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Citations de Christopher Priest (207)


Réinventer un événement réel dans une version romancée m’avait fait toucher du doigt l’importance de la fiction, de la narration, lorsque la vérité était trop malséante ou trop complexe, ou tout simplement une chose que l’on préférait ne pas révéler. On pouvait toujours raconter une histoire
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La dernière raison pour laquelle je ne pouvais accepter l’idée d’un complot était la plus difficile à écarter : c’était la peur.
Pour moi, considérer qu’une quelconque officine gouvernementale américaine pût être complice de la mort de tous ces innocents impliquait d’infirmer une vie entière de postulats sur le monde dans lequel j’avais grandi.
Je présumais que, dans une société civilisée éclairée, disposant d’une presse libre et d’une justice indépendante, où les libertés individuelles étaient des droits inaliénables, où les sciences et les arts étaient fortement développés et culturellement intégrés à nos vies — en d’autres termes, dans une démocratie occidentale moderne —, les personnes que nous avions élues ne représentaient aucun danger.
Remettre en question cette présomption revenait à créer ce que les psychologues appelaient une dissonance cognitive. Ce qui signifie que, lorsque les cognitions commencent à faillir, lorsque nous voyons soudain le monde différemment, nous perdons notre impression de sécurité.
Nous supposons que le gouvernement est généralement de notre côté, même si nous n’avons pas voté pour le parti ou le président au pouvoir. Nous continuons de le supposer même si nous ne sommes pas d’accord avec leur politique. Si l’on perd cette confiance, naissent la peur et l’anxiété, et nos défenses entrent en scène.
La seule défense dont je disposais personnellement contre ce genre d’anxiété était le déni. Je ne pouvais pas en supporter plus. J’avais déjà perdu Lil, ce qui était bien assez. Ajouter à cette perte intime la prise de conscience qu’elle pouvait être morte par la faute du gouvernement américain eût été intolérable.
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Les attentats de New York et de Washington avaient laissé des cicatrices, non seulement dans le tissu des bâtiments et des cités, mais aussi dans des milliers de vies. Au-delà de cela, les mensonges et omissions de certaines personnes non identifiées avaient laissé, subrepticement, occultement, indécemment, des cicatrices dans la démocratie, dans l’histoire et l’image de l’un des plus grands pays libres du monde, dans toute la société occidentale et dans le monde dans son ensemble.
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Réinventer un événement réel dans une version romancée m’avait fait toucher du doigt l’importance de la fiction, de la narration, lorsque la vérité était trop malséante ou trop complexe, ou tout simplement une chose que l’on préférait ne pas révéler. On pouvait toujours raconter une histoire.
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Néanmoins, le consensus demeurait autour de l’explication officielle. Ce semblait être trahir les victimes, trahir la nation, que de soulever des interrogations quant à ce que tout le monde pensait avoir vu à la télévision. Il devenait acquis que le doute était du domaine des asociaux, des groupes aux idéaux révolutionnaires, des adeptes des théories complotistes. L’explication officielle était patriotique — c’était une histoire américaine.
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Si des gens définissent des situations comme réelles, alors elles sont réelles dans leurs conséquences. Autrement dit, c'est l'interprétation d'une situation qui détermine l'action.
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Vivre n'est pas un art, mais mettre la vie par écrit en est un.
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La mémoire est un véhicule défectueux, et les souvenirs d'enfance sont souvent faussés par des influences qui ne peuvent être perçues sur le moment.
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Mon imagination m'avait installé dans l'existence. J'écrivais sous l'emprise d'une nécessité intérieure, et cette nécessité me commandait de créer une vision plus claire de moi-même. Ecrire, c'était devenir ce que j'écrivais.
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L'esprit retrouve le passé par effacement, recréant la réalité du souvenir.
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Je songeai à d'autres personnes revues au bout d'un long intervalle de temps. Il y avait toujours un premier effet de surprise, un choc interne : il a changé, elle a pris un coup de vieux. Et puis, en quelques secondes, la perception change et l'on ne voit plus que les similitudes. L'esprit corrige, l'oeil accepte ; les progrès de l'âge, les différences de vêtements, de coiffure et d'allure sont refondues par la volonté de discerner une continuité.
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Il y développait un raisonnement d'après lequel accepter l'athanasie équivalait à refuser la mort ; mais, vie et mort étant inextricablement liées, refuser la mort équivalait à refuser la vie. Quant à lui, il avait écrit toutes ses oeuvres imprégné de la conscience de la mort inéluctable ; aucune n'aurait existé, aucune ne l'aurait pu, sans cette conscience. On ne pouvait vivre pleinement sa vie que par le refus instinctif, inconscient de la mort, sans lequel on n'accomplissait rien. Il exprimait personnellement sa vie dans la littérature, mais ceux qui l'exprimaient différemment avaient affaire par essence au même procédé. Aspirer à la vie éternelle équivalait à obtenir de vivre aux dépens de la vie.
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La réalité véritable, c'est ce que vous percevez autour de vous ou ce que vous avez la chance d'imaginer, si vous en êtes capable.
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La tragédie d'une vie prise par l'armée. La tragédie de deux frères qui ne pouvaient se reconnaître. La tragédie de la musique perdue, parce que sa musique l'avait quitté et que la mienne m'échappait. La tragédie de sa jeunesse, de ma vieillesse.
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J'envisage de me tuer. Si les pages suivantes sont vierges, quiconque découvrira ce journal saura que j'ai réussi.
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Chaque tour de magie comporte trois parties ou actes :

La première s’appelle la promesse : le magicien vous présente quelque chose d’ordinaire, un jeu de carte, un oiseau ou un homme. Il vous le présente, peut-être même vous invite-t-il à l’examiner, afin que vous constatiez qu’il est en effet réel, oui, intact, normal. Mais il est bien entendu loin de l’être.
Le deuxième acte s’appelle le tour : le magicien utilise cette chose ordinaire pour lui faire accomplir quelque chose d’extraordinaire. Alors vous cherchez le secret, mais vous ne le trouvez pas parce que, bien entendu, vous ne regardez pas attentivement, vous n’avez pas vraiment envie de savoir, vous avez envie d’être dupé. Mais vous ne pouvez vous résoudre à applaudir, parce que faire disparaître quelque chose est insuffisant, encore faut-il le faire revenir.
C’est pourquoi pour chaque tour de magie il existe un troisième acte, le plus difficile, celui que l’on nomme le prestige…
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Nous fabriquons tous des fictions. Aucun de nous n'est ce qu'il paraît. Chaque rencontre nous sert de prétexte pour projeter si possible une image de nous qui plaira à notre interlocuteur ou qui l'influencera, d'une manière ou d'une autre. [...] Le besoin de nous réécrire en fictions soi-disant réelles est là, en chacun de nous.
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J'essayai de m'imaginer à quoi avait ressemblé le quartier avant guerre, avec ses habitants inoffensifs, ordinaires, très occupés à vivre leur vie, à s'inquiéter pour leur compte en banque, leur travail, leurs enfants, sans penser une seconde au pire : une nuit, leur foyer et tous ceux qui l'entouraient seraient soufflés par les explosions ou incendiés par les bombes au phosphore.
J'essayai aussi de m'imaginer ce que ces gens pensaient des hommes qui avaient détruit leurs maisons, les pilotes allemands qui attaquaient de nuit. La fureur, la frustration devant l'impossibilité de riposter.
Cette pensée me fit horreur. La presse populaire décrivait les équipages de la Luftwaffe comme des fanatiques nazis, des Huns, des Boches, formules consacrées pour désigner un ennemi incompréhensible, mais le bon sens me soufflait que les aviateurs allemands n'étaient sans doute pas très différents de mes jeunes coéquipiers et de moi-même. Nos propres raids sur Brême, Hambourg, Berlin, Kiel, Cologne ressemblaient fort à ceux qui avaient conduit les intrus ici, à Acton ou à Shepherd's Bush. Aujourd'hui, aux endroits où étaient tombées les bombes du A-Able, Hambourg regorgeait de tas de débris, de conduites d'eau crevées, d'enfants sans abri.
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Couché dans la chaleur résiduelle de nos deux corps, je me rendormis.
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La rupture nous avait été imposée, mais n'en restait pas moins naturelle.
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