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Critiques de Christophe Blain (666)
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Donjon Potron-Minet, tome 2 : - 98 Un justi..

Quand j'ai couru tout chose au rendez-vous de Marinette

La belle disait "je t'adore" à un sale type qui l'embrassait

Avec mon bouquet d'fleurs, j'avais l'air d'un con, ma mère

Avec mon bouquet d'fleurs, j'avais l'air d'un con

“Marinette” de Georges Brassens





Deuxième volet des aventures de La Chemise de la nuit, Hyacinthe a évolué et semble avoir perdu de son innocence et de sa naïveté, en apparence seulement, car même s’il va à la Taverne et qu’il fume des herbes offertes par les lutins, il en a gardé encore un bon gros morceau. Il est un peu comme Georges Brassens avec sa Marinette, sauf que le sale type ne se contente pas d’embrasser son Alexandra. Et sa probité semble peser bien peu face à la corruption de son oncle.



Le dessin joue entre l’illustration naïve des personnages animaliers et la noirceur des décors, c’est coloré, vivant mais le graphisme est hachuré, sombre, brut, il retranscrit parfaitement la dichotomie entre l’innocence idéalisée et l’amère noirceur de la réalité.



L’humour est plus amer que dans la série Donjon Zénith, j’aime les deux, mais cette série dénote de la série principale, plus désabusé, plus pince-sans-rire, et aussi plus romanesque, avec une présence féminine faisant pencher l’aventure dans le romantisme. Toujours autant d’imagination, toujours autant d’émotions, de romanesque avec pourtant une simplicité touchante, franchement, j’adore…



Le panache aura-t-il raison de toutes les bassesses…
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Le monde sans fin

Autant le dire tout de suite, cette lecture donne d'abord envie de se réfugier dans une grotte. Ensuite, on peut commencer un peu à réfléchir, mais les annonces de l'auteur sont tellement désespérantes qu'on se doute bien que les préconisations sont intenables. Blain fait ici figure d' "ami naïf" de Jancovici qui doit tout lui expliquer et que le dessinateur met ensuite en images à grand renfort de métaphores. Les énergies fossiles sont ainsi "la bibine et les croquettes" dont Iron Man a besoin. Iron Man représentant tout ce qui consomme de l'énergie dans notre quotidien, c'est-à-dire l'ensemble de notre mode de vie. Une grande partie de l'ouvrage met en relation la consommation de l'énergie depuis 1850 et tous les efforts déployés depuis pour passer d'une énergie renouvelable (essentiellement à base de travail humain et animal) à une énergie fossile dont nous sommes entièrement dépendants. Le constat n'est pas rose, il est même noir pétrole. On pourrait imaginer que le chapitre sur les énergies renouvelables redonne un peu d'espoir, mais ce n'est pas le cas. Le seul sauveur entrevu par l'auteur est la centrale nucléaire. Pour lui, cette énergie fait injustement peur. Il prend le temps de montrer que les accidents de Tchernobyl et Fukushima ne seraient pas possibles en France et que c'est la seule énergie qui pourraient continuer à subvenir à nos besoins. Soit. Pourtant, l'ensemble du livre montre bien que c'est à l'échelle mondiale qu'une solution doit être envisagée. Nos réacteurs nucléaires français ne changeraient pas grand chose. Il semble aussi de parti pris quand il évacue bien vite la question des déchets nucléaires et de leur nocivité. Les habitants de Bure ne doivent pas le porter dans leur cœur. Les choix à faire pour l'avenir, à l'échelle individuelle, sont de renoncer aux déplacements en avion et en voiture, de diviser par deux la consommation de viande et par trois celle de laitages. Sinon, un covid annuel peut aussi faire l'affaire pour sauver la planète. Vous voyez qu'on est mal barrés.

Cette lecture m'a donné envie d'en savoir plus, notamment en aller chercher à d'autres sources contradictoires car le discours de l'auteur ne m'a pas entièrement convaincue que notre avenir était dans l'uranium.
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Le monde sans fin

Prenez un ouvrage dont le titre vous harponne.

Ajoutez un nom connu en la personne de Jean-Marc Jancovici, ingénieur et spécialiste des questions d'énergie.

Saupoudrez d'un graphisme qui n'est pas sans rappeler - au moins pour moi - le loufoque "La fuite du cerveau" sur l'affaire du cerveau d'Einstein.

Et vous obtenez ...

C'est là le hic ... je n'ai pas réussi à savoir ce que j'obtenais.

Un ouvrage qui se veut vulgarisateur sur les questions complexes liées à l'énergie, sous toutes ses formes, aux ressources - limitées - de la planète, au réchauffement climatique, à la décroissance, à la finitude - ou pas - de notre monde ... Ce simple inventaire de quelques-unes des questions abordées au fil de presque 200 pages suffit à souligner que l'ouvrage ne pouvait être, à mon avis, que parcellaire et nous laisser sur notre faim, sans mauvais jeu de mots.

J'ai le sentiment qu'à trop vouloir en dire, à chercher à être exhaustif, les auteurs perdent en clarté. Trop d'informations, de chiffres, avec aussi nombre de digressions, un découpage peu évident (j'aurais pour le coup apprécié un découpage en chapitres clairement identifiés, fluidifiant le propos et la démonstration) ... Je me suis souvent senti perdu, s'agissant d'un thème certes très présent dans les médias, mais sur lequel mes connaissances sont très limitées.

Et puis, parce que l'on saisit quand même l'essentiel du propos des auteurs, j'ai parfois eu le sentiment de me faire rouler. Dans le sens où, sous couvert de propos très généraux sur les questions que j'évoquais précédemment, Jancovici se fait assez clairement me semble-t-il l'avocat du nucléaire. Il s'agit pour lui du meilleur outil pour une transition énergétique, capable d'amortir au mieux le choc de décroissance nécessaire à notre survie. Je résume à grands traits - je suis donc forcément caricatural - mais c'est globalement l'idée. Je ne dénie pas, loin de là, aux auteurs, le droit de défendre leurs opinions mais c'est assez surprenant dans une bande dessinée, et surtout, j'ai vraiment eu l'impression que le discours n'était pas clairement assumé. Après, peut-être Jancovici a-t-il raison ? Mais je reste malgré tout sur un sentiment de malaise à l'issue de ma lecture.

Un malaise d'autant plus prégnant que je viens de lire "Le droit du sol", d'Étienne Davodeau, qui porte un regard très différent sur les mêmes questions - notamment la question des déchets nucléaires - mais qui assume assez nettement son propos militant.

Reste que l'ouvrage a le mérite de proposer des pistes de réflexion, et qu'après tout, face à toutes ces questions, il peut à sa façon participer de la formation d'une conscience citoyenne éclairée.
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Le monde sans fin

Édifiant, consternant, un bilan sans appel sur notre bêtise et notre égoïsme.

Au fur et à mesure de la lecture, une sensation d'inéluctable se profile, des chiffres, des schémas explicites, d'une logique implacable.

Pourquoi un tel silence des médias, de ceux qui savent. Pourquoi devoir passer par un "BD" pour arriver jusqu'à nos conscience. Nous sommes si ignorants des réalités et des conséquences, ici si bien et clairement expliquées.

Un peu le moral en berne au fur et à mesure de la lecture, heureusement vers la fin des solutions se profilent. Ce qui exigerait un deuxième tome plus explicite sur les actions à mener, mais qui hélas demanderont du temps pour avoir un effet positif, et le temps est ce qui va devenir précieux lui aussi.

Une des solutions, si ce n'est la solution proposée et démontrée par JANCOVICI le scientifique du duo, c'est l'énergie nucléaire. Enfin des explications claires et nettes sur le fonctionnement et les erreurs commises, dont apparemment les leçons ont été tirées. Je n'aurais jamais cru en être un jour convaincue, d'autant plus avec les progrès fait y compris dans le traitement des déchets, ce qui bloquait pour moi auparavant.

Les auteurs ne nous demandent pas de revenir à l'age des machines à vapeur, le charbon restant un des polluants le plus présent ( moi qui croyait bêtement qu'il était passé aux oubliettes depuis que les bougnats ont disparu...) non simplement de revoir la manière dont nous consommons l’Énergie, mot clé de l'histoire et cause des maux actuels qui pèsent sur la planète.

Au moments des achats de Noël de quoi culpabiliser, là ou chacun se dit : " c'est pas à moi tout seul, que je vais changer quelque chose, pourquoi priver les miens?"Ce livre devrait être au pied des sapins fraîchement coupés dans le Morvan ou dans les Vosges.

Changer nos modes de transport et de consommation, renoncer à voyager en consommateur boulimique, nous mettre au régime pour limiter notre poids sur la planète. Quel électrochoc nous faut t'il, puisque les coups de semonces climatiques tant qu'ils cognent au loin, nous laisse de glace.
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Lieutenant Blueberry, tome 1 : Amertume apa..

Depuis la parution de L’Affaire Francis Blake, les éditeurs ne se gênent guère, quand ils le peuvent, pour ressusciter des séries en remplaçant les auteurs originaux par d’autres, ayant déjà fait leurs preuves. De manière assez curieuse, l’année 2019 aura vu la liste s’allonger à Blueberry. Ce personnage a déjà connu plusieurs séries, plusieurs cycles, des auteurs et des styles différents. Était-il nécessaire de relancer, une nouvelle fois, la machine ?



Il faut bien se l’avouer, ce qui va ici tenter le lecteur curieux, ce sont les dessins de Johan Sfar. Il faut reconnaitre que son trait est particulier et assez éloigné de ce qui s’est fait dernièrement avec la série principale (et son orientation réaliste) et la série consacrée à la jeunesse (plutôt orientée vers les tons colorés, proche de dessins animés).



Ce style, unique, se suit avec grand plaisir. Il permet clairement de créer une ambiance, même si le trait apparait plutôt mieux adapté aux paysages qu’aux personnages. Ces derniers s’en sortent quelque peu malmenés. Les visages sont traités d’une manière assez particulière, mais tout cela reste plaisant, quoique différent des habitudes de la série.



Le scénario quant à lui est des plus classiques. Deux jeunes écervelés sont sur la mauvaise pente, pour les sauver une jeune milieu de tout cela il y a des tuniques bleues, Fort Navajo, Blueberry et son ami (arrivé femme commet un acte qui risque d’amener une nouvelle guerre entre Blancs et Apaches. Les deux camps sont à cran et chacun d’eux est mené par un chef charismatique à fort potentiel… Et au Dieu seul sait comment) Jimmy MacLure. Tout cela est convenu, mais nous offre une séquence de nostalgie des plus plaisantes.



L’alchimie fini par fonctionner et les pages se tournent à grand vitesse ; c’est avec beaucoup de surprise que l’on arrivé (déjà !?) à la fin de cet album qui nous donnera forcément envie de lire la suite.
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Le monde sans fin

Très bonne BD nous présentant toutes nos dérives énergétiques ... Oui nous avons bien profité de la manne pétrolière, des retombées économiques, d'un développement exponentiel, ... Le souci est que maintenant il va falloir lever le pied et ce ne sera pas facile. Décroissance, sobriété ... ce ne sont pas des mots très en vogue!

Les auteurs ont réussi le pari d'expliquer des concepts tortueux et alambiqués avec des termes et dessins assez simples sans être simplistes.

Le réchauffement climatique et les excès de gaz à effet de serre nous impactent déjà et vont le faire de plus en plus.

J'ai beaucoup aimé la phrase rappelant qu'il n'y a pas de bonne solution, et que l'on va seulement prendre la moins mauvaise.

C'est évidemment le nucléaire pour Jankovici et j'en suis également convaincue. J'aurais aimé toutefois qu'il soit un peu plus honnête et qu'il parle des conséquences de l'extraction de l'uranium ...

Une BD "sad but true", réaliste, à lire absolument.

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Quai d'Orsay, Chroniques diplomatiques, Tom..

Quai d'Orsay, chroniques diplomatiques, fait partie de ces BD dont on a tellement entendu parler dans la presse, qu'on a tant vues sur les présentoirs des libraires, qu'on hésite presque à lui donner sa chance: comment surmontera-t-elle l'attente générée par tout le bien qu'on en a entendu, ou l’exaspération due à tout ce battage?

Il faut reconnaitre qu'elle s'en sort plutôt pas mal, ma foi.Le dessin et le texte s'accordent bien pour rendre l’ambiance très particulière d'un ministère perpétuellement sous tension, où le ministre, force de la nature, a des éclairs de génie mais pas tellement l'habitude du travail de fourmi nécessaire pour faire suivre, où les nuits sont longues, très longues, et où une crise ne s'achève que pour en voir naitre une autre, où les coups de Jarnac sont légions mais n'empêchent pas les moments de rire... C'est la politique du point de vue de ses ouvriers moins connus, c'est drôle et intéressant à la fois et ça vaut bien la pub qui lui a été faite!
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Quai d'Orsay, Chroniques diplomatiques, Tom..

Blain au dessin, Lanzac à l’investigation… Ancien conseiller du Quai d’Orsay, ce dernier nous fait profiter de son expérience au sein de ces grands bureaux en mettant en scène un personnage dont la ressemblance avec Dominique de Villepin n’est absolument pas fortuite :dentsblanches :



Chaque chronique est introduite par une citation d’Héraclite censée représenter le goût du ministre pour tous les bons mots des grands maîtres à penser dont il semble friand :



« Je me suis cherché moi-même. »

« A l’âme appartient le discours qui s’accroît lui-même. »

« Présents, ils sont absents. »

« En se transformant, il reste au repos. »

« Fatigue c’est : peiner aux mêmes tâches et par elles commencer. »

« La sagesse : dire le vrai et agir selon la nature. »

« Errants dans la nuit : mages, bacchants, bacchantes, initiés. »





Citant à tort et à travers Mao Zedong, Marlier, Erasme, Montesquieu, Schumann, Jaurès… la représentation de De Villepin nous apparaît finalement comme un homme creux qui n’a de pensées personnelles que celles que d’autres ont déjà eues avant lui.

Toujours expert pour repousser les priorités à plus tard, oubliant les problèmes au Moyen-Orient pour assister à un repas avec le prix Nobel de littérature Molly Hutchinson (qu’il ne passera pas sans ses petites fiches de rappel), l’image qu’on se fait de lui n’est pas forcément des plus reluisantes mais amuse par les parallèles que l’on peut faire avec l’actuelle gouvernance du pays
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Le monde sans fin

Jean-Marc JANCOVICI - Christophe BLAIN. Le monde sans fin.



Un documentaire de vulgarisation à mettre entre toutes les mains, des ados jusqu’aux adultes, sans restriction d’âge. Jean-Marc JANCOVICI est un éminent spécialiste du réchauffement climatique et dans cet ouvrage, il met en valeur la dérive du monde face aux diverses sources d’énergies et les contradictions qui découlent de leurs utilisations. Il retrace la découverte de ces sources d’énergies dont nous sommes tous utilisateurs et profitons des bienfaits qu’elles auxquelles elles nous ont permis d’accéder. Mais leur surconsommation nous dépasse et aujourd’hui nous sommes face à un important réchauffement climatique qui règne sur notre planète et que nous ne pourrons malheureusement pas maîtrisé. A mon humble avis, la prise de conscience de ce phénomène est arrivée trop tardivement dans nos esprits. La mécanisation, l’industrialisation, les progrès scientifiques, médicaux, la déforestation à outrance des poumons de la terre, les transports internationaux et la surpopulation sont autant d’obstacles que nous ne pourrons les contourner pour réduire notre impact sur notre terre nourricière….



Il est impossible de revenir en arrière. Nul être humain ne veut réduire son train de vie dans les pays développés et les pays, en voie de développement veulent profiter des bienfaits apportés par l’exploitation des matières premières, le charbon, le pétrole, l’eau, le bois. Ces sources d’énergies ne sont plus aussi abondantes que par le passé. Il nous faut trouver de nouvelles sources tel que le soleil, le vent, la marée, sources d’énergies dites renouvelables, inépuisables… Les multiples réunion que font les grandes puissances mondiales, à laquelle appartient la France émettent de fort belles théories…. Ce sont des vœux pieux car nul ne les respectent et nul n’est en mesure de les respecter… Pour ma part, je suis complètement incapable de laver une salade du jardin avec 2 l d’eau. Je ne veux pas supprimer la viande rouge, je l'aime et l'apprécie, ni renoncer au confort matériel apporté par les diverses machines à laver le linge, la vaisselle, à la cuisson, etc.… Je réduit au maximum et j’effectue peu de voyage en avion…. Ma participation représente une petite goutte d’eau…. Peut mieux faire, sans doute….



Jean-Marc JANCOVICI, s’est associé au dessinateur Christophe BLAIN afin de nous plonger dans le bain… Le scénario est parfait et les vignettes , les coloris sont en parfaite adéquation avec les diverses illustrations. Je félicite les auteurs pour ce bel ouvrage. Aussi je me permets de vous inciter à le lire. Ce documentaire peut faire l’objet d’un superbe cadeau pour un adolescent afin de le sensibiliser à ce sujet de réchauffement climatique qui plombe l’atmosphère. Bonne journée et belle lecture.

(22/03/2024).
Lien : https://lucette.dutour@orang..
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Le monde sans fin

Un monde sans fin, prospère, aux ressources inépuisables, le mythe a perduré des siècles. Dérèglement climatique, extinction d’espèces, épuisement des réserves naturelles, les plus pessimistes, aujourd’hui, ne se posent plus qu’une question. C’est pour quand la fin du monde?

Et nous, humains, sur-consommateurs, ne sommes nous pas devenus esclaves de l’industrialisation et de notre propre dépendance énergétique ? Certains préfèrent attendre et fermer les yeux, comme un réflexe, avant un accident inévitable. D’autres constatent, se sentent coupables mais impuissants à grandes échelles par manque d’instruction sur le sujet. Alors expliquez-nous Mr Janvici et faites nous un dessin Mr Blain. Parce ce que, nous, on aimerait bien enfin comprendre pourquoi ça déraille. Et surtout , on fait quoi maintenant?



Au vu du pedigree de Jean-Marc Jancovici, on aurait tendance à se taire, à écouter et à dire « oui, Monsieur » mais l’homme n’est pas ainsi. Il prend le temps, dissèque et étaye son propos, l’agrémente de quelques graphiques. Le défi est immense, certaines notions complexes peut-être un peu trop pour des non initiés ou les plus jeunes. Je pense notamment au personnage de Maestro dans « Il était une fois » qui me semble plus pédagogue pour les plus jeunes pour la vulgarisation scientifique. J’ai regretté également le discours pro-nucléaire trop appuyé et la minimisation des catastrophes de Tchernobyl et Fukushima. Mais là n’est pas l’essentiel de l’ouvrage qui est malgré tout très complet. Et puis très franchement, avons-nous encore le temps de débattre?

La démarche des deux auteurs reste vertueuse. Je recommande donc mais en gardant l’esprit ouvert.
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Le monde sans fin

Un ouvrage profondément déprimant mais paradoxalement essentiel, qui réussit à compiler de manière très pédagogique et chiffrée le sujet de l'énergie avec celui d'une économie durable, soucieuse de préserver les ressources de la planète...



Bon, on l'avait compris avant de lire cette BD, même si nos gouvernants font toujours l'autruche, mais le temps de la décroissance est venu si l'on veut préserver une planète vivable. Non, décroissance n'est pas un gros mot, juste une manière raisonnée et plus juste pour tous de consommer, sans pour autant revenir à l'âge de pierre ou à l'éclairage aux chandelles de suif. Car, si j'ai bien lu et compris, même le nucléaire ne pourra suffire à maintenir ad vitam aeternam nos modes de vie effrénés ! Il sera bien sûr indispensable de l'accroître et cela aidera, c'est certain, mais il ne suffira pas.



Alors cette douloureuse et nécessaire transition passe par des petits gestes, chaque jour plus nombreux, qui évolueront par une prise de conscience plus globale et par des plans d'actions de nos hommes politiques. Espérons seulement qu'ils n'attendront pas le dernier moment !



La crise énergétique actuelle nous amène à économiser l'énergie et il semble que nous ayons réussi à réduire notre consommation énergétique d'au moins de 5% à fin 2022. Et l'on ne s'en porte pas plus mal. Sans doute pouvons-nous faire encore mieux d'ailleurs. Mais alors, pourquoi avoir attendu qu'on nous le demande ? Pourquoi ne pas l'avoir initié avant ? Faudra-t-il une crise à chaque fois pour que l'on nous demande de moins consommer, pour que nous décidions de nous-mêmes de réduire nos dépenses ? Car s'il y a bien une chose dont on peut être sûr, c'est qu'il y aura d'autres crises : crises énergétiques encore, crises de l'eau, des métaux rares, crises migratoire etc... Alors pourquoi sommes-nous aussi attentistes ?



Ce serait la faute de notre striatum selon Sébastien Bohler, journaliste et neurologiste ! Peut-être connaissiez-vous comme moi le striatum sous son petit nom de corps strié. Bref, selon lui, notre comportement consumériste serait imputable au striatum, cette structure nerveuse corticale qui nous récompense par de la dopamine à chaque fois nous assouvissons un besoin vital comme s'empiffrer de chocolat en regardant Better call Saul sur Netflix ou bien s'acheter une quatrième paire de baskets et le dernier Iphone 18. Une explication (toutefois controversée) à la fois amusante et presque déculpabilisante. Après tout, ce n'est pas ma faute si je gaspille les ressources de mon environnement, c'est celle de mon striatum ! Sans nul doute, nos grands-parents et arrières grands-parents devaient avoir un corps strié beaucoup moins développé que le nôtre...



Il y a eu et il y aura encore beaucoup de livres sur ce thème (j'en ai repéré au moins 5 dans la prochaine Masse Critique non fiction) mais celui-ci a l'avantage de se lire très facilement, de rappeler aussi quelques faits chiffrés des débuts de notre industrialisation puis de son évolution. C'est fait avec beaucoup d'humour. Ainsi, j'ai beaucoup aimé les équivalences jours esclaves de Jancovici : c'est une approche que je n'avais encore jamais entendue et elle est extrêmement parlante !



Un petit regret, vraiment mineur : rien sur le secteur du textile, pas grand-chose non plus sur le numérique.



Challenge Multi-défis 2023

Challenge Non fiction 2023
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Le monde sans fin

C'est bien, et c'est pas bien.

La couverture est bien : buildings, autoroutes pleines de bagnoles, fumées industrielles, avions, dans un brouillard jaune pollution où tournent péniblement deux pauvres éoliennes.

Et sur une terrasse, deux témoins, Jean-Marc Jancovici et Blain.

Un prologue raconte la prise de conscience environnementale de Blain (ça c'est moi en 1974, salut et fraternité aux personnes qui ont la référence). Ensuite, il nous présente Jean-Marc Jancovici, ingénieur, scientifique et vulgarisateur, l'inventeur du bilan carbone - et à partir de là, j'écrirai JMJ.

Blain loue l'art de JMJ à trouver "l'image parlante et lumineuse". Et lui, Blain le dessinateur, en fait autant : il rend les chiffres à la fois limpides et passionnants, trouve des images parlantes et lumineuses, et drôles aussi avec l'énergie sous forme d'Iron Man, et sa métaphore de l'extraction du pétrole avec une pierre ponce (Je vous appâte, là.) Je termine vite fait mon avis sur les dessins, qui sont super réussis, simples et efficaces, notamment les flashbacks au 19è siècle, ou encore dans les années 50 ou 70. Réussi aussi le travail de la coloriste Clémence Sapin.

Parlons maintenant du contenu : 100 pages sur les causes du réchauffement, 25 pages sur ses effets, 70 sur les solutions éventuelles.

Le point de départ, c'est l'énergie (ce sur quoi j'ai commencé à me documenter en 1977, re-salut et fraternité aux personnes qui re-ont la référence). J'ai appris beaucoup de choses en plus grâce à JMJ, qui convertit l'énergie en… cyclistes - très pertinent et visuel. Tout y est abordé, de l'agriculture à l'urbanisation, c'est très complet.

La partie sur les effets est assez exhaustive elle aussi (et effrayante).

Puis arrivent les solutions. Pour JMJ : décarboner grâce au nucléaire (plus : circuler en vélo électrique, manger deux fois moins de viande et ne plus prendre l'avion. Point.)

Et là, au moment où je me dis à moi-même : "Je suis d'accord sur tout avec Janco…. sauf sur le nucléaire"… arrive un personnage en tee-shirt fleuri qui dit : "Moi je suis d'accord sur tout avec Janco…. sauf sur le nucléaire". Mouhaha.

Il n'évacue pas les problèmes, JMJ, c'est documenté, pensé, pesé. Mais là où il dit "Il faut arbitrer entre le nucléaire et consommer moins", je trouve que son pragmatisme, ça ne fait pas rêver.

Il est bien trop général sur la question de la production d'énergie, et n'aborde jamais la question des productions locales (Avez-vous remarqué qu'on a plus de vent et de marées en Bretagne, que de soleil ou d'uranium?)

Il ne parle que du court ou moyen terme, pas du temps long des déchets nucléaires ou des réserves d'uranium et de lithium.

Il aborde en trois phrases l'échelle mondiale, trois phrases qui se résument à "éducation des femmes, accès à la contraception, caisses de retraite". On s'en tape de la pauvreté et des inégalités mondiales, en gros qu'ils fassent moins de gosses, et basta.

Alors ça fait quand même trois gros points noirs à mes yeux. Moi je ne veux pas avoir à "arbitrer entre le nucléaire et consommer moins". Je ne veux pas laisser après moi des espaces naturels ravagés par la course aux terres rares, une planète piégée par les déchets radioactifs.

JMJ est ingénieur, et moi géographe, ça doit être pour ça.

Pour ma part, l'arbitrage est fait : mon fournisseur d'énergie me dit que je consomme trois fois moins d'électricité que la moyenne. Normal : je n'ai ni voiture, ni smartphone, ni aspirateur, ni sèche-cheveux, ni lave-vaisselle, ni micro-ondes, ni télé, ni robot ménager, ni grille-pain, ni cafetière électrique, ni congélateur, ni sèche-linge... J'ai des pieds pour me rendre à la bibliothèque et des transports publics pour aller au marché.

Et non, monsieur JMJ, je ne désire pas de tout mon coeur un vélo électrique.

Le monde a davantage besoin de trouver tout près de chez soi petits marchés et bibliothèques publiques, que de vélos électriques.

Donc s'il avait consacré autant de pages à la question de la RÉDUCTION de la consommation d'énergie, j'aurais pris ce livre davantage au sérieux.

Tel quel, c'est un livre pour bobos.
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Le monde sans fin

C'est une BD qui sort de l'ordinaire d'abord par sa dimension (près de 200 pages grand format) et par son contenu scientifique. La vulgarisation qui part de la définition des concepts de puissance et d'énergie et de leurs unités jusqu'aux notions plus avancées de physique nucléaire est bien faite et l'humour de Blain omniprésent évite l'écueil d'un discours fastidieux.

C'est un hasard que j'ai lu cette BD très peu de temps après celle d' Étienne Davodeau « le droit du sol », ce qui m'a permis de me faire une idée plus claire sur le rôle de l'énergie nucléaire en France et sur le problème de la gestion des déchets qui en découlent. Je l'ai lue deux fois de suite pour bien me pénétrer des arguments de Jancovici. La plupart du temps, ils sont très convaincants (ce qui n'enlève rien à l'apport de Davodeau qui se place sur un plan plus émotionnel que Jancovici). On perçoit très clairement l'expertise scientifique de Jean-Marc Jancovici et son analyse est bien étayée. Il met en garde en particulier les lecteurs contre l'engouement pour les énergies renouvelables qui, loin d'être « vertes », sont de surcroît de fausses solutions au problème de la demande croissante en énergie d'une population grandissante dont la frange la plus aisée n'est pas prête à renoncer à son confort. J'ai ainsi apprécié mieux comprendre sa position vis-à-vis du nucléaire, via en particulier l'image du parachute ventral, position qui, contrairement aux apparences, ne s'oppose pas à celle qu'il défend d'une décroissance nécessaire de notre consommation qui apparaissait jusqu'à il y a peu effrénée.

Pour conclure, c'est un ouvrage édifiant dont je recommande la lecture à tous quel que soit votre âge et votre allégeance politique…
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Quai d'Orsay, Chroniques diplomatiques, Tom..

Il y a bien des façons de décrire la politique étrangère de la France et ceux qui la font. La bande dessinée n’est pas la plus frivole comme le démontre la magistrale réussite de ces « Chroniques diplomatiques ». Leur lecture divertissante en apprend autant sinon plus sur le Quai d’Orsay que certaines études austères consacrées à la politique étrangère de la France.



Forts du succès du premier tome publié début 2010 et bientôt porté à l’écran par Bertrand Tavernier, Abel Lanzac et Christophe Blain récidivent. On retrouve avec délectation l’hyperactif Alexandre Taillard de Worms, double à peine déguisé de Dominique de Villepin, et tous ses collaborateurs du ministère des affaires étrangères. Là où le premier tome multipliait les saynètes au risque de la dispersion, le deuxième a plus d’unité : il y est question de la guerre imminente avec le Lousdem (même si le mot est truculent pourquoi ne pas appeler un chat un chat et évoquer sans ambages l’Iraq ?) et des efforts déployés par la France pour l’éviter.



Comme dans le premier tome, l’action est racontée du point de vue de ces collaborateurs de cabinet qu’il est d’usage de caricaturer en technocrates prétentieux et serviles. Abel Lanzac (ce pseudonyme cache la « plume » de Villepin qui l’accompagna au Quai puis à Matignon avant de rejoindre le réseau culturel français à l’étranger) évite cet écueil. Il se donne le rôle du Candide en interprétant Arthur Vlaminck, un jeune normalien fraîchement recruté par le ministre pour rédiger ses discours et encore peu au fait des us et coutumes diplomatiques. A ses yeux, le Quai d’Orsay ressemble certes à une maison de fous : les diplomates travaillent comme des déments, s’écharpent sur des virgules et ont un ego surdimensionné. Mais leur intelligence aiguisée, leur dévouement total à leur ministre et à leur pays et leur professionnalisme pointu sont la meilleure réponse à la caricature facile d’une diplomatie Ferrero Rocher. A la différence de certains romans à clés où la fiction autorise l’auteur à quelques règlements de comptes, le regard porté par l’auteur sur les Vimont, Laboulaye, Farnaud ou Felix-Paganon est toujours empathique.



Christophe Blain réussit l’exploit de capter l’essence d’un Villepin pourtant physiquement peu ressemblant, héros paradoxal d’un album dont il est le centre mais dont il semble pourtant vouloir toujours s’échapper. Il court, il discourt, il éructe, il fulmine, il surgit, il s’en va … mais on ne s’est jamais ce qu’il ressent. On ne saisit de lui que ce qui en est montré. Les couvertures des deux tomes le présentent minuscule, dans un décor immense et écrasant. La leçon est la même que celle du film de Pierre Schoeller « L’exercice de l’Etat » : le pouvoir est solitaire.



Cette bande dessinée rend-elle Villepin plus sympathique ? Par bien des aspects, le personnage est insupportable. Les pages qui le décrivent au Club’Med pérorant sur la marche du monde devant un groupe de touristes, mi-hilares mi-fascinés sont parmi les plus drôles de l’album. Pourtant, à l’instar du Chichi des Guignols de l’Info, les défauts du personnage finissent par le rendre attachant. Sa fougue, son énergie, sa hauteur de vues ne peuvent laisser indifférents. « Quai d’Orsay » est à mille lieues de l’affaire Clearstream.



Plus de 110.000 exemplaires du tome I ont été vendus. On peut escompter un succès similaire pour le tome II, bien servi par une campagne de presse efficace et par un remarquable bouche-à-oreille. C’est une réussite inespérée pour une BD a priori réservée à un petit cercle d’insiders. Elle est révélatrice de l’intérêt que suscitent la diplomatie et sa fabrique dans un large public dès lors qu’elles lui sont expliquées avec intelligence et humour.
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Le monde sans fin

Passionnant avec quelques petits bémols cependant.

D’abord merci à Didier, mon ami qui me l’a prêté après m’en avoir longuement parlé au cours de nos derniers repas. Il m’a fallu attendre mon tour car il l’a fait circuler auprès de tout son entourage mais en rentrant de quelques jours d’escapade, j’ai eu la surprise de le trouver dans ma boîte à lettres.

Donc merci Didier, ça, c’est fait !

Quand on dit que Jean-Marc Jancovici est un très bon vulgarisateur dans son domaine de prédilection à savoir l’énergie et le réchauffement climatique, cet album en est l’illustration. Il est très clair dans ses explications quelquefois complexes et il nous amène à reconsidérer la question en appuyant ses propos par de nombreuses données scientifiques. L’efficacité des mesures à prendre pourrait être une feuille de route claire pour nos gouvernants (“Make our planet great again” Eh Manu, commence par ton propre pays, ce serait déjà pas si mal).

Enfin quelqu’un qui parle de décroissance comme étant inéluctable. Il n’y a que sur le nucléaire que j’ai du mal à le suivre. Sa vision sur la fin de l’ouvrage est cohérente et montre bien qu’il n’est pas question de revenir aux Amish !

En ce qui concerne les bémols, une avalanche de chiffres, de pourcentages, de graphiques, une posture de sachant, à l’opposé, Christophe Blain passe pour le niais, au mieux le candide. Enfin, un peu trop technique à mon goût, le fruit d’un gros travail de scientifique mais il manque un peu de l’humanité du regretté Pierre Rabhi et sa sobriété heureuse.



Challenge Multi-Défis 2023.

Challenge Riquiqui 2023.

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Le monde sans fin

Sur YouTube, le gars (Janco unchained) s'agite comme un beau diable, il parle vite et carbure à donf côté cérébral. Associé à Christophe Blain pour cet essai graphique, c'est un peu la même chose mais en dessiné.

Plein, plein d'infos essentielles mais peut être dans un ensemble un peu foutrac qui finit par vous flinguer le moral... mais c'est fait pour çà.

En tout cas, c'est de l'accessible, on comprend,

pas comme dans certains bouquins où il faut être passé par l'école de Mines, avoir fait parcours sup en chimie et physique pour entraver le discours.

Un livre hautement recommandable à nos élus et dirigeants de toutes sortes atteints de cécité de la comprenette.

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Isaac le Pirate, tome 5 : Jacques

Retour à la Capitale pour Isaac, accompagné de Jacques. Pendant que le premier part à la recherche d’Alice, Jacques se lance dans le banditisme avec, il est vrai, un certain panache. Toujours aussi déjanté, rocambolesque et un peu glauque, Christophe Blain nous raconte un monde de bassesses avec beaucoup de panache – dans le monde, mais aussi dans la manière de le raconter, de le dessiner.
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Donjon Potron-Minet, tome 3 : - 97 Une jeun..

Une jeunesse qui s’enfuit est le troisième volume de la série Donjon Potron-minet qui se déroule avant la période du Donjon, avec Hyacinthe comme personnage principal. Hyacinthe est aussi le justicier masqué “La Chemise de la Nuit” (Parce que ”La Chemise de Nuit”, c’est pas terrible). Le titre de l’épisode est parfaitement explicite, Hyacinthe perd peu à peu de son innocence, de sa naïveté, il devient plus cynique, plus calculateur. Les idées foisonnent toujours dans cette série, on découvre le village des lapins qui reviendra régulièrement dans toutes les branches de la série, des montures escargots qui mangent les mendiants et un tas d’autres loufoqueries. On rit de cette cette justice bancale, qui va amener notre héros dans de fâcheuses situations. Le dessin de Christophe Blain offre une spontanéité, un agressivité du trait, des hachures sombres et des couleurs vives, et en même temps, les personnages sont tout droit sortis de cartoons, avec cet anthropomorphisme façon Picsou, des personnages oiseaux, chevaux, chats, chiens, et des monstres plus inquiétants. C’est toujours un équilibre subtil entre naïveté et scabreux, l’esprit chevaleresque de notre héros est mis à dure épreuve dans ce monde trivial et dépravé.

Avec cette série, notre propre naïveté est mise aussi à l’épreuve, ce n’est pas Donald et Picsou de notre enfance, Donjon est un monde où celle qu’on aime d’un amour chaste s’envoie en l’air dans quelque étreinte BDSM, et où l’argent est forcément plus fort que les beaux sentiments. Adieu enfance innocente… Une jeunesse qui s'enfuit…
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Lieutenant Blueberry, tome 1 : Amertume apa..

Reprendre une série mythique n’est pas chose aisée, on est attendu au tournant par tous les fans qui veulent l’impossible : que les nouveaux auteurs s’affranchissent du créateur original mais qu’il garde aussi tout ce qui fait le sel de la série.



Difficilement conciliable.



Pourtant, si le dessinateur Blain a su respecter le lieutenant dessiné par Giraud, il s’en est aussi affranchi d’une certaine manière dans sa manière de le présenter.



Ayant pu voir l’album dans sa version noir et blanc, j’avais pu apprécier les traits sans me laisser distraire par les couleurs. Les gros plan de Blueberry auraient pu être plus précis. De ce côté-là, ce n’est pas une totale réussite.



Les couleurs, je les ai trouvées éloignées de celles qui faisaient le charme de la version originale, mais au moins, le coloriste s’est affranchi des anciens codes.



Afin de ne pas polluer ma lecture, je me suis tenue éloignée des autres Blueberry, les A.O.C (que j’ai relu après).



Force est de constater que mes souvenirs du nez cassé le plus célèbre de la bédé n’ont pas été bousculés dans cet album car Blueberry était tel que je l’ai toujours connu : forte-tête, casse-cou, tête-brûlée, buveur, tombeur des dames, impoli, râleur…



Mon bémol ira pour le personnage de Jimmy McClure, le bouffon, le vieux sac à gnôle, cette vieille éponge assoiffée, qui n’est pas assez mis en valeur dans ce premier tome.



Mille putois, un album sans ivrognerie ou connerie de McClure, c’est comme si Haddock devenait sobre ou un Bérurier abstinent sexuel dans un San-Antonio. Une aberration, une utopie, un cauchemar.



Le reste du scénario est conventionnel, restant dans les codes avec des Indiens traités comme des chiens, malmenés et dont la vie ne vaut pas grand-chose, pour les Blancs.



Pourtant, quand des écervelés abattent deux Indiennes, ça pourrait mettre le feu à la région et faire exploser la paix fragile… Il ne reste que Blueberry pour enrayer la grogne qui monte et la soif de rendre justice sois-même puisque le Blanc ne le fait pas.



Un album qui arrive à suivre les codes de Blueberry, autant au scénario qu’aux dessins, tout en prenant ses distances avec eux, à petits pas, à l’aide de petits détails, pour que cet album soit marqué de l’empreinte de ses deux auteurs et pas une vulgaire copie, sans âme.



Les puristes préféreront l’original à la copie, ce que je peux comprendre, les meilleurs étant ceux du duo Charlier/Giraud.



Mais cet album, qui explore les années "Fort Navajo" de Blueberry, est d’une meilleure facture que la plupart de ceux qui s’attaquèrent à la jeunesse du lieutenant le plus borderline de l’armée Américaine.


Lien : https://thecanniballecteur.w..
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Quai d'Orsay, Chroniques diplomatiques, Tom..

C’était un vendredi après-midi. J’étais confortablement assis dans un auditoire de Louvain-La-Neuve et je suivais un cours intitulé Stratégie et sécurité internationale. C’était un cours vraiment sympa, le genre de ceux qu’un étudiant de relations internationales s’attend à suivre lorsqu’il s’inscrit en 1ère mais qu’il attend deux ou trois ans avant de réellement toucher. Le thème du cours était la « prise de décision ». Qu’est-ce que c’est ? Il s’agit grosso modo de l’analyse des décisions prises par des dirigeants. Ca a l’air tout bête comme ça mais, en fait, pas du tout.



En ce qui me concerne, j’ai déjà du mal à prendre une décision bénigne, mais imaginons un peu le bordel que ça doit être quand il s’agit de gérer la politique étrangère d’un pays. Une guerre éclate dans une ancienne colonie, paf, que faire ? La presse s’emballe, le parlement réclame des comptes, les ressortissants du pays sur place sont menacés : il faut s’activer, et dans l’urgence s’il vous plaît, pas question de se lancer dans une longue et vaste analyse de la question. La décision d’intervenir ou pas, et de quelle manière, doit se prendre dans un intervalle de temps très court. Evidemment, un ministre dispose d’un cabinet, bourré de conseillers qui, eux-mêmes, ont leurs avis et ambitions personnelles. Les leaders, eux-mêmes, ne sont pas tous identiques, il y en a de plusieurs styles (certains sont plus impulsifs ou réfléchis que d’autres). Bref, on nous racontait tout ça quand tout à coup le prof de stratégie nous conseille une BD. Là, comme ça, sans prévenir.



« Vous connaissez Quai d’Orsay ? C’est une BD, c’est très bon » qu’il nous sort ainsi.



Silence mortel. Je ne sais pas si c’est par ignorance ou par surprise, mais personne n’a réagi (en ce qui me concerne, c’était les deux). Ca l’a un peu décontenancé, le prof. Alors il a juste dit que si on voulait en savoir plus sur le foutoir que c’est de prendre des décisions, ou tout simplement de gérer la politique étrangère d’un pays, cette BD valait de l’or. J’ai donc noté, religieusement.



Les deux auteurs de ces Chroniques diplomatiques sont le dessinateur Christophe Blain et le scénariste Abel Lanzac. Ce dernier utilise un pseudonyme, et pour cause : il a travaillé dans le cabinet de Dominique de Villepin du temps où il était ministre des Affaires étrangères, quand Jacques Chirac était président (ça paraît loin, hein ?). C’est de cela que Quai d’Orsay s’inspire. Nous suivons Arthur Vlaminck, chargé de la communication au sein du cabinet d’Alexandre Taillard de Vorms, une caricature évidente de Dominique de Villepin. Arthur ne va pas tarder à constater que le ministre est un personnage particulier : constamment en mouvement, idéaliste, emporté, impatient, ayant une haute opinion de sa fonction et, pour tout dire, carrément difficile à suivre. Heureusement, son directeur de cabinet, d’un calme olympien, est là pour calmer le jeu et traduire les desiderata du ministre.



Ce qui m’a frappé, c’est l’absence totale de vulgarité du propos. Contrairement à de nombreuses BD de type politique, Quai d’Orsay évite les blagues faciles et vaseuses. On se rapprocherait plutôt d’un travail journalistique à caractère humoristique : il s’agit pour les auteurs de montrer le fonctionnement d’un cabinet de ministre dans son travail quotidien mais aussi confronté à des crises internationales soudaines. De Villepin n’est ni épargné ni adulé, son personnage est à la fois agaçant et impressionnant, c’est tout simplement un être humain atypique qui nous est décrit là, en dehors de toute considération politique. Abel Lanzac ne manque pas non plus d’évoquer les répercussions de ce métier sur la vie personnelle des conseillers, les coups bas entre ces derniers, mais aussi la pratique de la diplomatie au plus haut niveau.



Quant au dessin, il est adapté au propos et contribue énormément à faire de Taillard de Vorms ce personnage à la fois insaisissable et omniprésent. Le but, là, n’est pas de faire dans le dessin réaliste et ce parti pris ajoute au côté rafraichissant de l’ouvrage. J’ajouterais même que cela contribue à le rendre plus accessible, sans que cela ne soit péjoratif pour un sou. Quai d’Orsay est bel et bien, au final, une BD drôle, intelligente et pleine de bonnes idées. Mon prof de stratégie avait raison : c’est très bon.
Lien : http://nonivuniconnu.be/?p=1..
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