Citations de Christopher Priest (207)
Entre toutes ces nouveautés, c'était la voiture sans chevaux qui séduisait le plus mon imagination. L'année précédente, j'avais eu la chance de pouvoir faire une promenade dans une des ces merveilleuses machines, et, depuis, j'avais senti qu'en dépit du bruit et autres inconvénients, ces machines avaient un très grand avenir.
- Qu'en pensez-vous?
- Je construis des ponts, Helward. Je ne suis pas censé penser.
Mais ne me parlez pas des rivières! Ça me met dans tous mes états!
- Quel est le problème avec les rivières?
- Je vous ai dit de ne pas m'en parler!
Je lui demandais comment il pouvait calculer le passage du temps à la fois en journées et en distance.
Le but de ma vie était atteint: je n'en avais pas.
Et j'avais découvert qu'un fragment du passé ne remplissait pas le présent, ne menait pas à un avenir.
La musique était mienne parce qu'elle venait de mon âme, de ma vie, de mes émotions, parce que c'était ma première oeuvre enregistrée, parce qu'elle provenait d'une partie de mon passé dont je me souvenais, parce que je l'aimais. Elle faisait partie de moi-même.
L'espoir demeurait, mais l'effroi croissait.
Quand on voyage, on emporte ses espoirs avec soi, ses préjugés, sa propre vision de la normalité. On voit ce que l'on voit à travers des yeux formatés chez soi.
-Pourquoi le sol bouge-t-il ?
-Je n'en suis pas certain.
-Quelqu'un le sait-il ?
-Non
-Où va le sol ?
-Mieux vaudrait demander : d'où s'éloigne-t-il ?
Comment l'esprit pouvait-il admettre un concept dont l’œil n'avait pas été capable d'embrasser totalement la réalité ?
Le problème avec les rivières, c'est qu'elles font naître chez tout le monde des sentiments contradictoires.
Il y a plus de vérité dans la fiction, parce que la mémoire est fautive.
La permission que j'attendais depuis le début de l'année m'avait enfin été accordée. Laissant la guerre derrière moi, j'ai gagné un port de la côte sud tempérée. Cinquante jours de congé maladie... La poche de mon pantalon pesait sur ma fesse, gonflée par les gros billets de mes arrérages. ç'aurait dû être une période de convalescence après le long traitement douloureux subi à l'hôpital militaire, mais, malgré les semaines écoulées, je sortais trop tôt, l'esprit toujours affecté par les gaz synesthésiques ennemis. Mes perceptions demeuraient profondément perturbées.
La ville a-t-elle déjà reculée ?
Une fois ...
Je dupe et je trompe. Voilà ce que je fais.
dans ce roman après une rupture amoureuse le narrateur traverse une crise et se décide à écrire son autobiographie.
Peu satisfait des premiers jets il décide de romancer le récit de sa vie, pour mieux dire sa vérité par la fiction. Dans une mise en abyme, le roman alterne le récit du narrateur initial et celui du narrateur autofictif puis tout se complique comme deux miroirs mis face à face.
Malgré de grandes qualités de construction du récit et un questionnement intéressant sur le pouvoir de la littérature, je ne suis pas arrivé à bien apprécier ce livre, peut-être la raison en est le style très introspectif faisant la part belle aux états d'âme et donne un rythme très lent.
Prachous est une île séculaire. Le culte religieux y est toléré, mais pas encouragé.
Tous les Prachois connaissent, comprennent et acceptent le principe de la vengeance proportionnée. Le châtiment doit être proportionnel à la faute - si la rétorsion dépasse cette proportion, alors cela ouvre de nouveau le droit à des représailles.
Personne n'est jamais prêt à mourir, mais tout le monde passe sa vie à savoir qu'un jour viendra l'instant du départ redouté. La plupart du temps, on essaie de ne pas y penser. On recule devant la contemplation de la mort, de sa signification : la nuit infinie, où on n'emporte jamais que l'instant du passage.
Bien sûr, elle nous visite tous, au bout du compte ; elle seule est réellement inéluctable. Shakespeare a disparu ; Beethoven ; Einstein ; Rembrandt ; Churchill. Leurs capacités immortelles, leur influence persistante sur le monde ne leur on servi de rien pour éviter de passer. La mort et son horreur ne sont pas sélectives. (p. 110) [nouvelle "Finale]