reflète résolument la doctrine de l'Église (pré-Réforme), qu'elle n'aspire aucunement à l'égalité des genres ni ne conteste la misogynie d'Aristote et des Pères de l'Église, se limitant en somme à un niveau de misogynie « infra-philosophique », on est stupéfait de retrouver presque à l'identique un grand nombre de préjugés sexistes qui restent d'actualité aujourd'hui : l'infériorité intellectuelle et morale des femmes, l'inopportunité des les autoriser à l'étude et à l'exercice des professions « masculines », leurs fautes et responsabilités dans les défauts de l'institution matrimoniale et dans le couple en général, la coquetterie, l'inconstance et la luxure jusqu'à leur plaisir inavoué à être violées, leur avarice ou prodigalité... Les arguments de réfutation de ces préjugés, ce sont les trois divines interlocutrices de Christine qui les lui apportent, en invoquant l'exemple de plus d'une centaines de personnages féminins. En bref, cet ouvrage inaugure le genre, encore en usage de nos jours, des œuvres féministes qui consistent dans des dictionnaires biographiques de femmes remarquables.

Mais ce qui est très dissonant par rapport à notre manière d'argumenter d'aujourd'hui, c'est qu'aucune distinction de forme ni de fond n'est envisagée entre les personnages historiques réels, y compris les contemporaines de l'autrice dont elle a choisi ici uniquement les membres de la haute aristocratie (ce qui ne semble pas être le cas dans d'autres ouvrages féministes siens), les femmes illustres de l'Histoire grecque et romaine, d'une part, et les personnages de fiction, de l'épos homérique, des tragédies grecques, de la poésie antique, de la prose contemporaine – surtout de Boccace qui est si souvent convoqué, d'autre part, et encore les personnages bibliques, évangéliques, et l'hagiographie des saintes, avec tout ce que cette dernière comporte de prodiges, miracles et autres narrations fantastiques ou symboliques. Ainsi, l'invention de l'agriculture par Cérès, celle du jardinage par Isis, celle des chiffres par Minerve sont mises sur le même plan que l’œuvre poétique avérée de Sappho, avec pour seule « précaution méthodologique » de préciser que celles que « l'erreur païenne » considérait comme des déesses avaient été en réalité d'anciennes reines ou princesses bien humaines ayant vécu en Grèce ou en Italie ou en Égypte naguère... Boccace lui-même, dans son contrat de réalisme avec le lectorat, était plus moderne que Christine de Pizan, dans la mesure où il ne laissait planer aucun doute sur la nature fictionnelle de ses personnages et de leurs histoires et en faisait allégrement usage au second degré, notamment dans le but de l'humour. Moins grave mais aussi dissonant, tous ces personnages féminins de tous les temps et de plusieurs contextes culturels sont réduits et « formatés » dans le même moule de la morale chrétienne rigoriste de l'autrice, estimés à l'aune de leur vertu, de leur honneur, de leur « modestie » presque un synonyme de chasteté, de leur piété, en somme des valeurs spécifiques de son époque (et sans doute de sa classe sociale). Cela provoque des anachronismes qui nous rendent presque méconnaissables certains personnages, par ex. Médée, dont notre vision est peut-être aussi le fruit d'un autre anachronisme, mais qui a au moins le mérite de nous les rendre plus compréhensibles, car plus proches de nous. Par contre, je ne cesse de m'étonner de la familiarité, presque de l'intimité que les auteurs et autrices de ces siècles pré-modernes entretenaient et cultivaient avec l'ensemble du corpus écrit dont ils disposaient (littéraire, religieux, philosophique) depuis l'Antiquité jusqu'à leurs jours sans solution de continuité ni sentiment d'étrangeté, comme si aujourd'hui quelqu'un pouvait être aussi intime à la fois de Marie Madeleine, de Judith et de Pénélope (la femme d'Ulysse, tout comme celle de Fillon...) que d'Emma Bovary, de Hillary Clinton et de Beyoncé !
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Cent ballades d'amant et de dame

Je découvre Christine de Pizan (1364-1430), poétesse d’origine italienne établie en France. Lettrée et érudite, elle a laissé une œuvre importante. Méconnue ou presque oubliée pendant plusieurs siècles, elle n’a trouvé la consécration qu’au XXème siècle. Ses "Cent ballades d'amant et de dame" constituent un de ses recueils les plus marquants. L’auteure prétend qu’elle a écrit ces poèmes sur l’ordre d’une personne de haute naissance (qui n’est pas nommée), pour réparer une faute qu’elle aurait commise dans un livre précédent. On a du mal à le croire. On peut imaginer qu’elle a plutôt agi de son propre chef, pour illustrer les principes de l’amour courtois qui étaient encore en vogue à cette époque. Un poème sur deux donne la parole à l’amant, l’autre à sa dame. La forme de leur expression et leur lyrisme sont assez "sages". Leurs sentiments sont exprimés avec mesure et douceur, même si cette histoire d’amour (réelle ?) finit assez mal. Je ne trouve pas beaucoup de chaleur dans tous ces vers: je n’en suis pas étonné, mais ça ne me satisfait pas vraiment. Je note que ce livre est "bilingue", la version moderne étant donnée en parallèle avec le texte original.
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Cent ballades d'amant et de dame

Le défi pourrait sembler impossible à relever, écrire de façon contrainte sur un sujet qui n'intéresse pas la poétesse. En effet, ayant dans un ouvrage précédent recommandé aux femmes de fuir l'amour, Christine de Pisan a reçu un gage, elle doit écrire cent poèmes d'amour.

Elle relève le défi, brillamment, détournant les codes, livrant sa voix singulière. C'est l'histoire d'un amour, l'histoire scénarisée, avec un début - la déclaration de l'Amant, des péripéties - des médisants, des jaloux, et une fin - la mort de désespoir de la Dame. Le temps passe, avec des mentions sur la nouvelle année, la saint-Valentin... Il y a aussi quelques évocations d'un contexte, comme une guerre à laquelle l'Amant participe.

Mais ces signes d'identification possibles sont très limités, c'est une écriture universelle. Ainsi, les personnages n'ont pas de nom. De même, ils n'ont pas vraiment de corps, dans la mesure où, contrairement aux Amours de Ronsard par exemple, il n'y a pas de description physique de la Dame, pas de poème s'apparentant au blason : ainsi, de façon générique, on sait qu'elle est belle, blonde et claire. Mais l'Amant ne célèbre pas sa chevelure ou sa poitrine... D'ailleurs, il peut sembler que cet amour est désincarné au sens propre, car il n'y a pas de mention d'amour physique, ni de désir.

Oui, c'est de l'amour courtois - avec des gages, des blasons, des couleurs, des épreuves à relever. La Dame souhaite un Amant qui combatte, se couvre de gloire. Le Mari jaloux est cependant rapidement évoqué sans être un véritable obstacle.

Ce sont des poèmes lyriques, le centre des poèmes est une analyse psychologique fine du cœur, des sentiments. Cet effet est renforcé par la forme, les balades étant des poèmes avec un vers qui revient à la fin de chaque strophe, ce qui donne un effet de chanson. Mais, ce que je retiens surtout, c'est la voix singulière de l'autrice, la voix de Christine de Pisan, qui ouvre et ferme le recueil. Là où les balades peuvent sembler convenues, là, elle s'exprime vraiment, sur l'amour et sur la mort.
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La cité des Dames

Fatiguée et abattue par dénigrement constants des hommes envers les femmes, Christine de Pizan décide de bâtir une Cité, allégorique bien sûr, uniquement dédiée aux femmes et construite par les femmes. Pour ce faire elle sera aidée de trois "muses" : la Droiture, la Justice et la Raison. Celles-ci vont l'aider, l'éclairer et répondre à tous les doutes qui la hante à propos de la condition féminine de son temps et de la méchanceté des hommes. Ça c'est le début du livre et c'est la partie qui m'a le plus plu. C'est une partie réfléchie, argumenté, générale, où les trois muses vont démonter un à un les pseudo arguments de ses contemporains hommes et rassurer Christine sur le bien fondé de sa colère.

Mais ensuite Christine de Pizan, afin de bâtir la structure de la Cité, utilise toutes les femmes les plus illustres des temps passés (réelles ou mythologique) et nous fait une description de chacune chapitre par chapitre. Malheureusement j'ai trouvé le résultat trop succinct et trop enchainé...on aborde beaucoup trop de personnages, beaucoup trop de références, beaucoup trop de périodes, ça m'a perdue. Donc j'ai parcouru ces nombreux chapitres en diagonale malheureusement...

J'ai préféré les parties plus générales et allégoriques que j'ai trouvé très fortes et très instructives.



Néanmoins, le travail de Christine de Pizan pour cette oeuvre a été, ça se voit, conséquent et le résultat est un incroyable plaidoyer pour les femmes et où, au travers de cette belle idée de Cité allégorique, elle donne aux femmes de son temps (et futures), une solide base pour être fortes, indépendantes et moralement armés. Alors oui on est au XVe siècle et les valeurs exaltés sont la vertu, la bonté, la discrétion... mais il serait très mal aisé de juger les valeurs d'un temps passé à l'aune des nôtres.



Bref c'est une oeuvre d'une grande modernité et d'une grande sagesse qui gagnerait à être bien plus connue.

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La cité des Dames

Très belle découverte que cet immense classique de la littérature du Moyen-Âge !

Je m'attendais à un style pompeux presque inaccessible ou à des sujets à des années lumière de nos problèmatiques contemporaines mais il n'en est rien (et cela est d'autant plus préoccupant). La forme est moderne, tous les exemples de femmes célèbres citées sont dignes d'admiration et donnent envie de se pencher davantage sur leur destin. .

Les trois dames participent à l'édification de la cité des dames, cité métaphorique, imaginaire, littéraire, bâtie à partir de l'identité de femmes exemplaires. Cet édifice représentant un moyen de défendre les intérêts féminins pour plus d'équité entre les sexes et de démollir l'idée d'une femme inférieure ou mauvaise.

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Bien sûr, la religion est omniprésente et cela crée des attentes vis à vis des différents sexes qui peuvent nous paraître dérangeantes aujourd'hui.

Malgré tout, si l'on prend suffisamment de recul, on ne peut qu'être admiratif du courage et de l'intelligence de l'auteure.

Un classique féministe à lire absolument.
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La cité des Dames

C’est un ouvrage que j’ai vraiment beaucoup aimé, simplement brillant. J’avais lu de très nombreux extraits et je me suis enfin plongée dans l’œuvre complète que je recommande fortement !



Je trouve cet ouvrage très inspirant : des femmes aux divers destins sont regroupées dans cet ouvrage paru en 1405 . C’est aussi un recueil de personnalités féminines intéressant et vraiment très pertinent. À côté de ces exemples, il y a le discours de Christine avec trois dames qui vont l’aider à fonder la Cité des Dames : la Justice, la Raison et la Droiture. Avec beaucoup de pertinence, femme éclairée, l’autrice s’interroge autour des grandes critiques masculines faites aux femmes sur divers aspects, y compris l’accès au savoir, la fidélité dans le mariage…



C’est un argumentaire très bien ficelé, très bien mené, mais aussi très accessible ! C’est un ouvrage féministe, qui démontre avec bien des exemples les divers arguments masculins qui sont faits aux femmes et parfois pour certains, intemporels. Évidemment, certains autres restent à expliquer avec le contexte historique, politique et religieux de l’époque, mais l’essence est là.



Pour moi, cela reste un ouvrage de référence, qui mérite une véritable étude et qui trouve un écho aujourd’hui ce qui montre à la fois tout le génie de cette autrice, mais aussi le combat que doivent continuer les femmes pour plus d’égalité.



À découvrir pour cette plume accessible et découvrir le travail de Christine de Pizan, mais aussi des personnalités historiques qu’elle propose !
Lien : https://www.mamzellepotter.fr
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Oeuvres poétiques, tome 1

C’est un vase réalisé par Émile Galle inspiré de son poème Seulette suis qui me la fit découvrir.

Douce dans ses chagrins (les amours comblés ont toujours eu la cote) Dame de Trèfle au cœur d’or, elle sait consoler et émerveiller. Ciao Cristina da Pizanno.
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La cité des Dames

La Cité des Dames est sans doute le livre le plus connu de Christine de Pizan pour son étonnante prise de position sur les femmes. Bien qu'il soit exagéré d'en faire une féministe avant l'heure - après tout elle ne remet pas en cause la condition de la femme qui doit être humble, fidèle, servir son mari... -, elle est quand même de ses voix féminines qui cherchent à donner une existence légitime à la femme comme un être égal de l'homme.



Par un jeu de questions/réponses avec Raison, Droiture et Justice, l'auteure va aborder cette position à travers des exemples de saintes, de femmes appartenant à la haute société, de commerçantes, de veuves, de figures mythologiques ou encore antiques, cherchant ainsi à montrer aux esprits de son temps que la femme peut faire autant que les hommes, et se montrer aussi responsable, bonne, intelligente, droite, vertueuse, honnête que ces derniers. Sans jamais néanmoins chercher à écraser l'homme, puisqu'elle en reconnaît également les mérites. Même si les défauts des hommes, elle ne manque pas de les exposer.



Bien sûr, aujourd'hui certaines figures avancées ou histoires racontées dans ces pages, peuvent prêter à sourire. Après tout la science historique a évolué et les versions également. Mais même si l'on peut critiquer certaines choses avancées, il n'en demeure pas moins que le fond reste vrai. La femme et l'homme sont complémentaires et ont les mêmes qualités et défauts. Idée, ô combien innovante pour l'époque ! (Qui pourrait être encore innovante aujourd'hui, tant pour les islamistes, les machos que pour beaucoup de féministes enragées.)



Bref, j'ai apprécié ce livre pour le fond et les exemples désuets qui sont présents. Et même, je le redis, si Christine de Pizan ne cherche pas à bousculer l'ordre établi, à pousser les femmes à prendre leur envol, leur indépendance, à devenir libre, d'où le décalage avec notre époque (mais on ne lit pas un vieux livre avec nos idéologies actuelles), l'idée de fond de l'égalité des sexes et de leur complémentarité est à voir telle qu'elle est, impressionnante pour l'époque (et pour aujourd'hui).

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Cent ballades d'amant et de dame

Très belles ballades d'une autrice méconnue qui valent le détour. L'écriture y est brillante, belle et efficace. Rapide et fluide, un vrai plaisir à lire. Christine de Pizan donne subtilement sa vision de l'amour courtois. Elle respecte les codes de la Fin'Amor pour mieux s'en affranchir.
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Cent ballades d'amant et de dame

Chef d'oeuvre de beauté, que je trouve féministe par l'angle pris, le regard féminin très prégnant.

La femme donne souvent l'impression de se défendre par rapport aux conventions.

Le jeu est très riche et l'édition de très bonne qualité.

J'y trouve quelque chose de pionnier dans la forme comme dans le fonds, de très moderne avant l'heure, d'intelligent et de très riche.

De plus ça n'est jamais mièvre car la dame dit au départ que l'amour ne l'intéresse pas, comme si elle voulait se protéger d'une déception ou de ses ravages.



La progression et le dialogue entre les deux personnages est très bien pensé.
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Le chemin de longue étude

La collection « Lettres gothiques » offre, une fois de plus, un magnifique ouvrage et un splendide témoignage d’une période médiévale (fin du Moyen-Age) avec cette auteure méconnue qu’est Christine de Pizan. Cette collection présente le texte dans son intégralité, dans une nouvelle édition et traduction. En effet, il ne s’agit pas d’un roman, le terme n’existe pas à cette époque, l’on parle plutôt de poème en vers : 6398 au total. Celui-ci est en ancien français traduit en langue française. C’est intéressant de découvrir le langage qui construisit le nôtre et la vie à cette époque. La collection donne, également, des clés de lecture pour une meilleure compréhension du texte et de la période historique grâce à une introduction et une préface richement documentées permettant de découvrir l’auteure de ces vers, les circonstances de sa production, la mentalité du 15e siècle au plan historique (politique et vie quotidienne). Enfin, les notes et références en bas de page enrichissent notre culture au plan historique, culturelle et littéraire. Les sources sont beaucoup empruntées à l’antiquité.



Que racontent t’ils ces vers ? Ils ont été écrit en 1402-1403. Christine de Pizan est la première femme de son temps à écrire et à vivre de son écriture. Veuve très jeune et mère de trois enfants, il lui faut gagner son pain. Erudite grâce à son père italien, homme de sciences et astrologue de Charles V, ayant accès à la cour du roi de France et à sa bibliothèque personnelle, Christine de Pizan donne de sa voix à ce siècle en fin de vie et à celui arrivant. En 1402, la France est engluée dans la guerre de cent ans depuis 1337, Jeanne d’Arc n’est pas encore là, Charles V a cédé sa place à son fils Charles VI qui sombre dans la folie, justifiant des guerres intestines pour accéder aux commandes du royaume, ses oncles ayant de grands appétits de pouvoir, menaçant une guerre civile. A l’extérieur, la dernière croisade de 1396 contre l’empire ottoman est un fiasco (bataille de Nicopolis), le sultan Bajazet est défait à Ankara par Tamerlan, et l’Eglise subit le schisme en 1378. C’est dans ce contexte troublé que Christine écrit.



S’appuyant sur son Savoir (Consolation de Boèce, Dante, Homère, Plutarque, Boccace ou encore Ovide et Virgile…), elle entreprend le chemin de longue étude, un long poème en vers, épique qui lui fait découvrir de monde à travers ses voyages en Europe, Orient et Asie. Un moment de découverte et de conquêtes à l’instars des grands conquistadors du siècle suivant ou précédents : Colomb, Magellan, Gama ou Cartier, Polo ou Ibn Battûta. Le lecteur s’émerveille par son style et ses descriptions. Le voyage est initiatique. Aidée et guidée par Sybille, la sage (une femme : mère et enseignante à la fois) comme nous le sommes par Christine de Pizan, nous sommes là pour voir et apprendre. Christine est en quête de savoir, d’apprentissage, de compréhension de son monde. Elle a soif de connaissances. L’étude est un chemin, une quête, une entreprise qu’il faut avoir et assouvir durant sa vie. C’est le message que délivre l’auteure, celui de toujours apprendre, comprendre, s’enrichir, évoluer, grandir. Elle se bat pour la condition féminine, en particulier, l’éducation des jeunes filles et femmes de son temps considérant que celle-ci à un rôle à jouer, pas seulement celle de donner la vie. Elle vouera une grande admiration à la fin de sa vie pour Jeanne d’Arc. Elle reste très moderne en cela et l’on pourrait la considérer comme étant la première féministe de l’Histoire. Ce penchant est accentué dans la seconde partie de son poème par le long débat qui oppose les principales vertus ou vices de l’Humanité. Elle pose, aussi, les conditions et les valeurs que doivent posséder un Prince pour gouverner un pays comme le monde. En cela, elle donne sa voix à la situation politique de son pays, la folie du roi Charles VI. L’époque est sombre et déclinante : fastes et fêtes de la cour de France, triomphe du mensonge, de la tricherie et de la manipulation, guerres et lâcheté, perversion…



A travers son ouvrage, elle cherche l’intégrité, le renouveau, la force, la grandeur pour ses contemporains comme pour son pays, elle, qui connut le grand siècle de Charles V et pose, ici, un regard féminin, lucide, intelligent, analytique, froid et maternelle sur son époque troublée.



Très belle lecture de ce livre. Une femme, un écrivain intéressant et impressionnant, d’une grandeur d’âme sans pareille.

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La cité des Dames

Christine est lassée du comportement qu’ont les hommes envers les femmes et ne supporte plus les mensonges qu’ils racontent sur ces dernières. Avec l’aide de trois envoyées de Dieu (Raison, Droiture et Justice), elle va construire une cité afin que les femmes puissent y vivre en paix sans subir la misogynie omniprésente. Au fil de leurs discussions, Christine aborde certaines rumeurs colportées par les hommes et les envoyées de Dieu les réfutent en lui racontant la vie de femmes illustres.



J’ai adoré ce livre ! Je l’ai trouvé très moderne et certains passages étaient absolument géniaux. J’ai découvert de nombreuses femmes que je ne connaissais pas auparavant et j’ai notamment beaucoup aimé le passage sur les Amazones, un peuple de guerrières ayant vécu durant l’Antiquité. Bref, je vous recommande vivement de découvrir Christine de Pizan, une autrice qui a malheureusement été un peu oubliée !
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Cent ballades d'amant et de dame

La juxta permet de savourer les nuances du texte. le texte "original" permet de mesurer l'évolution du français: tel mot a clairement des origines latines, tel autre a disparu du français moderne mais se rencontre encore en anglais ... La langue parlée par Guillaume le Conquérant faisait partie des langues d'oil, tout comme la langue utilisée par Christine de Pizan ainsi que le français dont nous avons hérité.



Une chose qui n'a pas changé après tant de siècle est la propension de certains à considérer que l'honneur d'une dame dépend de l'absence de paroles médisantes à son égard plutôt que de sa capacité à assumer ses choix "la tête haute".

La traduction en français moderne est utile pour ces mots qui ont disparu de la langue moderne. On peut alors lire le livre sans avoir en permanence une collection de dictionnaires à portée de main.



Un grief cependant: certains mots traduits vers un équivalent moderne existent encore dans la langue d'aujourd'hui. Leur usage n'est pas forcément extrêmement répendu mais ils restent néanmoins aisément compréhensible et la plupart des lecteurs se tournant vers Christine de Pizan auront déjà une certaine habitude d'un français plus ancien. La partie "difficile" est de s'habituer au fait que l'orthographe n'a pas encore été figée par les académiciens. Il faut alors faire un effort pour "entendre" les sons et se souvenir des chemins suivis par les mots dans leur évolution du latin vers le français contemporain.

A la ballade 28, une occasion a été manquée. La traduction "je suis vôtre, vous m'avez justement conquise" est fort réducteur quand on considère que "or suis vostre, par droit m'avez acquise" n'est pas difficile à lire/comprendre pour un lecteur du 21e siècle...
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